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Politique Publié le vendredi 24 juillet 2009 | Fraternité Matin

La présidentielle selon Sofres (France) : Gbagbo: 43% Bédié: 29% Ouattara: 28%

Les trois principaux candidats au prochain scrutin, qui revendiquent tous leur victoire font l’objet de sondages qui donnent des résultats contradictoires.



La campagne présidentielle fait rage. Entre visites d’Etat et tournées politiques des principaux responsables du Fpi, le parti qui a porté Laurent Gbagbo au pouvoir, met les bouchées doubles pour ne pas faire mentir son slogan: “On gagne ou on gagne”. Le Pdci-Rda et le Rdr déploient également la grande batterie. Leur président, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, ne rechignent pas à descendre dans l’arène politique pour occuper le terrain.



C’est donc la veillée d’armes. Dans une atmosphère emprunte d’optimisme et de victoire avant la lettre. Si Henri Konan Bédié, président du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, est plus nuancé dans sa réponse (“Nous espérons gagner au premier tour”), Le Nouveau Réveil, le quotidien qui se réclame de lui, est affirmatif dans sa parution du 21 juillet: “Bédié sur Rfi depuis Paris: Je gagnerai au premier tour”). Il ne s’est pas arrêté là. Dans son édition d’hier, le confrère, s’appuyant sur l’étude d’une “structure crédible de la place dont (il) tait volontairement le nom”, a enfoncé le clou à sa Une: “Les chiffres qui donnent Bédié vainqueur”. Car, il n’est pas question de laisser le doute s’installer dans l’esprit des militants. Alassane Ouattara est également sûr et convaincu de faire d’une bouchée ses adversaires, y compris ses alliés du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp, coalition du Pdci, du Rdr, de l’Udpci et du Mfa). Le succès populaire de ses tournées dans les régions le conforte dans cette position du Moïse ivoirien venu sauver des eaux ses compatriotes (Cf. Une du quotidien Le Patriote du 23 juillet 2009).



Cette position est battue en brèche par le Fpi. Qui, avec les Jeunes patriotes, ne doute pas un seul instant du plébiscite de Laurent Gbagbo, au soir du 29 novembre prochain. Trois (principaux) candidats à la prochaine présidentielle, trois (probables) résultats, trois (présumés) vainqueurs. Dans la dernière ligne droite du scrutin avant le verdict implacable des urnes qui vont les départager, les sondages se multiplient. Ils sont devenus un baromètre important pour tester la popularité des candidats. Dans sa parution du 22 juillet dernier, le quotidien Notre Voie triomphe à sa Une: “Jeune Afrique révèle: Gbagbo écrase Bédié et Ouattara”.



Le sondage dont il est question dans cet article paru dans l’hebdomadaire panafricain, a été synthétisé dans l’hebdomadaire français Le Point dans son édition du 23 juillet 2009 (lire le Focus en page 3).



C’est le dernier des nombreux sondages qui rythment la scène politique ivoirienne. En effet, rapportant les résultats d’un sondage qu’aurait réalisé, en février dernier, la Société française d’études par sondage, le quotidien alassaniste Le Patriote, dans son édition du 14 août dernier, révélait que le président du Rdr caracolait en tête, au premier tour, en recueillant 37% des voix contre 26% à Bédié et 18% à Gbagbo. Un autre sondage dont parle l’hebdomadaire français La Lettre du Continent dans son édition du 4 septembre dernier, signalait que le président du Rdr venait en pole position avec 39% des voix au premier tour, contre 29% au président du Pdci-Rda et 19% au Président sortant.



Avant cette dernière enquête d’opinion que Le Point vient d’ébruiter, l’institut français Tns-Sofres avait également été sollicité pour procéder à une lecture de la situation ivoirienne. Les deux sondages, que cet institut a produits, ont souffert d’une faiblesse: ils se sont déroulés uniquement dans la zone dite gouvernementale, au plus fort de la crise armée, et pourraient ne refléter que partiellement l’opinion de toute la Côte d’Ivoire. Et puis, ils ont été réalisés il y a respectivement 5 et 4 ans.



Cependant, ces deux instantanés des opinions des Ivoiriens pourraient apporter des éclairages qui sont susceptibles d’aider les uns et les autres à orienter leurs stratégies de campagne, peaufiner leurs discours et soigner leur image.



