A peine la campagne électorale annoncée: Ouattara et Bédié se déclarent la guerre

L’alliance PDCI-RDR est mise à l’épreuve du temps. A peine Alassane Ouattara débute-t-il ses tournées à travers le pays que la guerre commence avec son allié Bédié.

En effet, Ouattara dit, au cours de ses meetings, que la situation de crise que vit la Côte d’Ivoire n’est pas du seul fait du président Laurent Gbagbo. Ouattara n’accuse pas Laurent Gbagbo d’être à l’origine des malheurs que connaît le pays. Le PDCI qui lit bien entre les lignes, demande à son allié Ouattara pourquoi il épargne le président Gbagbo de critiques dans ses sorties. Le Nouveau Réveil juge le discours d’Alassane Dramane Ouattara ambigu et, au-delà, voit dans les non-dits son intention de culpabiliser le PDCI et son chef Bédié. Le commentaire fait par le quotidien du PDCI du discours du président du RDR, a amené Le Patriote, la presse du RDR, à chercher celui qui veut briser l’alliance Ouattara-Bédié, à six mois des élections. Mais n’ayant pas le courage nécessaire, le confrère Koré Emmanuel a vite pris le raccourci pour voir la main du FPI dans cette démarche qui vise selon lui, à mettre en lambeaux le RHDP. “Ceux qui ont intérêt à ce que l’opposition se déchire et que, en petits morceaux, elle aille se faire laminer par un parti qui n’en a ni la légitimité ni la capacité sociologique encore moins la conscience tranquille du devoir accompli, ce sont bien le FPI et tous ses satellites… Ce serait de toute façon dans la droite ligne de ce que le FPI a entrepris comme manœuvre de mise à mal du processus de sortie de crise depuis au moins octobre 2005”, accuse Koré Emmanuel.

Pour lui, le FPI est comme le vieux du village qui est toujours indexé quand il y a n’importe quel décès. Une telle analyse laisse clairement transparaître dans les idées du confrère du Patriote que Le Nouveau Réveil est manipulé par le FPI. Ce qui n’est qu’une insulte au Nouveau Réveil qui serait incapable de faire son propre commentaire. Dans le même temps, le quotidien du PDCI qui s’est rendu compte qu’il s’est attaqué à l’allié de Bédié, s’est fendu en justification pour dire qu’il n’est pas animé par un mauvais esprit en faisant ce commentaire du discours de Ouattara. Mais seulement il aimerait voir Ouattara se déterminer en attaquant Gbagbo. C’est visible, Le Nouveau Réveil comprend bien qu’en ne voulant pas accabler Laurent Gbagbo comme étant la cause du drame des Ivoiriens, Alassane Ouattara, accuse de façon intelligente, le PDCI et Bédié d’être les vrais fautifs dans ce qui arrive à la Côte d’Ivoire.

Pour Le Nouveau Réveil, Ouattara ne le dit pas haut et fort pour ne pas écorcher son allié. Dieu seul sait ce que Bédié et son arsenal de répression ont fait vivre à Ouattara. Une misère à laquelle Bédié n’a pas épargné Nabintou Ouattara ou Nabintou Cissé annoncée comme la génétrice de Ouattara. C’est à cela que Koré fait allusion quand il dit que Alassane Ouattara ne regarde pas dans le rétroviseur parce qu’il oublie tous les malheurs qui lui ont été causés. Mais le cœur meurtri est ce qu’il est, donc une quelconque alliance ne peut évacuer simplement tous les ressentiments de l’un envers l’autre. Ouattara sait que si le coup d’état n’était pas venu chasser Bédié du pouvoir, le combat pour sa candidature serait peine perdue et il lui serait impossible de remettre ses pieds en Côte d’Ivoire puisque Bédié lui avait lancé un mandat d’arrêt international. Quand Bédié et Ouattara se regardent dans les yeux, l’un sait ce que l’autre pense de lui. C’est d’ailleurs ce vieux contentieux qui suscite des douleurs, qui fait que les deux hommes ne peuvent pas s’accorder sur une candidature unique du RHDP. La politique n’étant pas seulement l’art du mensonge, les Ivoiriens verront que dans cette campagne électorale, l’alliance Bédié-Ouattara risque de fondre comme du beurre au soleil quand des vérités seront dites. Ainsi, Bédié maudira en revanche Alassane Ouattara qui est le meneur du coup d’état qui l’a évincé du pouvoir. A son tour Ouattara répliquera que si le coup d’état est arrivé, c’est parce que Bédié était une négation absolue de la démocratie. Les palabres ne font que commencer au RHDP.

Benjamin Koré