Monsieur le Premier Ministre Seydou Elimane DIARRA
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents-Directeurs généraux
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Entreprise et Hommes d’Affaires,
Madame la Présidente du Forum économique du ROTARY-CLUB,
Mesdames et Messieurs, membres du ROTARY-CLUB,
Chers amis,
Je suis honoré d’être avec vous ce matin à l’occasion de ce petit-déjeuner débat où je retrouve des visages connus qui participent à des degrés divers à la vie économique de notre pays, des personnalités de premier plan du secteur économique et financier, des banquiers, des Chefs d’entreprises ainsi que des hommes et des femmes de qualité dont la présence augure bien des échanges que nous aurons tout à l’heure.
Chers frères et sœurs du FORUM ECONOMIQUE DU ROTARY, au-delà de l’honneur que vous me faites, j’apprécie cette belle opportunité que vous m’offrez de parler de la politique économique et financière post-élection en Côte d’Ivoire.
Je tiens à vous exprimer toute ma considération pour votre action désintéressée à travers les oeuvres humanitaires et culturelles que vous menez.
Je sais ce que vous faites individuellement et collectivement pour faire reculer la pauvreté qui a atteint aujourd’hui un niveau insoutenable dans notre pays.
Je partage avec vous les valeurs qui font la force d’une nation, à savoir, la solidarité, la fraternité, la tolérance et la compréhension.
A travers vous les membres du FORUM ECONOMIQUE DU ROTARY, c’est au ROTARY CLUB et à tout le monde associatif que je veux rendre hommage pour la place qu’il prend dans l’avènement de la Paix dans notre pays.
Chers amis,
Quelle politique économique et financière post-élection en Côte d’Ivoire ?
Comme vous le savez, le thème sur lequel portera notre débat de ce matin constitue l’un des enjeux de la prochaine élection présidentielle, au regard de la crise profonde que traverse notre pays.
Pour donner toute la place qu’il faut au débat, mon introduction sera brève et va s’articuler autour des points suivants : l’état des lieux, autrement dit le diagnostic de la situation économique, les raisons du décrochage de notre économie et les solutions que je préconise pour donner un nouvel élan à notre pays ; en effet il est important de savoir dès maintenant où nous voulons aller et comment nous allons le faire. Je tiens à préciser que c’est l’ancien Directeur Général Adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), qui s’est occupé de ces questions dans de nombreux pays, qui s’adresse à vous et c’est à ce titre que j’ai accepté de venir partager avec vous ma vision de la situation et surtout des perspectives d’avenir.
A. L’état des lieux
v Environnement national et international
L’élection d’octobre 2009 interviendra dans un contexte d’économie mondiale déprimée, une économie mondiale en recession d’environ 4% en 2009 et caractérisée par une grave crise financière qui sévit depuis plusieurs mois aux Etats-Unis et qui s’est propagée comme une onde de choc en Europe et en Asie.
Cette crise financière s’est rapidement muée en une crise économique, créant une récession sévère dans les pays développés où on prévoit une chute du PIB d’environ 6% aux Etat Unies, de 4% en Europe en général et de 3% en France.
Une récession sévère donc, avec son cortège de faillites, de licenciements et de restructurations, créant la psychose et le désarroi au sein des populations comme on le voit tous les jours sur les écrans des télévisions internationales à travers les manifestations de rues et même parfois la prise en otage des chefs d’entreprise dans certains pays.
La chute des prix des matières premières d’exportation, le recul des recettes liées au tourisme, la raréfaction des ressources d’aide publique au développement, la réduction des transferts des travailleurs immigrés et la baisse des investissements étrangers sont les canaux de propagation de cette crise aux économies africaines.
