Oui, Il fallait faire, peut-être, des annulations ou des exonérations de charges pour le recrutement des jeunes. Je vois d’ailleurs bien qu’il y a un mois, en France, le Président Sarkozy avait adopté une telle mesure. Mais c’est une mesure que nous avions mise en place en 1992 pour que les entreprises d’abord, n’aient pas de charges liées au recrutement des jeunes, qui ont besoin de formation et d’intégration dans l’entreprise. Et je pense qu’il faut même aller plus loin et créer un système de subvention sur une période limitée de leur rémunération, en totalité ou en partie, avec l’entreprise. Parce que, en réalité, il y en a, lorsque les jeunes vont chercher de l’emploi, à qui on dit qu’ils ont un CV brillant, mais qu’ils n’ont pas d’expérience professionnelle. Il y a des mesures fiscales directes mais, il y a aussi des subventions. Nous pourrons vous faire cas des détails de ces mesures dans un document qui sera publié dans notre programme de gouvernement. Alors, est-ce qu’il y a des canaux spécifiques, disons des tables de matières ou des solutions à trouver pour les pays en post-crise ? De par ma formation et mon séjour au FMI, nous avons traité des dossiers de pays en crise. Si vous remarquez, aujourd’hui, en dehors du Japon, on ne parle pas beaucoup de la crise dans les pays asiatiques. Je me souviens, quand j’étais Directeur général adjoint du FMI, nous avions en charge tous ces pays asiatiques, que ce soit la Corée, l’Indonésie, les Philippines – je m’occupais particulièrement de l’Indonésie et des Philippines où je suis allé plusieurs fois – que c’étaient des pays où la crise était celle du secteur financier. Et ces pays ont pris des mesures courageuses à cette époque-là. Cela a demandé des dizaines de milliards de ressources financières. Ils ont dû ouvrir le système financier, le nettoyer. Le résultat est que, aujourd’hui, dans ces pays-là, la crise est aujourd’hui moins pesante. Il y a aussi le fait que la réglementation bancaire y était très souple. Ce que j’ai constaté quand je suis arrivé à la BCEAO, c’est que nous avions deux problèmes, surtout en Côte d’Ivoire – le Président Tiémoko Yadé nous a beaucoup aidés à cette époque. Nous avions des banques qui étaient en très mauvais état. Et nous avions une réglementation bancaire qui était faite à partir de la Banque centrale elle-même. Laquelle n’était pas trop détachée de la situation des autres banques. Il n’ y avait pas d’inspection véritable sur place. On ne savait pas ce qui se passait à l’intérieur des banques. Et quand j’ai vu cette situation financière dès mon premier mois de prise de fonction, j’ai demandé au Président Houphouët de me donner un avion et j’ai fait le tour des chefs d’Etat et je leur ai dit qu’il y avait deux solutions. Je leur ai alors dit ceci : « ou bien, vous acceptez de me donner carte blanche pour la restructuration du système bancaire et financier ou bien on dévalue le franc CFA ». Mais malheureusement, on a fait les deux. On a commencé par la restructuration financière, parce que la situation était que la réglementation bancaire n’était pas contraignante. N’importe qui pouvait créer une banque, n’importe qui pouvait diriger une banque. Alors que la banque, c’est un métier. On ne peut pas donner ses chaussures à réparer à un peintre. Il y avait tellement de gens qui se proclamaient banquiers ! Ils avaient de l’argent et devenaient des PDG de banque, alors qu’ils ne savaient rien de la banque. C’est alors que nous avons créé la commission bancaire. C’est moi qui ai créé la commission bancaire en 1989-1990. Et j’ai exigé que le siège soit à Abidjan. Puisque Abidjan abrite la moitié des banques de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest. Et c’est comme ça que nous avons commencé à regarder les banques dans la profondeur de leurs bilans. C’est-à-dire que nous avons entrepris des inspections dans les établissements. Ceci a permis de révéler des choses incroyables. Cela me permet de parler des structures que nous avons eu à dissoudre. J’assume la responsabilité. C’est moi qui ai pris la décision, en demandant au Président Houphouët, de me débarrasser de toutes ces banques. Et je crois que vous devez être heureux aujourd’hui. Si on n’avait pas fait cela, la crise financière serait terrible aujourd’hui en Côte d’Ivoire. Nous avons restructuré les banques et c’est comme ça que les banques comme la BNDA ont été liquidées. Il y avait même des personnes physiques qui avaient des ardoises de 3 milliards dans les livres de ces banques, tout simplement parce qu’ils avaient une fonction importante dans l’Etat. On leur avait fait des crédits. Tout le monde voulait faire des plantations. Cela se terminait par le retrait de l’argent pour s’acheter des appartements à Paris. On avait un bilan qui était impossible à gérer. Parce que ces institutions n’avaient plus les moyens, même de payer les salaires. Il fallait s’en débarrasser. C’était la même chose pour les autres structures que nous avons dissoutes. Moi, je crois que nous avons bien fait de dissoudre ces banques. C’est pour cela que nous avons regroupé tous ces anciens crédits pour créer la SONARECI, qui est la société de recouvrement. On a sorti les mauvais crédits de ces établissements pour les mettre dans la SONARECI en disant à cette structure : « vous allez faire le point pour demander aux créanciers de payer sur une longue période ». Quand on a retiré tous ces mauvais crédits, il n’y avait plus rien à la banque. Puisque les mauvais crédits faisaient 79 % du bilan. C’est