Présidentielle 2009 : Opposition ivoirienne, une victoire à la Pyrrhus ?

L`opposition ivoirienne a applaudi des deux mains et sonné le clairon parce qu`une date a été fixée pour la prochaine élection présidentielle : le 29 novembre 2009.

C`est un cœur joyeux qui chante les dithyrambes de nous ne savons qui, pour avoir enfin fait connaître la date de cette élection.

On semble avoir vite oublié que non seulement cette élection devait avoir lieu en octobre 2005 mais surtout que par deux fois, des dates ont été arrêtées et publiées qui n`ont pas été respectées parce que "ce n`est pas la mort", l`élection présidentielle ne s`étant pas déroulée en octobre 2005 sans que le ciel nous tombe sur la tête.

On minimise le fait que la Cei, seule ( ???) habilitée à fixer les dates des élections, avait proposé le 11 ou le 25 octobre 2009.

Et on ne nous dit pas pourquoi ces dates n`ont pas été retenues.

Monsieur Gbagbo a décidé de tourner la Cei en bourrique mais personne ne s`en soucie.
Malgré ce camouflet, on applaudit monsieur Gbagbo qui décide tout seul de nous envoyer au 29 novembre.

Qu`est-ce qui rendait impossible la tenue de l`élection les 11 et 25 octobre et qui aura subitement disparu le 29 novembre ? Qu`on nous le dise !

Tout le monde est conscient de ce que si monsieur Gbagbo avait la moindre chance de remporter les élections en 2005, il aurait trouvé tous les arguments pour les organiser même sur le territoire de sa seule Côte d`Ivoire utile.

Toutes les arguties constitutionnelles pour jouir d`un mandat illégal n`ont été déployées que pour tenter de dissimuler l`échec qui pointait à l`horizon.

L`opposition veut se convaincre que c`est son ultimatum d`une semaine qui a abouti à ce résultat sans souligner que les dates des 11 et 29 octobre qui lui convenaient pourtant ont été rejetées par monsieur Gbagbo qui entend toujours démontrer qu`il est le seul maître à bord.
Finalement, quoi que dise l`opposition, c`est le camp présidentiel qui a encore une fois gagné.
L`opposition se fait ainsi l`accompagnateur soumis du chef de l`Etat dont elle accepte les caprices et les oukazes sans broncher.

Pour cette opposition, l`essentiel est que cette élection ait lieu et qu`on en connaisse enfin la date.
Bref, l`opposition ivoirienne dit avoir remporté une grande victoire…Stratégique et nous devons nous réjouir avec elle-même si elle avale quelques couleuvres et en attendant que l`adage "jamais deux sans trois" s`observe de nouveau.

Et comme à son habitude, elle se réunira en urgence pour pondre un communiqué condamnant les manœuvres dilatoires de l`ancien président de la République et rien de nouveau ne se produira sous le soleil.

Depuis bientôt cinq ans, l`opposition, par sa passive complicité, aide monsieur Gbagbo et le Fpi à détruire la Côte d`Ivoire, convaincue qu`elle est que tout rentrera dans l`ordre dès qu`elle sera au pouvoir.

Encore faut-il que les élections aient lieu !

En attendant cette issue heureuse ( ?), l`opposition ivoirienne, surtout le Rhdp, est devenue d`un suivisme inquiétant qui déroute ses militants et provoque la jubilation chez l`adversaire.

Car n`oublions pas que pendant qu`on se fait sage, patient et pondéré, les "petites" candidatures, voire les candidatures farfelues se multiplient au sein de l`opposition, surtout au Pdci, et on fait mine d`oublier qu`une voix qui se perd est une voix perdue et que cela est grave.

Quant aux législatives, aux communales et aux conseils généraux, il n`est un secret pour personne que les guerres fratricides ont déjà commencé et qu`on risque de se retrouver, comme en 2000, avec des militants ( ?) soutenant le candidat du Fpi pour n`avoir pas été retenus par leur parti.

C`est à ce jeu de perturbation et de division que se livre l`ancien président de la République qui se délecte de la pagaille qui règne déjà et l`opposition ne semble pas s`en émouvoir.

