La Commission électorale indépendante (Cei) a choisi de plaider non coupable. Face au retard qui menace le processus électoral, Robert Beugré Mambé et ses collaborateurs ont, semble-t-il, choisi la fuite en avant, dégageant du coup leur responsabilité face au risque de plus en plus grand de voir son chronogramme «mourir». Dans une déclaration faite hier au siège de l'institution, son porte-parole, Bamba Yacouba, a pointé un doigt accusateur en direction la Commission nationale de supervision de l'Identification (Cnsi), le Centre de commandement intégré (Cci) et l'Etat qui ne joueraient pas correctement leur partition. « La Cnsi n'a pas encore désigné ses représentants au sein des Comités d'exploitation dont la mission est capitale dans le traitement des données dans les centres de coordination et au site central, le Cci n'assure la sécurité que dans quelques centres de coordination et l'Etat n'a pas, jusqu'à présent, décaissé les 5 milliards de Fcfa prévus depuis le 31 juillet 2009», a diagnostiqué le collaborateur de Robert Beugré Mambé. Le moins que l'on puisse écrire, c'est que la démarche du maître d'œuvre du processus électoral paraît curieuse. Face aux inquiétudes exprimées ça et là, c'est bien la Cei qui est, à chaque fois, montée au créneau pour rassurer l'opinion nationale et internationale quand aux bonnes dispositions prises pour conduire le processus à bien. Même en ce qui concerne les contingences financières, Robert Beugré Mambé s'est toujours voulu rassurant invitant les agents à quitter les rues pour passer à la caisse. Un jeu d'optimisme tout azimut que le président de la Cei avait poussé jusqu'à affirmer devant le chef de l'Etat et le Premier ministre que «plus aucun obstacle» n'existait devant la conduite du traitement des données. Se garder aujourd'hui de situer sa propre part de responsabilité dans les «retards importants» relève en notre sens d'une inconséquence qui n'est pas digne de l'arbitre des futures élections. Mambé et ses collaborateurs gagneraient à dire la vérité, en tout lieu et en tout temps sur l'état réel du processus électoral sur lequel les Ivoiriens fondent un profond espoir pour enterrer définitivement 7 années de crise.
Marc Dossa
Marc Dossa