pour cette raison que ces banques ont été liquidées. Je pense que çela a été une bonne chose de liquider mais, nous avons pris en compte les petits déposants. Je me souviens que c’est Patrice Kouamé, mon ami qui était avec moi à la BCEAO, que j’avais envoyé d’abord à la BNDA et qui un an après, m’a dit : « Gouverneur, ce n’est pas possible ». C’est ainsi que je lui ai fait appel pour venir à la Fonction publique pour m’aider à nettoyer la Fonction publique. C’étaient des moments difficiles mais, on ne pouvait pas garder une institution où il y a que des crédits et des salaires à payer. Encore faudrait-il avoir de l’argent pour payer les salaires. Alors, est-ce qu’il faut recréer la BNDA et les autres banques ? Moi, je dis je ne sais pas. Je ne suis pas contre le fait qu’il y ait des établissements où l’Etat peut intervenir, mais je préfère plutôt des établissements privés avec une meilleure impulsion de ce secteur. Il y a des choses à faire dans l’agriculture et les banques commerciales financent essentiellement l’aspect exportation et commercialisation. Pour ce qui est l’aspect de production, peut-être que l’Etat devrait s’y intéresser mais, est-ce que il faut créer une banque pour ça ? Je n’en suis pas sûr. Mais, les idées changent, les idées évoluent. Mais, je suis très content de savoir qu’aujourd’hui, le système bancaire ivoirien n’est pas dans un mauvais état, quand je vois les grandes banques, je me souviens des restructurations financières qui nous ont rapporté beaucoup de milliards et qui nous ont permis d’assainir ces structures. Donc, pour les politiques particulières, pour les pays en crise, je disais au début de mon intervention que pour moi, en tant qu’économiste, il y a des politiques économiques qui sont indispensables, quel que soit le pays, qu’il soit en bonne santé ou en mauvaise santé. Si on a mal à la tête, le médecin nous conseille par exemple l’aspirine. Si c’est plus grave, on vous fait subir une opération chirurgicale. Mais, fondamentalement, avant de vous faire prendre l’aspirine, ou aller plus loin, on doit faire un bilan. On doit s’assurer par exemple que vous mangez correctement, que vous faites un peu de sport si vous avez plus de 60 ans. Il y a des choses simples à faire, c’est comme ça la gestion de l’économie. Si vous n’avez pas la capacité de gérer votre économie en ayant un équilibre budgétaire à peu près correct, en sachant où vous pouvez sortir des ressources nécessaires pour l’investissement, en essayant de les compléter par l’investissement étranger ou par l’investissement par les ressources propres, si vous ne faites pas des choses simples, vous n’allez pas vous en sortir.
Maintenant, comme l’économie est en crise, il s’agit de déterminer les causes de cette crise. Et nous connaissons les causes de la crise en Côte d’Ivoire. Il nous appartient de nous attaquer aux causes de la crise. Et pour nous, le cadre institutionnel est important. La crise a des effets qui sont dus à toutes les politiques politiciennes qui ont été mêlées aux questions institutionnelles, parce que nos institutions n’ont pas fonctionné. Cela est lié au fait que la liberté de la presse a été galvaudée, parce qu’il y a eu une certaine presse qui était mêlée à tout cela pour créer la division dans l’esprit des gens. Par la suite, il y a eu des gens qui ont pris des armes au lieu dénoncer un système et rester dans le cadre démocratique pour aller à des élections et attendre tout simplement que le mandat du Président vienne à expiration pour un changement. J’espère que toutes ces crises, parce qu’il ne s’agit pas seulement de la crise actuelle, mais de toutes les crises que nous avons subies, que ce soit le coup d’Etat, que ce soient ensuite le coup de force de 2000 qui a mis le Président Gbagbo aux affaires et la crise de 2002, ne seront plus des recours pour parvenir aux affaires. Cela n’est pas concevable de mon point de vue. Moi je dis souvent à mes proches, je suis allé aux Etats-Unis à 19 ans, j’ai grandi dans une culture démocratique et je considère, même si les systèmes sont vicieux, qu’il faut avoir la patience d’attendre et de faire en sorte que le peuple se prononce. Et je pense que, heureusement, c’est ce vers quoi nous allons aujourd’hui. Les Ivoiriens pourront se prononcer dans les mois qui viennent. Ils choisiront qui ils voudront et j’insiste parce que répéter les erreurs du passé ne fera que créer les mêmes problèmes. Il n’est pas question qu’à la suite des élections, les gens prennent le pouvoir de force comme on l’a vu dans certains pays. La solution de tout cela dépend de l’origine de la crise. Notre pays a un deuxième élément essentiel, c’est la culture de paix que nous avons reçue et que moi je trouve être une bonne chose. La Côte d’Ivoire aurait pu exploser totalement si nous n’avions pas cette culture de paix. Il y a eu quand même des moments de folie dans notre pays. La Côte d’Ivoire aurait pu basculer. Heureusement que la Côte d’Ivoire est restée à peu près en équilibre, parce que les uns et les autres ont intégré cette culture de paix, de non violence. La paix doit être préservée à tout prix. Cette paix ne peut être préservée que par les élections, que par un système judiciaire qui fonctionne bien, de même que par la protection des biens des personnes, par celle des personnes elles-mêmes, etc. Je pourrai continuer sur ce dossier assez longtemps parce que c’est une chose à laquelle je crois profondément. Il faut que les aspects institutionnels soient traités. Ce n’est pas seulement l’Economie.
