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Politique Publié le lundi 8 juin 2009 | Notre Voie

Edito EN PLEINE VOIE : Que les armes le cèdent donc à la toge

Ils sont tous en campagne. A six mois du premier tour de la présidentielle du 29 novembre 2009, aucun des trois “Grands” candidats à la présidentielle en Côte d’Ivoire ne veut plus s’en laisser conter. Du coup, les Ivoiriens apprennent à redécouvrir la joie de la conquête démocratique du pouvoir d’Etat. Et ils en redemandent.

Tenez ! Le président Laurent Gbagbo entame, aujourd’hui, une visite d’Etat dans le Grand Ouest. L’ancien opposant historique à feu Félix Houphouet-Boigny va renouer les contacts avec les populations des régions de Man, Touba et Odienné. Pendant douze (12) jour, le chef de l’Etat ivoirien sillonnera quelque seize (16) départements de l’Ouest (Man), au Nord-Ouest (Odienné), dans cette vaste partie de la Côte d’Ivoire défigurée par sept années de crise armée.

L’on peut imaginer, avec aisance, la joie du fondateur du Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir) qui repart ainsi à la rencontre des populations rurales pour lesquelles il a accepté, pendant trente années d’opposition pacifique (1970-2000), les brimades les plus inhumaines de la part de ses adversaires politiques, sous Houphouet et son unique Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, comme sous Henri Konan Bédié. “Enfant des élections”, comme il aime à se proclamer, le chef de l’Etat va profiter de cette visite pour mettre définitivement fin, dans cette zone, au douloureux souvenir de la partition du pays du fait de la crise armée du 19 septembre 2002. Mais il va surtout profiter de ce séjour -pourquoi se le cacher- pour poser des actes susceptibles de lui garantir le succès au scrutin présidentiel, le 29 novembre 2009. Laurent Gbagbo, candidat du FPI et de la mouvance présidentielle CNRD, de ce point de vue, est en campagne, tout comme ses adversaires politiques qui, de leur côté, multiplient les “visites sur le terrain” depuis quelque temps.
Qui ne le sait pas ? En fin de week-end, le président Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, section du Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), a animé un meeting dans la commune abidjanaise de Williamsville. A l’appel de la jeunesse de son parti, c’est de bonne guerre, le chef de l’Etat renversé le 24 décembre 1999 s’est déclaré, à soixante quinze ans passés, politiquement “vierge” et prêt à encore diriger la Côte d’Ivoire. Aimé Henri Konan Bédié ajoute cette autre sortie à sa récente tournée politique de quelques jours dans la région du Zanzan où il s’est convaincu qu’il demeure, à son âge, l’espoir d’une Nation ivoirienne constituée à 70% de jeunes ayant moins de 30 ans.

De son côté, Dr. Alassane Dramane Ouattara, candidat repêché pour la conquête du fauteuil présidentiel au moyen de l’exceptionnel article 48 de la Constitution, vient d’achever sa pré-campagne électorale dans la région du Bas-Sassandra. Sans se déclarer ouvertement vierge comme son allié du mouvement dit houphouétiste (RHDP, coalition autour de l’ex-mouvement armé), le président du Rassemblement des Républicains (RDR) a promis d’inonder la région visitée d’un flot continu de milliards de FCFA s’il est élu président. Que c’est bon d’aller en campagne sans les armes ! En tout cas, Alassane Ouattara tâte ainsi le terrain après son récent meeting dit géant animé dans la commune abidjanaise de Yopougon, à l’appel de la jeunesse de son parti.
Pour sûr, cette débauche d’énergie de nos trois gros calibres politiques fait rêver. Elle fait croire que, désormais, la paix est véritablement irréversible en Côte d’Ivoire. Le succès déjà savouré ou à savourer de ces activités préélectorales fait penser, par exemple, que, contrairement aux propos de M. Ouattara à Yopougon, l’opposition ivoirienne apprend de nos jours à se convaincre que l’on ne peut tenir les élections qu’avec le préalable désarmement des mouvements illégaux…
Le président Gbagbo l’a bien professé, le 28 mai dernier à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO). Dans une République civilisée, “pour savoir qui établira son imperium sur l’ensemble de la société, nous sommes obligés d’adopter des règles qui embrassent tout le monde”. Du coup, poursuit le président Gbagbo, même si César a dit qu’“il n’y a pas de République sans légion” et que, de ce fait, “si tu veux la paix, prépare la guerre”, cela n’est valable que pour la protection de la Nation et de son économie par une armée républicaine et disciplinée. Mais, à l’intérieur de la République, “il faut que les armes le cèdent à la toge”, comme le conseille Cicéron, pour que règne la Démocratie. La seule règle qui permet à des hommes politiques périmés de se déclarer vierges. Qui autorise des seigneurs de guerre à se raviser pour dérouler un tapis de promesses surréalistes pour quémander le suffrage des citoyens.

Nos leaders politiques ont-ils compris la leçon ? Tout porte à le croire. Car, on ne peut espérer jouir d’une campagne politique civilisée, dans un territoire où ne détiennent les armes que ceux qui y ont légalement droit, et prétendre que l’on peut faire les élections “justes, ouvertes et transparentes” sans désarmer les groupes illégalement armés. Alors, puisqu’ils sont déjà tous en campagne, que les armes le cèdent totalement à la toge en Côte d’Ivoire.

C.E: cesaretou2002@yahoo.fr
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