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Politique Publié le vendredi 29 mai 2009 | Le Repère

Pasteur Pascal Tagoua (Candidat indépendant) : “M. Gbagbo, ne briguez plus un autre mandat”

Pascal Tagoua est pasteur. Il est le président du Corps diplomatique chrétien, le vice-président de la Prophétie biblique de Philadelphie aux Etats-Unis et le président fondateur de " Feelers line ministry ". Depuis qu`il a déclaré son intention de briguer la magistrature suprême, il reçoit du monde dans son QG de la Riviera Palmeraie. Ce samedi 23 mai, il nous reçoit dans une résidence en réfection à la Riviera Attoban. Il est en compagnie de son épouse. Il s`étonne que nous nous présentions devant lui en pantalon Jean`S. "Je ne comprends pas les journalistes ivoiriens. Ils viennent faire des interviews en pantalon Jean`S à des hommes d`Etat ", déclare-t-il avec son tic anglophone. L`homme parle comme il prêche, avec des phrases souvent en Anglais. Quand on lui parle de son curriculum vitae, il rétorque que ce n`est pas important, bien qu`il revendique plusieurs diplômes supérieurs. " Si les diplômes pouvaient régler les choses, nous n`en serions pas là. Voyez-vous, ils sont tous des enseignants, nos dirigeants ".



Une question toute simple avant de commencer : qu`est-ce qui peut pousser un pasteur à faire de la politique et à vouloir se porter candidat à l`élection présidentielle ?

C`est une question à laquelle, M. André Silver, j`ai répondu à plusieurs reprises. Mais étant donné que la répétition relève de la pédagogie, je vais vous répondre. Vous savez, un pasteur est celui qui a le souci du bien-être des hommes et des femmes qui habitent une cité, une nation. L`église est l`extension de la Nation et vice-versa. Les deux s`entremêlent. On ne peut pas être pasteur, avoir une pensée pieuse de la gestion des âmes et rester en dehors de la politique qui est la gestion des âmes. J`entends les gens dire " Dieu t`a appelé pour gérer les âmes et maintenant tu veux gérer les hommes ". L`homme est tripartite : âme, esprit et corps. Nous avons la gestion de l`esprit et du corps en même temps. Sinon, Jésus n`aurait jamais dit à ses apôtres : " Donnez-leur vous-mêmes à manger ". Cela veut dire que nous devons pourvoir aux besoins des hommes, les aider à se prendre en charge, créer une cité qui soit assez bien établie du point de vue de la bonne gouvernance, de la démocratie, afin que les hommes et les femmes, les âmes puissent vivent paisiblement dans la cité. C`est cela qui incite l`homme de Dieu à aller jusqu`au sommet de l`Etat où les grandes décisions sont prises.


Que reprochez-vous dans la gestion des affaires publiques en Côte d`Ivoire ?

Je n`ai pas besoin de faire des reproches, je constate que le développement est un échec, le règlement des conflits est un échec. Ce n`est certainement pas la bonne volonté qui manque aux dirigeants et aux parties prenantes au conflit. Seulement, je constate que l`accord politique de Ouagadougou, signé il y a trente mois, est en train de piétiner. Un exemple très simple et récent : les Fn (Forces nouvelles, ex-rébellion du Premier ministre Guillaume Soro, ndlr) déclaraient qu`après la passation des charges entre leurs commandants de zone et les préfets, les premiers demeureraient dans leurs fonctions. Donc, il y a toujours un bras de fer. A vrai dire, je suis en train de porter mes habits de diplomate pour pouvoir passer à l`étape de la diplomatie. S`asseoir et prier, c`est faire bouger le spirituel dans les cieux, mais en même temps participer à l`action de façon concrète est quelque chose qui est à saluer. Oui, encore une fois, nous voulons faire les deux.


Comment expliquez-vous les blocages que vous dites constater ?

Je ne peux pas donner d`explication. Est-ce un manque de volonté politique ? Je ne peux pas répondre par oui ou par non. Je ne fais que constater. Cependant, je pense qu`il n`y a pas un chef d`Etat dans le monde entier qui serait venu au pouvoir pour faire souffrir son peuple. Je pense que tous ceux qui discutent, notamment les deux partenaires de la paix, comme j`appelle le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro, ont de bonnes intentions pour la Côte d`Ivoire. Je pense qu`il y a des problèmes de personne. C`est juste cela.


Que savez-vous des problèmes de personne entre le chef de l`Etat et le patron des Forces nouvelles, son premier ministre ?