Est-ce que toute politique de sortie de crise doit être basée sur les jeunes parce qu’ils constituent la majorité de population ? Il est clair que dans toute politique économique, il faut tenir compte des plus fragiles et des plus nombreux. Et il est bien clair que chez nous, les plus faibles, les plus fragiles aujourd’hui, ce sont les jeunes, puisqu’ils représentent 80 % des chômeurs et que également ils sont les plus nombreux. La politique de création d’emploi que j’ai énoncée tient compte de cette réalité. Il faut faire en sorte que les jeunes aient une place prioritaire. Quand je parle des jeunes, je pense aux femmes. Il y a quelqu’un qui avait demandé où est-ce qu’on prendrait tout cet argent pour régler les problèmes de crise ? Les Etats-Unis avaient tout de même un budget équilibré et on voit que l’Europe a demandé à un moment donné que le déficit maximum soit limité à 3 % du PIB. C’est comme ça que les uns et les autres ont estimé que la gestion économique devrait se faire. Et nous-mêmes, quand nous étions au Fonds monétaire, la première chose qu’on regardait dans le tableau d’opération financière, c’était le premier solde qui est le solde budgétaire. Il s’agit de voir si le pays est en équilibre ou s’il est en déficit. Fort heureusement, en dehors des années 80, la Côte d’Ivoire a toujours eu un budget de base excédentaire. Donc le problème de critère de déficit n’était pas trop important. Mais au fil des ans, surtout avec la chute des produits agricoles, nous avons créé ces déficits. Ce qui se passe actuellement, comme aux Etats-Unis qui ont toujours des budgets avec un déficit de 1 ou 2 % de PIB. Le budget 2008-2009 que Obama présente est un budget qui est à 6 % de déficit du PIB. Même les pays en voie de développement n’ont jamais atteint ce niveau-là. Je vois que l’Allemagne aura un déficit assez lourd, la France aussi. Mais ils ont pris l’argent en créant la monnaie… on donne tous les ingrédients à la machine pour faire redémarrer les choses. Maintenant, quand ça va démarrer, il y aura une forte inflation avec tous les problèmes que cela va poser. En matière de déséquilibre entre l’offre et la demande, c’est très risqué de le faire mais, c’est psychologique, parce que les grands pays doivent donner confiance aux marchés. Leur dire qu’on sort de la crise, et à partir de là, on arrive à des mises de fonds dans les banques. J’espère que cela va marcher. Mais à la date d’aujourd’hui, nul ne peut dire si ça va marcher ou pas. Je crois qu’il faut être honnête. Ce sont des mesures très radicales qui sont contraires aux éléments de la bonne gestion au plan économique mais, c’est un risque à prendre. On se dit qu’il faut mettre beaucoup d’argent dans le système pour qu’on puisse évacuer les mauvais crédits. Mais, si il y a de l’argent qui se crée parce qu’il y a la consommation, il y a de la confiance, il y a des emplois. C’est bien de donner un caractère réel à l’argent qui a été injecté. J’espère que je n’ai pas été trop technique, j’ai essayé d’expliquer le plus simplement possible.
Question : la politique économique post élection, c’est aussi la politique de lutte contre les disparités régionales. Cela me paraît très important. Je me dis qu’il va falloir faire un développement à la base et la question qui suit est : quelle stratégie monsieur le président pourrait nous proposer ?
Question : Monsieur le Premier ministre, quelle politique allez-vous mettre en place pour lutter efficacement contre le racket, qui est devenu une institution en Côte d’Ivoire et qui fait générer plus de 100 milliards francs CFA par an à certains fonctionnaires ?
Question : Monsieur le Premier ministre, en 1989, nous étions en crise, il y avait des nuages, vous les avez dégagés et après les nuages, il y a eu des pluies de milliards de nos francs. Vous revenez encore cette année après la crise militaire, politique, économique. Et vous avez aidé la Côte d’Ivoire à entrer dans les pays pauvres très endettés. Il y aura également un problème de gestion. Monsieur le président, vous n’avez de cesse de dire que la route précède le développement. Pourtant l’état actuel de nos routes laisse à désirer, au niveau agricole, la mécanisation reste une préoccupation. Quelle est votre politique dans ce domaine ?
Question : Je voudrais vous demander de revenir un peu sur le cadre institutionnel pour booster une économie après la crise. Une petite histoire, parce que une banque de la place à qui j’ai demandé un prêt de 100 francs par exemple, a dit qu’elle ne pouvait m’accorder que 20 francs que je devais rembourser à hauteur de 15 %. Cela montre un peu toute la problématique du cadre institutionnel. Quelle politique en la matière pour booster les PMI et les PME qui sont véritablement les moteurs de l’économie et surtout une solution de la problématique de l’emploi des jeunes.
Question : Dans le développement que le conférencier nous a fait, il y a des propositions qui nous rassurent. Cependant, nous pensons que le volet social qui pour nous est la manifestation d’une bonne santé économique n’a pas été pris en compte. En effet, les problèmes que nous vivons ici, sont des problèmes de paupérisation de la population. Dans le diagnostic qu’il a posé, il a parlé de la jeunesse où 85 % sont au chômage. Il annonce aussi près de 49 % de la population qui a un pouvoir insignifiant, puisque vivant avec moins de 500 FCFA par jour. Il y a un réel problème qui se pose à nous et nous devons vraiment en prendre conscience. Vous avez aussi une dette de 6200 milliards. J’aimerais savoir si cette dette a des conséquences sur la politique post crise puisque c’est une dette qu’il va falloir rembourser. Quels sont les mécanismes possibles qui seront proposées puisque parallèlement, nous avons une politique sociale et économique qui doit aboutir à un remboursement de ces dettes et en même temps faire des investissements. Vous avez parlé d’Etat de droit, c’est important. Puisque dans l’état actuel des choses, l’investissement extérieur est nécessaire, vu les éléments que vous avez développés. J’aimerais avoir un léger développement de cette partie qui nous permettra de défendre cette politique que vous venez de développer.