Quid de la Côte d’Ivoire ? En ce qui concerne notre pays, nous pouvons affirmer que l’économie ivoirienne repose sur des bases solides parce que la Côte d’Ivoire a fait sa cure de restructuration dans les années 90 avec les mesures structurelles comme les privatisations, la restructuration des banques, des services des impôts, de la douanes etc.…Des mesures qui quelquefois n’avaient pas été bien comprises à l’époque et qui ont permis en réduisant la part du secteur public de rendre solide les bases de notre économie contrairement à certains pays où ce secteur absorbe une partie importante de la richesse nationale. En conséquence, après plusieurs années de crise socio politique, notre économie s’est maintenue malgré une gestion jugée par certains comme mauvaise, à certains niveaux de l’Etat. Elle a quasiment stagné depuis 2002, le taux de croissance économique oscillant autour de 1,3%. La situation économique s’est améliorée en 2008 pour atteindre une croissance de 2,3%. Ce taux reste toutefois insuffisant pour compenser la croissance démographique de 3,3%.
Pendant ces dernières années, la croissance a été portée essentiellement par les secteurs du pétrole, des transports, du bâtiment et du commerce, mais aussi par l’amélioration du contexte socio-politique et l’augmentation du prix des matières premières. Et à propos de cette amélioration du contexte socio-politique, je voudrais rendre hommage au Premier ministre Seydou Diarra grâce à qui nous avons pu obtenir une stabilisation politique à l’issue de l’Accord de Linas Marcoussis et qui a donc permis aux Premiers ministres successifs de continuer l’œuvre importante de consolidation de la cohésion nationale.
Toutefois, les filières café, cacao et coton, principaux produits d’exportation qui font vivre directement ou indirectement environ 9 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ont subit les contrecoups de la désorganisation des filières et ont par conséquent enregistré des performances peu favorables.
Le poids élevé de la dette qui s’élève à 6200 milliards de francs CFA a lourdement pesé sur la gestion des finances publiques. C’est pourquoi, nous nous réjouissons de la compréhension de la communauté internationale qui a permis l’éligibilité, fin mars 2009, de notre pays à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), ouvrant ainsi la possibilité d’une réduction de 23,6% la dette extérieure (soit 1500 milliards de F.CFA, environ 3 milliards de dollars dont 694 millions de dollars des partenaires multilatéraux - FMI, Banque Mondiale et BAD - et 2311 millions de dollars des bailleurs de fonds bilatéraux notamment la France et l’Europe en général).
Concomitamment, notre pays a bénéficié de la Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (FCRP), un plan triennal (2009-2011) qui l’accompagnera dans l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE dans un délai d’environ 18 mois.
Il faut cependant préciser que l’atteinte de ce point d’achèvement n’est pas automatique. En effet, l’Institut International pour l’Afrique (IIA) dont je suis le Président travaille avec beaucoup de pays en Afrique centrale. Certains de ces pays que nous accompagnons ont pu atteindre le point de décision depuis 2005 et n’ont pas encore, à la date d’aujourd’hui, atteint le point d’achèvement. C’est donc un effort constant, une rigueur de gestion économique et financière et surtout une restructuration approfondie de l’économie qui sont nécessaires pour atteindre le point d’achèvement.
l Problèmes majeurs de notre économie
- L’appauvrissement de la population au cours des huit dernières années : le taux de croissance du PIB est demeuré largement en dessous de l’augmentation de la population, consacrant un appauvrissement continu des ivoiriens ;
- L’Espérance de vie est retombée de 55 ans en 1993 à 46 ans en 2006. Le pourcentage de personnes vivant avec moins de 500FCFA par jour est passé de 38% en 2002 à 49% aujourd’hui ;
- un niveau sans précédent de chômage et de sous emploi qui touche essentiellement les jeunes car, comme vous le savez, 85% des chômeurs ont moins de 35 ans
- La gestion budgétaire est caractérisée par des tensions permanentes de trésorerie ; le déficit global des finances publiques est donc financé par l’accumulation d’arriérés intérieurs et extérieurs et des emprunts sur les marchés financiers de l’UEMOA ; la dette intérieure a fini par atteindre un niveau qui met à mal la survie des PME/PMI ;
l Un investissement insuffisant dans les secteurs clés de l’éducation, de la santé et dans les infrastructures (eau, électricité, routes et assainissement urbain etc.).
