Le Secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations de maintien de la paix était récemment en Côte d'Ivoire dans le cadre du suivi du processus de sortie de crise. Il a rencontré les différents acteurs de la scène politique ivoirienne. Dans cette interview, il explique comment l'Onu va certifier le processus électoral et ce que les casques bleus feront en cas de contestation des résultats des élections.
Vous avez échangé pendant votre séjour en Côte d'Ivoire avec les principaux acteurs de la crise ivoirienne. Au regard de ce que vous avez vu et entendu, avec quel sentiment repartez-vous à New York ?
Je repars principalement rassuré. Bien sûr, on entend dire ici toutes sortes de choses, mais je dois dire qu'avec tous les interlocuteurs que j'ai rencontrés (le président de la République, le Premier Ministre, le président Bédié, le président Ouattara, le président de la commission électorale indépendante et beaucoup d'autres, enfin, tous les acteurs de la vie politique ivoirienne) ont fait part de leur forte détermination pour respecter le calendrier électoral tel qu'il a été défini en conseil des ministres du 14 mai et approuvé par le Cpc du 18 mai à Ouagadougou. J'ai également rencontré à Ouagadougou le facilitateur, le président Compaoré, qui m'a fait part aussi que sa vision de l'engagement de tous les membres lors du Cpc est très claire. C'est un point majeur. Je crois que chacun maintenant doit s'engager à respecter les échéances, et l'Onu va continuer à appuyer, à apporter son assistance. Je répète que chacun m'a fait part de sa détermination à respecter le calendrier électoral
Donc vous repartez optimiste quant à la tenue de la date du 29 novembre 2009 ?
Oui, bien sûr que je repars optimiste. En tout cas, chacun a fait part de sa détermination. Maintenant, je fais confiance à chacun d'entre eux pour respecter les engagements qu'ils ont pris. Cela me parait très important de poursuivre la mise en œuvre de l'accord de Ouagadougou 4 qui a commencé par la passation des charges et qui doit devenir chaque jour encore plus effective. Je crois que le processus est engagé et doit se poursuivre également en parallèle.
Oui, mais un volet de Ouaga 4 piétine. Je veux parler du désarmement des ex-combattants et des miliciens. Est-ce que là-dessus, vous avez des garanties ?
Chacun s'est engagé. Le premier ministre Soro a été très clair, c'est le calendrier qui est maintenant à déterminer, mais je crois que là-dessus (j'en discutais encore avec le premier ministre Soro et le président Gbagbo), l'important est que le processus soit lancé. Et il est lancé. Donc, on verra bien dans les prochaines semaines s'il devient vraiment effectif, mais en tout cas chacun s'est engagé à faire avancer ce désarmement. Pour le retour dans les casernements, chacun s'est engagé.
Au cas où ce piétinement continue, que fera l'Onu ?
L'Onu continue à appuyer l'option du processus de sortie de crise, et l'accord de Ouaga 4 en fait évidemment partie. Donc, l'Onu continuera à appuyer après des différents interlocuteurs leurs engagements pris au cours de Ouaga 4 et au cours du dernier Cpc.
Quelles sont les attentes de vos interlocuteurs en ce qui concerne la certification des élections en Côte d'Ivoire ?
Sur la certification, les choses sont très claires. M. Choi a fait une conférence de presse pour bien expliquer comment il allait certifier les élections et il a même rendu publique une brochure qui explique le processus. Il va certifier à deux étapes importantes : premièrement, au moment de l'établissement de la liste électorale définitive et deuxièmement les résultats dès qu'ils sont proclamés. J'insiste bien, l'Onu n'organise pas les élections, ce sont les Ivoiriens qui organisent les élections. L'Etat fonctionne en Côte d'Ivoire ! C'est l'Etat ivoirien qui organise les élections. L'Onuci apporte son appui à la Commission Electorale Indépendante chargée de l'organisation des élections. Et donc l'Onuci est là pour apporter son assistance à la Cei et tous ceux qui le souhaiteront. La certification interviendra ensuite.