ADO : En fait, certaines des questions sont liées, quand je vois les questions du PPTE avec les questions de gestion des ressources avec le volet social. Ce que je voudrais indiquer, c’est de dire d’abord que le programme des pays pauvres très endettés n’est pas facile. Il ne faut pas penser que les choses vont se faire facilement et rapidement. Ce sont des programmes que j’ai eu à gérer quand j’étais DGA du FMI. Bien que les pays soient en crise, il y a ce qu’ils appellent les facilités d’urgence pour les pays post crise. Ça a été le cas pour le Rwanda et autre quand j’étais à Washington. La Côte d’Ivoire a déjà bénéficié de ce programme au cours de l’année écoulée en 2008 et c’est après ça qu’on rentre dans les programmes pour la réduction de la pauvreté. Quand on devient éligible aux PPTE, ça veut dire qu’on considère que vous êtes un pays à peu près normalisé. Et qu’il y a plus de faveur à vous faire. La gestion qui doit en résulter est une gestion particulièrement rigoureuse. Je crois qu’il ne faut pas penser que tout cela va être facile. Pour les populations, moi je souhaite qu’on dise la vérité aux uns et aux autres, que nous aurons une année 2009 difficile à gérer. 2009 et 2010 d’ailleurs. Puisque l’allègement de la dette pourra donc intervenir après à peu près 18 mois. Par rapport à cela, la question de la dette se règle avec le pouvoir d’achèvement parce que une fois que vous avez cette éligibilité, vous avez déjà un allègement partiel. Ce que j’indiquais tout à l’heure est que le quart de la dette est déjà réglée. Si nous prenons le budget du pays, on a entre 400 et 500 milliards (je n’ai plus le chiffre exact) à payer par an pour le service de la dette. Donc, ce que le ministre des Finances doit faire, et je sais qu’il est très compétent, c’est de s’assurer que entre ce que nous payons pour la dette et ce que nous recevons, nous soyons toujours positifs. Ça n’a pas été le cas par exemple l’année dernière, parce que nous avons eu à faire beaucoup de paiement à la Banque africaine de développement, à la Banque mondiale et autres. Je pense que ça ne serait pas le cas cette année. Mais chaque fois, je lui ai dit qu’il faut s’assurer, il faut insister pour que dans les négociations, quand vous ferez les calculs entre ce que vous remboursez et ce que vous recevez, vous devez recevoir plus que vous ne payez. Une fois que cela est fait, le surplus, vous le consacrez au social et non pas à boucher les trous. D’ailleurs, si le volet n’est pas suffisamment souligné, en réalité le programme ne marchera pas. Si les questions récurrentes de la pauvreté et autres ne trouvent pas un début de solution, je crois que tout le programme s’effondre. C’est pour cela que je disais qu’il y a un lien entre ces questions. C’est-à-dire comment lutter contre la pauvreté et faire en sorte qu’on allège la dette. Mais je suis sûr que les pays amis sont dans de bonnes dispositions pour l’allègement de la dette. Je pense que les 3000 milliards dont je parle, il y a déjà eu plus de la moitié qui a été utilisée. Il faut s’assurer dans les années qui viennent, on fasse à peu près 500 milliards d’allègement et en même temps qu’on reçoive peut-être autant d’argent en argent frais. C’est ça le dispositif financier que nous devons mettre en place. Pour que entre l’allègement et l’argent frais, on reçoive suffisamment d’oxygène pour aérer l’économie ivoirienne. Pour que tout cela se fasse, bien entendu, il faut que les fondamentaux de l’Etat de droit, notamment la transparence dans la gestion, la politique de régionalisation, tout cela va ensemble. C’est pour cela que dans ma conclusion provisoire, j’indiquais tout à l’heure qu’on ne peut pas se baser sur une partie du programme et considérer qu’on va réussir. Il faut que ce soit un tout et qu’on fasse tout cela en même temps et qu’on le fasse le plus tôt possible. Alors j’ai également noté une question sur le cadre institutionnel, pour booster les PMI et PME. Vous savez, c’est la même chose. Si vous avez un Etat qui est géré normalement, vous avez le souci de donner la priorité à un certain nombre de secteur. On a parlé des jeunes tout à l’heure. Mais pour les jeunes, ça passe également par les PME et les PMI. Cela veut dire que puisque ça devient une priorité, il faut développer des schémas aussi bien au plan fiscal, au plan du soutien environnemental, qu’au plan institutionnel pour que ces PMI et ces PME puissent bien faire leur travail et avoir des rentabilités adéquates. On ne peut pas, en période de crise, ou de sortie de crise, ne pas prendre des dispositions particulières pour les PME et les PMI. Il faut le faire. Parce que le taux d’intérêt à 15 %, je ne sais pas comment une entreprise peut réussir avec un taux d’intérêt de 15 % d’aujourd’hui, quand on sait que le taux de la banque centrale européenne est de 1 %, le taux de la réserve fédérale américaine est de 0,5 %. Si les banques prennent 15 %, vous devrez aller marcher dans la rue, vous devrez protester, ce n’est pas possible. Surtout avec une monnaie qui est stable, qui est raccrochée à l’Euro, si les banques commerciales prennent 15 % pour un prêt, je pense que la commission bancaire devrait s’intéresser à ça. C’est pour cela que nous l’avions créée. Tout en laissant la concurrence entre les banques. C’est d’amener les banques à faire preuve de responsabilité dans les situations pareilles. Je n’insiste pas sur les questions des routes et des pistes. Quand j’ai fait ma présentation, j’ai dit que je n’apparais pas comme un candidat qui est en campagne. Je respecte les règles du Rotary. Pour moi c’est une opportunité d’échanger avec vous sur des questions économiques. Mais, comme il s’agit du poste d’élection, une vision économique est obligée de tenir compte de sa propre vision politique. C’est à ce titre que moi je suis un libéral, je le dis, je crois que d’ailleurs à la date d’aujourd’hui, il n’ y a pas de différence entre le libéralisme et le socialisme. Ceci étant, il s’agit de voir sur quoi, on met l’accent. Si le libéralisme, c’est de