Emmanuel Rivière, directeur du département stratégies d'opinion à TNS Sofres, était hier, l'invité Afrique de RFI. Le responsable à l’Institut français des études de sondages revient sur l'enquête politique réalisée en Côte d'Ivoire dans la perspective de la présidentielle du 29 novembre prochain. Il confirme la popularité transethnique de Laurent Gbagbo face à Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara.
RFI: Vous avez réalisé, fin mai début juin, un sondage politique qui montre que le président Laurent Gbagbo est très populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo ?
Emmanuel Rivière : 61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo avec des différences selon les catégories qui font apparaître une popularité encore plus élevée chez les Ivoiriens de 18 à 24 ans. Il a également de bons scores de popularité chez les employés. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des différences selon les régions. A Abidjan, il est un petit peu plus populaire que sur l'ensemble du pays. Et autour de ça, il y a des régions, notamment dans le Sud-Ouest du pays où sa popularité est plus élevée et d'autres régions où elle l'est moins. Mais globalement, il y a plus d'endroits où il y a un rejet du président Laurent Gbagbo. C'est moins bon dans le Nord mais le rejet n'est pas massif.
RFI: La Côte d'Ivoire connaît depuis 10 ans, une crise politique et une crise ethnique profondes, est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire que Laurent Gbagbo est transethnique, pour ainsi dire ?
E.R. : C'est un point intéressant dans cette enquête. Ce qu'on a constaté, c’est que la dimension ethnique de la popularité de Laurent Gbagbo évoque la dimension ethnique du vote qui n'a pas disparu. Mais elle n'explique pas à 100% des comportements et effectivement, que ce soit sur la dimension régionale que sur la dimension ethnique qui se superpose en grande partie d'ailleurs sur certains aspects, Laurent Gbagbo a des scores qui varient fortement. Autour de sa région d'origine, il a des scores plus élevés y compris dans des zones et des ethnies qui ne lui sont pas à priori acquises. Il obtient de bonnes opinions en tant que président et aussi des suffrages.
RFI: Comment expliquez-vous cette popularité dans les zones où traditionnellement, il n'a pas beaucoup de supporters.
E.R. : Un chef d'Etat est considéré en fonction de son action et de sa politique, de ce qu'il fait et pas uniquement en fonction d'une appartenance ethnique.
RFI : La popularité des trois grandes personnalités rejaillit sur leur parti. Est-ce que vous notez des différences en termes d'électorat en ce qui concerne le RDR d'Alassane Ouattara, le PDCI de Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo.
E.R. : Le PDCI a une excellente image au sein de l'électorat le plus âgé. Il a une meilleure image que le parti de Laurent Gbagbo, mais ils sont proches l'un de l'autre alors que le RDR est moins bien placé en raison des clivages plus forts. Il a des zones de force et des zones où il est rejeté. Il a davantage de soutien dans les zones frontalières du Nord.
RFI : Est-ce qu'on peut dire que les militants du RDR sont plus fidèles que ceux des autres formations ?
E.R. : Il y a sans doute une dimension identitaire. Ce qu'on constate, c'est qu'il a de très forts niveaux de soutien notamment dans les zones frontalières du Nord du pays et ailleurs des niveaux de rejet. C'est sans doute la trace du conflit. La question qu'il faut se poser, c'est de savoir s'il y a des oppositions franches et totales entre le Nord et le Sud du pays. Ce n'est pas totalement vrai, car Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal repartis sur l'ensemble du pays, Laurent Gbagbo aussi. Et sur l'image du RDR cela se voit plus que sur l'image des deux autres partis qui sont plus consensuels.
Propos recueillis sur RFI par Dan Opéli
RFI: Vous avez réalisé, fin mai début juin, un sondage politique qui montre que le président Laurent Gbagbo est très populaire. Qui sont les Ivoiriens qui plébiscitent Laurent Gbagbo ?
Emmanuel Rivière : 61% des personnes interrogées nous disent avoir une bonne opinion de Laurent Gbagbo avec des différences selon les catégories qui font apparaître une popularité encore plus élevée chez les Ivoiriens de 18 à 24 ans. Il a également de bons scores de popularité chez les employés. Ce qu'on constate, c'est qu'il y a des différences selon les régions. A Abidjan, il est un petit peu plus populaire que sur l'ensemble du pays. Et autour de ça, il y a des régions, notamment dans le Sud-Ouest du pays où sa popularité est plus élevée et d'autres régions où elle l'est moins. Mais globalement, il y a plus d'endroits où il y a un rejet du président Laurent Gbagbo. C'est moins bon dans le Nord mais le rejet n'est pas massif.
RFI: La Côte d'Ivoire connaît depuis 10 ans, une crise politique et une crise ethnique profondes, est-ce qu'aujourd'hui, vous pouvez dire que Laurent Gbagbo est transethnique, pour ainsi dire ?
E.R. : C'est un point intéressant dans cette enquête. Ce qu'on a constaté, c’est que la dimension ethnique de la popularité de Laurent Gbagbo évoque la dimension ethnique du vote qui n'a pas disparu. Mais elle n'explique pas à 100% des comportements et effectivement, que ce soit sur la dimension régionale que sur la dimension ethnique qui se superpose en grande partie d'ailleurs sur certains aspects, Laurent Gbagbo a des scores qui varient fortement. Autour de sa région d'origine, il a des scores plus élevés y compris dans des zones et des ethnies qui ne lui sont pas à priori acquises. Il obtient de bonnes opinions en tant que président et aussi des suffrages.
RFI: Comment expliquez-vous cette popularité dans les zones où traditionnellement, il n'a pas beaucoup de supporters.
E.R. : Un chef d'Etat est considéré en fonction de son action et de sa politique, de ce qu'il fait et pas uniquement en fonction d'une appartenance ethnique.
RFI : La popularité des trois grandes personnalités rejaillit sur leur parti. Est-ce que vous notez des différences en termes d'électorat en ce qui concerne le RDR d'Alassane Ouattara, le PDCI de Henri Konan Bédié et le FPI de Laurent Gbagbo.
E.R. : Le PDCI a une excellente image au sein de l'électorat le plus âgé. Il a une meilleure image que le parti de Laurent Gbagbo, mais ils sont proches l'un de l'autre alors que le RDR est moins bien placé en raison des clivages plus forts. Il a des zones de force et des zones où il est rejeté. Il a davantage de soutien dans les zones frontalières du Nord.
RFI : Est-ce qu'on peut dire que les militants du RDR sont plus fidèles que ceux des autres formations ?
E.R. : Il y a sans doute une dimension identitaire. Ce qu'on constate, c'est qu'il a de très forts niveaux de soutien notamment dans les zones frontalières du Nord du pays et ailleurs des niveaux de rejet. C'est sans doute la trace du conflit. La question qu'il faut se poser, c'est de savoir s'il y a des oppositions franches et totales entre le Nord et le Sud du pays. Ce n'est pas totalement vrai, car Alassane Ouattara a des électeurs pas trop mal repartis sur l'ensemble du pays, Laurent Gbagbo aussi. Et sur l'image du RDR cela se voit plus que sur l'image des deux autres partis qui sont plus consensuels.
Propos recueillis sur RFI par Dan Opéli