l Des problèmes récurrents de gouvernance. En effet, les bailleurs de fonds ont constamment dénoncé :
l La mauvaise gestion des finances publiques, tant au niveau du respect des procédures que dans le choix des dépenses prioritaires.
l le manque de transparence dans la gestion des ressources pétrolières
l le manque de transparence dans la gestion du secteur café cacao
B. Mes propositions pour renforcer la cohésion sociale et remettre l’économie sur les rails d’une croissance économique durable
1. Promouvoir la cohésion sociale et l’Etat de droit.
Il nous paraît évident que sans cohésion sociale, il n’y a pas de développement, donc pas de progrès.
La transparence et l’Etat de droit doivent être érigés en priorité absolue pour protéger les droits des personnes, pour sécuriser leurs biens et pour rassurer les investisseurs.
2. S’orienter vers une croissance plus forte
Pour atteindre des niveaux de croissance à même de réduire sensiblement la pauvreté, des investissements massifs s’imposent dans les secteurs productifs : entreprendre des travaux d’équipement pour la modernisation de notre pays en entretenant le réseau routier existant, en construisant de nouvelles routes et autoroutes ; développer la production et les infrastructures agricoles ; redynamiser l’exploration pétrolière.
L’objectif visé : atteindre une croissance de 7 à 8% pour rattraper les retards accumulés et briser la spirale de la paupérisation dans notre pays.
3. Augmenter l’emploi
L’homme est au cœur de mon programme de gouvernement. C’est l’emploi qui lui permet de se socialiser et d’améliorer ses conditions de vie. C’est là une de mes grandes ambitions. Je pense que c’est au moins 600 milliards qu’il faudra injecter dans l’économie nationale dans les cinq ans à venir de manière à offrir un million d’emplois à nos jeunes qui sont les plus frappés par la crise.
Cette dynamique induira plus de croissance et davantage d’emploi, faisant reculer le chômage endémique que nous vivons et que personne ne saurait tolérer.
4. Lutter plus efficacement contre la pauvreté et investir plus dans le social.
Les lignes d’action sont connues : permettre à chaque Ivoirien de se soigner en ayant un accès aisé à un centre de santé et à des médicaments à prix raisonnable, en bénéficiant d’une assurance maladie (il est possible de le faire à 1000F par mois et par personne). Il s’agit de permettre à chacun d’avoir accès à un logement dont le coût ne dépasserait pas 5 millions de FCFA, à l’eau potable, et de favoriser l’accès de tous au savoir et à l’instruction.
Nous devons réformer de fond en comble notre système éducatif pour l’adapter aux exigences du moment, intégrer l’exigence de formation tout au long de la vie, donner une autonomie financière à nos universités, développer un régime de relations contractuelles entre universités et entreprises, donner plus de moyens à nos chercheurs.
Notre objectif est de réduire les inégalités entre les différentes couches de notre société. Ce que je veux c’est une République qui donne la chance à chacun de s’épanouir dans le travail. La solidarité nationale soulagera les moins chanceux d’entre nous.
5. Accroître l’efficacité de l’Etat et le rendre plus performant
Il s’agit ici de stimuler les performances des administrations et d’exiger des services de l’Etat plus de professionnalisme, plus de rigueur, plus de transparence et d’équité dans l’exercice de leur fonction. Seule une justice libre de toute pression politique servant de socle à un état de droit saura garantir à notre économie la croissance et à notre société la sécurité nécessaire à l’épanouissement du citoyen.
6. Améliorer la gouvernance dans la gestion des finances publiques.
Cela implique une lutte sans merci contre la fraude et la corruption à tous les niveaux, le retour aux procédures normales d’exécution budgétaire, la bonne gestion de l’argent public, l’instauration de la transparence dans la gestion des secteurs du pétrole/gaz et dans la filière café, cacao.