mettre l’accent sur la transparence, sur l’ouverture et autres je crois que c’est ce qu’il faut mais, en même temps pour moi, le libéralisme veut dire qu’il faut s’occuper des populations les plus fragiles et c’est là un aspect social qui doit avoir un contenu essentiel dans le programme de gouvernement et j’ai indiqué que j’avais en tête deux ou trois priorités : il y avait l’amélioration de la qualité des infrastructures et sur ça, j’ai toute une liste de choses à faire. Que ce soit pour les routes, que ce soit pour l’éducation, la santé, l’électricité, ainsi de suite, l’assainissement, faire en sorte qu’il y ait suffisamment d’investissement dans ces secteurs pour les améliorer mais en même temps, pour créer l’emploi. C’est par ces grands travaux qu’on peut faire l’amélioration des emplois et en deuxième lieu, dire que l’emploi, notamment des jeunes, est une priorité. La priorité des priorités. Autour de cela, la troisième priorité, c’est tout le concept institutionnel de la moralisation, de la démocratisation de la vie nationale, c’est faire en sorte que les institutions jouent le jeu, qu’elles aient leurs places, que les citoyens soient protégés, qu’il y ait l’égalité du traitement des uns et des autres. Que ce soit par les Forces de l’ordre ou par la justice, ce sont des questions fondamentales associées dans un programme. Quelle politique pour lutter contre le racket ? J’allais oublier. Je pense la Banque mondiale a fait un document très intéressant sur la question. Vous savez tout se tient. Vous avez une situation de sortie de crise avec tout le désordre que cela engendre. Fondamentalement, dans le désordre, il y a beaucoup qui profitent et il y a beaucoup qui sont victimes. Moi je crois que le racket se résume à cela. Je ne voudrais pas revenir toujours en 1990. Mais pour ceux qui s’en souviennent, on avait une situation à peu près similaire avec des barrages partout, mais après quelques mois, quand on a fait le constat de cette situation, nous avons procédé à des réaménagements. Entre Abidjan et la frontière, on avait que 12 barrages. Il faut prendre les mesures, les appliquer et les faire suivre de sanctions. Evidemment, cela demande qu’il y ait un gouvernement qui considère qu’il a lui-même les moyens de sa politique. Et c’est pour cela que les élections sont nécessaires. Parce que si on est dans une situation et que le monde estime que c’est la situation dont il faut profiter, c’est que chacun doit faire ce qu’il veut. Evidemment, c’est à ce résultat qu’on assiste. Ce sont des choses qui peuvent être réglées, mais elles partent de la gestion quotidienne de l’administration par des hommes et des femmes qui sont chargés de ces secteurs. Ce n’est pas par les phrases qu’on va les résoudre. C’est par des actions. En son temps, nous avions récompensé plus de 200 policiers pour le travail qu’ils faisaient. Dans le même ordre d’idée, il faut que les mauvais exemples soient sanctionnés. Il y a toute une politique qu’il faut entreprendre. Pour moi, ce ne sont pas des questions difficiles à résoudre. C’est tout simplement le manque de volonté d’organisation et de gestion l
Jean Eric Adingra et
Jean Claude Coulibaly
Maintenant, comme l’économie est en crise, il s’agit de déterminer les causes de cette crise. Et nous connaissons les causes de la crise en Côte d’Ivoire. Il nous appartient de nous attaquer aux causes de la crise. Et pour nous, le cadre institutionnel est important. La crise a des effets qui sont dus à toutes les politiques politiciennes qui ont été mêlées aux questions institutionnelles, parce que nos institutions n’ont pas fonctionné. Cela est lié au fait que la liberté de la presse a été galvaudée, parce qu’il y a eu une certaine presse qui était mêlée à tout cela pour créer la division dans l’esprit des gens. Par la suite, il y a eu des gens qui ont pris des armes au lieu dénoncer un système et rester dans le cadre démocratique pour aller à des élections et attendre tout simplement que le mandat du Président vienne à expiration pour un changement. J’espère que toutes ces crises, parce qu’il ne s’agit pas seulement de la crise actuelle, mais de toutes les crises que nous avons subies, que ce soit le coup d’Etat, que ce soient ensuite le coup de force de 2000 qui a mis le Président Gbagbo aux affaires et la crise de 2002, ne seront plus des recours pour parvenir aux affaires. Cela n’est pas concevable de mon point de vue. Moi je dis souvent à mes proches, je suis allé aux Etats-Unis à 19 ans, j’ai grandi dans une culture démocratique et je considère, même si les systèmes sont vicieux, qu’il faut avoir la patience d’attendre et de faire en sorte que le peuple se prononce. Et je pense que, heureusement, c’est ce vers quoi nous allons aujourd’hui. Les Ivoiriens pourront se prononcer dans les mois qui viennent. Ils choisiront qui ils voudront et j’insiste parce que répéter les erreurs du passé ne fera que créer les mêmes problèmes. Il n’est pas question qu’à la suite des élections, les gens prennent le pouvoir de force comme on l’a vu dans certains pays. La solution de tout cela dépend de l’origine de la crise. Notre pays a un deuxième élément essentiel, c’est la culture de paix que nous avons reçue et que moi je trouve être une bonne chose. La Côte d’Ivoire aurait pu exploser totalement si nous n’avions pas cette culture de paix. Il y a eu quand même des moments de folie dans notre pays. La Côte d’Ivoire aurait pu basculer. Heureusement que la Côte d’Ivoire est restée à peu près en équilibre, parce que les uns et les autres ont intégré cette culture de paix, de non violence. La paix doit être préservée à tout prix. Cette paix ne peut être préservée que par les élections, que par un système judiciaire qui fonctionne bien, de même que par la protection des biens des personnes, par celle des personnes elles-mêmes, etc. Je pourrai continuer sur ce dossier assez longtemps parce que c’est une chose à laquelle je crois profondément. Il faut que les aspects institutionnels soient traités. Ce n’est pas seulement l’Economie.
