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Politique Publié le mardi 5 mai 2009 | Notre Voie

8.000 agents de sécurité bientôt pour sécuriser le processus électoral : Bertin Kadet appelle à la solidarité des Ivoiriens

Dans son message à la Nation diffusé sous forme d’interview télévisée, le week-end dernier, le Président Gbagbo a particulièrement insisté sur la sécurisation du pays avec 8000 hommes (FDS et FAFN) sur toute l’étendue du territoire national. Comment cette opération peut-elle se dérouler ? Le ministre Bertin Kadet, conseiller spécial du président de la République en charge des questions militaires et sécuritaires donne, dans l’entretien qui suit, certaines explications et invite les Ivoiriens à la solidarité autour des agents de sécurité.

Notre Voie : Dans son dernier message à la Nation, le président de la République, Laurent Gbagbo, a parlé de 8000 forces de l’ordre composées de FDS et de FAFN à déployer pour sécuriser le processus électoral. Quelle analyse en faites-vous?

Bertin Kadet : L’opportunité que vous me donnez pour me pencher sur le volet sécuritaire du message du Président de la République est importante. Je souhaite que les Ivoiriens prennent le temps de bien décrypter les discours du chef de l’Etat. Car il ne parle jamais au hasard. Le Président Gbagbo parle toujours en temps opportun et pour dire des choses précises. Dans son dernier message publié sous forme d’interview, le Président de la République a parlé bien sûr des élections, du PPTE et de bien d’autres sujets. Mais il a surtout parlé avec précision de la sécurisation du pays. C’est un problème extrêmement important.
C’est la sécurisation du pays qui conditionne la tenue des élections comme il l’a si bien dit lui-même. Mais au-delà des élections, elle conditionne également toutes les autres questions. A savoir le rétablissement total de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, l’unicité des caisses de l’Etat et donc le redéploiement des régies financières, etc.


N.V. : La question est importante mais sa mise en œuvre ne fait que traîner. Peut-elle être résolue parce que le président de la République en parle lui-même maintenant ?

B.K. : Vous avez raison de vous en inquiéter, car chaque fois que le processus de paix est arrivé sur la question sécuritaire, il y a toujours eu blocage. Le processus bute toujours sur ce point. Mais cette fois, sur ce point, le président de la République a été très précis. Il a dit qu’à partir d’aujourd’hui 5 mai 2009, huit mille (8000) agents de sécurité composés de 2000 gendarmes et 2000 policiers des Forces de défense et de sécurité (FDS) et de 4000 agents des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, ex-rebelles) vont être déployés sur toute l’étendue du territoire national. Ça veut dire que les deux états-majors des FDS et des FAFN, après discussion, sont tombés d’accord pour se déployer. D’ailleurs, au moment où nous parlons, l’état-major du Centre de commandement intégré (CCI) est en train de procéder à l’affectation nominale des agents à déployer.
Je voudrais me réjouir de cet accord, féliciter les FAFN pour ce pas important vers la paix définitive et les encourager à aller plus loin avec le président de la République sur la question sécuritaire. C’est une avancée de taille et les ivoiriens doivent comprendre que désormais, c’est ensemble que les FDS et les FAFN vont sécuriser la partie CNO du pays. Ils doivent applaudir cette initiative des deux mains et l’accompagner.


N.V. : Oui mais que faire pour que des entraves ne viennent pas perturber cette opération ?

B.K. : Ecoutez, la volonté d’aller à la paix étant acquise, aujourd’hui, ce que nous devons faire, c’est de réfléchir pour donner corps au message du chef de l’Etat. Et ça, c’est de la responsabilité de l’ensemble des Ivoiriens, mais aussi de tous ceux qui vivent sur cette terre d’accueil qu’est la Côte d’Ivoire, et non uniquement du chef de l’Etat et du gouvernement.
De la même façon que nous nous mobilisons chaque fois derrière les Eléphants footballeurs, nous devons nous mobiliser derrière les 8000 hommes qui vont être déployés sur tout le territoire national, mais notamment dans les zones CNO. De la même façon que des comités de soutien se forment pour aider au financement de notre équipe nationale de football lors des grandes compétitions engageant l’honneur de la Côte d’Ivoire, les Ivoiriens, les opérateurs économi-ques et toutes les composantes de la Nation doivent s’unir pour donner corps au message du président de la République.


N.V. : Que coûte exactement le redéploiement de 8.000 forces de sécurité ?

B.K. : Le redéploiement de 8.000 hommes recouvre des variables concrets qui sont l’achat de véhicules pour le transport des agents, l’acquisition de carburant et de matériels de communication, l’équipement en armement et en munitions, l’habillement des agents, leur nourriture, etc. Toutes ces choses nécessitent de gros moyens financiers…


N.V. : Quelle forme doit-elle prendre, la mobilisation à laquelle vous appelez les Ivoiriens ?

B.K. : Je viens de vous le dire, le déploiement de 8000 hommes nécessite d’énormes moyens financiers et matériels. Il est vrai que l’Etat fera son devoir, mais il est souhaitable que chacun à son niveau fasse un geste de solidarité à l’endroit des 8000 hommes en apportant ce qu’il peut.
Pour ce qui concerne le cas particulier des zones CNO, vous savez que ce sont des zones qui, pour la plupart, sont sinistrées et ces forces vont y aller pour le bien de nous tous.

Dans tous les cas, la mobilisation peut être de l’argent en espèces, ça peut être de la nourriture, ça peut être du matériel roulant, etc. Ce n’est pas la première fois que les Ivoiriens manifestent leur solidarité pour leur pays. Dès le déclenchement de la crise en 2002, les Ivoiriens et nombre d’opérateurs économiques se sont mobilisés pour soutenir les Forces républicaines. Dès le lancement des opérations d’enrôlement, cette solidarité s’est manifestée à travers des dons de timbres au plus démunis pour la confection des pièces administratives. Aujourd’hui, le président de la République a lancé l’opération pour la sécurisation totale du territoire national. Le même élan de solidarité doit être réédité pour permettre aux FDS et à leurs frères des FAFN de réunifier définitivement notre beau pays et d’ouvrir la porte à des élections justes et transparentes, comme l’exigent tous les acteurs politiques. C’est donc un appel à la solidarité nationale autour des 8000 hommes que je voudrais lancer à travers votre journal.


N.V. : Concrètement, comment les choses vont-elles se passer sur le terrain ? D’aucuns pensent que c’est déjà aujourd’hui que les com-zones vont disparaître…

B.K. : Il s’agit d’un processus qui va se développer progressivement, mais qui va aller plus vite que certains ne l’imaginent. C’est le résultat qui sera la sécurisation totale du pays par la disparition des com-zones. Il importe que les Ivoiriens sachent que tout cela se fait par négociation. La négociation est au début, au milieu et à la fin du processus.

Ceci dit, techniquement, après le déploiement des 8000 hommes, ceux qui ne seront pas pris seront cantonnés dans des camps. Avant d’entrer dans ces camps, chaque combattant dépose son arme. Ensuite il va y avoir passation des charges entre les préfets et les com-zones. Ce n’est donc pas aujourd’hui mardi 5 mai 2009 que les com-zones vont disparaître comme par un coup de baguette magique. C’est un processus et il ne faut pas caricaturer les propos du chef de l’Etat. Par contre, il faut que les Ivoiriens croient en la capacité de leur pays à se ressouder. Il faut continuer de croire au président de la République et au Premier ministre.

Entretien réalisé par Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr
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