Le premier sondage réalisé par Tns-Sofres, a eu lieu du 30 juillet au 7 août 2004. Le second qui s’est déroulé l’année suivante, s’est tenu du 25 mars au 3 avril. Les deux ont été effectués, selon la méthode des quotas, sur un échantillon de 1.500 personnes, qui ont les mêmes caractéristiques que l’ensemble de la population ivoirienne âgée de 18 ans et plus. Réalisés par un réseau d’enquêteurs d’audience internationale et suivant divers critères (âge, sexe, catégorie socio-professionnelle, appartenance religieuse ou ethnique, répartition géographique), ils ont l’avantage, dans la mesure où tous les grands sujets ont été abordés, d’offrir, au moment de leur réalisation, une meilleure appréciation des grandes tendances et une orientation plus cohérente des perspectives.



Ainsi, si la présidentielle du 30 octobre 2005 avait été maintenue, comme 59% des sondés le souhaitaient pour trouver un terme à la crise armée, Laurent Gbagbo serait, selon les intentions exprimées, arrivé en tête au premier tour: 41% des sondés (contre 40% en 2004) ont déclaré lui accorder leur suffrage, contre 28% (pourcentage invariable par rapport à 2004) et 18% (en perte d’un point) respectivement à Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.



Au deuxième tour et récoltant les avis favorables sur sa politique menée (52% en 2004), le Chef de l’Etat sortant, quel que soit l’adversaire qu’il aurait affronté, est donné vainqueur: 52% des voix contre 43% (39% en 2004) au président du Pdci-Rda; et 66% (59% en 2004) des voix contre 27% (29% en 2004) au président du Rdr.



Car, selon ces sondages, Alassane Ouattara n’a pas une bonne réputation. Pour 37% des interviewés, ses partisans sont responsables du conflit armé, contre 29% à la France, 17% aux troupes venues du Burkina Faso et 12% aux partisans de Laurent Gbagbo. Un malheur n’arrivant jamais seul, le résultat entre la bonne opinion (37) et la mauvaise opinion (59) donnait un score de – 22 au président du Rdr.



Pour cela, s’il avait été au deuxième tour devant Bédié en 2005, il aurait été battu selon le sondage, ne recueillant que 22% (21% en 2004) contre 68% (60% en 2004) pour Bédié, son allié du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp). Parce que pour 69% des sondés, son élection à la Présidence de la République n’aurait pas mis fin au conflit armé. Dans cette logique, 62% soutenaient qu’il n’y avait aucune raison de modifier la Constitution, même si elle interdit à Alassane Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle.



Ce n’est pas tout. Si 28% pensaient que le leader du Rdr aurait fait un bon Président du pays, 66% soutenaient le contraire contre 6% de sans opinion; ce qui donnait un score de – 38%. En revanche, Gbagbo et Bédié réalisaient respectivement des scores de + 34 et + 24% sur ce chapitre, en tant qu’actuel et ancien Présidents de la République.



Les bons points engrangés par le Président sortant ne profitaient guère au parti qui l’a porté au pouvoir. Au niveau de son image, le Fpi (avec + 29 de score) était devancé par le Pdci (+ 33). Quant au Rdr, il tirait la queue avec – 30 points. Ce qui revenait à dire que primo, Laurent Gbagbo a eu les suffrages de certains sondés qui ne sont pas des militants du Fpi et secundo, le parti présidé par Pascal Affi N’Guessan doit une fière chandelle aux mouvements patriotiques qui se sont créés, durant cette crise armée, pour mobiliser les Ivoiriens autour de la défense des institutions républicaines.



Dans ce combat, les Ivoiriens ont pris une belle revanche sur les campagnes qui les présentaient comme des xénophobes. Si 63% (contre 52% en 2004) des sondés n’avaient pas caché que, selon eux, les militaires français de l’opération Licorne soutenaient la rébellion, 83% des interviewés avaient souhaité le retour des 8 mille civils français qui avaient fui la Côte d’Ivoire au lendemain des événements de novembre 2004. Sans se renier, 55% des sondés avaient salué l’opération “Dignité”, à l’origine desdits événements, lancée par les forces régulières les 4, 5 et 6 novembre de cette année, pour libérer les zones sous contrôle de la rébellion.



Ferro M. Bally
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