Est-ce que toute politique de sortie de crise doit être basée sur les jeunes parce qu’ils constituent la majorité de population ? Il est clair que dans toute politique économique, il faut tenir compte des plus fragiles et des plus nombreux. Et il est bien clair que chez nous, les plus faibles, les plus fragiles aujourd’hui, ce sont les jeunes, puisqu’ils représentent 80 % des chômeurs et que également ils sont les plus nombreux. La politique de création d’emploi que j’ai énoncée tient compte de cette réalité. Il faut faire en sorte que les jeunes aient une place prioritaire. Quand je parle des jeunes, je pense aux femmes. Il y a quelqu’un qui avait demandé où est-ce qu’on prendrait tout cet argent pour régler les problèmes de crise ? Les Etats-Unis avaient tout de même un budget équilibré et on voit que l’Europe a demandé à un moment donné que le déficit maximum soit limité à 3 % du PIB. C’est comme ça que les uns et les autres ont estimé que la gestion économique devrait se faire. Et nous-mêmes, quand nous étions au Fonds monétaire, la première chose qu’on regardait dans le tableau d’opération financière, c’était le premier solde qui est le solde budgétaire. Il s’agit de voir si le pays est en équilibre ou s’il est en déficit. Fort heureusement, en dehors des années 80, la Côte d’Ivoire a toujours eu un budget de base excédentaire. Donc le problème de critère de déficit n’était pas trop important. Mais au fil des ans, surtout avec la chute des produits agricoles, nous avons créé ces déficits. Ce qui se passe actuellement, comme aux Etats-Unis qui ont toujours des budgets avec un déficit de 1 ou 2 % de PIB. Le budget 2008-2009 que Obama présente est un budget qui est à 6 % de déficit du PIB. Même les pays en voie de développement n’ont jamais atteint ce niveau-là. Je vois que l’Allemagne aura un déficit assez lourd, la France aussi. Mais ils ont pris l’argent en créant la monnaie… on donne tous les ingrédients à la machine pour faire redémarrer les choses. Maintenant, quand ça va démarrer, il y aura une forte inflation avec tous les problèmes que cela va poser. En matière de déséquilibre entre l’offre et la demande, c’est très risqué de le faire mais, c’est psychologique, parce que les grands pays doivent donner confiance aux marchés. Leur dire qu’on sort de la crise, et à partir de là, on arrive à des mises de fonds dans les banques. J’espère que cela va marcher. Mais à la date d’aujourd’hui, nul ne peut dire si ça va marcher ou pas. Je crois qu’il faut être honnête. Ce sont des mesures très radicales qui sont contraires aux éléments de la bonne gestion au plan économique mais, c’est un risque à prendre. On se dit qu’il faut mettre beaucoup d’argent dans le système pour qu’on puisse évacuer les mauvais crédits. Mais, si il y a de l’argent qui se crée parce qu’il y a la consommation, il y a de la confiance, il y a des emplois. C’est bien de donner un caractère réel à l’argent qui a été injecté. J’espère que je n’ai pas été trop technique, j’ai essayé d’expliquer le plus simplement possible.
Question : la politique économique post élection, c’est aussi la politique de lutte contre les disparités régionales. Cela me paraît très important. Je me dis qu’il va falloir faire un développement à la base et la question qui suit est : quelle stratégie monsieur le président pourrait nous proposer ?
Question : Monsieur le Premier ministre, quelle politique allez-vous mettre en place pour lutter efficacement contre le racket, qui est devenu une institution en Côte d’Ivoire et qui fait générer plus de 100 milliards francs CFA par an à certains fonctionnaires ?
Question : Monsieur le Premier ministre, en 1989, nous étions en crise, il y avait des nuages, vous les avez dégagés et après les nuages, il y a eu des pluies de milliards de nos francs. Vous revenez encore cette année après la crise militaire, politique, économique. Et vous avez aidé la Côte d’Ivoire à entrer dans les pays pauvres très endettés. Il y aura également un problème de gestion. Monsieur le président, vous n’avez de cesse de dire que la route précède le développement. Pourtant l’état actuel de nos routes laisse à désirer, au niveau agricole, la mécanisation reste une préoccupation. Quelle est votre politique dans ce domaine ?