Ce que j`en sais ? Juste ce que j`ai dit concernant les commandants de zone Fn. C`est vous les journalistes qui nous informez. Il y a des armes lourdes qui sortent par-ci par-là.


Les problèmes, vous en conviendrez n`ont rien de personnel.

Bien sûr que ce n`est pas personnel. Mais ce sont des problèmes créés par des personnes qui se transposent sur la scène politique. Malheureusement. Sinon comment peut-on aller écrire des accords sur lesquels nous nous sommes mis d`accord (au risque de me répéter) et puis à la fin, ne pas arriver à les appliquer ? C`est vrai, je suis d`accord qu`on dise qu`on ne sort pas de la crise comme d`un dîner gala, mais on ne va pas encore attendre 3, 4 ou 5 ans pour sortir de la crise. Cela veut dire qu`il y a bien quelque chose qui retarde le processus. Que cette chose soit politique ou un problème de personne, nous constatons.


Récemment un prêtre catholique, l`Abbé Marius Boileau Dayoro a fait une sortie dans la presse diversement appréciée où il appelait le chef de l`Etat à mettre fin aux souffrances du peuple par des élections rapides. D`autres prêtres avant lui, ont fait presque les mêmes sorties. Que pensez-vous de cette subite révolte des soutanes ?

Je n`ai pas eu toutes les informations concernant les déclarations de l`abbé Marius. Je ne connais pas ses motivations. J`avoue que je ne sais pas très bien ce qui a été dit et comment cela a été dit parce que je vais vous dire une chose. Dans mon analogie spirituelle et politique, je pense que si tu veux que les tenants du pouvoir d`Etat écoutent ce que tu veux leur dire, il faut y mettre le ton, parce que tout le monde attend de bons conseils. Si tu viens avec un ton de guerre, on ne t`écoutera pas. Je veux que nous les hommes de Dieu, y allions avec le ton et que les journalistes aussi nous y aident.


Autrement dit, l`Abbé Marius Boileau Dayoro n`a pas utilité le bon ton.

Je ne sais pas. Je parle de façon générale. Mais c`est vrai que je puis dire à peu près la même chose qu`il a dite. A savoir qu`il va de la maturité politique, du génie politique des deux personnalités de l`exécutif, de nous sortir de ce marasme. Ils ont tout intérêt à faire un sacrifice de soi-même. Je veux bien pousser ma pensée un peu plus loin. Hier (vendredi 22 mai, ndlr) j`étais aux journées du consensus national de la Convention de la société civile. Ces assises ont bien démontré que les accords de Ouagadougou contiennent des dispositions telles que même le président qui sera élu, au terme du scrutin, aura du pain sur la planche. Alors qu`il ne faudrait pas que le Président qui arrive ait à gérer un mauvais héritage. Tout ceci devrait être revu dans une assise nationale pour qu`on puisse effriter les choses, les soupeser et les rendre davantage gérables. Donc, je le dis, c`est vrai, aujourd`hui la souffrance des Ivoiriens peut être attribuée, à tort ou à raison, aux deux partenaires de la paix qui sont le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro. Je reconnais qu`ils font des efforts, mais ils doivent faire mieux que ça, pour que nous soyons satisfaits. Ils ont un devoir de résultat et nous les encourageons à atteindre ce résultat.


Le chef de l`Etat, on le sait, se fait de plus en plus entourer de pasteurs. Idem pour d`autres hommes politiques. Quel est votre avis sur cette mode politicienne ?

Je crois qu`un chef d`Etat ou un homme politique est libre de se faire entourer par qui il veut. C`est une très bonne initiative de se faire entourer d`hommes spirituels pour pouvoir prendre des décisions très sages au moment où il faut les prendre. Mon seul problème est qu`avec tout cet entourage du chef de l`Etat, on est resté dans le bourbier. Nous pensons qu`avec toute cette force spirituelle autour de lui, les choses devraient bouger, mais on se rend compte que ça ne bouge pas comme nous l`avons souhaité.


Et nous nous rendons compte pour notre part de la positivité de " cette force spirituelle autour du chef de l`Etat ".
Oh ! Je ne parlerais pas de positivité. Je dirais que cette force spirituelle n`arrive pas à se mettre véritablement en mouvement pour déplacer les montagnes.


En clair, la foi manque. N`est-ce pas ?

