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Politique Publié le jeudi 30 avril 2009 | Le Temps

Precampagne électorale en Cote d`Ivoire - Bédié et Alassane étalent leurs divergences

Côte d`Ivoire. La précampagne bat son plein. Bédié et Alassane, comme des chevaux, se sont lancés dans la course à la pêche des voix. Les dés sont jetés. Chacun d`eux avec des stratégies de (re)conquête du pouvoir d`Etat, très différentes.

Pour autant, tous rêvent d`être à la tête d`un pays qui sort de sept (7) ans de crise militaro politique. Chacun y va, pied au plancher. En proposant aux électeurs, un futur radieux. Mais le passé sulfureux de ces candidats à l`élection présidentielle ne va-t-il pas obérer le " cadeau " qu`ils promettent au peuple, une fois élus?
Constat : Les deux chevaux en lice donnent l`impression de manquer de timing, de temps de recul indispensable et ou la distanciation nécessaire pour toute rectification du mouvement sur le terrain. Le moment semble plutôt propice à l`hypertrophie de leur ego. Sur Africa 24, Ouattara rappelle comme un charmeur de serpents, à qui veut l`entendre : "J`incarne le vrai changement en Côte d`Ivoire" (1).Comme si ses concitoyens ne l`avaient pas entendu, il persiste et signe : "je demande seulement cinq ans de pouvoir d`Etat au peuple", ce serait un essai mémorable.
Son frère siamois au sein de la famille des Houphouétistes (rhdp), Henri Konan Bédié, ne dit pas autre chose : "Je vais faire revenir la paix, la liberté, la prospérité" (2). Et ses affidés, notamment Albert Amichia, maire Pdci de la commune de Treichville, se veut prophétique : " Si Bédié ne gagne pas aux élections, ce sera la catastrophe "(3). On le voit bien ! Le marigot politique ivoirien bouillonne d`intentions nobles. Mieux, le discours messianique est à l`avenant. L`évangile selon "le bravetchè " ou " N’Zuéba "rime aussi avec déluge de feu, vision manichéenne de la gestion du pouvoir d`Etat, surabondance du " Moi ", du " je ", du " nini ". A l`heure d`une pré campagne où les deux "frères de Dimbokro", héritiers d`Houphouët-Boigny, étalent leurs divergences, il n`est point superfétatoire, de relever leurs faiblesses face au génie politique de l`adversaire ou l`ennemi commun qu`est Laurent Gbagbo.
Le bon ton, tel que désiré par les candidats qui ont signé devant le secrétaire général de l`Onu, un code de bonne conduite, semble aujourd`hui, une préoccupation mineure. Vu la frénésie et la constance avec laquelle ce gentleman agrément est violé par certains signataires de ce texte.
Bédié, tout au long de ses meetings, ne cesse de brocarder le Fpi, le parti dont est issu le Président de la République. Tel semble être le programme de gouvernement voir le projet de société de l`actuel Pdci qu`il incarne: " Il faut se méfier du langage des prédateurs repus (…) Avec le pouvoir Fpi, l`Ivoirien n`a plus d`avenir "(4). "Le Fpi s`est engagé à faire à la démocratie, sa plus grave entorse en refusant aux ivoiriens leur droit de se donner dans le temps prescrit par la Constitution, les gouvernants de leur choix"(5).