Question : Je voudrais vous demander de revenir un peu sur le cadre institutionnel pour booster une économie après la crise. Une petite histoire, parce que une banque de la place à qui j’ai demandé un prêt de 100 francs par exemple, a dit qu’elle ne pouvait m’accorder que 20 francs que je devais rembourser à hauteur de 15 %. Cela montre un peu toute la problématique du cadre institutionnel. Quelle politique en la matière pour booster les PMI et les PME qui sont véritablement les moteurs de l’économie et surtout une solution de la problématique de l’emploi des jeunes.
Question : Dans le développement que le conférencier nous a fait, il y a des propositions qui nous rassurent. Cependant, nous pensons que le volet social qui pour nous est la manifestation d’une bonne santé économique n’a pas été pris en compte. En effet, les problèmes que nous vivons ici, sont des problèmes de paupérisation de la population. Dans le diagnostic qu’il a posé, il a parlé de la jeunesse où 85 % sont au chômage. Il annonce aussi près de 49 % de la population qui a un pouvoir insignifiant, puisque vivant avec moins de 500 FCFA par jour. Il y a un réel problème qui se pose à nous et nous devons vraiment en prendre conscience. Vous avez aussi une dette de 6200 milliards. J’aimerais savoir si cette dette a des conséquences sur la politique post crise puisque c’est une dette qu’il va falloir rembourser. Quels sont les mécanismes possibles qui seront proposées puisque parallèlement, nous avons une politique sociale et économique qui doit aboutir à un remboursement de ces dettes et en même temps faire des investissements. Vous avez parlé d’Etat de droit, c’est important. Puisque dans l’état actuel des choses, l’investissement extérieur est nécessaire, vu les éléments que vous avez développés. J’aimerais avoir un léger développement de cette partie qui nous permettra de défendre cette politique que vous venez de développer.
ADO : En fait, certaines des questions sont liées, quand je vois les questions du PPTE avec les questions de gestion des ressources avec le volet social. Ce que je voudrais indiquer, c’est de dire d’abord que le programme des pays pauvres très endettés n’est pas facile. Il ne faut pas penser que les choses vont se faire facilement et rapidement. Ce sont des programmes que j’ai eu à gérer quand j’étais DGA du FMI. Bien que les pays soient en crise, il y a ce qu’ils appellent les facilités d’urgence pour les pays post crise. Ça a été le cas pour le Rwanda et autre quand j’étais à Washington. La Côte d’Ivoire a déjà bénéficié de ce programme au cours de l’année écoulée en 2008 et c’est après ça qu’on rentre dans les programmes pour la réduction de la pauvreté. Quand on devient éligible aux PPTE, ça veut dire qu’on considère que vous êtes un pays à peu près normalisé. Et qu’il y a plus de faveur à vous faire. La gestion qui doit en résulter est une gestion particulièrement rigoureuse. Je crois qu’il ne faut pas penser que tout cela va être facile. Pour les populations, moi je souhaite qu’on dise la vérité aux uns et aux autres, que nous aurons une année 2009 difficile à gérer. 2009 et 2010 d’ailleurs. Puisque l’allègement de la dette pourra donc intervenir après à peu près 18 mois. Par rapport à cela, la question de la dette se règle avec le pouvoir d’achèvement parce que une fois que vous avez cette éligibilité, vous avez déjà un allègement partiel. Ce que j’indiquais tout à l’heure est que le quart de la dette est déjà réglée. Si nous prenons le budget du pays, on a entre 400 et 500 milliards (je n’ai plus le chiffre exact) à payer par an pour le service de la dette. Donc, ce que le ministre des Finances doit faire, et je sais qu’il est très compétent, c’est de s’assurer que entre ce que nous payons pour la dette et ce que nous recevons, nous soyons toujours positifs. Ça n’a pas été le cas par exemple l’année dernière, parce que nous avons eu à faire beaucoup de paiement à la Banque africaine de développement, à la Banque mondiale et autres. Je pense que ça ne serait pas le cas cette année. Mais chaque fois, je lui ai dit qu’il faut s’assurer, il faut insister pour que dans les négociations, quand vous ferez les calculs entre ce que vous remboursez et ce que vous recevez, vous devez recevoir plus que vous ne payez. Une fois que cela est fait, le surplus, vous le consacrez au social et non pas à boucher les trous. D’ailleurs, si le volet n’est pas suffisamment souligné, en réalité le programme ne marchera pas. Si les questions récurrentes de la pauvreté et autres ne trouvent pas un début de solution, je crois que tout le programme s’effondre. C’est pour cela que je disais qu’il y a un lien entre ces questions. C’est-à-dire comment lutter contre la pauvreté et faire en sorte qu’on allège la dette. Mais je suis sûr que les pays amis sont dans de bonnes dispositions pour l’allègement de la dette. Je pense que les 3000 milliards dont je parle, il y a déjà eu plus de la moitié qui a été utilisée. Il faut s’assurer dans les années qui viennent, on fasse à peu près 500 milliards d’allègement et en même temps qu’on reçoive peut-être autant d’argent en argent frais. C’est ça le dispositif financier que nous devons mettre en place. Pour que entre l’allègement et l’argent frais, on reçoive suffisamment d’oxygène pour aérer l’économie ivoirienne. Pour que tout cela se fasse, bien entendu, il faut que les fondamentaux de l’Etat de droit, notamment la transparence dans la gestion, la politique de régionalisation, tout cela va ensemble. C’est pour cela que dans ma conclusion provisoire, j’indiquais