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Politique Publié le vendredi 22 mai 2009 | Fraternité Matin

Présidentielle/ Moussa Michel Tapsoba, Président du Ceni du Burkina Faso : “29 novembre, un soulagement pour nous”

Le président de la Commission électorale nationale indépendante du Burkina se prononce sur le processus électoral.

Monsieur le président de la Commission électorale nationale indépendante du Burkina Faso, depuis le 14 mai, le Chef de Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, a pris un décret pour convoquer le collège électoral pour la présidentielle du 29 novembre. Quel est votre commentaire en tant que président de la Ceni?

Je crois que les Ivoiriens n’imaginent pas à quel point les autres peuples de la sous-région sont attachés à la paix en Côte d’Ivoire et surtout à la sortie de crise dans leur pays. Naturellement, pas seulement en tant que président de la Ceni, mais en tant que Burkinabé, je suis très heureux qu’enfin, la Côte d’Ivoire ait pu rassembler les éléments qui permettent de tenir le scrutin du 29 novembre prochain. C’est donc un sentiment de soulagement, de satisfaction pace que nous en avons tous souffert. D’abord en tant que pays voisin, pays frère de la Côte d’Ivoire, ensuite parce que nous avons des amis qui sont engagés politiquement et également dans l’organisation des élections. Les difficultés quotidiennement qu’ils évoquent avec nous, quelquefois, nous abattent. C’est un sentiment de satisfaction après le dénouement de cette affaire.

La question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir si la date est réaliste comme l’affirment les autorités ivoiriennes. Espérez-vous qu’elle sera tenue?

Il faut dire que nous sommes en contact régulier avec nos collègues de Côte d’Ivoire et nous suivons, au jour le jour, l’évolution de la situation. Donc techniquement, nous pensons que les élections peuvent se tenir le 29 novembre prochain. Toutefois, vous savez qu’organiser les élections demande les moyens qui ne sont pas de la compétence de la Commission électorale. La Commission peut certes exprimer sa volonté de tenir les délais fixés par le gouvernement. Mais faudrait-il encore que ceux qui pourvoient aux moyens pour organiser les élections s’exécutent à bonne date pour que les délais puissent être tenus. Techniquement, il n’y a aucun problème à tenir les délais. Toutefois, s’il y a des difficultés à financer certaines actions, on peut être ralenti. C’est seulement à ce niveau qu’il peut y avoir une inquiétude.

En novembre 2010, le peuple burkinabé retournera aux urnes pour renouveler ses instances dirigeantes. Comment votre institution prépare-t-elle ces élections?

Les élections dans un pays commencent par l’élaboration du coût des élections. Ce que nous avons d’ailleurs fait depuis 2008. Les préparations ont donc commencé, nous attendions que l’Assemblée nationale adopte les modifications prévues au Code électoral ; cela vient d’être fait. Nous sommes fixés maintenant sur le mode d’enregistrement des électeurs et également sur une revendication récurrente de la classe politique et de la société civile qui est de faire voter nos compatriotes qui vivent à l’extérieur du Burkina Faso. Nous avons, aujourd’hui, le Code électoral que nous pouvons exploiter et les préparatifs vont bon train en fonction du calendrier que nous nous sommes aussi établi pour exécuter les tâches qui doivent nous conduire vers les élections.

Quels sont les pays étrangers qui sont concernés par le vote de vos compatriotes?

La loi électorale dit que les bureaux de vote seront ouverts dans les ambassades et les consulats généraux du Burkina Faso. Le monde entier est donc concerné pourvu que nous ayons une représentation diplomatique ou consulaire.

N’avez-vous pas d’appréhension par rapport au coût de l’opération?

Je ne sais pas puisqu’il s’agit d’une proposition de loi. Comme vous le savez, une proposition de loi de l’Assemblée passe au préalable au niveau du gouvernement pour des observations. Je suppose donc que le gouvernement a pris des dispositions pour faire face au coût que cela va entraîner. Puisque nécessairement, faire voter des Burkinabè qui sont à l’étranger implique forcément des coûts. Donc si le gouvernement l’a accepté et que l’Assemblée nationale l’a adopté, c’est que tout le monde est prêt à faire face aux charges qu’implique une telle disposition.

Avez-vous une idée de la population électorale à l’intérieur du pays et à l’étranger?

Au niveau du Burkina Faso, c’est environ sept millions de personnes ; mais à l’étranger, nous n’avons pas encore fait le point parce que la loi électorale dit également que sont concernés ceux de nos compatriotes qui sont immatriculés dans les ambassades et consulats. Nous n’avons pas encore le point de cette situation. Nous savons aussi qu’à l’annonce de cette nouvelle disposition, d’autres personnes vont certainement venir se faire identifier. Nous attendons de faire le point.

En dehors du vote de vos compatriotes à l’étranger, quelles sont les autres innovations majeures de cette loi électorale?

La caution pour les candidatures à la présidentielle a été relevée; elle était de cinq millions de Fcfa, elle est maintenant passée à dix millions. Ensuite, il faut réunir un certain nombre de signatures d’élus locaux sur toute l’étendue du territoire national pour compléter son dossier de candidature. Ce sont là les principales innovations au-delà du vote.

Ces dispositions prennent-elles en compte votre souci d’harmonisation des processus électoraux en Afrique de l’Ouest comme le demande le Réseau des Commission électorales que vous coordonnez?

Il faut dire que la Ceni n’est pas dans la chaîne de modification, de proposition ou d’adoption de la loi électorale. Toutefois, nous avons été conviés, comme d’autres acteurs du processus électoral, à donner notre point de vue sur les modifications à apporter au Code électoral.

Le Burkina Faso, comme d’ailleurs la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, a donc adhéré aux différents instruments de la Cedeao, notamment le protocole additionnel sur la bonne gouvernance et la démocratie qui demande des convergences institutionnelles en matière électorale. Les dispositions qui sont prises vont par conséquent dans le sens de l’harmonisation des pratiques électorales dans la sous-région.

Quel bilan pouvez-vous faire après la réunion du Réseau à Abidjan en 2008 au cours de laquelle vous aviez élaboré un chronogramme d’activités?

Le Réseau des structures en charge des élections en Afrique de l’Ouest a été créé en février 2008 à Conakry en Guinée. Nous avons tenu notre première réunion à Abidjan en août 2008. A cette occasion, nous avons élaboré un programme d’activité pour deux ans, c’est-à-dire la durée du mandat du bureau de coordination. Et nous avons donc listé un certain nombre d’actions à mener. Depuis que nous nous sommes retrouvés à Abidjan, nous avons tenu une première grande activité, ici à Ouagadougou, qui était l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les élections. Cela part, bien sûr, de l’enregistrement des électeurs à la publication des résultats en passant par les campagnes électorales. Nous en avons débattu avec nos membres, mais élargi aux fournisseurs de technologies, aux médias et aux hommes politiques du Burkina Faso. Après cette rencontre, nous nous sommes retrouvés la semaine passée, à Niamey au Niger, où nous avons fait le point de la situation au niveau des pays où nos membres évoluent dans un environnement quelque peu difficile et tourmenté. Il s’agit de la Guinée-Bissau, la Guinée Conakry, la Côte d’Ivoire et du Niger. Nous avons entendu nos collègues sur l’évolution de la situation et déterminé les actions que nous pourrions mener pour leur venir en renfort afin qu’ils puissent, malgré ces difficultés, réaliser leurs missions.



Interview réalisée à Ouagadougou par Paulin N. Zobo
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