Insidieusement, mais sûrement, l’idée d’un passage en force, à l’occasion du scrutin présidentiel du 29 novembre prochain, est en train de prendre forme au sein du camp présidentiel. Ces derniers jours, certains quotidiens proches du Palais essaient, à doses homéopathiques, de l’intégrer dans l’esprit des Ivoiriens. Le président des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, comme pour corroborer le complot contre le peuple ivoirien qui est en gestation, s’est même permis, au cours d’un meeting dimanche dernier à Daloa, de déclarer sans sourciller, que parmi les 6,5 millions d’enrôlés, « plus de 4 millions », soit les deux tiers, sont des partisans du président Laurent Gbagbo ou sont prêts à voter pour lui. Laurent Gbagbo qui n’a pas encore un directeur de campagne est en train de rechercher la formule qui lui permettra de conserver son pouvoir. Le chef de l’Etat a dans un premier moment, misé sur le facteur temps. « Le temps est l’autre nom de Dieu », aime-t-il à dire pour se justifier. Mais devant l’impatience palpable du peuple et avec la pression de la communauté internationale qui se fait de plus en plus pesantes, Laurent Gbagbo sait qu’il ne peut plus se permettre de louvoyer comme auparavant. La seule alternative qui s’offre à lui est de se soumettre au verdict du peuple ou se démettre. L’actuel locataire du Palais qui ne compte pas aussi facilement abandonner la partie semble avoir jeté son dévolu sur la première option. Le candidat du FPI « aime les parties serrées ». Surtout celles jouées selon ses propres règles. Laurent Gbagbo veut aller aux élections. Mais à ses conditions : « On gagne ou gagne ». Un slogan qui n’entrevoit aucune place à la défaite, à la déroute. Il faut coûte que coûte garder le fauteuil présidentiel. Une question de survie politique voire de vie ou de mort.
Mais cette fois-ci, la partie risque d’être injouable pour le champion de la Refondation. Le passage en force envisagé et ourdi sera difficile à réaliser. La technologie déployée pour ses élections ne laisse aucune marge à la fraude. Selon la SAGEM, l’opérateur technique privé impliqué dans l’organisation pratique de ces élections, les résultats du scrutin présidentiel du 29 novembre seront connus le même jour dans les heures qui suivront la fermeture des bureaux de vote. Un scénario qui ne laisse aucune chance aux tripatouillages. Le deuxième obstacle qui se dresse devant le triste projet du Front populaire ivoirien réside dans les dispositions prises par les différents états-majors des partis politiques pour vérifier si les résultats sont conformes à la réalité du terrain. Ce n’est un secret pour personne. Aujourd’hui, chaque formation politique a mis en place un dispositif informatique pour avoir le nombre de voix qu’elle a obtenu dans toutes les régions du pays en temps réel. Sur la base des procès-verbaux, les partis politiques sauront, à quelques voix près, qui a remporté le scrutin avant les résultats définitifs. Un système qui a d’ailleurs, on s’en souvient comme si c’était hier, été testé avec succès par le FPI lui-même en 2000, au moment où il était en butte avec la junte militaire du général Robert Guéi. C’est ce système qui a permis au parti de Laurent Gbagbo, sans même attendre la fin du dépouillement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de déclarer qu’il était sorti vainqueur du scrutin du 22 octobre 2000. C’est avec toujours ce système que le FPI a balancé les tendances qui donnaient Laurent Gbagbo vainqueur sur Internet. Et enfin, c’est sur la base de ces estimations que le candidat du FPI, sans attendre la Cour constitutionnelle, a lancé l’appel insurrectionnel qui l’a porté au pouvoir. Il est donc clair que c’est dans les mêmes dispositions technologiques – et même plus, les nouvelles technologies ayant notablement évoluées depuis lors – que les adversaires du candidat Gbagbo se trouveront lors des prochaines joutes électorales. Comme il l’a fait pour démasquer le Général Guéi et lui arracher le pouvoir que ce dernier était supposé confisquer, les adversaires de Gbagbo, tous autant qu’ils sont, le débusqueront rapidement, s’il lui venait bien sûr à l’idée d’opérer un passage en force.
