Le directoire du RHDP a rencontré, hier à la maison du PDCI RDA à Cocody, les membres des instances dirigeantes des quatre partis politiques composant le RHDP. Plantant le décor, le président du Directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la paix, le Pr. Alphonse Djédjé Mady a laissé entendre que la rencontre a lieu sur instruction des différents leaders pour " un débat de fond " sur la situation de sortie de crise. En somme, il s'agit, a annoncé, Djédjé Mady de recueillir les analyses, les suggestions et la position des uns et des autres quant à la date des élections qui reste floue avec les dernières déclarations des refondateurs et notamment du chef de l'Etat qui annonçait le 30 Avril dernier, lors d'une émission télévisée, qu' " il n'était pas un notaire pour enregistrer automatiquement la date que la CEI lui suggérerait ". Djédjé Mady de rappeler alors d'autres propos de Gbagbo ou d'autres faits quant au choix de la date des élections, non sans avoir donné la réplique à chacune des positions frontistes: " La Commission électorale lui a proposé deux dates, le 11 octobre et le 28 octobre, il a dit qu'il verra d'ici là quelle date, il pourra proposer. Ironie du sort, c'est de la bouche d'un diplomate que depuis New York, nous apprenons que les élections auront lieu entre le 11 octobre et le 06 décembre ", a-t-il déploré. Face à cette situation, Djédjé Mady justifiant la réunion a indiqué que " nous pensons que les organes dirigeants du RHDP doivent faire connaître leur position sur cette manière de gérer et de se soumettre aux dispositions de la loi sinon nous sommes partis pour continuer d'être menés en bateau comme c'est le cas jusqu'à présent ". Ceci dit, le président du directoire a situé son auditoire sur les dispositions de la loi. " La loi, depuis la Constitution jusqu'au code électoral, prévoit que c'est la Commission électorale indépendante qui propose la date des élections au gouvernement et un décret en conseil des ministres est pris pour fixer la date des élections ". Fort de cela et des explications plus détaillées qu'il a données, Djédjé Mady a clamé que " nous ne voyons pas la place où monsieur Gbagbo pourrait se substituer à la commission électorale pour faire sa proposition. Il ne peut pas faire de proposition. Il ne peut que faire analyser la proposition de la Commission Electorale Indépendante en conseil des ministres qui accepte ou qui fait des annotations et qui renvoie le dossier à la Commission électorale indépendante. Nous voulons donc que nos organes dirigeants saisissent l'opinion nationale et internationale pour ne pas dévoyer le processus et que la loi soit respectée. Il n'y a qu'un seul organe qui propose les dates : c'est la Commission électorale indépendante. Ni le président, ni le gouvernement, ne peuvent faire leur proposition de date ". Djédjé Mady a ensuite indiqué que le second point sur lequel le directoire demande aux membres des instances de l'instruire, c'est l'identification. Il a encore fait référence aux propos des refondateurs qui affirment entre autres que tant que le dernier des Ivoiriens n'est pas identifié, on n'ira pas aux élections. " Ne nous laissons pas abuser. Ça veut dire quoi ? Premier principe de base, c'est que l'identification en Côte d'Ivoire ne se terminera jamais. Il n'y a pas un jour où on va dire que l'identification est terminée, et qu'il n'y a plus d'Ivoirien à identifier. L'état civil est un processus permanent. C'est un service permanent de l'Etat de Côte d'Ivoire. Tous les jours que Dieu fera, ce jour-là, il y aura un Ivoirien à identifier. Donc, on ne peut pas dire tel jour, tous les Ivoiriens sont identifiés. C'est un faux problème ", a martelé Djédjé Mady. Pour lui, la population cible est une estimation et " personne ne peut dire que tous les Ivoiriens ne sont pas identifiées ". Par ailleurs, " il n'est pas établi que tous les Ivoiriens remplissent les conditions exigées " pour se faire identifier. Pour lui, tout comme les audiences foraines qui étaient une opération