Le président ivoirien Laurent Gbagbo était, hier, sur la célèbre chaîne de télévision française " France 24 ". Il a répondu aux questions liées à la sortie de crise et à l'élection présidentielle. Ci-dessous les échanges qu'il a eu avec la consoeur de " France 24 ".
Merci beaucoup monsieur le président de nous recevoir chez vous dans votre résidence à Cocody. Le 1er tour des élections présidentielles aura lieu le 29 novembre de cette année. Allez vous tenir ce rendez-vous pour cette fois ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, madame. Dans les institutions ivoiriennes, il y a la commission électorale indépendante (Cei) dont le président se trouve être M. Beugré Mambé. Donc tout ce que je peux vous dire sur les élections vient de lui. Nous avons travaillé ensemble, le Premier ministre, la Cei et moi-même. Je pense qu'on doit soutenir la date. Vous savez ce qui est important dans cette élection, c'est que la guerre qui nous a été déclenchée avec comme une des raisons essentielles, le fait qu'une partie des Ivoiriens ne sont pas identifiés, qui ne sont pas considérés comme Ivoiriens, qui n'ont pas de papier. Donc, nous avons pris une entreprise étrangère la Sagem pour identifier tout le monde. On ne peut pas faire des élections si les Ivoiriens ne sont pas identifiés. Puisque cela a été une des causes de la guerre. C'est pourquoi c'est lent. C'est lent, c'est lourd. Après avoir fait une partie de l'identification, et avoir calculé tout le temps qu'il faut, je pense donc que le 29 novembre, c'est-à-dire tous ceux qui décident, nous pensons que la date du 29 novembre 2009 peut être tenue. Comme on n'identifie pas tout le monde, on ne recense pas tout le monde. On recense uniquement ceux qui ont dix huit ans et plus, nous pensons qu'il faut être serein, le reste du temps c'est-à-dire 6 mois, c'est suffisant pour faire le travail.
Peut-on faire confiance justement au procédé de recensement ? Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui seront recensés avec cette nouvelle méthode ou est-ce que vous envisageriez de contester la nationalité de certains électeurs inscrits?
La sécurité de cette identification, c'est qu'on dit que tous ceux qui sont inscrits sur les listes électorales et qui vont prendre part aux votes seront donc considérés comme ivoiriens, donc ils vont avoir automatiquement leur carte nationale d'identité.
Pas de contestation ?
Non pas du tout. C'est pourquoi, le procédé prévoit qu'après le recensement brut, il va avoir une phase, que la Cei a déterminée comme devra durer six semaines à un mois, pour faire des croisements avec des fichiers historiques. Afin de débusquer ceux qui ne sont pas ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout cela est prévu. Les décrets ont été signés pour que les préfets, les procureurs soient installés partout, que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux redéploie les gardes pénitentiaires etc. Je veux dire, nous rentrons dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de façons normales devant des juridictions normales. Nous avons calculé tout cela c'est pourquoi, nous avons placé les élections assez loin, pour que nous ayons le temps de faire tout.
Donc le recensement a bien progressé ?
Le recensement a bien progressé. Comme on ne recense pas tout le monde. On recense uniquement ceux qui ont 18 ans et plus, ceux qui ont 16 ans et plus parce que ceux-là ne prennent pas part au vote à part ceux qui ont 18 ans et plus. Nous pensons que le temps qui reste, c'est-à-dire 6 mois, c'est suffisant pour faire le reste du travail.
Est-ce que vous faites confiance au procédé de recensement. Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui sont recensés justement parmi ces 6 millions d'électeurs. Est-ce que vous envisageriez de contester par exemple la nationalité de certains électeurs inscrits?
Mais bien sûr qu'il y a des… Parce que la spécificité de cette identification, c'est qu'on dit que tous ceux qui seront inscrits sur les listes sont ceux qui vont prendre part au vote. Ils seront donc considérés comme Ivoiriens. Ils vont donc avoir automatiquement leur carte d'identité nationale.
Donc il ne s'agira pas de contester ça ?
Ah non. Une fois que ce sera fait. C'est pourquoi le procédé prévoit justement qu'après l'identification brute, il va avoir une phase que la Cei a déterminé comme devant durer 6 semaines ou 2 mois pour faire les croisements avec les fichiers historiques pour débusquer ceux qui ne sont pas Ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout ça c'est prévu.
Il y aura des contestations ? Et ça peut encore retarder beaucoup de choses ?
