A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, les ambitions se dévoilent. Parmi le bataillon de candidats masculins, une femme a décidé de se jeter à l'eau.
C'est une mini-révolution, mais c'est une révolution tout de même ! Une femme a décidé de briguer la magistrature suprême en Côte d'Ivoire. Et selon toute vraisemblance, cette femme sera réellement sur la ligne de départ de la prochaine présidentielle, avec comme atout-maître, son coefficient personnel. Cette dame, c'est le Pr Jacqueline Lohouès-Oble, professeure agrégée de Droit. Après avoir été doyenne de la faculté de droit de l'université de Cocody, ministre de la Justice, députée, conseillère principale à la Primature, présidente du Réseau des femmes ministres et parlementaires de Côte d'Ivoire (Refamp-ci), elle estime que la suite normale de sa trajectoire politique, c'est la présidence de la République. Et elle y travaille avec sa méthode habituelle : application et discrétion absolue. Depuis qu'elle s'est forgée cette résolution, l'ancienne dame de fer de la Chancellerie, à la voix rauque et au timbre imposant, a commencé à tisser sa toile. Décidée à ne briguer le parrainage d'aucun parti politique, elle veut bâtir sa niche dans le creuset des organisations de la société civile, principalement des associations féminines. Lesquelles, il faut le dire, ont tenu la dragée haute à toutes les associations dirigées par les hommes au cours de la décennie écoulée.
Dès que la nuit commence à étendre son voile, un cartel de femmes influentes se retrouve dans les locaux de l'embryon d'université privée où Mme Jacqueline Lohouès-Oble professe son savoir. Il s'agit de l'établissement dénommé Facultés universitaires privées d'Abidjan (Fupa), qui regroupe une faculté des sciences économiques et de gestion ainsi qu'une faculté des sciences juridiques. Cet endroit qui sert de QG provisoire, selon des sources bien introduites, est situé à Angré, en face du siège des Evêques de la Conférence régionale d'Afrique de l'ouest francophone (Cerao). Le terme cartel sert ici pour traduire la profonde influence socio-politique que ces femmes exercent sur la vie de la Nation et n'a aucune connotation malveillante. La candidature de Mme le Pr Oble sera présentée comme étant celle des mouvements et associations de la société civile, ainsi que celle des électeurs non partisans. Evidemment, les associations et mouvements féminins et féministes crieront «alléluia ! » et se précipiteront pour soutenir la candidature d'une femme dans un pays où la politique version mâle n'a causé que morts et désolation. Ces associations féminines, qui ne sont pas dans le secret des dieux, penseront qu'il s'agit là du couronnement ultime de la campagne nationale menée autour du thème : « pourquoi pas une femme», il y a maintenant trois ans. Cette campagne, rappelons-le, avait été initiée par la Coalition des femmes leaders de Côte d'Ivoire (Cfelci), dont Mme Oble est, justement, membre. Et visait à faire émerger un leadership féminin stratégique à tous les niveaux décisionnels du pays. Pour l'heure, les réunions sécrètes se suivent à une cadence accélérée aux Fupa. Et les guerrières affûtent leurs armes.
Banny, le joker
Mais une campagne présidentielle nécessite de l'argent. Beaucoup d'argent. Mme Oble, même si elle vit très bien, selon toute vraisemblance n'a pas le matelas financier suffisamment épais pour aller tutoyer Gbagbo, Bédié, Ado, Mabri dans une campagne électorale. Et c'est là que, selon nos sources, elle pourrait sortir son joker : le Premier ministre Charles Konan Banny. Rappelons-nous : sous la Primature de Banny, elle avait le titre de Conseillère principale chargée du programme de paix. Ce qui en faisait un directeur de cabinet-bis. Et c'est elle qui a conçu plusieurs programmes dont le Code des audiences foraines, qui a été lacéré par les partis politiques, notamment le Fpi et ses alliés du Cnrd. C'est encore elle qui avait la charge, en tant que présidente, de piloter le Forum national de dialogue prescrit à Banny par la résolution 1721. Les activités de ce Forum se sont limitées à la cérémonie de lancement, avant qu'il ne prenne l'eau de toutes parts. Le financement par Charles K. Banny de la candidature de celle qui était son bras droit à la Primature semble acquis, affirment des sources proches du Pr Oble, qui s'en réjouissent fortement. Pourquoi Banny ferait-il cela ? Nos sources avancent diverses raisons dont celle-ci, qui revient dans chacune d'elles : il s'agit de regrouper autour de Mme Oble, tous les opposants internes à l'alliance Pdci-Rdr, les anti-Ouattara indécrottables, les ivoiritaires de tous poils et ceux qui pensent qu'il faut savonner la planche à Bédié pour qu'il se casse la figure et cède la place à d'autres. Une candidature de Mme Oble, si elle est bien menée, pourrait coûter quelques voix à l'électorat akan pro-Bédié. Après sa démission fracassante de son poste de secrétaire nationale du Rdr et de ce parti le 27 juillet 1999, elle avait dans la foulée, écrit au président de l'Assemblée nationale pour lui annoncer son désistement de son mandat de député Rdr et son départ, de facto, du groupe parlementaire Rdr. Mme le Pr Oble avait été élue avec Mme Simone Ehivet-Gbagbo sur la liste Front républicain aux législatives de 1995 à Abobo. Elle avait prononcé une conférence de presse dans laquelle elle s'interrogeait sur les capacités du président de son parti à briguer la magistrature suprême, en raison selon elle, des doutes persistants sur sa nationalité ivoirienne. Elle s'était alors rapprochée du Pdci, sans militer véritablement dans ce parti. Mais elle est néanmoins restée très proche de Mme Simone Ehivet-Gbagbo, son ancienne colistière d'Abobo. C'est ainsi qu'en 2005, après le renversement de Seydou Elimane Diarra, lorsqu'il a été demandé à chaque camp de proposer le nom d'un premier ministrable, le camp présidentiel a présenté, au finish deux personnalités : Coulibaly Delinpelna Gervais, l'actuel porte-parole de Gbagbo et Jacqueline Lohouès-Oble. Le nom de Mme Oble a été introduit par Mme Gbagbo. Elle était ainsi la seule femme de la « short-list » de quatre personnes, qui comprenait également le général Ouassenan Koné et le banquier Coulibaly Tiémoko Yadé. En définitive, c'est Charles Konan Banny, l'outsider venu de Dakar qui a raflé la mise.
