Un véritable pavé dans la mare du pouvoir Wade. «Contes et Mécomptes de l’Anoci», le dernier ouvrage du journaliste d’investigation et écrivain, Abdou Latif Coulibaly, fait le procès de la gestion de l’Anoci (Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique) par Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade.
Ça fait actuellement grand bruit au pays de la Térenga. «Contes et Mécomptes de l’Anoci», le livre du journaliste d’investigation et écrivain, Abdou Latif Coulibaly, paru le 13 août simultanément aux éditions Sentinelles (Dakar) et Harmattan (Paris), un volume de 200 pages, fruit d’une enquête de longue haleine s’appuie sur des documents de première main et des références solides. Pour mettre sur la place publique ce que certains considèrent déjà comme «le plus grand mystère politico-financier de l’histoire contemporaine du Sénégal», le journaliste a, dit-il, pénétré le cœur de l’Anoci. Il démontre comment, sous le prétexte d’un sommet, le régime a mis sur pied un dispositif opaque dont les résultats constituent un désastre pour les finances publiques du Sénégal. L’auteur a passé au peigne fin les comptes de l’Anoci et mis en lumière des malversations financières, trafics d’influence, surfacturations, règlements de comptes, dissimulations et autres détournements de fonds publics. L’enquête de Latif s’est penchée sur les dépassements budgétaires pour dévoiler des pratiques occultes au centre desquelles l’on retrouve le nom de Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade, alors grand patron de l’Anoci et actuel tout puissant ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des Infrastructures, des Transports aériens et de l’Aménagement du territoire. Le livre révèle aussi des pratiques peu orthodoxes de Karim Wade auprès des partenaires arabes qui ont vainement exigé plus de garantie officielle. Des exigences qui l’ont moult fois mis en difficulté avec le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de même que celui de l’Economie et des Finances. L’Anoci est la structure mise en place par le président Abdoulaye Wade pour piloter l’organisation de la conférence islamique qui s’est tenue à Dakar en mars 2008. Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 15 août à Dakar, l’auteur a indiqué n’avoir pas «la preuve que le gaspillage de l’argent public a enrichi un membre de l’Anoci.» Néanmoins, il affirme que «750 millions sont dépensés rien que pour l’aménagement des locaux de l’Anoci, soit l’équivalent de la construction d’un immeuble à 10 étages. Il faut dire que dans cette somme, 687 millions FCFA pour le bureau du président (Karim Wade) ; 26 millions FCFA pour le cloisonnement du bureau de son garde du corps, 10 millions FCFA pour une lampe qui trône au-dessus de sa tête, 9 millions FCFA pour un appareil photo. Le ministère de la Communication a reçu 4 milliards FCFA, 250 millions FCFA pour équiper la Rts (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise, Ndlr) l’Aps (Agence de presse sénégalaise, Ndlr) et Le Soleil (Quotidien gouvernemental, Ndlr) afin de leur assurer une bonne couverture du sommet. Tandis que l’installation d’une tente à l’aéroport pour accueillir ses hôtes a coûté 400 millions FCFA. L’armée a, elle, dépensé 2 milliards FCFA pour l’équipement de «l’Hôpital Principal». Quant au ministère de l’Economie maritime, il a loué le bateau Msc Musica pour 2 milliards FCFA». Latif a demandé à ses confrères de poursuivre son travail car, explique-t-il, «seule la moitié du travail a été abordée dans ce livre. » Pour l’heure, il n’y a aucune réaction officielle du gouvernement ni du mis en cause. Encore moins d’anciens membres de l’Anoci. Seul Mbaye Diack, secrétaire général-adjoint de la présidence, sur les ondes d’une radio privée de Dakar, a commenté la situation en se disant «surpris d’apprendre que 750 millions de FCFA auraient été dépensés pour occuper un bureau. C’est hors de raison. Moi j’attends la réaction des intéressés. Les socialistes n’ont pas de leçons à donner, eux qui ont organisé l’Oci en 1991.» Pour rappel, la sortie du livre «Wade, un opposant au pouvoir: l’alternance piégée» en juillet 2003 n’avait pas à l’époque laissé indifférent le régime de l’alternance. Invité l’année dernière par l’Onuci, Abdou Latif Coulibaly avait donné une série de formations à des journalistes à travers la Côte d’Ivoire. A Yamoussoukro, ses cours ont été unanimement appréciés par les correspondants locaux de la presse ivoirienne.