7. Mettre en place une fiscalité au service de la croissance.
Cela suppose la mise en place de conditions fiscales incitatives pour réduire les charges des entreprises de manière à ce qu’elles puissent embaucher tout en améliorant leur compétitivité.
8. Moderniser notre agriculture.
L’un des axes de notre politique en la matière, c’est d’assurer la sécurité alimentaire, en produisant ce que nous consommons, en reprenant notre plan d’action pour le développement de la culture du riz.
A cet égard, nous avons besoin d’une double révolution, celle des rendements et celle de la préservation de l’environnement.
Nous avons également besoin d’améliorer les revenus de nos paysans, en mettant en place deux structures : l’une pour le café et le cacao et l’autre pour le coton et l’anacarde.
9. Tirer le meilleur profit des opportunités offertes par la coopération Internationale et africaine.
Tous les efforts en matière de bonne gouvernance doivent permettre de mobiliser toutes les ressources extérieures pour le financement du développement, par la réduction de la dette ou l’annulation de celle-ci ainsi que par l’investissement direct étranger. Pour ce qui concerne notre pays, nous avons estimé ce besoin en financement à 10 Mille Milliards sur une période de 5 ans.
Un autre levier pour la relance économique : l’intégration des économies africaines en vue de bâtir un marché intégré plus large.
Voilà succinctement résumé les propositions essentielles que je fais pour une Côte d’Ivoire post crise qui veut renouer avec le développement en vue de réduire de manière substantielle la pauvreté.
Ces propositions forment un tout cohérent dont la mise en œuvre placera notre pays sur une trajectoire de forte croissance. Ce sont des réformes qui me paraissent indispensables pour donner une nouvelle chance à notre pays.
Je vous remercie de votre aimable attention.
ABIDJAN, LE 12 MAI 2009
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Présidents-Directeurs généraux
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Entreprise et Hommes d’Affaires,
Madame la Présidente du Forum économique du ROTARY-CLUB,
Mesdames et Messieurs, membres du ROTARY-CLUB,
Chers amis,
Je suis honoré d’être avec vous ce matin à l’occasion de ce petit-déjeuner débat où je retrouve des visages connus qui participent à des degrés divers à la vie économique de notre pays, des personnalités de premier plan du secteur économique et financier, des banquiers, des Chefs d’entreprises ainsi que des hommes et des femmes de qualité dont la présence augure bien des échanges que nous aurons tout à l’heure.
Chers frères et sœurs du FORUM ECONOMIQUE DU ROTARY, au-delà de l’honneur que vous me faites, j’apprécie cette belle opportunité que vous m’offrez de parler de la politique économique et financière post-élection en Côte d’Ivoire.
Je tiens à vous exprimer toute ma considération pour votre action désintéressée à travers les oeuvres humanitaires et culturelles que vous menez.
Je sais ce que vous faites individuellement et collectivement pour faire reculer la pauvreté qui a atteint aujourd’hui un niveau insoutenable dans notre pays.
Je partage avec vous les valeurs qui font la force d’une nation, à savoir, la solidarité, la fraternité, la tolérance et la compréhension.
A travers vous les membres du FORUM ECONOMIQUE DU ROTARY, c’est au ROTARY CLUB et à tout le monde associatif que je veux rendre hommage pour la place qu’il prend dans l’avènement de la Paix dans notre pays.
Chers amis,
Quelle politique économique et financière post-élection en Côte d’Ivoire ?
Comme vous le savez, le thème sur lequel portera notre débat de ce matin constitue l’un des enjeux de la prochaine élection présidentielle, au regard de la crise profonde que traverse notre pays.
