Yao Paul N’dré, le tout nouveau président du Conseil Constitutionnel croyait si bien faire. Frappé de suspicion légitime quant à sa capacité à mener de façon transparente et équitable ses nouvelles charges, le professeur de Droit, s’est fendu dans une interview à un confrère. Hier, dans les colonnes du journal pro gouvernemental, Yao Paul N’dré a tenté de se justifier en ces termes : « je compte assumer cette mission avec transparence et une neutralité absolue ». Il aurait certainement dû ne pas parler. Car « savoir se taire préserve de la calamité ». En effet dans la même interview, le nouveau président du Conseil Constitutionnel détruit lui-même ses arguments, par ailleurs légers. Si on peut lui concéder le fait de remercier le Chef de l’Etat, pour avoir porté son choix sur sa personne, pour diriger cette importante institution, on comprend mal les remerciements faits par Yao N’dré, à la Première Dame, Simone Gbagbo, au Président du FPI et à ses militants. Ces choix ne sont pas fortuits et trahissent l’homme qui veut être neutre dans sa mission. A la vérité, c’est à pouffer de rire en lisant le président Yao N’dré. A la limite, sa sortie pue une grande vanité. Vouloir se présenter sous le prisme qui n’a jamais été le sien. C’est peu de dire que l’homme est un irréductible du Front Populaire, qui a toujours manifesté une grande animosité pour Houphouët Boigny, Bédié et surtout Alassane Ouattara. Président du Conseil Général de Divo, il est connu pour ses déclarations tapageuses et véhémentes à l’endroit des opposants ivoiriens. Il y a quelque temps, sur le plateau d’un débat télévisé, Yao N’dré ne faisait aucun mystère sur sa haine pour les présidents du RDR et du PDCI. Comment avouer sa neutralité dans un combat électoral qui va bientôt opposer son candidat, Laurent Gbagbo à ses deux ténors de l’opposition ? On n’abandonne pas trente ans de lutte pour un parti politique et son leader, l’espace d’une nomination. A n’en point douter, Yao Paul N’dré vient continuer une partition longtemps entamée. Il ne sera jamais neutre dans ses prises de position. Son interview n’apaise point les inquiétudes mais plutôt conforte l’opinion sur la mission à lui confiée par le locataire du Palais. « Je ne nomme pas quelqu’un en qui je n’ai pas confiance ». Tel est le leitmotiv du grand chef ivoirien.
BN
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