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Art et Culture Publié le jeudi 7 mai 2009 | Notre Voie

3ème Nuit du zouglou au Palais de la culture : Leçons d’une soirée entachée de joie et de honte

Deuxième événement populaire organisé dans l’intervalle d’un mois sur le sol ivoirien, la 3ème Nuit du zouglou a été explosive avec ses plus de 4000 personnes en transe, le jeudi 30 avril dernier au Palais de la culture de Treichville. Un événement au cours duquel les Forces de défense et de sécurité (FDS)de Côte d’Ivoire ont montré un autre visage.

29 mars 2009 – 30 avril 2009. 31 jours après le drame du Stade Félix Houphouet-Boigny (Felicia) où 19 personnes ont trouvé la mort dans une bousculade avant le match Côte d’Ivoire - Malawi comptant pour le dernier tour des éliminatoires combinés Mondial/CAN, la Côte d’Ivoire était de nouveau à l’épreuve de l’organisation d’un rassemblement d’envergure capable de déchaîner des passions. Il s’agissait bien de la 3ème Nuit du Zouglou qui a fait sortir des morts, le 30 avril dernier, de leurs tombes dans un tel contexte de grosses angoisses. Pour Leader’s Team Event et ses responsables, structure organisatrice de cet événement qui était considéré comme celui de tous les risques, le défi contre des esprits extrémistes était donc périlleux. Mais, fort heureusement pour les organisateurs, il y avait plus de peur que de mal dans la salle Bernard B. Dadié et alentours.

En effet, avec la complicité de plus de 4000 personnes ayant bravé la peur, plus de 30 zougloumakers se sont succédé sur un beau podium où l’on voyait installés en hauteur les musiciens de la remarquable partie live de la soirée. Petit Denis – que l’on sait à lui seul capable d’enflammer n’importe quel rassemblement zougloutique avec la même aura dont il jouit – n’a pas failli à sa réputation de chouchou des zouglouphiles de Côte d’Ivoire. En effet, ce bout d’homme que sa musique ne fait que croître en longueur tel un bébé bien nourri aux vitamines, au prix de ses mille et un gris-gris puisés dans un imaginaire dont lui seul détient le secret, a affolé ses fanatiques, les rendant ainsi intraitables.

Ce festival zouglou était aussi celui du groupe Les Patrons et son vocaliste en chef qui ont démontré leurs énormes potentialités de futurs grands du mouvement musical. Quant aux autres membres de la grande famille de ce courant musical que lançaient les étudiants des deux ex - terribles campus de Yopougon dès la naissance des années 90, ils ont également saisi cette lucarne pour dicter leur savoir-faire artistique à un public où les femmes se sont particulièrement montrées généreuses dans leur passion.

Le village zouglou

Peint aux couleurs d’un des partenaires de l’événement, le Village zouglou, bâti dans la cours du Palais avec son écran géant particulier et ses maquis, a offert à ses occupants des conditions optimales d’échauffement. Ainsi après avoir ingurgité une bonne dose d’alcool auquel les zouglou disent devoir leur inspiration quotidienne et s’être gavés de mets fumants d’ici et d’ailleurs, les « parents » se ruaient, le ventre plein, dans la salle Bernard B. Dadié à l’heure des shows officiels. Avant leur départ, ils ne brûlaient pas le « Village », ils ne renonçaient pas non plus à ce temple où l’animation en woyo (zouglou à l’état brut) battait son plein, faisant ainsi prospérer l’esprit zouglou parallèlement au spectacle central. De temps à autre, ceux qui le pouvaient – car tout va-et-vient était devenu presque impossible – y venaient se « ressourcer », puisque le Village ne s’est jamais couché.

Ah, les FDS !

On le soulignait tantôt. Ce festival était à risque. Ainsi des mesures préventives ont été prises par les organisateurs plus tôt avertis. Au plan sécuritaire, des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ainsi que ceux de la société One security ont été mis à rude contribution. Mais c’est plutôt les civils de One security que les organisateurs ont préférés en première ligne, avec ordre d’éviter toutes bavure. Mais , dans le feu des passions, lorsque la foule, craignant de rater le show, poussait aux entrées de la salle, des indisciplinés parmi les FDS se sont inventés une nouvelle mission. En effet, ces éléments ont pris la honteuse décision « d’enlever » des éléments de One security – dont ils trouvaient certainement gênantes les positions – avant de les chicoter dans un endroit peu éclairé du Palais, un peu loin des regards curieux. C’est donc après leur « putsch » au ceinturon qu’ils se sont installés aux avant-postes aux portes. Le scandale du racket organisé – jusque–là à l’état embryonnaire – a alors pris des proportions inquiétantes. Comme si le drame du Félicia dans lequel les FDS sont soupçonnées d’être impliqués n’avait servi de leçon à personne, elles se plaisaient à faire entrer dans la salle – pour 2000 ou 3000 FCFA en contrepartie - des personnes sans ticket qui se sont infiltrées parmi celle qui en possédaient dans les rangs. La scène était grotesque, voire honteu. Mais les FDS, n’en avaient cure jusqu’à ce qu’ils tombent dans un piège monté de toutes pièces par un des organisateurs excédé par leur gourmandise. Son appât était une demoiselle. Parachutée dans un des rangs, elle se présenta devant les nouveaux hommes forts des lieux et glissa discrètement, dans les mains d’un d’entre eux, la somme de 3000 FCFA. Le tour était joué et voilà la demoiselle poussée dans la salle, brûlant la politesse à ceux, sans doute élevés par de bonnes sœurs, qui continuaient de faire la queue à leur corps défendant. Aussitôt, un de leur responsable était saisi de ce commerce sans scrupule…

Les manifestations payantes à caractère populaire

Devant cette dérive autoritaire récurrente dans le camp des FDS de Côte d’Ivoire lors des manifestations payantes à caractère populaire considérées comme des mines d’or, l’on en est à se poser cette question de fond : faut-il encore continuer de faire confiance à une mentalité qui ne fait que causer de sérieux désagréments, autant aux organisateurs qu’aux spectateurs ou responsabiliser exclusivement les sociétés de sécurité privée. En tout cas, la piste FDS pour la sécurité inquiète à plus d’un titre. A tel point que la soirée zougloutique devrait permettre d’ouvrir un peu plus les yeux sur ce qui se déroule sous les yeux des Ivoiriens ; avec la complicité des Ivoiriens dont certains, des anti-développements incorrigibles attendent toujours la moindre occasion pour étaler leurs tares dans une société en souffrance qui donne terriblement l’impression d’être sans morale. Et pourtant…des hommes et femmes de valeur y existent et attendent leur heure.

N’oublions donc jamais le drame du Félicia chaque fois que sera organisée une nuit du zouglou en Côte d’Ivoire. Car elle risque d’être longue pour les uns et noire pour les autres. Plus jamais ça !

Schadé Adédé: schadeci@yahoo.fr
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