Pour donner toute la place qu’il faut au débat, mon introduction sera brève et va s’articuler autour des points suivants : l’état des lieux, autrement dit le diagnostic de la situation économique, les raisons du décrochage de notre économie et les solutions que je préconise pour donner un nouvel élan à notre pays ; en effet il est important de savoir dès maintenant où nous voulons aller et comment nous allons le faire. Je tiens à préciser que c’est l’ancien Directeur Général Adjoint du Fonds Monétaire International (FMI), qui s’est occupé de ces questions dans de nombreux pays, qui s’adresse à vous et c’est à ce titre que j’ai accepté de venir partager avec vous ma vision de la situation et surtout des perspectives d’avenir.
A. L’état des lieux
v Environnement national et international
L’élection d’octobre 2009 interviendra dans un contexte d’économie mondiale déprimée, une économie mondiale en recession d’environ 4% en 2009 et caractérisée par une grave crise financière qui sévit depuis plusieurs mois aux Etats-Unis et qui s’est propagée comme une onde de choc en Europe et en Asie.
Cette crise financière s’est rapidement muée en une crise économique, créant une récession sévère dans les pays développés où on prévoit une chute du PIB d’environ 6% aux Etat Unies, de 4% en Europe en général et de 3% en France.
Une récession sévère donc, avec son cortège de faillites, de licenciements et de restructurations, créant la psychose et le désarroi au sein des populations comme on le voit tous les jours sur les écrans des télévisions internationales à travers les manifestations de rues et même parfois la prise en otage des chefs d’entreprise dans certains pays.
La chute des prix des matières premières d’exportation, le recul des recettes liées au tourisme, la raréfaction des ressources d’aide publique au développement, la réduction des transferts des travailleurs immigrés et la baisse des investissements étrangers sont les canaux de propagation de cette crise aux économies africaines.
Quid de la Côte d’Ivoire ? En ce qui concerne notre pays, nous pouvons affirmer que l’économie ivoirienne repose sur des bases solides parce que la Côte d’Ivoire a fait sa cure de restructuration dans les années 90 avec les mesures structurelles comme les privatisations, la restructuration des banques, des services des impôts, de la douanes etc.…Des mesures qui quelquefois n’avaient pas été bien comprises à l’époque et qui ont permis en réduisant la part du secteur public de rendre solide les bases de notre économie contrairement à certains pays où ce secteur absorbe une partie importante de la richesse nationale. En conséquence, après plusieurs années de crise socio politique, notre économie s’est maintenue malgré une gestion jugée par certains comme mauvaise, à certains niveaux de l’Etat. Elle a quasiment stagné depuis 2002, le taux de croissance économique oscillant autour de 1,3%. La situation économique s’est améliorée en 2008 pour atteindre une croissance de 2,3%. Ce taux reste toutefois insuffisant pour compenser la croissance démographique de 3,3%.
Pendant ces dernières années, la croissance a été portée essentiellement par les secteurs du pétrole, des transports, du bâtiment et du commerce, mais aussi par l’amélioration du contexte socio-politique et l’augmentation du prix des matières premières. Et à propos de cette amélioration du contexte socio-politique, je voudrais rendre hommage au Premier ministre Seydou Diarra grâce à qui nous avons pu obtenir une stabilisation politique à l’issue de l’Accord de Linas Marcoussis et qui a donc permis aux Premiers ministres successifs de continuer l’œuvre importante de consolidation de la cohésion nationale.
Toutefois, les filières café, cacao et coton, principaux produits d’exportation qui font vivre directement ou indirectement environ 9 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, ont subit les contrecoups de la désorganisation des filières et ont par conséquent enregistré des performances peu favorables.
Le poids élevé de la dette qui s’élève à 6200 milliards de francs CFA a lourdement pesé sur la gestion des finances publiques. C’est pourquoi, nous nous réjouissons de la compréhension de la communauté internationale qui a permis l’éligibilité, fin mars 2009, de notre pays à l’Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), ouvrant ainsi la possibilité d’une réduction de 23,6% la dette extérieure (soit 1500 milliards de F.CFA, environ 3 milliards de dollars dont 694 millions de dollars des partenaires multilatéraux - FMI, Banque Mondiale et BAD - et 2311 millions de dollars des bailleurs de fonds bilatéraux notamment la France et l’Europe en général).