Les fortes attentes de vos interlocuteurs sont-elles en adéquation avec le rôle du certificateur qui est M. Choi ?
Oui. Certainement, M. Choi a dû indiquer aussi un certain nombre de critères qui sont considérables pour la certification, le caractère inclusif, l'accès aux medias d'Etat (on verra bien si l'accès aux médias d'état sera équitable lorsque les listes électorales seront publiées). Aujourd'hui, on ne peut pas dire si la certification est acquise, il faut qu'un certain nombre de critères soient remplis.
Pourquoi avoir choisi ce moment pour réduire l'effectif de la Force Licorne et de l'Onuci ? Est-ce opportun ?
La réduction est marginale. L'essentiel de la Force de l'Onuci de plus de 7000 hommes reste présent. J'ai rencontré le commandant de la Force Licorne qui a dit que ses 900 hommes sont là et pourront, si nécessaires, être renforcés par d'autres éléments venus d'autres troupes françaises. Les forces de l'Onuci sont en nombre suffisant et auront à être vigilantes au moment des élections et la proclamation des résultats. Je crois que là-dessus, le général Amoussou, commandant des forces de l'Onuci a son plan, il est parfaitement prêt à réagir, à agir, à entrer, à assurer la sécurité pendant ces périodes.
C'est la première fois que l'Onu accompagne un pays en crise sans organiser les élections. Est-ce que l'expérience ivoirienne sera-elle transposable ailleurs ?
Il y a d'autres exemples, comme en Afghanistan, ce n'est pas l'Onu qui a organisé les élections. En revanche, si ce processus de sortie de crise arrive jusqu'au bout de façon paisible, il sera exemplaire. Et puis, ça va être une belle réussite. Mais, on n'en est pas encore là, il faut que le processus aille jusqu'au bout de façon paisible et démocratique. Mais, on verra bien quand les élections seront terminées si l'ensemble a été une réussite.
Que répondez-vous à ceux qui disent que ce rôle d'accompagnateur de l'Onu fait le jeu des protagonistes qui en profitent pour retarder le processus ?
Peut-on imaginer que certains auraient intérêt à prolonger indéfiniment le processus ? Je crois que maintenant l'ensemble des acteurs ivoiriens en est parfaitement conscient. La communauté internationale en est consciente, et l'Onu en particulier. Maintenant qu'un calendrier est fixé, j'espère vraiment qu'il sera respecté. C'est également ma conviction.
Si les élections se tiennent comme prévu en novembre prochain, y a-t-il un calendrier de retrait des forces de l'Onu en Côte d'Ivoire ?
Le calendrier n'est pas fixé, c'est le Conseil de Sécurité qui en décide. Evidemment, si les élections se passent de façon paisible, démocratique, si les résultats ne sont pas contestés, la présence de l'Onuci pourra être réduite. Il est trop tôt pour en parler, mais évidemment la question se posera.
Si les résultats venaient à être contestés, y a-t-il un plan que l'Onu a prévu ?
L'Onu est toujours là pour contribuer à assurer la stabilité et la sécurité ? C'est vrai, les périodes des élections sont des moments de tensions et parfois de violence à la fois le jour du vote et la proclamation des résultats. Nous en sommes très conscients. C'est pour ça que l'Onu maintiendra sa force très vigilante pendant cette période. Lorsqu'on aura passé ce cap de la proclamation définitive des résultats, le Conseil de Sécurité décidera d'une réduction forte des forces de l'Onu.
Quel message aux Ivoiriens ?
Je souhaite une très bonne chance aux Ivoiriens pour la réussite de la dernière ligne droite du processus de sortie de crise politique. C'est évidement les élections avec la mise en œuvre des engagements de Ouaga 4, et je souhaite que chacun respecte complètement les engagements qu'il aura pris pour que les élections se passent de façon paisible et démocratique. Dans ce cas, la Côte d'Ivoire pourra considérer qu'elle repart sur le bon chemin de la stabilité et du développement.