Non, le temps pour faire ces contestations est prévu. Les décrets ont été signés pour que les juges soient installés partout, les procureurs, que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux redéploie les gardes pénitentiaires. Je veux dire qu'on rentre dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de façon normale, devant des juridictions normales. On a calculé tout ça, c'est pourquoi on a placé les élections assez loin pour qu'on ait le temps de faire toutes les zones, les chefs locaux issus des clans rebelles doivent passer le pouvoir aux préfets. Il y a eu la passation de pouvoir à Bouaké.
Quelle est la signification de ce qui s'est passé à Bouaké. Est-ce que c'est significatif ?
Bien entendu. Il y a eu toutes les passations du pouvoir, hier (Ndlr : mardi dernier) parce que, on trouve 10 Com'zones. Au lieu de faire 10 préfectures, 10 régions, on a fait une fois en tout. Ils étaient tous là. On a fait. Maintenant, le ministre de l'Intérieur va parcourir les différents départements pour installer les préfets. C'est important. C'est pour montrer qu'il n'y a plus de problème politique sur ce débat-là. Il n'y a pas de débat politique. Les problèmes qui peuvent exister sont des débats techniques et pratiques. A savoir que tel préfet de tel département n'a pas encore ses bureaux prêts, n'a pas encore son logement prêt. Mais sur le fond, il n'y a plus de problème.
Il faut encore désarmer, cela dit, les Com'zones. Qu'est-ce que vous allez leur donner en échange ?
Ce sont des anciens combattants qu'il faut désarmer.
Alors qu'est-ce que vous allez leur proposer en échange ? Vous allez les envoyer dans l'armée ? Vous allez leur proposer de l'argent ?
Madame, il faut lire l'accord complémentaire 4 de Ouagadougou. Tout est là-dedans. Tout le monde ne pourra pas rentrer dans l'armée parce que tout le monde ne rentre pas dans l'armée. Ça c'est évident. Tout le monde ne devient pas gendarme, tout le monde ne devient pas policier. Il y a beaucoup qui vont retourner à la vie civile. Ils ont déjà commencé, on ne le dit pas assez. Sur les 10 Com'zones, il y en a qui ont déjà commencé à créer leurs entreprises, à travailler. Nous on a moins de pressions sur cette affaire que sur les autres. Pour les autres, les ex-combattants, l'accord prévoit qu'on doit les encaserner dans 4 villes. Bouaké, Man, Séguéla, Korhogo. On va commencer d'ici 2 ou 3 semaines à faire cette opération. Et c'est en ce moment-là qu'on parle de désarmement. Tout combattant qui rentre dans un camp dépose automatiquement son arme avant de rentrer.
Ça sera réaliste avant cet automne, avant novembre ?
L'accord a été signé d'accord partie.
Signé un accord et le rendre effectif c'est différent ?
Oui mais cette fois-ci nous tenons le bon bout.
Et s'ils ne déposaient pas les armes, les élections auraient-elles lieux ?
Je pense que les élections auront lieu parce qu'ils auront déposé les armes.
Seriez-vous candidat à ces élections Monsieur le Président ?
Ecoutez, j'ai beaucoup d'admiration pour vous et France 24. C'est pas comme ça au pied levé que je vais annoncer que je suis candidat ou pas ? Pour le moment, je suis Président de la République. Je m'occupe de faire avancer les accords de Ouagadougou. Je m'occupe de faire la réunification du pays. Je m'occupe de faire le désarmement. Je m'occupe de faire avancer les choses de la paix. Une fois que j'aurais estimé que ces choses-là sont bien avancées, eh bien ! je m'exprimerai sur le sujet qui vous préoccupe.
Donc si vous vous présentez est-ce que vous vous soumettriez au verdict des urnes ?
Mais sinon ça veut dire quoi se présenter aux élections ? Si on ne se soumet pas aux verdicts des urnes ça veut dire quoi ?
Vous accepterez un combat démocratique ?
Mais ça veut dire quoi madame sinon ? Moi je suis un enfant des élections. Je n'ai jamais été nommé à un poste. Contrairement à beaucoup d'autres en Côte d'Ivoire. Tout ce que j'ai, je le dois à mes batailles électorales. J'ai été élu député, j'ai été élu président de la République. Je n'ai jamais été nommé. Donc je n'ai jamais eu un coup de pouce de quelqu'un d'autre pour occuper une position. Toutes les positions que j'ai occupées, je les ai conquises par les élections.
Mais M. le Président, votre mandat s'est interrompu en 2005 ?
