Partisans et adversaires du Chef de l’état se sont longuement affrontés à propos de l’évolution du processus de paix et de la période du scrutin.
Le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro souhaitait une date des élections qui soit “adoubée” par l’ensemble de la classe politique ivoirienne et de la société ivoirienne. De manière à ce qu’une fois fixée, elle ne fasse plus l’objet de débat et de changement comme ce fut le cas antérieurement. Mieux, qu’elle permette d’organiser des élections transparentes, gage de stabilité et de paix durable. Sauf erreur de jugement, tous les signes montrent que l’année 2009, qui a été proposée le 16 février par la 6e réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (Cea), élargie aux membres de l’Organe consultatif international (Oci), semble convenir à toutes les parties. Restait à préciser le calendrier détaillé des différentes opérations du processus électoral et à fixer la date du premier tour de l’élection présidentielle. Une mission à laquelle s’est attelée la Commission électorale indépendante qui a proposé, le 15 avril, un projet de décret au Chef de l’Etat Laurent Gbagbo via le Premier ministre. Depuis le 14 mai, c’est chose faite avec la signature du décret n° 2009-181 du 14 mai 2009 portant convocation du collège électoral de la République de Côte d’Ivoire en vue de l’élection présidentielle le dimanche 29 novembre 2009.
Mais que de débats pour en arriver là ! Les derniers commentaires et polémiques sur la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou ont donné l’occasion de voir que tout le monde veut sortir de cette impasse, en dépit de la polémique sur la conduite du processus et la date des élections.
“Pour le Conclave, les élections doivent impérativement se tenir en 2009, pour que notre pays en finisse avec cette situation de ni paix, ni guerre qui appauvrit les populations chaque jour qui passe. Au-delà de 2009, les Forces nouvelles se réservent le droit de reconsidérer leur participation au processus de paix en cours”, a déclaré le directoire de l’ex-rébellion élargi aux grands commandements, au sortir d’une réunion de crise le 20 avril, à Bouaké. Pour cette rencontre de haut niveau, la plupart des cadres que compte ce mouvement se sont retrouvés. Le ministre Koné Mamadou (Justice et Droits de l’Homme) y représentait le Premier ministre Guillaume Soro. Parce que la réunion visait à prendre “des décisions courageuses et historiques”. Après l’examen de la demande de démission au poste de Premier ministre adressée au secrétaire général du mouvement par les délégués généraux le 14 avril, en guise de protestation contre ce qu’ils considéraient comme des attaques du Fpi et du camp présidentiel, l’on peut considérer cette chute de la déclaration finale comme l’une de ces décisions promises. L’autre étant de ne pas entériner la demande de démission du Premier ministre Soro mais plutôt de l’encourager à poursuivre sa mission jusqu’à l’organisation des élections cette année. Non sans révéler les soucis qui sont ceux des militaires des Fn qui attendent des solutions rapides. Le conclave des Fn “rappelle également que les Ivoiriens sont encore dans l’attente du démantèlement effectif des milices, de l’ordonnance portant création de la nouvelle armée, du décret relatif à la mise en place d’une commission d’harmonisation des grades des Fafn, du décret portant nomination au grade de général de brigade, des généraux Soumaïla Bakayoko et Gueu Michel, du rétablissement et du rappel des soldes et du paiement effectif des primes aux démobilisés”.
Des préoccupations légitimes mais qui prouvent, selon le président du Fpi, Pascal Affi N’Guessan, qu’il y a effectivement un retard comme l’avait dénoncé le camp présidentiel. Le Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd) avait déploré dans une déclaration datant du 7 avril, “un fléchissement du processus de sortie de crise”. Avant d’interpeller les Forces nouvelles en ces termes: “Le Cnrd rappelle que ce qui fait l’unanimité de la communauté nationale et internationale est la tenue d’élections transparentes et incontestables dans les plus brefs délais. Pour ce faire, le Cnrd demande aux Forces nouvelles de faire leur part d’effort, comme l’attendent tous les Ivoiriens…”. Et les obstacles majeurs à surmonter sont la restauration de l’autorité de l’Etat et le désarmement.
