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Politique Publié le jeudi 18 juin 2009 | Le Nouveau Réveil

Document : La Côte d`Ivoire et les enjeux de la présidentielle 2009

Nous entrons enfin, en l’espérant, dans la dernière ligne droite de la campagne électorale et des débats d’idées pour des élections présidentielles que nous souhaitons apaisées. C’est malheureusement le moment choisi par celui qui devrait être la source de nos apaisements pour faire des déclarations qui continuent de perturber les Ivoiriens. Celle faite à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO) doit être méditée avec une très grande attention : «On croit toujours qu’on peut économiser l’argent des armes pour construire des écoles, des dispensaires. Ça c’est des discours de bons enfants innocents et naïfs. On n’économise jamais l’argent des armes pour construire des écoles, des dispensaires. C’est parce qu’on a voulu faire ça que nous avons été surpris. Et que nos armées ont reculé» (23 mai 2009, cérémonie de remise d’un prix de la paix au Président Gbagbo Laurent). Cette déclaration dénote une contradiction de plus dans le discours des Refondateurs et met à nu le reniement d’un idéal, d’une vision et du projet socialiste visant à faire de la Côte d’Ivoire un pays où les populations les plus démunies seraient au centre de leurs préoccupations. Les militants du FPI s’en rendent-ils compte ? Ce revirement appelle des interrogations sur la compétence des partis politiques aspirant à nous gouverner. Les discours de précampagne de nos leaders flèchent trois lignes directrices majeures. D’aucuns ont choisi de s’appesantir sur les thérapeutiques à nos maux en passant sous silence pour le public le bilan du pouvoir. Justification : ne pas réveiller les vieux démons diviseurs, dans un esprit de convivialité et de fraternité, pour une campagne civilisée. D’autres affichent un antibédiéisme notoire et maladif qui tient lieu de programme de gouvernement. La troisième ligne s’attaque d’abord au bilan de l’action gouvernementale, stigmatise publiquement et sans détour ses faiblesses avant de proposer ses remèdes. Pour elle, c’est l’heure des bilans, et la critique de l’action gouvernementale n’est nullement une atteinte à la dignité de nos dirigeants. Elle est à la fois un droit et un devoir des contre-pouvoirs reconnus par la constitution, voire une obligation officielle d’information et de mobilisation de l’opinion pour animer le jeu démocratique. A chacun donc sa stratégie, et l’attitude des uns et des autres ne devrait pas faire en principe l’objet de querelles inutiles. Questions clés pour notre avenir

lJusqu’où peut aller la Côte d’Ivoire avec nos Refondateurs ?
Voilà ce qui intéresse les Ivoiriens, les dirigeants du PDCI-RDA et leurs militants et sympathisants. Comment mettre un terme au déclin de notre pays observé depuis l’arrivée calamiteuse de ces Refondateurs socialistes au pouvoir ? Le PDCI-RDA avait arrêté des objectifs pour 2025. Sont-ils vieillots, périmés ? La remontée en puissance pacifique de la Côte d’Ivoire que projetait Bédié en août 1995 à la Fondation Félix Houphouët-Boigny avait-elle des chances d’aboutir ? Face à l’importance des enjeux électoraux, ne pas aborder publiquement ces problèmes créerait un vide regrettable dans le débat démocratique. Car ce sont les débats autour de nos problèmes et des enjeux du futur qui déterminent des objectifs et des stratégies et fondent l’action gouvernementale proposée par les contre-pouvoirs.

Une réponse partielle peut être apportée aux questionnements qui précèdent en se référant au concept d’arbre des compétences qui meuble les ouvrages de référence en prospective stratégique. A la différence des autres formations politiques, le PDCI-RDA a géré notre pays pendant quatre décennies. Son bilan a été et continue d’être attaqué par le pouvoir. Pourtant, le PDCI n’est plus à la barre. Les rôles semblent curieusement inversés, à telle enseigne qu’on a quelquefois le sentiment que le PDCI-RDA est la source de nos malheurs actuels et doit être la cible principale sur le champ de bataille de la conquête du pouvoir qui s’annonce.

Métaphoriquement, en prospective stratégique, les racines, le tronc et les branches d’un arbre forment le corps économique, technique, politique, idéologique et social d’une organisation face à son devenir. L’aplomb d’un tel arbre dans ce concept dynamique dépend des aptitudes de ceux qui l’ont planté à l’entretenir. Aussi, ce concept est-il opérationnalisé en management stratégique pour dresser l’arbre des compétences d’une entreprise, d’une ville, et même d’un territoire comme la Côte d’Ivoire par exemple. Les forces et faiblesses d’un arbre des compétences s’analyse ainsi à trois niveaux : ses racines, son tronc et ses branches avec les fruits qu’il porte.

