Le Rhdp au grand complet a tenu, hier à 11h comme convenu, sa réunion visant à analyser le contenu de la dernière interview du chef de l'Etat Laurent Gbagbo accordée à la Rti. Selon les houphouétistes, cette interview comporterait des zones d'ombre qui confirment l'incertitude sur la tenue des élections. C'est donc pour anticiper sur cette incertitude que le Rhdp s'active. Le directoire présidé par M. Alphonse Djéjé Mady a voulu, à travers cette concertation urgente, mettre en relief les insuffisances et les failles, en tirer les enseignements, adopter des résolutions et se donner les moyens pour réagir à propos. Après avoir situé le cadre et se souciant du jeu démocratique fondé sur le dialogue, l'arme par excellence de l'Houphouétisme, le Pr Djédjé Mady a donné la parole aux militants qui désiraient s'exprimer. Pendant plus d'une heure, chacun a fait savoir ses préoccupations qui sont aussi celles des autres militants. Les responsables du Rhdp les ont écoutés attentivement avant de prendre bonne note de leurs propos. C'est à deux reprises que les intervenants ont eu droit à la parole. Mme Thérèse Yoman se préoccupant de l'ambiguïté de la cohabitation du Rhdp avec la refondation, elle a demandé que les houphouétistes se démarquent nettement. "La date de décembre est un piège. Nous devons prendre une position par rapport à Octobre. Il faut opérer la rupture. Le moment est venu de prendre nos responsabilités", s'est-elle insurgée. A sa suite, Mme Bouanga Yvonne a pris parti pour la population qui, selon elle, souffre de cette situation de blocage."C'est bon et juste que le Rhdp se retrouve pour agir ensemble. Trop c'est trop. Le peuple souffre. Une période de dates n'est pas une date. Il serait mieux qu'on mette la pression pour dire que nous sommes-là. Sinon, nous n'aurons que nos yeux pour pleurer. Il faut accepter le sacrifice de faire bouger les choses", souhaite-t-elle. Cissé Salif, lui, a parlé de la remise en cause de l'accord de Ouagadougou s'il n'y a pas de lisibilité à l'horizon. "Si après octobre il n'y a pas d'élections, on doit rejeter l'Accord politique de Ouagadougou. C'est lui qui commande tout ce qui se passe", a-t-il menacé. Les deuxièmes intervenants, au regard des applaudissements recueillis, ont dit ce que tout le monde voulait entendre. C'est la présidente des femmes du Rdr qui a ouvert le bal. "Le Rhdp a beaucoup accompagné Gbagbo dans ses discours. Ce serait bien qu'au niveau du Rhdp, on fasse quelque chose avant le prochain Cpc. Le 11 octobre, nous devons aller aux élections. Prévoyons des manifestations. Nous les femmes, nous sommes prêtes", a préconisé Mme Touré Virginie. Pour Abdoulaye Fofana, "Si le 11 octobre n'est pas respecté, il faut sortir du gouvernement pour organiser des marches et des sit-in comme il l'a montré cela en Côte d'Ivoire." Mlle Ayeri Simone (Jpdci) s'est inscrit dans la logique de son prédécesseur. Faisant un constat d'amertume, elle opte pour des actes concrets." Jusque-là, il y a eu une certaine observation de la situation. A présent, il n'y a plus de solutions. Sauf que la rue s'impose à nous si on veut mettre fin au calvaire des populations. On ne doit plus faire de l'opposition comme on l'a faite jusqu'à présent. Il faut passer à l'action car sans élection, il y a la mort. Autant passer par la rue s'il doit avoir la mort." Coulibaly Adama demande plutôt de passer directement aux actes concrets "Evitons de tomber dans le piège des dates de Gbagbo. Il n'a rien à voir avec la fixation des dates. Il faut se focaliser sur les dates de la Cei", renchérit-il. Abondant dans la même logique, M. Kouyaté appelle à la vigilance. "Si on accepte un changement de la date proposée par la Cei, il y aura de changement permanent de dates. On doit mener des actions dynamiques mais en respectant le cadre républicain. C'est la Cei qui doit choisir les dates et non le pouvoir" martèle-t-il. Les délégués Pdci Yobou Djirabou (Yopougon) et Assemien Léon (Marcory) ont , pour leur part, attiré l'attention sur des manœuvres qui se trament. Yobou Djirabou estime qu'on a dépassé l'excès. "Nous avons suffisamment accompagné Laurent Gbagbo. Trop c'est trop. Nos sœurs ont tout dit. Elles ont marché sur Grand-Bassam qui devrait nous servir d'exemple. Nous, enfants de Houphouët-Boigny, nous devons prendre nos responsabilités", invite-t-il les militants du Rhdp. Quant à Assemien Léon, il a dit que "Gbagbo n'ira pas aux élections. C'est, pourquoi, estime-t-il, qu'il faut aider la Cei à consolider son indépendance et à se définir des stratégies pour arracher une date au pouvoir." Au total, les intervenants ont convergé vers les mêmes buts. Il s'agit de trouver les voies et moyens pour s'offrir les élections qui commencent par le scrutin présidentiel. A commencer par l'imposition au chef de l'Etat Gbagbo, de la date du 11 octobre, voire au plus tard la fin de ce même mois. Sur le principe, les militants sont unanimes dans leur intervention. Reste maintenant l'application des idées.
Marc Koffi
Marc Koffi