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Économie Publié le mardi 28 avril 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Guillaume Koffi à propos de la dégradation des villes : "Nos villes sont malades du désordre et de la politique du laisser-faire"

Le Président du Conseil national de l'Ordre des Architectes de Côte d'Ivoire (CNOA), Guillaume Koffi, est très critique sur l’allure que prennent les villes ivoiriennes. Une situation qui, dit-il, ne laisse pas les architectes ivoiriens indifférents. Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, il dénonce un laisser-aller qui a fini par se transformer en loi.


Pouvez-vous présenter le Conseil national de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire à nos lecteurs ?

L’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire est une organisation professionnelle à statut particulier instituée par une loi spécifique qui régit le titre et l’exercice de la profession d’architecte. Notre champ d’intervention couvre tout ce qui touche à l’architecture. L’Architecte est un acteur important dans l’acte de ¨bâtir.


Que fait le Conseil national de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire face aux multiples problèmes que rencontrent les acteurs du bâtiment ?

Pour le champ d’intervention qui est donc le nôtre, notamment la conception des ouvrages, la conduite des travaux de construction, le Conseil National de l’Ordre des Architectes, organe d’administration de l’Ordre, a une mission de promotion du métier. Les actions que nous menons dans ce sens tendent donc à faire connaître le métier par des moyens de communication divers à la mesure de nos moyens (internet, voie de presse, émissions télévisées et radio diffusées, salons, conférences, ateliers et expositions), à renforcer les capacités des architectes par un programme de formation continue que nous entendons assurer par le biais d’un institut de formation. C’est l’un des plus importants chantiers de notre programme d’actions. Cet institut s’inscrit dans le cadre de la construction de la Maison des Architectes. Nous avons également une mission de police professionnelle en veillant à la bonne application des règles et usage régissant la profession. Notre présence à titre consultatif au sein de la commission de permis de construire est un véritable outil de travail pour l’exécution d’une telle mission.Une autre mission est celle d’inspiration et de conception des politiques et programmes nationaux en faveur du cadre bâti. L’Ordre des Architectes se positionne comme une forme de proposition aux gouvernants et administrateurs de notre pays pour toute action visant à l’amélioration des conditions de travail des acteurs du bâtiment.


Face à la dégradation des villes, quelle réponse donnez-vous à ceux qui accusent le CNOA ?

Je me demande de quoi l’on pourrait accuser le CNOA face à la dégradation des villes, vu qu’à peine 5% des constructions érigées dans nos villes sont l’œuvre d’architectes. Il faut rappeler que nous sommes une institution professionnelle et non une administration gouvernementale qui aurait le pouvoir de faire respecter la règlementation. Nous ne gérons pas de budget affecté à la gestion des villes. En tant qu’institution citoyenne, nous apportons notre contribution à la sensibilisation des populations et notre réflexion à la recherche de solutions contre les maux qui touchent nos villes. Nos villes sont malades. Elles sont malades du désordre, et de la politique du « laisser-faire », d’un urbanisme anarchique où le fait accompli fait loi, d’une insalubrité qui a pris des proportions effrayantes pour notre environnement et notre santé, d’une insécurité galopante et non maîtrisée, etc.


Quelle place occupe ou compte occuper le CNOA dans la reconstruction post-crise ?

Il s’agit de sensibiliser les hommes du métier dans l’art de bâtir et professionnaliser l’architecture, inciter les pouvoirs publics à faire appel aux professionnels de l’acte de bâtir, militer pour la reconquête des espaces publics, contribuer à la formation et à la remise à niveau des acteurs du cadre bâti des agents des ministères techniques et de ceux des collectivités locales qui interviennent dans ce domaine, établir des collaborations avec les collectivités locales pour les sensibiliser sur le besoin de plus en plus important d’architecture, rééduquer nos concitoyens dans l’art de vivre et le respect des espaces communs.


Jusqu’à quel niveau s’étend le pouvoir de décision de votre structure ?

Au plan institutionnel, nous n’avons qu’un pouvoir consultatif. Ce pouvoir s’exerce dans le cadre formel d’une commission paritaire au sein de laquelle l’administration souhaite faire intervenir les hommes de l’art ; c’est le cas avec le Ministère de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, CODINORM, Office National de la Protection Civile etc. Mais certaines administrations nous consultent dans le cadre moins formel d’ateliers et table ronde. Au plan professionnel, nous sommes responsables de la défense du titre d’architecte et de la protection de l’exercice de la profession.


Quelle lecture faites-vous de la crise financière internationale ?

On pourrait dire que c’est le cycle infernal des récessions dans un monde en bouleversement où les théories classiques sont dépassées. Chaque secteur fait sa mue. les mauvaises pratiques du monde des finances subissent aujourd’hui le revers de la médaille. Il faut se remettre en cause et remettre certaines pratiques en cause (société de consommation, surendettement, etc.). Pour ne pas être fataliste, je dirais que dans un sens pour nos pays, la crise financière actuelle aura des retombées positives sur certains aspects du monde du bâtiment. Ainsi la baisse des coûts des matériaux vient réguler l’inflation artificielle que ce secteur connaît et qui ne reflète pas le pouvoir d’achat de la majorité de nos concitoyens.


Quelles ont été les conséquences de cette crise sur le secteur du bâtiment en Côte d’Ivoire ?

Je ne vais pas vous livrer une analyse digne d’un expert en économie mais je pense qu’elle viendra certainement aggraver la crise du financement de l’immobilier et de l’habitat social et économique.


Quelles leçons tirez-vous de la première édition du Salon de l’Architecture et du Bâtiment ?

Il est ressorti des sondages menés auprès des visiteurs et exposants que le taux de satisfaction est de 90%. Nous retenons donc que ce salon était attendu, qu’il y avait quelque part un vide : pour communiquer à l’échelle nationale sur l’architecture et le bâtiment, un cadre pour proposer et sensibiliser l’opinion et les gouvernants.


Sous quel signe placez-vous la deuxième édition prévue en octobre prochain ?

ARCHIBAT 2009 est un salon engagé dans la lutte contre le désordre environnemental, l’insalubrité et la pollution, les constructions anarchiques, une urbanisation incohérente en dehors de tout schéma directeur. L’ARCHIBAT 2009 est dont engagé pour la reconquête des espaces publics, pour changer nos villes et changer nos vies.

Honoré Kouassi
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