Malgré les écrits "triomphateurs" des journaux bleus qui ont transformé l`Onuci en structure d`enquête d`opinion qui annonce la victoire de monsieur Gbagbo, ce dernier est conscient de ce qu`il n`a aucune chance de l`emporter à la prochaine présidentielle et cherche déjà des alibis pour justifier le non respect de l`échéance qu`il a lui-même fixée.

1/ L`invasion imaginaire du pays par des assaillants opérant dans le sud-Comoé et détenant des stocks d`armes à Grand-Bassam.

2/ Le préalable d`un désarmement des seules Forces nouvelles avant toute élection.

S`agissant de cette pseudo invasion, il faut retenir que c`est là une vaste comédie mal ficelée des refondateurs pour amuser la galerie. Car cette incursion de martiens venus occuper la planète terre à partir de la Côte d`Ivoire ne peut que faire sourire.

Et puis pourquoi maintenant ? Pourquoi au moment où tout le monde se prépare pour les élections puisqu`une date a été désormais fixée ? En outre pourquoi le sud-Comoé ? Ces assaillants viendraient d`où ?

Comme toujours nous avons affaire à de piètres metteurs en scène qui ne connaissent même pas leur propre scénario.

Concernant par contre le préalable du chef de l`Etat exigeant le désarmement des Forces nouvelles avant toute élection, l`opposition doit retenir que c`est désormais le cheval de bataille de l`ancien président de la République qui entend par ce biais faire reporter pour la troisième fois l`élection présidentielle.

Car comment peut-on oublier que tout temps, il a été question de cantonnement de toutes les forces belligérantes sous la supervision des Forces impartiales ? Cette disposition inclut donc les Forces de défense et de sécurité et les milices tribales du chef de l`Etat et du Fpi.


Pourquoi donc l`ancien président de la République s`obstine-t-il à occulter les contraintes qui pèsent sur son camp pour ne charger que les seules Forces nouvelles ?

Nous savons tous par ailleurs que les Forces nouvelles sont peu enclines à désarmer toutes seules avant les élections parce qu`elles se méfient du camp présidentiel qui pourrait aller les trucider dès qu`elles seront sans armes.

Il se trouve que les exploits lugubres des Forces de défense et de sécurité et des milices dans la fameuse Côte d`Ivoire utile nous poussent à partager la méfiance et les inquiétudes des Forces nouvelles.

Car dans cette Côte d`Ivoire utile, tirer sur les populations civiles aux mains nues est le sport favori des forces citées plus haut.


Qui ne se souvient des 25, 26 et 27 mars 2004 et récemment des femmes manifestant contre la vie chère ?

C`est pourquoi, l`opposition doit, hic et nunc, rejeter de façon énergique ce préalable du chef de l`Etat pour éviter de se faire berner une troisième fois.

La réaction de l`opposition doit en effet être ferme et immédiate pour que ce préalable ne soit pas un refrain servi à temps et à contretemps par le camp présidentiel.

Monsieur Gbagbo et le Fpi savent en effet que les Forces nouvelles ne représentent aucun danger pour le bon déroulement du scrutin mais ils tiennent à cet alibi pour justifier un autre report des élections.

Des élections se sont déjà déroulées de façon tout à fait correcte dans des pays en guerre où aucune des forces belligérantes n`a été ni cantonnée, ni désarmée.

Pourquoi serait-ce en Côte d`Ivoire où les canons se sont tus depuis longtemps déjà et où les Forces nouvelles auront été regroupées et cantonnées que la catastrophe se produirait ?

N`est-ce pas plutôt parce que certains envisagent de semer des troubles ?

Dans tous les cas, de la même manière que monsieur Gbagbo est accroché à son pouvoir, de la même manière l`opposition devra s`accrocher à la date du 29 novembre qui est désormais une date non négociable.

L`opposition ne devra donc jamais plus baisser la garde pour éviter que monsieur Gbagbo n`aille subrepticement jusqu`en 2010 afin de boucler son second mandat illégal et anticonstitutionnel.
C`est en agissant ainsi que l`opposition ne sera pas victime d`un mirage et n`aura pas remporté une victoire à la Pyrrhus.

Doubé Binty