Non ! Madame. La Constitution de Côte d'Ivoire que nous appliquons n'a pas dit ça. La Constitution de Côte d'Ivoire dit qu'en cas de difficultés graves, division du pays en deux par exemple et c'est écrit dans la Constitution, rendant impossible la tenue des élections, le Président de la République discute avec le Conseil constitutionnel, il s'adresse à la Nation et il reste au pouvoir. Ça c'est l'article 38 de la Constitution. Donc il ne faut pas dire que mon mandat est interrompu en 2005. 2005 c'était le terme normal s'il n'y avait pas eu de difficultés. Dès l'instant qu'il y a eu difficultés, la Constitution prévoit qui doit exercer le mandat présidentiel. Et c'est le président en place. C'est moi. Donc je ne fais rien d'anti-constitutionnel.
D'accord mais le temps que les élections aient lieux ?
Ah ! Oui mais pour moi-même parce qu'il faut qu'il y ait le renouvellement et une légitimité. Pour qu'on forme un gouvernement solide, uni et qu'on forme un gouvernement d'union. Donc nous souhaitons tout cela.
Est-ce que vous pensez qu'il pourrait avoir un retour à la violence ?
En ce moment-ci, je crois que c'est exclu. Mais on ne sait jamais. Il y a des violences qui arrivent sans qu'on ne les ait prévues. Mais pour la Côte d'Ivoire et pour la sortie de crise que nous sommes en train d'apprêter, je ne crois pas qu'elle puisse être interrompue par des actes de violence.
Le secrétaire d'Etat à la coopération est venu le 05 mai dernier à Abidjan. Il y a 5 ministres qui sont venus depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Comment qualifiez-vous aujourd'hui les relations entre la France et la Côte d'Ivoire ?
Elles sont meilleures que du temps de Jacques Chirac.
C'est-à-dire ? Est-ce qu'on va vers une sorte de réchauffement?
Oui, je dis qu'elles sont meilleures mais elles ne sont pas seulement meilleures en terme de… meilleures ce n'est pas seulement un adjectif mais je l'ai déjà dit à un de vos collègues : depuis que Jacques Chirac est parti, je dors maintenant d'un sommeil profond et je me réveille tranquillement sans penser que la nuit, on peut agiter des militaires à droite et à gauche. On se comporte comme dans un Etat civilisé.
C'est donc une page nouvelle ?
Oui c'est une page en tout cas nouvelle par rapport à celle qui était là.
Interview retranscrite par Diarrassouba Sory et Serges Amani
Merci beaucoup monsieur le président de nous recevoir chez vous dans votre résidence à Cocody. Le 1er tour des élections présidentielles aura lieu le 29 novembre de cette année. Allez vous tenir ce rendez-vous pour cette fois ?
Ce n'est pas à moi qu'il faut poser la question, madame. Dans les institutions ivoiriennes, il y a la commission électorale indépendante (Cei) dont le président se trouve être M. Beugré Mambé. Donc tout ce que je peux vous dire sur les élections vient de lui. Nous avons travaillé ensemble, le Premier ministre, la Cei et moi-même. Je pense qu'on doit soutenir la date. Vous savez ce qui est important dans cette élection, c'est que la guerre qui nous a été déclenchée avec comme une des raisons essentielles, le fait qu'une partie des Ivoiriens ne sont pas identifiés, qui ne sont pas considérés comme Ivoiriens, qui n'ont pas de papier. Donc, nous avons pris une entreprise étrangère la Sagem pour identifier tout le monde. On ne peut pas faire des élections si les Ivoiriens ne sont pas identifiés. Puisque cela a été une des causes de la guerre. C'est pourquoi c'est lent. C'est lent, c'est lourd. Après avoir fait une partie de l'identification, et avoir calculé tout le temps qu'il faut, je pense donc que le 29 novembre, c'est-à-dire tous ceux qui décident, nous pensons que la date du 29 novembre 2009 peut être tenue. Comme on n'identifie pas tout le monde, on ne recense pas tout le monde. On recense uniquement ceux qui ont dix huit ans et plus, nous pensons qu'il faut être serein, le reste du temps c'est-à-dire 6 mois, c'est suffisant pour faire le travail.
Peut-on faire confiance justement au procédé de recensement ? Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui seront recensés avec cette nouvelle méthode ou est-ce que vous envisageriez de contester la nationalité de certains électeurs inscrits?
La sécurité de cette identification, c'est qu'on dit que tous ceux qui sont inscrits sur les listes électorales et qui vont prendre part aux votes seront donc considérés comme ivoiriens, donc ils vont avoir automatiquement leur carte nationale d'identité.
Pas de contestation ?