Il y a bien quelque chose qui manque. Peut-être est-ce la foi ? Peut-être avons-nous déjà entendu des réflexions du genre "?Nous donnons les conseils, mais c`est à lui de les appliquer " Une chose est certaine, il y a manque de synergie.


Tout à l`heure, vous avez déclaré "l`intérêt" des deux "partenaires de la paix". D`un côté, il y a le chef de l`Etat qui gouverne sans réélection depuis octobre 2000. De l`autre, il y a le Premier ministre qui contrôle des ressources d`une partie du pays, sans élection. A part le "sacrifice de soi", quel intérêt auraient-ils à organiser des élections ?

Ils ont d`abord cet intérêt louable qui est le fait qu`on retiendra, au finish, qu`ils ont pu conduire la Côte d`Ivoire à bon port. Je ne pense pas que tous les bons dirigeants refusent ce genre de choses. Quand tu es à la tête d`un pays, ton intérêt est de satisfaire le peuple. Je crois qu`ils ont grand intérêt à satisfaire le peuple et que c`est à cela qu`ils aspirent. Je puis vous dire qu`ils ont même soif et hâte de voir les fruits de ce grand travail qu`ils ont abattu. Mais, comme je le dis souvent, ce n`est pas toujours ceux qui abattent un grand travail, qui bénéficient du fruit. C`est peut-être ce que Dieu leur a donné de faire. C`est peut-être à cela que nous devons arriver. Alors, il faudrait qu`ils passent le relais à un autre groupe. Je le répète, souvent on a envie de faire quelque chose pour que le peuple retienne que telle personne est passée à la tête du pays et voilà ses bonnes intentions, malheureusement, cela n`a pas été cas. Et si, dans notre cas, cela n`a pas été le cas, il faut savoir s`arrêter.


Pouvez-vous être plus clair, plus précis ?

Oui. Si cela avait été moi, si ça ne marche pas après trente moi, il ne faut pas forcer. Il faut passer à des assises nationales. Mais encore, ayant dit cela, moi j`ai mon calendrier. Mon calendrier, c`est le 31 décembre 2009. Au 1er janvier 2010, je pense qu`on devrait s`asseoir et tirer des conclusions.


Quel genre de conclusion doit-on tirer ?

Si ça n`a pas marché, je le dis, je l`assume, il faut rendre le tablier. Ce serait une grandeur d`esprit.


Qui devrait démissionner ? Le chef de l`Etat ou le Premier ministre ?

Tous les deux devraient démissionner. Pour permettre à cette jeune démocratie de Côte d`Ivoire, je le répète, de faire des avancées notables. Je pense qu`il serait d`une grandeur d`esprit, de rendre le tablier si au 1er janvier 2010, rien n`a bougé.


Restons dans votre démarche idéaliste. Comment entrevoyez-vous la gestion de la transition après la démission des deux responsables de l`exécutif ?

La gestion de la transition reposerait sur le consensus national qui a commencé à se mettre en place. Croyez-moi, ce ne sont pas les Ivoiriens capables qui manquent. Il y a plein d`Ivoiriens très capables qui sont prêts dans la société civile et par le consensus national, à pouvoir jeter les bases d`une nouvelle nation.


Pouvez-vous citer quelques noms de ces Ivoiriens capables ?

Ce ne serait pas souhaitable.


Quel est le portrait de celui qui pourrait diriger une transition en Côte d`Ivoire ?

Je ne pense pas qu`on soit au niveau d`une seule personne. Il n`y a pas de personne qui viendrait toute seule faire un miracle. Ce n`est pas possible. Il n`y a que Jésus Christ le Seigneur qui peut faire cela. Mais, il y a des groupes de personnes qui peuvent s`asseoir, discuter, trouver un consensus, avoir un contrat et puis mener une bonne transition qui aboutisse à des élections approuvées de tous. Ce n`est pas une seule personne qui viendrait jouer au grand manitou, non je ne crois pas à cela. Cette personne va être assistée par une classe sinon politique mieux technocratique, qui va certainement dénouer le problème.


Revenons dans la réalité politique. Après avoir lancé un ultimatum à l`exécutif, s`il n`y a ni élection, ni démission, quelles sont vos propositions ?