La primauté accordée à l’économie dans la précampagne et les promesses parfois incroyables faites par les leaders aux populations face à leur détresse actuelle sont compréhensibles. Il faut cependant éviter la dictature du court terme par la concentration excessive sur la gestion des urgences alors que les problèmes non résolus continuent de s’accumuler. L’on se rend compte que les solutions proposées sont quelquefois peu soucieuses de deux conjonctions : 1°) une volonté affirmée de transformer, selon un modèle propre, l’Etat en un pays toujours plus moderne, à la pointe du progrès de l’humanité, en transcendant les dimensions techno-économique et matérielle des problèmes. On semble avoir le nez sur le guidon pour gérer les urgences et lutter contre la pauvreté selon les objectifs du millénaire préconisés par les bailleurs de fonds. Le millénaire ? Ce délai n’est-il pas excessivement long, avec la même thérapeutique pour tous nos pays pauvres qui se bousculent auprès de ces bailleurs de fonds 2°) Une dose nécessaire de nationalisme. Il faut l’entendre au sens par exemple de l’américanité des USA, de la canadianité avec ses contrastes entre francophones, anglophones et autres immigrés bien intégrés dans ce merveilleux pays, de la francité chez nos ? ex ancêtres les Gaulois?, de la sinitude pour les Chinois actuellement et pourquoi pas l’ivoirité), à l’heure de la globalisation et de l’interconnexion croissante des économies et des sociétés. La question de l’identité des pays n’est pas la moins importante parmi les questions clés du futur pour une communauté nationale. Elle ne doit pas être un tabou dans cette campagne. Car dans la dynamique concrète de l’évolution géopolitique des nations, le nationalisme ou le culturalisme pour certains, dont les manifestations complexes sont bien entendu à maîtriser afin d’en éviter les effets pervers, visent ce qui aide à porter un pays au niveau où il désire e situer pour être le meilleur. Les territoires sont des individualités socio-spatiales avec le génie de leurs habitants ; ils sont des médailles frappées à l’effigie de leurs peuples (Vidal de la Blache, 1902). On peut se référer pour exemples à l’évolution des pays développés et des pays actuellement émergents pour s’en convaincre. Cela est particulièrement vrai pour la Chine qui monte aujourd’hui, comme une puissance qui cherche légitimement à se hisser au premier rang en bouleversant la hiérarchie des grandes forces actuelles en faveur de l’ancien empire du milieu. La protection de l’identité chinoise figure au cœur de la nouvelle ambition de cette vieille et brillante civilisation du monde.

Force est de constater que dans nos jeunes Etats africains, les valeurs, l’identité de l’Etat, les modèles sociaux, les savoirs et savoir-faire qui participent des racines d’un arbre des compétences ne retiennent pas suffisamment l’attention des dirigeants et n’offrent donc pas les atouts indispensables pour soutenir le processus du développement afin d’aider à se positionner à la pointe, ne serais-ce que dans un domaine, dans l’évolution de l’humanité. Outre cette première faiblesse, la cohésion nationale, et surtout l’efficacité des systèmes productifs au service de la société, (le tronc) sont également en souffrance. Enfin, la valorisation des compétences dans une société bien organisée qui produit des richesses à partager figurées par les branches et les fruits au sommet de l’arbre pose elle aussi d’énormes problèmes dans nos pays. Les hommes et l’organisation sont pourtant au cœur de la différence entre les entreprises performantes et celles qui ne le sont pas (M. Godet). C’est sous ces trois angles que l’on devrait chercher à cerner le modèle et la logique de l’élaboration de la croissance du territoire ivoirien comme un arbre des compétences ayant émergé de l’action du PDCI-RDA avant la crise militaro-politique qui a déclenché notre déclin depuis 1999. Suivez notre regard rétrospectif à travers les défis et enjeux du pays à l’aube de l’indépendance ; puis une description qualitative des racines et du tronc de l’arbre ivoirien ; les dérives refondatrices pour l’abattre ; ce qui reste encore des fruits de l’arbre ivoirien, l’antibédiéisme chronique comme programme du FPI et enfin quelques suggestions pour un nouveau départ de la Côte d’Ivoire avec le PDCI-RDA afin de rentrer dans l’histoire.
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