ponctuelle où tout le monde n'a pu prendre part et qui s'est arrêtée, l'identification doit aussi s'arrêter. " Les audiences foraines, c'est comme une " opération coup de poing ". La justice va vers les populations, mais quand cette opération est terminée, c'est les populations qui vont vers la justice et ils obtiennent les mêmes documents. Il en va de même de l'identification dans sa phase actuelle. L'opération est volontaire. Ce sont les personnes désireuses de se faire identifier qui vont se faire identifier. On peut même avoir les papiers et malheureusement ne pas vouloir se faire identifier. On ne déposera pas plainte contre quelqu'un qui n'est pas allé se faire identifier ", a déclaré Djédjé Mady. Qui reconnaît qu'il y a une seule contrainte. Celle de la cartographie qui prévoit 11000 lieux de vote qui doivent être correctement visités. " Si tous les centres d'enrôlement ont été correctement visités, on obtient un chiffre dont il faut tenir compte à la fin de l'opération pour aller à des élections. Donc quand on nous dit que tant que tous les Ivoiriens ne seront pas identifiés, on n'ira pas aux élections, c'est une volonté manifeste de dire qu'on ne veut pas aller aux élections ", a-t-il dit. Parce que, a-t-il poursuivi, " ce processus continuera après les élections. Ce processus continuera après notre mort parce que c'est un processus qui dépend de l'état civil de la Côte d' Ivoire. Ça ne s'arrête pas un jour, mais on arrête un jour la liste des personnes qui vont être concernées à tel jour précis. En somme, combien on a pu identifier, combien peuvent aller aux élections ". Djédjé Mady retiendra que les chiffres annoncés vont connaître une augmentation avec les 200 centres qui restent à visiter, avec les identifiés issus de la reconstitution des registres d'état civil et des Ivoiriens de l'étranger. Enfin, il s'est prononcé sur le volet sécuritaire avec l'épineuse question du désarmement avant les élections avancée par la refondation. L'accord complémentaire de Ouagadougou, a-t-il dit, a réglé la question avec la mise en place d'un Centre de Commandement Intégré. Ou en nombre égal, les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Forces nouvelles doivent donner 4000 personnes. Soit 8000 personnes qui vont assurer la sécurité des élections quand les autres soldats des deux forces doivent être cantonnés dans les camps militaires avec les armes dans les poudrières sous la supervision des forces impartiales. Quant aux milices, elles doivent être démantelées, démobilisées, désarmées. Cette opération, a aussi rappelé Djédjé Mady, doit connaître son terme deux mois avant les élections. " Mais si on ne connaît pas la date des élections, comment faire tout ça à deux mois des élections ? " S'est-il interrogé. " Il y a le problème de l'argent. Mais le chef de l'Etat a également déclaré que sur le budget 2009, il est prévu 118 milliards pour cette opération. Donc, je pense qu'il n'y a plus un problème d'argent. Bien sûr, nous sommes suffisamment grands pour ne pas confondre budget et disponibilité d'argent. Mais à chacun son problème ", a conclu Djédjé Mady, en ce qui concerne ses propos liminaires. Au terme de la rencontre, après avoir pris note des avis des intervenants, il a déclaré, entre autres, à l'endroit de tous : " Nous traduirons très fidèlement ce que vous venez de dire à nos présidents pour que dans une semaine, vous ayez la date. Si dans une semaine, vous n'avez pas la date, alors, nous allons nous retrouver pour faire ce que nous devons faire pour avoir la date. D'ici là, il faut se préparer parce que l'épreuve de force n'est payante que pour le plus endurant… ". Le président du Directoire n'a pas manqué de mentionner que la section mobilisation du RHDP est au travail pour trouver des stratégies et que la position du RHDP jusqu'à ce que trop soit trop ne peut s'expliquer que par le sens de la responsabilité qui a toujours habité l'organisation des Houphouétistes.
Diarrassouba Sory
Photos: Olga Ottro
Diarrassouba Sory
Photos: Olga Ottro