Je vais encore appeler les deux partenaires de la paix à démissionner dans leur intérêt. Mais la dernière décision leur appartient. Moi, je fais une suggestion qui est bien pour eux parce que voyez-vous, nous vivons dans un grand village planétaire. Il y a le président américain Obama qui a déjà choisi parmi les 53 pays africains, le Ghana à côté de nous, où il va effectuer une visite officielle. Pourquoi ? Parce qu`il y a une très bonne transition politique. Même la France de Nicolas Sarkozy est en train d`envoyer tous ceux qu`elle peut envoyer, sauf la tête elle-même. L`ambassadeur de France en Côte d`Ivoire, M. Janier, qui est en train de faire ses derniers jours dans notre pays, a dit qu`il croit que les chefs d`Etat se sont entendus pour ne se rendre visite qu`après les élections. Pourquoi cela ? Cela veut dire qu`il y a quelque chose qui n`est pas démocratiquement accepté. Donc, il ne faut pas cautionner cela. Nous sommes donc embarrassés vis-à-vis de l`international, vis-à-vis de nos amis de la sous-région, tel le Ghana. Si nous avons hâte de sortir de cette situation, je fais une proposition mûre, il faut rendre le tablier de sorte que cette jeune démocrate ait la chance de se raffermir.


Cette proposition que vous avez, tourne à l`obsession.

Nullement. Il y a d`autres qui l`ont fait. Gentiment. Nelson Mandela a rendu le tablier en Afrique du Sud, juste après un mandat. Georges Walker Bush, après deux mandats qui ont été difficiles, n`a pas dit "non, pendant mon mandat, les deux tours jumelles ont été détruites par des terroristes. Donc, le premier ne compte pas, il faut que je recommence". Non ! Je le dis honnêtement, nous avons du respect pour le président de la république Laurent Gbagbo, du fait de ses prises de position d`antan. Nous croyons qu`il est un démocrate et qu`il devrait se pencher, pour comprendre qu`après deux mandats, il serait bienséant et honorable qu`il se retire sans vouloir chercher une autre raison. Mais, il est libre de vouloir rester encore. Voyez-vous dans cette crise, à force de charger les présidents, d`attendre d`eux des miracles, avec le temps qui se prolonge, la course à la montre parce que le terme d`un deuxième mandat est en train d`arriver, il y a des erreurs qui peuvent se commettre à cause de la pression du national comme de l`international, telle que par exemple la sortie de prison du journaliste Jean Paul Ney. La manière dont cette sortie a été faite fait honte à notre démocratie, à notre justice. Voici quelqu`un qui a été appréhendé pour un coup d`Etat présumé en Côte d`Ivoire, qui a été jeté en prison en Côte d`Ivoire et qui en ressort, comme s`il sortait d`un palais. Il prend un avion et il retourne en France. Parce qu`un émissaire serait venu de France, M Johandet en l`occurrence, après avoir parlé avec le chef d`Etat, sans passer par des procédures judiciaires, fait une déclaration à la grande honte de nos institutions. Cela prouve que nos dirigeants sont fatigués. Et l`international nous regarde.


Vous avez dit "deux mandats", était-ce un Lapsus ?

Oui, j`ai dit deux mandats. Oui, c`est un lapsus. Mais, le chef de l`Etat a fait un mandat qui a continué sur deux termes. Donc après cela, on n`a pas besoin d`attendre pour briguer, si vous voulez, un troisième mandat.


Que voulez-vous laisser entendre précisément ?

Pour être plus clair, je le dis puisque quand tu aimes quelqu`un, il faut bien lui dire la vérité sans le blesser, il serait souhaitable qu`au lendemain du calendrier que j`ai fixé, le chef de l`Etat ne parle même plus de briguer un autre mandat. Pour moi, s`il le fait, cela va nous replonger dans les discussions de texte et on va retomber dans l`africanisme, le patriotisme, l`héritage qui ne sont pas bien pour la Côte d`Ivoire. Il y a des gens, des groupes qui peuvent encore diriger la Côte d`Ivoire. Il a fait ce qu`il devrait faire et je pense qu`il doit tirer sa révérence sur une très bonne note. Cette très bonne note est l`esprit de grandeur qui consiste à dire : "Merci les amis, j`ai fait ce que je pouvais. Je n`arrive pas à trouver une solution. J`ai fait dix ans sans le vouloir, je vous laisse la place". Ça, c`est une grandeur d`esprit. D`autres chefs d`Etat l`ont fait. Il n`est pas obligé, pour sa part de le faire. C`est ce que je conseille de faire.


A quelques mois de la tenue théorique du premier tour de l`élection présidentielle, vous passez encore pour un candidat anonyme. Comment comptez-vous renverser la vapeur en si peu de temps ?