Concomitamment, notre pays a bénéficié de la Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (FCRP), un plan triennal (2009-2011) qui l’accompagnera dans l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE dans un délai d’environ 18 mois.
Il faut cependant préciser que l’atteinte de ce point d’achèvement n’est pas automatique. En effet, l’Institut International pour l’Afrique (IIA) dont je suis le Président travaille avec beaucoup de pays en Afrique centrale. Certains de ces pays que nous accompagnons ont pu atteindre le point de décision depuis 2005 et n’ont pas encore, à la date d’aujourd’hui, atteint le point d’achèvement. C’est donc un effort constant, une rigueur de gestion économique et financière et surtout une restructuration approfondie de l’économie qui sont nécessaires pour atteindre le point d’achèvement.
l Problèmes majeurs de notre économie
- L’appauvrissement de la population au cours des huit dernières années : le taux de croissance du PIB est demeuré largement en dessous de l’augmentation de la population, consacrant un appauvrissement continu des ivoiriens ;
- L’Espérance de vie est retombée de 55 ans en 1993 à 46 ans en 2006. Le pourcentage de personnes vivant avec moins de 500FCFA par jour est passé de 38% en 2002 à 49% aujourd’hui ;
- un niveau sans précédent de chômage et de sous emploi qui touche essentiellement les jeunes car, comme vous le savez, 85% des chômeurs ont moins de 35 ans
- La gestion budgétaire est caractérisée par des tensions permanentes de trésorerie ; le déficit global des finances publiques est donc financé par l’accumulation d’arriérés intérieurs et extérieurs et des emprunts sur les marchés financiers de l’UEMOA ; la dette intérieure a fini par atteindre un niveau qui met à mal la survie des PME/PMI ;
l Un investissement insuffisant dans les secteurs clés de l’éducation, de la santé et dans les infrastructures (eau, électricité, routes et assainissement urbain etc.).
l Des problèmes récurrents de gouvernance. En effet, les bailleurs de fonds ont constamment dénoncé :
l La mauvaise gestion des finances publiques, tant au niveau du respect des procédures que dans le choix des dépenses prioritaires.
l le manque de transparence dans la gestion des ressources pétrolières
l le manque de transparence dans la gestion du secteur café cacao
B. Mes propositions pour renforcer la cohésion sociale et remettre l’économie sur les rails d’une croissance économique durable
1. Promouvoir la cohésion sociale et l’Etat de droit.
Il nous paraît évident que sans cohésion sociale, il n’y a pas de développement, donc pas de progrès.
La transparence et l’Etat de droit doivent être érigés en priorité absolue pour protéger les droits des personnes, pour sécuriser leurs biens et pour rassurer les investisseurs.
2. S’orienter vers une croissance plus forte
Pour atteindre des niveaux de croissance à même de réduire sensiblement la pauvreté, des investissements massifs s’imposent dans les secteurs productifs : entreprendre des travaux d’équipement pour la modernisation de notre pays en entretenant le réseau routier existant, en construisant de nouvelles routes et autoroutes ; développer la production et les infrastructures agricoles ; redynamiser l’exploration pétrolière.
L’objectif visé : atteindre une croissance de 7 à 8% pour rattraper les retards accumulés et briser la spirale de la paupérisation dans notre pays.
3. Augmenter l’emploi
L’homme est au cœur de mon programme de gouvernement. C’est l’emploi qui lui permet de se socialiser et d’améliorer ses conditions de vie. C’est là une de mes grandes ambitions. Je pense que c’est au moins 600 milliards qu’il faudra injecter dans l’économie nationale dans les cinq ans à venir de manière à offrir un million d’emplois à nos jeunes qui sont les plus frappés par la crise.