Les rectificatifs et réajustements de la Commission électorale Indépendante (Cei), seul maître à bord, sur le chronogramme du processus électoral, les difficultés techniques et financières rencontrées, la communication de la date (probable) de l`élection présidentielle, la confirmation par le président de la République de la tenue de cette échéance en 2009, peuvent-elles moduler (positivement) la vision du plus vieux parti ivoirien ? Difficile de répondre par l`affirmative. Même quand Alassane Dramane Ouattara, s`y met, pour éclairer la lanterne du "sphinx de Daoukro". Sans dédouaner les gouvernants, il situe à sa manière, les responsabilités des uns et des autres : "Il y a encore un certain nombre de choses à régler : la reconstitution des registres d`état civil, l`enrôlement des ivoiriens de l`étranger, la sécurisation du processus (…) La Cei a un certain nombre de critères et de responsabilités, mais les solutions les plus urgentes relèvent du chef de l`Etat et du gouvernement. Mettre le financement à la disposition de la Cei et créer les conditions optimales de sécurisation (…) ". Le mentor du Rdr n`ignore pas non plus les tensions de trésorerie que connaît l`Etat.
Toutes choses que la victime du putsch militaire du 24 décembre 1999, ne veut admettre. Sait-il(Bédié) que jusqu`ici, la plupart des Fn ou Com’zones, continuent de parler de " notre territoire ", "nos populations", refusant d`accélérer le processus de normalisation administratif et politique tel que recommandé par l`Accord de Ouaga et surtout l`annexe Ouaga IV? Sait-il que les chefs de guerre, comme l`a souligné le récent rapport de l`Onu, ne cessent de piller les ressources nationales, affaiblissant davantage l`Etat et contribuant à la paupérisation des familles ? Selon le Rdr, " 50% des Ivoiriens sont en dessous du seuil de la pauvreté. Tout ce qui est des infrastructures sanitaires, des routes, de l`éducation sont totalement délabrées ". Qui sont les responsables de cette " faillite " ? En tournée dans le Moyen-Comoé et le Zanzan, le doigt accusateur de Bédié se lève: " Avec le pouvoir Fpi, l`ivoirien n`a plus d`avenir "(6). Là où l`ancien gouverneur de la Bceao pour le compte de la Haute-Volta aujourd`hui, Burkina Faso, se veut plus lucide. Pour lui, "c`est cette crise qui a trop duré. En plus de cela, c`est du fait que le pays n`a pas été géré (…). Dans les transitions - comme c`est le cas avec les gouvernements successifs de l`après Marcoussis (depuis 2002)-, il n`y a jamais de gestion. Les deux choses sont incompatibles. Chacun se débrouille "(7).
Face à la pauvreté, l`admission de la Côte d`Ivoire à l`initiative des pays pauvres très endettés par les institutions de Bretton Woods, ne s`apparente-elle pas à une bouée de sauvetage ? Ouattara ne s`en cache pas: "C`est une décision heureuse pour la Côte d`Ivoire", "l`allègement de la dette que nous devons pouvoir achever, j`espère sous ma présidence, permettra de récolter des ressources importantes, plus de cinq cent milliards de Fcfa par an". Le secrétariat général du Rdr ne peut que féliciter le président du parti (Alassane Ouattara) " pour l`action qu`il a menée auprès des Institutions financières internationales afin de favoriser la conclusion de la facilité de réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc) et l`éligibilité de notre pays à l`initiative en faveur des pays pauvres très endettés ".