Ousmane Diallo
Correspondant régional
Ça fait actuellement grand bruit au pays de la Térenga. «Contes et Mécomptes de l’Anoci», le livre du journaliste d’investigation et écrivain, Abdou Latif Coulibaly, paru le 13 août simultanément aux éditions Sentinelles (Dakar) et Harmattan (Paris), un volume de 200 pages, fruit d’une enquête de longue haleine s’appuie sur des documents de première main et des références solides. Pour mettre sur la place publique ce que certains considèrent déjà comme «le plus grand mystère politico-financier de l’histoire contemporaine du Sénégal», le journaliste a, dit-il, pénétré le cœur de l’Anoci. Il démontre comment, sous le prétexte d’un sommet, le régime a mis sur pied un dispositif opaque dont les résultats constituent un désastre pour les finances publiques du Sénégal. L’auteur a passé au peigne fin les comptes de l’Anoci et mis en lumière des malversations financières, trafics d’influence, surfacturations, règlements de comptes, dissimulations et autres détournements de fonds publics. L’enquête de Latif s’est penchée sur les dépassements budgétaires pour dévoiler des pratiques occultes au centre desquelles l’on retrouve le nom de Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade, alors grand patron de l’Anoci et actuel tout puissant ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, des Infrastructures, des Transports aériens et de l’Aménagement du territoire. Le livre révèle aussi des pratiques peu orthodoxes de Karim Wade auprès des partenaires arabes qui ont vainement exigé plus de garantie officielle. Des exigences qui l’ont moult fois mis en difficulté avec le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de même que celui de l’Economie et des Finances. L’Anoci est la structure mise en place par le président Abdoulaye Wade pour piloter l’organisation de la conférence islamique qui s’est tenue à Dakar en mars 2008. Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le 15 août à Dakar, l’auteur a indiqué n’avoir pas «la preuve que le gaspillage de l’argent public a enrichi un membre de l’Anoci.» Néanmoins, il affirme que «750 millions sont dépensés rien que pour l’aménagement des locaux de l’Anoci, soit l’équivalent de la construction d’un immeuble à 10 étages. Il faut dire que dans cette somme, 687 millions FCFA pour le bureau du président (Karim Wade) ; 26 millions FCFA pour le cloisonnement du bureau de son garde du corps, 10 millions FCFA pour une lampe qui trône au-dessus de sa tête, 9 millions FCFA pour un appareil photo. Le ministère de la Communication a reçu 4 milliards FCFA, 250 millions FCFA pour équiper la Rts (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise, Ndlr) l’Aps (Agence de presse sénégalaise, Ndlr) et Le Soleil (Quotidien gouvernemental, Ndlr) afin de leur assurer une bonne couverture du sommet. Tandis que l’installation d’une tente à l’aéroport pour accueillir ses hôtes a coûté 400 millions FCFA. L’armée a, elle, dépensé 2 milliards FCFA pour l’équipement de «l’Hôpital Principal». Quant au ministère de l’Economie maritime, il a loué le bateau Msc Musica pour 2 milliards FCFA». Latif a demandé à ses confrères de poursuivre son travail car, explique-t-il, «seule la moitié du travail a été abordée dans ce livre. » Pour l’heure, il n’y a aucune réaction officielle du gouvernement ni du mis en cause. Encore moins d’anciens membres de l’Anoci. Seul Mbaye Diack, secrétaire général-adjoint de la présidence, sur les ondes d’une radio privée de Dakar, a commenté la situation en se disant «surpris d’apprendre que 750 millions de FCFA auraient été dépensés pour occuper un bureau. C’est hors de raison. Moi j’attends la réaction des intéressés. Les socialistes n’ont pas de leçons à donner, eux qui ont organisé l’Oci en 1991.» Pour rappel, la sortie du livre «Wade, un opposant au pouvoir: l’alternance piégée» en juillet 2003 n’avait pas à l’époque laissé indifférent le régime de l’alternance. Invité l’année dernière par l’Onuci, Abdou Latif Coulibaly avait donné une série de formations à des journalistes à travers la Côte d’Ivoire. A Yamoussoukro, ses cours ont été unanimement appréciés par les correspondants locaux de la presse ivoirienne.
Ousmane Diallo
Correspondant régional