Bien que non signataire de l’Apo, l’opposition politique n’est pas moins attentive aux dissensions entre les partisans des deux signataires (Laurent Gbagbo et Guillaume Soro). Elle a exhorté les autorités ivoiriennes à éviter une situation dramatique au peuple.
“Le Rhdp (Ndlr, Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix) demande au Président de la République, au Premier ministre, au président de la Commission électorale indépendante de fixer, sans délai, la date de l’élection présidentielle qui devra impérativement avoir lieu cette année 2009”, a exigé cette forme dans une déclaration datée du 15 avril. Plus précis, le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara, pense que rien, techniquement, ne s’oppose à la tenue des élections en octobre 2009. A moins que ce ne soit une “volonté politique”. Son vœu a été pris en compte par les instances du Rhdp le 11 mai. “Le Rhdp invite, en conséquence, le Chef de l’Etat et le gouvernement à donner une suite diligente à la proposition faite par la Cei fixant le premier tour de l’élection présidentielle au 11 octobre”. Auquel cas, cette coalition de quatre partis d’opposition se réserve de manifester contre le Chef de l’Etat qui, selon elle, montre sa «volonté de ne pas aller aux élections». Surtout qu’il voulait fixer la date en mai ou juin en tenant compte de la suite de l’identification, même s’il affirme que la présidentielle aura lieu en octobre ou en novembre. Comme lui, Pascal Affi N’Guessan estime que l’élection est possible fin octobre ou début novembre. L’objectif de la pression qu’exerce le Rhdp, a avoué le Pr Alphonse Djédjé Mady, président du directoire, est d’éviter que la présidentielle ne soit ramenée en 2010 comme certaines voix le souhaitent. Le Chef de l’Etat, avait, dans tous les cas, annoncé la présidentielle pour cette année. Et cette semaine, il avait promis fixer la date précise de cette élection. Voilà qui est fait.
Dans son 20e rapport sur la Côte d’Ivoire, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, n’ignore pas les progrès accomplis par les parties ivoiriennes. Toutefois, il n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme quant à la nécessité de fournir “un calendrier réaliste” du processus électoral. “Je ne doute pas que le Président Gbagbo et le Premier ministre Soro, ainsi que les autres principales parties prenantes en Côte d’Ivoire, s’efforceront, avec le soutien constant du Facilitateur, d’éviter de plonger le processus de paix dans une impasse prolongée qui saperait la confiance et représenterait un gaspillage du temps et des ressources que le peuple ivoirien a investies dans la recherche d’une solution à la crise” (Cf. XV. Observations).
Des élections qui ne seront certifiées comme démocratiques et conformes aux normes internationales par Yung-Jin Choi, Représentant spécial de Ban Ki-mon, que si elles respectent des critères fondamentaux. Notamment l’identification et le recensement électoral (plus de 6 millions d’enrôlés actuellement), la sécurisation par le Centre de commandement intégré (8.000 policiers et gendarmes des Fds et Fafn ont été répartis sur l’ensemble du territoire le 15 avril et leur déploiement a débuté le 5 mai), l’affichage des listes électorales, la production des cartes d’identité et d’électeur…
Comme en mars 2007, les signataires et le facilitateur Blaise Compaoré doivent donner le ton pour que le peuple se lance dans le dernier virage. Avec eux, les présidents Konan Bédié (Pdci-Rda) et Ouattara (Rdr) avec qui ils se retrouveront le lundi 18 mai, à Ouagadougou, pour la 5è réunion du Cadre permanent de concertation.
On le voit, tout est mis en œuvre pour que 2009 soit l’année de la présidentielle. En dépit “des contraintes financières”.