Hum ! Cela ressemble à de la récupération politique. Ne dit-on pas que la victoire a plusieurs pères ? Qu`importe ! Le fils de Nabintou Cissé (?), veut désormais être perçu autrement. Effacer en lui ses laideurs morales. Ce que le Professeur Bernard Zadi Zaourou déplore chez lui, " c`est qu`il bénéficie de grandes alliances à l`extérieur. Mais dans ses rapports avec ses alliés, je n`ai pas le sentiment qu`il met toutes ces relations-là au service de la Côte d`Ivoire. Je crois qu`il voit davantage le régime adverse et non le pays en tant que tel". Et Zadi de poursuivre : " Bien sûr qu`on me dira : " puisqu`il n`est pas au pouvoir ". Je réponds : " Oui, mais même étant dans l`opposition, on peut faire des propositions pour faire avancer le pays, on peut aider le pays à résoudre les problèmes auxquels il doit faire face ". Surtout que ses concitoyens n`ont pas oublié et apprécié, sa "générosité" sélective ou à géométrie variable. Rappel : "Le mardi 5 juin 2007, au nom d`un institut international de la paix, qui œuvre pour la promotion des investissements en Afrique, créé par ses soins, Alassane Dramane Ouattara est allé informé le Président Omar Bongo, qu`il avait réussi à finaliser un projet de 1000 km de bitume pour le Gabon. Il convient de préciser qu`au bas mot, un km de bitume, c`est au moins 260 millions de Fcfa. Le calcul fait, cela donne 260 milliards de Fcfa pour le Gabon. Et pour la Côte d`Ivoire ? Même pas un dispensaire à Kong" s`étaient offusqués des sachants ivoiriens (8). Mais comme le dit l`adage,"mieux vaut tard que jamais ". Alassane s`en est approprié. Contrairement au "prince nambè" englué dans une nostalgie passéiste et une rancune sans limite. On le (re)découvre bavant de colère: " En mars 1998, sous mon gouvernement, la Côte d`Ivoire avait été admise à l`initiative de la remise de la dette en faveur des pays pauvres très endettés et elle aurait bénéficié de la remise de sa dette en mars 2001, si des aventuriers n`avaient pas perpétré contre le Pdci, le coup d`Etat que l`on sait". Et Bédié de se faire moralisateur: "Pavoiser alors qu`on obtient le point de décision du Ppte, après dix ans de pouvoir, est tout simplement une danse de sorciers pour distraire les Ivoiriens ou pour abuser les moins lucides d`entre nous "(9). Réponse du berger à la bergère : " Le constat est là, nous nous sommes très appauvris. Ce n`est pas une question de réjouissance. C`est essayer de tirer profit de tout ce qui existe au plan international pour le financement de l`économie ", réplique Ouattara, lors de son entretien avec Africa 24.
La guerre des héritiers d`Houphouët, cause de la crise ivoirienne, va-t-elle conduire à l`enlisement total de la situation que connaît le pays de Gbagbo?
On peut en douter. Vu que, sans être forcément des "feuilles mortes", ces "poids lourds" de l`opposition, n`ont rien d`un foudre de guerre. Plus important, ces politiciens sont connus, ils ont déjà été. Laissant au fronton de la République, des balafres, signes de leur passage à la tête de l`exécutif ivoirien. On les connaît donc. Peut être, pas autant que le Professeur Bernard Zadi Zaourou. Selon cet intellectuel, "Houphouët est mort en préparant malheureusement de manière assez inefficace sa relève. Ce qui crée beaucoup d`ennuis à la Côte d`Ivoire " (10).
Voilà que les héritiers du défunt, à l`occasion de la pré campagne électorale, se laissent découvrir dans leur nudité. Que peut-on attendre encore d`eux ? Le Pr Zadi pense que "Bédié a été usé par la longue attente dans l`antichambre du pouvoir, à cause de la longévité politique d`Houphouët ", qu`" il n`est pas bon communicateur. Il a dit des choses qui ont terni énormément son image ". Quant à Ouattara qui lui, tient au bon ton parce qu`il sait que quand le Président de la République, silencieux pour le moment, fera campagne, seront mis sur la place publique, des faits, des chiffres, des choses beaucoup gênantes pour l`opposition. Mieux vaut comme le fait Ouattara, baliser le champ et le ton du débat politique. Seulement voilà ! Peut-on vouloir d`une chose et de son contraire ? On ne peut pas refuser de descendre dans la poubelle et susciter ou encourager dans le même temps les dissidents des forces nouvelles, ces anti Soro, à tirer l`Accord de Ouaga vers le bas (Le Rdr dans une déclaration, dit soutenir les délégué Fn qui ont demandé la démission de leur secrétaire général, de la primature). Question de tirer en catimini, les marrons du feu. Le verdict de l`histoire n`est pas loin!

Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr
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