Propos retranscrits par
Ouattara Chérif
Source : Onuci FM
Vous avez échangé pendant votre séjour en Côte d'Ivoire avec les principaux acteurs de la crise ivoirienne. Au regard de ce que vous avez vu et entendu, avec quel sentiment repartez-vous à New York ?
Je repars principalement rassuré. Bien sûr, on entend dire ici toutes sortes de choses, mais je dois dire qu'avec tous les interlocuteurs que j'ai rencontrés (le président de la République, le Premier Ministre, le président Bédié, le président Ouattara, le président de la commission électorale indépendante et beaucoup d'autres, enfin, tous les acteurs de la vie politique ivoirienne) ont fait part de leur forte détermination pour respecter le calendrier électoral tel qu'il a été défini en conseil des ministres du 14 mai et approuvé par le Cpc du 18 mai à Ouagadougou. J'ai également rencontré à Ouagadougou le facilitateur, le président Compaoré, qui m'a fait part aussi que sa vision de l'engagement de tous les membres lors du Cpc est très claire. C'est un point majeur. Je crois que chacun maintenant doit s'engager à respecter les échéances, et l'Onu va continuer à appuyer, à apporter son assistance. Je répète que chacun m'a fait part de sa détermination à respecter le calendrier électoral
Donc vous repartez optimiste quant à la tenue de la date du 29 novembre 2009 ?
Oui, bien sûr que je repars optimiste. En tout cas, chacun a fait part de sa détermination. Maintenant, je fais confiance à chacun d'entre eux pour respecter les engagements qu'ils ont pris. Cela me parait très important de poursuivre la mise en œuvre de l'accord de Ouagadougou 4 qui a commencé par la passation des charges et qui doit devenir chaque jour encore plus effective. Je crois que le processus est engagé et doit se poursuivre également en parallèle.
Oui, mais un volet de Ouaga 4 piétine. Je veux parler du désarmement des ex-combattants et des miliciens. Est-ce que là-dessus, vous avez des garanties ?
Chacun s'est engagé. Le premier ministre Soro a été très clair, c'est le calendrier qui est maintenant à déterminer, mais je crois que là-dessus (j'en discutais encore avec le premier ministre Soro et le président Gbagbo), l'important est que le processus soit lancé. Et il est lancé. Donc, on verra bien dans les prochaines semaines s'il devient vraiment effectif, mais en tout cas chacun s'est engagé à faire avancer ce désarmement. Pour le retour dans les casernements, chacun s'est engagé.
Au cas où ce piétinement continue, que fera l'Onu ?
L'Onu continue à appuyer l'option du processus de sortie de crise, et l'accord de Ouaga 4 en fait évidemment partie. Donc, l'Onu continuera à appuyer après des différents interlocuteurs leurs engagements pris au cours de Ouaga 4 et au cours du dernier Cpc.
Quelles sont les attentes de vos interlocuteurs en ce qui concerne la certification des élections en Côte d'Ivoire ?
Sur la certification, les choses sont très claires. M. Choi a fait une conférence de presse pour bien expliquer comment il allait certifier les élections et il a même rendu publique une brochure qui explique le processus. Il va certifier à deux étapes importantes : premièrement, au moment de l'établissement de la liste électorale définitive et deuxièmement les résultats dès qu'ils sont proclamés. J'insiste bien, l'Onu n'organise pas les élections, ce sont les Ivoiriens qui organisent les élections. L'Etat fonctionne en Côte d'Ivoire ! C'est l'Etat ivoirien qui organise les élections. L'Onuci apporte son appui à la Commission Electorale Indépendante chargée de l'organisation des élections. Et donc l'Onuci est là pour apporter son assistance à la Cei et tous ceux qui le souhaiteront. La certification interviendra ensuite.
Les fortes attentes de vos interlocuteurs sont-elles en adéquation avec le rôle du certificateur qui est M. Choi ?