Non pas du tout. C'est pourquoi, le procédé prévoit qu'après le recensement brut, il va avoir une phase, que la Cei a déterminée comme devra durer six semaines à un mois, pour faire des croisements avec des fichiers historiques. Afin de débusquer ceux qui ne sont pas ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout cela est prévu. Les décrets ont été signés pour que les préfets, les procureurs soient installés partout, que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux redéploie les gardes pénitentiaires etc. Je veux dire, nous rentrons dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de façons normales devant des juridictions normales. Nous avons calculé tout cela c'est pourquoi, nous avons placé les élections assez loin, pour que nous ayons le temps de faire tout.
Donc le recensement a bien progressé ?
Le recensement a bien progressé. Comme on ne recense pas tout le monde. On recense uniquement ceux qui ont 18 ans et plus, ceux qui ont 16 ans et plus parce que ceux-là ne prennent pas part au vote à part ceux qui ont 18 ans et plus. Nous pensons que le temps qui reste, c'est-à-dire 6 mois, c'est suffisant pour faire le reste du travail.
Est-ce que vous faites confiance au procédé de recensement. Est-ce que ce sont des Ivoiriens qui sont recensés justement parmi ces 6 millions d'électeurs. Est-ce que vous envisageriez de contester par exemple la nationalité de certains électeurs inscrits?
Mais bien sûr qu'il y a des… Parce que la spécificité de cette identification, c'est qu'on dit que tous ceux qui seront inscrits sur les listes sont ceux qui vont prendre part au vote. Ils seront donc considérés comme Ivoiriens. Ils vont donc avoir automatiquement leur carte d'identité nationale.
Donc il ne s'agira pas de contester ça ?
Ah non. Une fois que ce sera fait. C'est pourquoi le procédé prévoit justement qu'après l'identification brute, il va avoir une phase que la Cei a déterminé comme devant durer 6 semaines ou 2 mois pour faire les croisements avec les fichiers historiques pour débusquer ceux qui ne sont pas Ivoiriens et qui se sont faufilés sur les listes. Donc tout ça c'est prévu.
Il y aura des contestations ? Et ça peut encore retarder beaucoup de choses ?
Non, le temps pour faire ces contestations est prévu. Les décrets ont été signés pour que les juges soient installés partout, les procureurs, que les prisons soient ouvertes. Nous attendons que le garde des sceaux redéploie les gardes pénitentiaires. Je veux dire qu'on rentre dans une vie normale, dans des contestations normales, réglées de façon normale, devant des juridictions normales. On a calculé tout ça, c'est pourquoi on a placé les élections assez loin pour qu'on ait le temps de faire toutes les zones, les chefs locaux issus des clans rebelles doivent passer le pouvoir aux préfets. Il y a eu la passation de pouvoir à Bouaké.
Quelle est la signification de ce qui s'est passé à Bouaké. Est-ce que c'est significatif ?
Bien entendu. Il y a eu toutes les passations du pouvoir, hier (Ndlr : mardi dernier) parce que, on trouve 10 Com'zones. Au lieu de faire 10 préfectures, 10 régions, on a fait une fois en tout. Ils étaient tous là. On a fait. Maintenant, le ministre de l'Intérieur va parcourir les différents départements pour installer les préfets. C'est important. C'est pour montrer qu'il n'y a plus de problème politique sur ce débat-là. Il n'y a pas de débat politique. Les problèmes qui peuvent exister sont des débats techniques et pratiques. A savoir que tel préfet de tel département n'a pas encore ses bureaux prêts, n'a pas encore son logement prêt. Mais sur le fond, il n'y a plus de problème.
Il faut encore désarmer, cela dit, les Com'zones. Qu'est-ce que vous allez leur donner en échange ?
Ce sont des anciens combattants qu'il faut désarmer.
Alors qu'est-ce que vous allez leur proposer en échange ? Vous allez les envoyer dans l'armée ? Vous allez leur proposer de l'argent ?
Madame, il faut lire l'accord complémentaire 4 de Ouagadougou. Tout est là-dedans. Tout le monde ne pourra pas rentrer dans l'armée parce que tout le monde ne rentre pas dans l'armée. Ça c'est évident. Tout le monde ne devient pas gendarme, tout le monde ne devient pas policier. Il y a beaucoup qui vont retourner à la vie civile. Ils ont déjà commencé, on ne le dit pas assez. Sur les 10 Com'zones, il y en a qui ont déjà commencé à créer leurs entreprises, à travailler. Nous on a moins de pressions sur cette affaire que sur les autres. Pour les autres, les ex-combattants, l'accord prévoit qu'on doit les encaserner dans 4 villes. Bouaké, Man, Séguéla, Korhogo. On va commencer d'ici 2 ou 3 semaines à faire cette opération. Et c'est en ce moment-là qu'on parle de désarmement. Tout combattant qui rentre dans un camp dépose automatiquement son arme avant de rentrer.