Parlant justement de passage en force, il est fort à parier que dans ce projet, Laurent Gbagbo essayera de s’appuyer sur l’armée. Là encore, il serait illusoire d’y penser. Ce n’est pas parce que, pendant cette crise, cette grande institution a fait montre d’un devoir républicain de haute portée – et donc nécessairement profitable au Président de la République en tant que garant de l’intégrité du territoire – que l’armée de Côte d’Ivoire va continuer d’obéir à une personne qui aurait perdu, à l’issue d’une confrontation électorale démocratique et transparente, ses prérogatives de premiers garant des institutions de la République. L’armée de Côte d’Ivoire, faut-il le souligner, n’est pas une milice à la solde d’un individu. Il sera donc difficile pour une armée républicaine qui l’a toujours démontré pendant les grandes occasions, de ne pas suivre le choix du peuple. Comme le disait récemment le général Philippe Mangou, « l’armée suivra celui que le peuple de Côte d’Ivoire aura librement choisi à travers les urnes ». Car les forces armées ne sont pas l’émanation d’un clan. Mais celle de tous les peuples de Côte d’Ivoire. Quant aux « jeunes patriotes » et aux autres miliciens, ils ont suffisamment étalé leurs limites au cours des audiences foraines en 2006. L’équilibre de la terreur durant le boycott actif des audiences foraines décrété par le FPI d’Affi N’Guessan a rapidement démontré qu’ils ne sont pas les maîtres de la rue. Partout, les jeunes partisans de Laurent Gbagbo ont été vite submergés par la réaction des jeunes de l’opposition répondant au mot d’ordre des responsables du Rassemblement des Houphouëtistes pour le Développement et la Paix de « faire barrage à tout prix du boycott du FPI ». Il a fallu que le président de l’Alliance des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, sollicite la signature d’un pacte de non agression avec les leaders du RJDP (Rassemblement des Jeunes pour le Développement et la Paix) pour que la tension tombe. Aujourd’hui, lancer les jeunes miliciens et les « jeunes patriotes » dans la rue dans une logique de confiscation du pouvoir, serait jeter de jeunes Ivoiriens innocents en pâture. Dans tous les cas de figure, les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Il serait extrêmement difficile pour le camp présidentiel de confisquer le pouvoir après que le peuple a fini de parler à travers les urnes. Donc à bon entendeur…
Jean-Claude Coulibaly
Mais cette fois-ci, la partie risque d’être injouable pour le champion de la Refondation. Le passage en force envisagé et ourdi sera difficile à réaliser. La technologie déployée pour ses élections ne laisse aucune marge à la fraude. Selon la SAGEM, l’opérateur technique privé impliqué dans l’organisation pratique de ces élections, les résultats du scrutin présidentiel du 29 novembre seront connus le même jour dans les heures qui suivront la fermeture des bureaux de vote. Un scénario qui ne laisse aucune chance aux tripatouillages. Le deuxième obstacle qui se dresse devant le triste projet du Front populaire ivoirien réside dans les dispositions prises par les différents états-majors des partis politiques pour vérifier si les résultats sont conformes à la réalité du terrain. Ce n’est un secret pour personne. Aujourd’hui, chaque formation politique a mis en place un dispositif informatique pour avoir le nombre de voix qu’elle a obtenu dans toutes les régions du pays en temps réel. Sur la base des procès-verbaux, les partis politiques sauront, à quelques voix près, qui a remporté le scrutin avant les résultats définitifs. Un système qui a d’ailleurs, on s’en souvient comme si c’était hier, été testé avec succès par le FPI lui-même en 2000, au moment où il était en butte avec la junte militaire du général Robert Guéi. C’est ce système qui a permis au parti de Laurent Gbagbo, sans même attendre la fin du dépouillement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de déclarer qu’il était sorti vainqueur du scrutin du 22 octobre 2000. C’est avec toujours ce système que le FPI a balancé les tendances qui donnaient Laurent Gbagbo vainqueur sur Internet. Et enfin, c’est sur la base de ces estimations que le candidat du FPI, sans attendre la Cour constitutionnelle, a lancé l’appel insurrectionnel qui l’a porté au pouvoir. Il est donc clair que c’est dans les mêmes dispositions technologiques – et même plus, les nouvelles technologies ayant notablement évoluées depuis lors – que les adversaires du candidat Gbagbo se trouveront lors des prochaines joutes électorales. Comme il l’a fait pour démasquer le Général Guéi et lui arracher le pouvoir que ce dernier était supposé confisquer, les adversaires de Gbagbo, tous autant qu’ils sont, le débusqueront rapidement, s’il lui venait bien sûr à l’idée d’opérer un passage en force.
Parlant justement de passage en force, il est fort à parier que dans ce projet, Laurent Gbagbo essayera de s’appuyer sur l’armée. Là encore, il serait illusoire d’y penser. Ce n’est pas parce que, pendant cette crise, cette grande institution a fait montre d’un devoir républicain de haute portée – et donc nécessairement profitable au Président de la République en tant que garant de l’intégrité du territoire – que l’armée de Côte d’Ivoire va continuer d’obéir à une personne qui aurait perdu, à l’issue d’une confrontation électorale démocratique et transparente, ses prérogatives de premiers garant des institutions de la République. L’armée de Côte d’Ivoire, faut-il le souligner, n’est pas une milice à la solde d’un individu. Il sera donc difficile pour une armée républicaine qui l’a toujours démontré pendant les grandes occasions, de ne pas suivre le choix du peuple. Comme le disait récemment le général Philippe Mangou, « l’armée suivra celui que le peuple de Côte d’Ivoire aura librement choisi à travers les urnes ». Car les forces armées ne sont pas l’émanation d’un clan. Mais celle de tous les peuples de Côte d’Ivoire. Quant aux « jeunes patriotes » et aux autres miliciens, ils ont suffisamment étalé leurs limites au cours des audiences foraines en 2006. L’équilibre de la terreur durant le boycott actif des audiences foraines décrété par le FPI d’Affi N’Guessan a rapidement démontré qu’ils ne sont pas les maîtres de la rue. Partout, les jeunes partisans de Laurent Gbagbo ont été vite submergés par la réaction des jeunes de l’opposition répondant au mot d’ordre des responsables du Rassemblement des Houphouëtistes pour le Développement et la Paix de « faire barrage à tout prix du boycott du FPI ». Il a fallu que le président de l’Alliance des « jeunes patriotes », Charles Blé Goudé, sollicite la signature d’un pacte de non agression avec les leaders du RJDP (Rassemblement des Jeunes pour le Développement et la Paix) pour que la tension tombe. Aujourd’hui, lancer les jeunes miliciens et les « jeunes patriotes » dans la rue dans une logique de confiscation du pouvoir, serait jeter de jeunes Ivoiriens innocents en pâture. Dans tous les cas de figure, les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui. Il serait extrêmement difficile pour le camp présidentiel de confisquer le pouvoir après que le peuple a fini de parler à travers les urnes. Donc à bon entendeur…
Jean-Claude Coulibaly