Les Ivoiriens qui doivent voter le révérend Tagoua sont au maximum huit millions, voire dix millions si on s`en tient aux chiffres de la CEI (Commission indépendante, ndlr). Dans les six millions, si nous avons trois millions qui nous connaissent et qui votent pour nous, nous sortons majoritaires. Nous ne nous inquiétons donc pas pour ça. C`est vrai que médiatiquement nous ne sommes pas présent, mais nous sommes présents dans les régions les plus reculées. On était récemment à Grand Lahou. Au moment où je vous parle, mon équipe est à Guéyo, loin d`ici. Une partie de mon équipe revient, au moment où je vous parle, de Bouaké. La machine est en route. Ne vous trompez pas. Nous sommes là où il faut être et au moment où il faut l`être. C`est la presse qui ne nous rejoint pas, mais nous faisons notre travail.


Combien de supporters revendiquez-vous ?

Vous savez, ça c`est de la politique politicienne. Tout le monde peut gonfler des chiffres. On n`a pas encore établi de statistique fiable mais je crois qu`un bon nombre de personnes qui aspirent à la neutralité, au changement, nous rejoignent. Nous ne voulons pas nous inscrire dans une campagne où on fait du tapage et où on parle à tout le monde donc des personnes en même temps. Nous voulons parler avec des gens, en faisant du porte-à-porte, de façon sérieuse, arracher des voix qui sont timides et gagner des voix qui s`attendent à quelque chose de nouveau. Pour nous, c`est la campagne à l`américaine, à ne pas comparer avec celles que proposent des gens sur notre continent et dans notre jeune démocratie. Nous avons l`expérience des campagnes d`évangélisation. C`est ce que nous mettons en pratique.


En quelques lignes, qu`est-ce que vous proposez de nouveau par rapport à tous les projets de société que les Ivoiriens ont déjà eu à découvrir, à expérimenter ou à entendre ?

On a quelque chose de très différent dans la main, ne serait-ce que dans la technicité des programmes. Ce qui ne s`est pas encore réalisé, c`est la paix. Nous proposons de réunifier la Côte d`Ivoire, d`être l`équipe qui soit neutre et qui n`ait aucun chagrin, aucune pensée de revanche contre qui que ce soit, qui puisse tendre la main à tous les Ivoiriens autour d`une table pour pouvoir amener les Ivoiriens à bon port. Ceci est un point capital. L`un des chantiers essentiels auquel je vais m`attaquer est l`administration. La lourdeur de l`administration en Côte d`Ivoire est un frein à notre développement. Nous voulons nous y atteler pour que la lourdeur de l`administration soit un passé lointain de sorte qu`un papier émis à Zuénouma puisse arriver à Abidjan, avec la traçabilité. C`est ça qui est la clarté, la transparence d`une administration. C`est à partir de là que les investisseurs peuvent arriver. Les seules administrations où quand tu déposes un courrier, tu n`as jamais de réponse, sont en Côte d`Ivoire. Je n`accuse pas la guerre pour ça. Cet état de chose existe depuis longtemps. Nous voulons briser cela de sorte qu`une personne n`attende pas trois mois pour un papier à la justice, que le retraité n`attende pas deux ans sur le perron qu’il meure sur le perron. C`est un pari, nous voulons le gagner.


Révérend, le mardi 26 Mai dernier a eu lieu la passation de charges entre les Préfets et les Com`zones. Quelles appréciations faites-vous de cet événement ?
Comme je le disais plus haut, les deux partenaires ont intérêt à ramener la paix. Je me félicite qu`ils aient pu franchir cette étape qui était très importante dans le processus. Cet acte est un symbole du retour à la normalité politique et administrative. Il faut que nous atteignions ce point quoi qu`il en soit. Nous croyons que le redéploiement des préfets et donc de l`administration marque un pas franc de plus vers la sortie de crise définitive. Il faut que cela soit effectif et sans embûches, que les préfets reprennent pleinement leur rôle.

Nous entendons des bruits, certes, mais, cela ne doit en aucun cas, faire place à la suspicion, au doute.

Nous osons croire que les deux parties sont sincères et qu`elles sont capables de se surpasser pour le retour de la paix. Seuls la vérité et le pardon doivent nous guider. La paix véritable est possible, il faut y croire. Nous en avons besoin pour aller vite aux élections pour une paix totale et durable pour le développement du pays tout entier.

Interview réalisée par André Silver Konan
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