Ça sera réaliste avant cet automne, avant novembre ?
L'accord a été signé d'accord partie.
Signé un accord et le rendre effectif c'est différent ?
Oui mais cette fois-ci nous tenons le bon bout.
Et s'ils ne déposaient pas les armes, les élections auraient-elles lieux ?
Je pense que les élections auront lieu parce qu'ils auront déposé les armes.
Seriez-vous candidat à ces élections Monsieur le Président ?
Ecoutez, j'ai beaucoup d'admiration pour vous et France 24. C'est pas comme ça au pied levé que je vais annoncer que je suis candidat ou pas ? Pour le moment, je suis Président de la République. Je m'occupe de faire avancer les accords de Ouagadougou. Je m'occupe de faire la réunification du pays. Je m'occupe de faire le désarmement. Je m'occupe de faire avancer les choses de la paix. Une fois que j'aurais estimé que ces choses-là sont bien avancées, eh bien ! je m'exprimerai sur le sujet qui vous préoccupe.
Donc si vous vous présentez est-ce que vous vous soumettriez au verdict des urnes ?
Mais sinon ça veut dire quoi se présenter aux élections ? Si on ne se soumet pas aux verdicts des urnes ça veut dire quoi ?
Vous accepterez un combat démocratique ?
Mais ça veut dire quoi madame sinon ? Moi je suis un enfant des élections. Je n'ai jamais été nommé à un poste. Contrairement à beaucoup d'autres en Côte d'Ivoire. Tout ce que j'ai, je le dois à mes batailles électorales. J'ai été élu député, j'ai été élu président de la République. Je n'ai jamais été nommé. Donc je n'ai jamais eu un coup de pouce de quelqu'un d'autre pour occuper une position. Toutes les positions que j'ai occupées, je les ai conquises par les élections.
Mais M. le Président, votre mandat s'est interrompu en 2005 ?
Non ! Madame. La Constitution de Côte d'Ivoire que nous appliquons n'a pas dit ça. La Constitution de Côte d'Ivoire dit qu'en cas de difficultés graves, division du pays en deux par exemple et c'est écrit dans la Constitution, rendant impossible la tenue des élections, le Président de la République discute avec le Conseil constitutionnel, il s'adresse à la Nation et il reste au pouvoir. Ça c'est l'article 38 de la Constitution. Donc il ne faut pas dire que mon mandat est interrompu en 2005. 2005 c'était le terme normal s'il n'y avait pas eu de difficultés. Dès l'instant qu'il y a eu difficultés, la Constitution prévoit qui doit exercer le mandat présidentiel. Et c'est le président en place. C'est moi. Donc je ne fais rien d'anti-constitutionnel.
D'accord mais le temps que les élections aient lieux ?
Ah ! Oui mais pour moi-même parce qu'il faut qu'il y ait le renouvellement et une légitimité. Pour qu'on forme un gouvernement solide, uni et qu'on forme un gouvernement d'union. Donc nous souhaitons tout cela.
Est-ce que vous pensez qu'il pourrait avoir un retour à la violence ?
En ce moment-ci, je crois que c'est exclu. Mais on ne sait jamais. Il y a des violences qui arrivent sans qu'on ne les ait prévues. Mais pour la Côte d'Ivoire et pour la sortie de crise que nous sommes en train d'apprêter, je ne crois pas qu'elle puisse être interrompue par des actes de violence.
Le secrétaire d'Etat à la coopération est venu le 05 mai dernier à Abidjan. Il y a 5 ministres qui sont venus depuis l'élection de Nicolas Sarkozy. Comment qualifiez-vous aujourd'hui les relations entre la France et la Côte d'Ivoire ?
Elles sont meilleures que du temps de Jacques Chirac.
C'est-à-dire ? Est-ce qu'on va vers une sorte de réchauffement?
Oui, je dis qu'elles sont meilleures mais elles ne sont pas seulement meilleures en terme de… meilleures ce n'est pas seulement un adjectif mais je l'ai déjà dit à un de vos collègues : depuis que Jacques Chirac est parti, je dors maintenant d'un sommeil profond et je me réveille tranquillement sans penser que la nuit, on peut agiter des militaires à droite et à gauche. On se comporte comme dans un Etat civilisé.
C'est donc une page nouvelle ?
Oui c'est une page en tout cas nouvelle par rapport à celle qui était là.
Interview retranscrite par Diarrassouba Sory et Serges Amani