Paulin N. Zobo
Le Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro souhaitait une date des élections qui soit “adoubée” par l’ensemble de la classe politique ivoirienne et de la société ivoirienne. De manière à ce qu’une fois fixée, elle ne fasse plus l’objet de débat et de changement comme ce fut le cas antérieurement. Mieux, qu’elle permette d’organiser des élections transparentes, gage de stabilité et de paix durable. Sauf erreur de jugement, tous les signes montrent que l’année 2009, qui a été proposée le 16 février par la 6e réunion du Comité d’évaluation et d’accompagnement (Cea), élargie aux membres de l’Organe consultatif international (Oci), semble convenir à toutes les parties. Restait à préciser le calendrier détaillé des différentes opérations du processus électoral et à fixer la date du premier tour de l’élection présidentielle. Une mission à laquelle s’est attelée la Commission électorale indépendante qui a proposé, le 15 avril, un projet de décret au Chef de l’Etat Laurent Gbagbo via le Premier ministre. Depuis le 14 mai, c’est chose faite avec la signature du décret n° 2009-181 du 14 mai 2009 portant convocation du collège électoral de la République de Côte d’Ivoire en vue de l’élection présidentielle le dimanche 29 novembre 2009.
Mais que de débats pour en arriver là ! Les derniers commentaires et polémiques sur la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou ont donné l’occasion de voir que tout le monde veut sortir de cette impasse, en dépit de la polémique sur la conduite du processus et la date des élections.
“Pour le Conclave, les élections doivent impérativement se tenir en 2009, pour que notre pays en finisse avec cette situation de ni paix, ni guerre qui appauvrit les populations chaque jour qui passe. Au-delà de 2009, les Forces nouvelles se réservent le droit de reconsidérer leur participation au processus de paix en cours”, a déclaré le directoire de l’ex-rébellion élargi aux grands commandements, au sortir d’une réunion de crise le 20 avril, à Bouaké. Pour cette rencontre de haut niveau, la plupart des cadres que compte ce mouvement se sont retrouvés. Le ministre Koné Mamadou (Justice et Droits de l’Homme) y représentait le Premier ministre Guillaume Soro. Parce que la réunion visait à prendre “des décisions courageuses et historiques”. Après l’examen de la demande de démission au poste de Premier ministre adressée au secrétaire général du mouvement par les délégués généraux le 14 avril, en guise de protestation contre ce qu’ils considéraient comme des attaques du Fpi et du camp présidentiel, l’on peut considérer cette chute de la déclaration finale comme l’une de ces décisions promises. L’autre étant de ne pas entériner la demande de démission du Premier ministre Soro mais plutôt de l’encourager à poursuivre sa mission jusqu’à l’organisation des élections cette année. Non sans révéler les soucis qui sont ceux des militaires des Fn qui attendent des solutions rapides. Le conclave des Fn “rappelle également que les Ivoiriens sont encore dans l’attente du démantèlement effectif des milices, de l’ordonnance portant création de la nouvelle armée, du décret relatif à la mise en place d’une commission d’harmonisation des grades des Fafn, du décret portant nomination au grade de général de brigade, des généraux Soumaïla Bakayoko et Gueu Michel, du rétablissement et du rappel des soldes et du paiement effectif des primes aux démobilisés”.
Des préoccupations légitimes mais qui prouvent, selon le président du Fpi, Pascal Affi N’Guessan, qu’il y a effectivement un retard comme l’avait dénoncé le camp présidentiel. Le Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd) avait déploré dans une déclaration datant du 7 avril, “un fléchissement du processus de sortie de crise”. Avant d’interpeller les Forces nouvelles en ces termes: “Le Cnrd rappelle que ce qui fait l’unanimité de la communauté nationale et internationale est la tenue d’élections transparentes et incontestables dans les plus brefs délais. Pour ce faire, le Cnrd demande aux Forces nouvelles de faire leur part d’effort, comme l’attendent tous les Ivoiriens…”. Et les obstacles majeurs à surmonter sont la restauration de l’autorité de l’Etat et le désarmement.