Cette dynamique induira plus de croissance et davantage d’emploi, faisant reculer le chômage endémique que nous vivons et que personne ne saurait tolérer.
4. Lutter plus efficacement contre la pauvreté et investir plus dans le social.
Les lignes d’action sont connues : permettre à chaque Ivoirien de se soigner en ayant un accès aisé à un centre de santé et à des médicaments à prix raisonnable, en bénéficiant d’une assurance maladie (il est possible de le faire à 1000F par mois et par personne). Il s’agit de permettre à chacun d’avoir accès à un logement dont le coût ne dépasserait pas 5 millions de FCFA, à l’eau potable, et de favoriser l’accès de tous au savoir et à l’instruction.
Nous devons réformer de fond en comble notre système éducatif pour l’adapter aux exigences du moment, intégrer l’exigence de formation tout au long de la vie, donner une autonomie financière à nos universités, développer un régime de relations contractuelles entre universités et entreprises, donner plus de moyens à nos chercheurs.
Notre objectif est de réduire les inégalités entre les différentes couches de notre société. Ce que je veux c’est une République qui donne la chance à chacun de s’épanouir dans le travail. La solidarité nationale soulagera les moins chanceux d’entre nous.
5. Accroître l’efficacité de l’Etat et le rendre plus performant
Il s’agit ici de stimuler les performances des administrations et d’exiger des services de l’Etat plus de professionnalisme, plus de rigueur, plus de transparence et d’équité dans l’exercice de leur fonction. Seule une justice libre de toute pression politique servant de socle à un état de droit saura garantir à notre économie la croissance et à notre société la sécurité nécessaire à l’épanouissement du citoyen.
6. Améliorer la gouvernance dans la gestion des finances publiques.
Cela implique une lutte sans merci contre la fraude et la corruption à tous les niveaux, le retour aux procédures normales d’exécution budgétaire, la bonne gestion de l’argent public, l’instauration de la transparence dans la gestion des secteurs du pétrole/gaz et dans la filière café, cacao.
7. Mettre en place une fiscalité au service de la croissance.
Cela suppose la mise en place de conditions fiscales incitatives pour réduire les charges des entreprises de manière à ce qu’elles puissent embaucher tout en améliorant leur compétitivité.
8. Moderniser notre agriculture.
L’un des axes de notre politique en la matière, c’est d’assurer la sécurité alimentaire, en produisant ce que nous consommons, en reprenant notre plan d’action pour le développement de la culture du riz.
A cet égard, nous avons besoin d’une double révolution, celle des rendements et celle de la préservation de l’environnement.
Nous avons également besoin d’améliorer les revenus de nos paysans, en mettant en place deux structures : l’une pour le café et le cacao et l’autre pour le coton et l’anacarde.
9. Tirer le meilleur profit des opportunités offertes par la coopération Internationale et africaine.
Tous les efforts en matière de bonne gouvernance doivent permettre de mobiliser toutes les ressources extérieures pour le financement du développement, par la réduction de la dette ou l’annulation de celle-ci ainsi que par l’investissement direct étranger. Pour ce qui concerne notre pays, nous avons estimé ce besoin en financement à 10 Mille Milliards sur une période de 5 ans.
Un autre levier pour la relance économique : l’intégration des économies africaines en vue de bâtir un marché intégré plus large.
Voilà succinctement résumé les propositions essentielles que je fais pour une Côte d’Ivoire post crise qui veut renouer avec le développement en vue de réduire de manière substantielle la pauvreté.
Ces propositions forment un tout cohérent dont la mise en œuvre placera notre pays sur une trajectoire de forte croissance. Ce sont des réformes qui me paraissent indispensables pour donner une nouvelle chance à notre pays.
Je vous remercie de votre aimable attention.
ABIDJAN, LE 12 MAI 2009