Choi rassure les partis politiques et la société civile : "Je ne veux pas rater la certification des élections”

Profitant de l`ouverture des Journées de consensus national hier au Palais de la culture (Treichville). Et devant une salle archi comble, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, Y. J. Choi, a dévoilé comme nous l`annoncions hier, les critères de la certification du processus électoral en Côte d`Ivoire et leurs modes opératoires. Nous vous proposons de larges extraits de son intervention. Nos comptes rendus vous seront proposés lundi.


(…) Mesdames et Messieurs,

Je voudrais saisir l`occasion qui m`est offerte pour féliciter de la nouvelle date, le 29 novembre 2009, fixée pour la tenue de l`élection présidentielle. Dans la mesure où la réunification du pays et les élections sont liées, j`espère que cette date, donnera également une impulsion nouvelle au processus de la réunification. Avec la publication d`une nouvelle date, le processus électoral va retrouver l`élan qu`il a perdu depuis novembre 2008. En conséquence, mon mandat de certification suscitera un regain d`intérêt. Comme vous le savez, le Conseil de sécurité des Nations unies m`a confié ce mandat, pour accompagner le peuple ivoirien sur le chemin des élections.


Mesdames et Messieurs,

Etant donné qu`une incompréhension semble exister au sujet de mon mandat de certification, permettez-moi tout d`abord de partager avec vous ce qui n`est pas la certification. Premièrement, il ne s`agit pas de trouver des failles à priori dans le processus électoral en Côte d`Ivoire et de les sanctionner. Mon rôle de certification consiste plutôt à accompagner les Ivoiriens pour organiser des élections dont elles seront fières. Deuxièmement, il ne s`agit pas de certifier tous les stades du processus électoral. La résolution 1765 du Conseil de sécurité est claire sur ce point. Mon mandat n`est pas de certifier tous les stades. Il est plutôt de certifier tous les stades qui fourniront les garanties nécessaires pour la tenue d`élections présidentielle et législatives ouvertes, libres, justes et transparentes conformément aux normes internationales. En définitive, qu`est-ce que la certification ? Au terme de la résolution citée tantôt, je dois fournir d`après mon mandat de certification, toutes les garanties nécessaires pour la réussite des élections en Côte d`Ivoire. Comment y parvenir ? C`est précisément dans cette perspective que j`ai développé en consultation avec les leaders de la classe politique ivoirienne, avec le facilitateur les cinq critères cadres de la certification. Ce sont : la paix, l`inclusivité, les médias d`Etat, la liste électorale et les résultats. Quels sont les modes opératoires ? La résolution 1826 du Conseil de sécurité est très claire là-dessus. Je dois certifier explicitement la liste électorale en plus des résultats. Les autres stades seront donc implicitement certifiés. Ainsi mon mandat de certification mettra l`accent sur des conditions de paix, sur le principe de non discrimination et sur l`accès équitable aux médias d`Etat tel que défini par les normes inter ivoiriennes. Une certification implicite demeure l`approche la plus appropriée compte tenu du caractère dynamique des trois premiers critères cadres ainsi que les sous-étapes contenus dans le cadre de la liste électorale comme l`audience foraine, l`identification et le recensement électoral. Autant cette certification implicite est cruciale pour garantir le processus électoral, autant la certification explicite de la liste électorale est cruciale pour sauvegarder les résultats. La cellule de certification établie au sein de l`Onuci sous mon autorité directe identifie, développe et met régulièrement à jour les éléments permettant d`évaluer le processus électoral. Tous ces efforts servent à maintenir ou à fermer le processus dans des critères cadres en cas de dysfonctionnement. Nous serons toujours prêt à consulter les acteurs ivoiriens, le facilitateur et le Conseil de sécurité en fonction de la gravité de la situation. Mon mandat de certification me tient à cœur. Permettez-moi de préciser. En Côte d`Ivoire, mon mandat de certification doit assurer que le vainqueur des élections le sera réellement (Ndlr : applaudissements nourris dans la salle). Au total, les résultats définitifs ne feront ni l`objet ni de contestation, ni de compromis (Applaudissements nourris). C`est un défi, car on devra certifier les élections sans y avoir joué le rôle d`organisateur. C`est une expérience inédite dans l`histoire des missions de la paix. Car, les Nations unies ont fait l`expérience de la certification dans deux pays. Au Timor Oriental et au Népal. Cependant, dans ces deux cas, les Nations unies ont joué un rôle direct dans le processus électoral. La certification des élections en Côte d`Ivoire n`est donc pas une tâche aisée. Mais, on ne saura y dérober. J`ai l`intention d`accompagner et d`accomplir cette lourde charge avec honneur, détermination et dignité. (Applaudissements). C`est le lieu, pour moi de rappeler que la certification répond à une demande des partis ivoiriens. Dans l`esprit de ceux qui l`on conçue, elle avait pour objectif de briser le mur de méfiance et de renforcer la confiance parmi les signataires de l`Accord de Pretoria du 6 avril 2005. On peut dire que mon mandat de certification est une réponse positive du Conseil de sécurité à une requête ivoirienne dans le but de faire avancer le processus. Dans ce sens, je suis rassuré par la persistance dans le processus électoral ivoirien d`un formidable mécanisme de transparence. Il est à quatre niveaux, à savoir : premièrement, les opérateurs techniques (Ins et Sagem), deuxièmement : une composition multiple, pluraliste de la Commission électorale indépendante ivoirienne. Troisièmement : la présence des forces impartiales et de l`Onuci et le quatrième, la présence de nombreux observateurs nationaux et internationaux. Ce mécanisme de transparence à quatre niveaux, est un formidable outil pour la réussite de ma mission de certification des élections en Côte d`Ivoire. Dans l`exécution de mon mandat de certification, je vois dans la société civile ivoirienne une alliée indispensable. Ensemble, nous pouvons réussir. Ensemble, nous allons réussir. Avant de terminer, je voudrais vous assurer de l`appui continu et de toutes les agences du système des Nations unies aux efforts de la Côte d`Ivoire dans le cadre du processus de paix. Et au-delà, pour son redressement et son développement économique. (…) Beaucoup de succès dans vos journées de consensus national. Merci».

Propos recueillis et retranscrits par
K. M. et Djama Stanislas