tout à l’heure qu’on ne peut pas se baser sur une partie du programme et considérer qu’on va réussir. Il faut que ce soit un tout et qu’on fasse tout cela en même temps et qu’on le fasse le plus tôt possible. Alors j’ai également noté une question sur le cadre institutionnel, pour booster les PMI et PME. Vous savez, c’est la même chose. Si vous avez un Etat qui est géré normalement, vous avez le souci de donner la priorité à un certain nombre de secteur. On a parlé des jeunes tout à l’heure. Mais pour les jeunes, ça passe également par les PME et les PMI. Cela veut dire que puisque ça devient une priorité, il faut développer des schémas aussi bien au plan fiscal, au plan du soutien environnemental, qu’au plan institutionnel pour que ces PMI et ces PME puissent bien faire leur travail et avoir des rentabilités adéquates. On ne peut pas, en période de crise, ou de sortie de crise, ne pas prendre des dispositions particulières pour les PME et les PMI. Il faut le faire. Parce que le taux d’intérêt à 15 %, je ne sais pas comment une entreprise peut réussir avec un taux d’intérêt de 15 % d’aujourd’hui, quand on sait que le taux de la banque centrale européenne est de 1 %, le taux de la réserve fédérale américaine est de 0,5 %. Si les banques prennent 15 %, vous devrez aller marcher dans la rue, vous devrez protester, ce n’est pas possible. Surtout avec une monnaie qui est stable, qui est raccrochée à l’Euro, si les banques commerciales prennent 15 % pour un prêt, je pense que la commission bancaire devrait s’intéresser à ça. C’est pour cela que nous l’avions créée. Tout en laissant la concurrence entre les banques. C’est d’amener les banques à faire preuve de responsabilité dans les situations pareilles. Je n’insiste pas sur les questions des routes et des pistes. Quand j’ai fait ma présentation, j’ai dit que je n’apparais pas comme un candidat qui est en campagne. Je respecte les règles du Rotary. Pour moi c’est une opportunité d’échanger avec vous sur des questions économiques. Mais, comme il s’agit du poste d’élection, une vision économique est obligée de tenir compte de sa propre vision politique. C’est à ce titre que moi je suis un libéral, je le dis, je crois que d’ailleurs à la date d’aujourd’hui, il n’ y a pas de différence entre le libéralisme et le socialisme. Ceci étant, il s’agit de voir sur quoi, on met l’accent. Si le libéralisme, c’est de mettre l’accent sur la transparence, sur l’ouverture et autres je crois que c’est ce qu’il faut mais, en même temps pour moi, le libéralisme veut dire qu’il faut s’occuper des populations les plus fragiles et c’est là un aspect social qui doit avoir un contenu essentiel dans le programme de gouvernement et j’ai indiqué que j’avais en tête deux ou trois priorités : il y avait l’amélioration de la qualité des infrastructures et sur ça, j’ai toute une liste de choses à faire. Que ce soit pour les routes, que ce soit pour l’éducation, la santé, l’électricité, ainsi de suite, l’assainissement, faire en sorte qu’il y ait suffisamment d’investissement dans ces secteurs pour les améliorer mais en même temps, pour créer l’emploi. C’est par ces grands travaux qu’on peut faire l’amélioration des emplois et en deuxième lieu, dire que l’emploi, notamment des jeunes, est une priorité. La priorité des priorités. Autour de cela, la troisième priorité, c’est tout le concept institutionnel de la moralisation, de la démocratisation de la vie nationale, c’est faire en sorte que les institutions jouent le jeu, qu’elles aient leurs places, que les citoyens soient protégés, qu’il y ait l’égalité du traitement des uns et des autres. Que ce soit par les Forces de l’ordre ou par la justice, ce sont des questions fondamentales associées dans un programme. Quelle politique pour lutter contre le racket ? J’allais oublier. Je pense la Banque mondiale a fait un document très intéressant sur la question. Vous savez tout se tient. Vous avez une situation de sortie de crise avec tout le désordre que cela engendre. Fondamentalement, dans le désordre, il y a beaucoup qui profitent et il y a beaucoup qui sont victimes. Moi je crois que le racket se résume à cela. Je ne voudrais pas revenir toujours en 1990. Mais pour ceux qui s’en souviennent, on avait une situation à peu près similaire avec des barrages partout, mais après quelques mois, quand on a fait le constat de cette situation, nous avons procédé à des réaménagements. Entre Abidjan et la frontière, on avait que 12 barrages. Il faut prendre les mesures, les appliquer et les faire suivre de sanctions. Evidemment, cela demande qu’il y ait un gouvernement qui considère qu’il a lui-même les moyens de sa politique. Et c’est pour cela que les élections sont nécessaires. Parce que si on est dans une situation et que le monde estime que c’est la situation dont il faut profiter, c’est que chacun doit faire ce qu’il veut. Evidemment, c’est à ce résultat qu’on assiste. Ce sont des choses qui peuvent être réglées, mais elles partent de la gestion quotidienne de l’administration par des hommes et des femmes qui sont chargés de ces secteurs. Ce n’est pas par les phrases qu’on va les résoudre. C’est par des actions. En son temps, nous avions récompensé plus de 200 policiers pour le travail qu’ils faisaient. Dans le même ordre d’idée, il faut que les mauvais exemples soient sanctionnés. Il y a toute une politique qu’il faut entreprendre. Pour moi, ce ne sont pas des questions difficiles à résoudre. C’est tout simplement le manque de volonté d’organisation et de gestion l
Jean Eric Adingra et
Jean Claude Coulibaly