Bien que non signataire de l’Apo, l’opposition politique n’est pas moins attentive aux dissensions entre les partisans des deux signataires (Laurent Gbagbo et Guillaume Soro). Elle a exhorté les autorités ivoiriennes à éviter une situation dramatique au peuple.
“Le Rhdp (Ndlr, Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix) demande au Président de la République, au Premier ministre, au président de la Commission électorale indépendante de fixer, sans délai, la date de l’élection présidentielle qui devra impérativement avoir lieu cette année 2009”, a exigé cette forme dans une déclaration datée du 15 avril. Plus précis, le président du Rassemblement des républicains (Rdr), Alassane Dramane Ouattara, pense que rien, techniquement, ne s’oppose à la tenue des élections en octobre 2009. A moins que ce ne soit une “volonté politique”. Son vœu a été pris en compte par les instances du Rhdp le 11 mai. “Le Rhdp invite, en conséquence, le Chef de l’Etat et le gouvernement à donner une suite diligente à la proposition faite par la Cei fixant le premier tour de l’élection présidentielle au 11 octobre”. Auquel cas, cette coalition de quatre partis d’opposition se réserve de manifester contre le Chef de l’Etat qui, selon elle, montre sa «volonté de ne pas aller aux élections». Surtout qu’il voulait fixer la date en mai ou juin en tenant compte de la suite de l’identification, même s’il affirme que la présidentielle aura lieu en octobre ou en novembre. Comme lui, Pascal Affi N’Guessan estime que l’élection est possible fin octobre ou début novembre. L’objectif de la pression qu’exerce le Rhdp, a avoué le Pr Alphonse Djédjé Mady, président du directoire, est d’éviter que la présidentielle ne soit ramenée en 2010 comme certaines voix le souhaitent. Le Chef de l’Etat, avait, dans tous les cas, annoncé la présidentielle pour cette année. Et cette semaine, il avait promis fixer la date précise de cette élection. Voilà qui est fait.
Dans son 20e rapport sur la Côte d’Ivoire, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, n’ignore pas les progrès accomplis par les parties ivoiriennes. Toutefois, il n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme quant à la nécessité de fournir “un calendrier réaliste” du processus électoral. “Je ne doute pas que le Président Gbagbo et le Premier ministre Soro, ainsi que les autres principales parties prenantes en Côte d’Ivoire, s’efforceront, avec le soutien constant du Facilitateur, d’éviter de plonger le processus de paix dans une impasse prolongée qui saperait la confiance et représenterait un gaspillage du temps et des ressources que le peuple ivoirien a investies dans la recherche d’une solution à la crise” (Cf. XV. Observations).
Des élections qui ne seront certifiées comme démocratiques et conformes aux normes internationales par Yung-Jin Choi, Représentant spécial de Ban Ki-mon, que si elles respectent des critères fondamentaux. Notamment l’identification et le recensement électoral (plus de 6 millions d’enrôlés actuellement), la sécurisation par le Centre de commandement intégré (8.000 policiers et gendarmes des Fds et Fafn ont été répartis sur l’ensemble du territoire le 15 avril et leur déploiement a débuté le 5 mai), l’affichage des listes électorales, la production des cartes d’identité et d’électeur…
Comme en mars 2007, les signataires et le facilitateur Blaise Compaoré doivent donner le ton pour que le peuple se lance dans le dernier virage. Avec eux, les présidents Konan Bédié (Pdci-Rda) et Ouattara (Rdr) avec qui ils se retrouveront le lundi 18 mai, à Ouagadougou, pour la 5è réunion du Cadre permanent de concertation.
On le voit, tout est mis en œuvre pour que 2009 soit l’année de la présidentielle. En dépit “des contraintes financières”.
Paulin N. Zobo