C'est officiel ! La date du 1er tour de l'élection présidentielle est connue. Il se tiendra le 29 novembre 2009. Ainsi en a décidé M. Laurent Gbagbo. Une date qui n'a absolument rien à voir avec celle proposée par la Commission électorale indépendante (11 octobre 2009) et qui ressemble étrangement à une autre : 30 novembre 2008. On sait ce qu'il est advenu de cette date. Mais voilà que cette année encore, à un jour près, la date du 1er tour de l'élection est fixée au 29 novembre. Pourquoi le Président Gbagbo a-t-il préféré le 29 novembre au 11 octobre ? Tout simplement parce qu'il fera tout pour que 2010 arrive sans élection ou si elles ont lieu par extraordinaire le 29 novembre, qu'il n'y ait aucun observateur pour le 2ème tour qui devrait avoir lieu à la mi-décembre. Tout le monde sait qu'en décembre, toutes les chancelleries sont fermées pour cause de fêtes de fin d'année. Le Président Gbagbo aura donc tout loisir de se proclamer vainqueur sans qu'il n'y ait aucun observateur pour lui apporter la contradiction. Voici le calcul politicien que cache la préférence du Président Gbagbo pour la date du 29 novembre 2009. Comme on le voit, ceux qui ont prédit que M. Laurent Gbagbo n'ira pas aux élections avant 2010 sont sur le point d'avoir raison sur toute la ligne. Parce que le calcul fait par le chef de l'Etat est d'une simplicité élémentaire. Pour atteindre 2010, il lui suffirait de créer de toutes pièces un obstacle qui ferait perdre ne serait-ce qu'un seul mois au processus qui doit conduire au respect de la date du 29 novembre. Il s'agirait, par exemple, de réclamer " l'identification de tous les Ivoiriens avant d'aller aux élections ", sans donner les moyens à la Cei de fonctionner ou de faire fonctionner les 227 centres qui n'ont pas encore connu un début de fonctionnement. Cela suffirait pour que la date soit décalée d'un mois. Et on se retrouverait en 2010. Car, il n'est pas certain qu'on puisse organiser le 1er tour le 29 décembre 2009. Donc, le camp présidentiel mettra tout en œuvre pour que l'élection se tienne soit à " huis clos " en décembre soit en 2010. Et la rébellion, dont le chef politique est le Premier ministre ne fera rien pour que cette élection se tienne en 2009, à une date autre que le 29 novembre. Bien au contraire. La Primature qui fonctionne de plus en plus comme un centre d'enregistrement des résultats des calculs politiciens du camp présidentiel, ne donnera pas de la voie pour vulgariser son point de vue sur la question. Le Premier ministre ne serait-il pas en train de donner raison à tous ceux qui pensent que son désir le plus ardent serait d'accompagner le Président Gbagbo jusqu'en 2010 ? Serait-il devenu le complice du camp présidentiel dans sa volonté de rester au pouvoir jusqu'en 2010 sans élection ? Les difficultés que font en ce moment les commandants de zone pour rétrocéder les pleins pouvoirs aux préfets ne participeraient-elles pas de cette complicité qui consiste à donner du grain à moudre au camp présidentiel afin de retarder l'échéance électorale ? Seul le temps nous permettra de répondre à ces interrogations. Mais, fixer la date d'une élection présidentielle aussi capitale que celle à venir, c'est démontrer aux yeux de tous qu'on veut gagner du temps pour passer d'une année à une autre ou à tous le moins, c'est vouloir le faire à une période où personne n'a la tête à la politique. Le Président Gbagbo aurait voulu irriter la communauté internationale, le peuple de Côte d'Ivoire, l'opposition ivoirienne et tous les amis de la Côte d'Ivoire qu'il ne s'y serait pas pris autrement. 29 novembre 2009 ? Vive 2010…
Paul Koudou
Paul Koudou