Oui. Certainement, M. Choi a dû indiquer aussi un certain nombre de critères qui sont considérables pour la certification, le caractère inclusif, l'accès aux medias d'Etat (on verra bien si l'accès aux médias d'état sera équitable lorsque les listes électorales seront publiées). Aujourd'hui, on ne peut pas dire si la certification est acquise, il faut qu'un certain nombre de critères soient remplis.
Pourquoi avoir choisi ce moment pour réduire l'effectif de la Force Licorne et de l'Onuci ? Est-ce opportun ?
La réduction est marginale. L'essentiel de la Force de l'Onuci de plus de 7000 hommes reste présent. J'ai rencontré le commandant de la Force Licorne qui a dit que ses 900 hommes sont là et pourront, si nécessaires, être renforcés par d'autres éléments venus d'autres troupes françaises. Les forces de l'Onuci sont en nombre suffisant et auront à être vigilantes au moment des élections et la proclamation des résultats. Je crois que là-dessus, le général Amoussou, commandant des forces de l'Onuci a son plan, il est parfaitement prêt à réagir, à agir, à entrer, à assurer la sécurité pendant ces périodes.
C'est la première fois que l'Onu accompagne un pays en crise sans organiser les élections. Est-ce que l'expérience ivoirienne sera-elle transposable ailleurs ?
Il y a d'autres exemples, comme en Afghanistan, ce n'est pas l'Onu qui a organisé les élections. En revanche, si ce processus de sortie de crise arrive jusqu'au bout de façon paisible, il sera exemplaire. Et puis, ça va être une belle réussite. Mais, on n'en est pas encore là, il faut que le processus aille jusqu'au bout de façon paisible et démocratique. Mais, on verra bien quand les élections seront terminées si l'ensemble a été une réussite.
Que répondez-vous à ceux qui disent que ce rôle d'accompagnateur de l'Onu fait le jeu des protagonistes qui en profitent pour retarder le processus ?
Peut-on imaginer que certains auraient intérêt à prolonger indéfiniment le processus ? Je crois que maintenant l'ensemble des acteurs ivoiriens en est parfaitement conscient. La communauté internationale en est consciente, et l'Onu en particulier. Maintenant qu'un calendrier est fixé, j'espère vraiment qu'il sera respecté. C'est également ma conviction.
Si les élections se tiennent comme prévu en novembre prochain, y a-t-il un calendrier de retrait des forces de l'Onu en Côte d'Ivoire ?
Le calendrier n'est pas fixé, c'est le Conseil de Sécurité qui en décide. Evidemment, si les élections se passent de façon paisible, démocratique, si les résultats ne sont pas contestés, la présence de l'Onuci pourra être réduite. Il est trop tôt pour en parler, mais évidemment la question se posera.
Si les résultats venaient à être contestés, y a-t-il un plan que l'Onu a prévu ?
L'Onu est toujours là pour contribuer à assurer la stabilité et la sécurité ? C'est vrai, les périodes des élections sont des moments de tensions et parfois de violence à la fois le jour du vote et la proclamation des résultats. Nous en sommes très conscients. C'est pour ça que l'Onu maintiendra sa force très vigilante pendant cette période. Lorsqu'on aura passé ce cap de la proclamation définitive des résultats, le Conseil de Sécurité décidera d'une réduction forte des forces de l'Onu.
Quel message aux Ivoiriens ?
Je souhaite une très bonne chance aux Ivoiriens pour la réussite de la dernière ligne droite du processus de sortie de crise politique. C'est évidement les élections avec la mise en œuvre des engagements de Ouaga 4, et je souhaite que chacun respecte complètement les engagements qu'il aura pris pour que les élections se passent de façon paisible et démocratique. Dans ce cas, la Côte d'Ivoire pourra considérer qu'elle repart sur le bon chemin de la stabilité et du développement.
Propos retranscrits par
Ouattara Chérif
Source : Onuci FM