Mme Oble a décidé de revenir se jeter dans le marigot politique. Elle a ses atouts, dont les moindres ne sont pas ses qualités intellectuelles indiscutables et l'appui des réseaux de mouvements féminins. Mais elle a aussi ses handicaps. Dont un certain 18 février 1992, où, en tant que Garde des Sceaux elle a fait une interprétation sujette à caution du code pénal et pris des arrêtés critiquables pour pouvoir jeter en prison 250 militants de l'opposition. Au nom du principe de la «communauté d'intention» avec les émeutiers qui étaient pourchassés par les forces de l'ordre au Plateau. Parmi les prisonniers de cette époque, on peut citer Koudou Laurent Gbagbo, Simone Ehivet-Gbagbo, Michel Gbagbo, Lida Moïse Kouassi, Ahipeaud Martial, Kalifa Touré, Louis-André Dacoury-Tabley, René Degni-Ségui, Odette Sauyet Likikouet, Akoun Laurent, Gnoulé Oupoh Bruno, Koudou Kessié Raymond, Yapi Assa Appolinaire… Du beau monde, qui l'attend sur le terrain.
Touré Moussa
C'est une mini-révolution, mais c'est une révolution tout de même ! Une femme a décidé de briguer la magistrature suprême en Côte d'Ivoire. Et selon toute vraisemblance, cette femme sera réellement sur la ligne de départ de la prochaine présidentielle, avec comme atout-maître, son coefficient personnel. Cette dame, c'est le Pr Jacqueline Lohouès-Oble, professeure agrégée de Droit. Après avoir été doyenne de la faculté de droit de l'université de Cocody, ministre de la Justice, députée, conseillère principale à la Primature, présidente du Réseau des femmes ministres et parlementaires de Côte d'Ivoire (Refamp-ci), elle estime que la suite normale de sa trajectoire politique, c'est la présidence de la République. Et elle y travaille avec sa méthode habituelle : application et discrétion absolue. Depuis qu'elle s'est forgée cette résolution, l'ancienne dame de fer de la Chancellerie, à la voix rauque et au timbre imposant, a commencé à tisser sa toile. Décidée à ne briguer le parrainage d'aucun parti politique, elle veut bâtir sa niche dans le creuset des organisations de la société civile, principalement des associations féminines. Lesquelles, il faut le dire, ont tenu la dragée haute à toutes les associations dirigées par les hommes au cours de la décennie écoulée.
Dès que la nuit commence à étendre son voile, un cartel de femmes influentes se retrouve dans les locaux de l'embryon d'université privée où Mme Jacqueline Lohouès-Oble professe son savoir. Il s'agit de l'établissement dénommé Facultés universitaires privées d'Abidjan (Fupa), qui regroupe une faculté des sciences économiques et de gestion ainsi qu'une faculté des sciences juridiques. Cet endroit qui sert de QG provisoire, selon des sources bien introduites, est situé à Angré, en face du siège des Evêques de la Conférence régionale d'Afrique de l'ouest francophone (Cerao). Le terme cartel sert ici pour traduire la profonde influence socio-politique que ces femmes exercent sur la vie de la Nation et n'a aucune connotation malveillante. La candidature de Mme le Pr Oble sera présentée comme étant celle des mouvements et associations de la société civile, ainsi que celle des électeurs non partisans. Evidemment, les associations et mouvements féminins et féministes crieront «alléluia ! » et se précipiteront pour soutenir la candidature d'une femme dans un pays où la politique version mâle n'a causé que morts et désolation. Ces associations féminines, qui ne sont pas dans le secret des dieux, penseront qu'il s'agit là du couronnement ultime de la campagne nationale menée autour du thème : « pourquoi pas une femme», il y a maintenant trois ans. Cette campagne, rappelons-le, avait été initiée par la Coalition des femmes leaders de Côte d'Ivoire (Cfelci), dont Mme Oble est, justement, membre. Et visait à faire émerger un leadership féminin stratégique à tous les niveaux décisionnels du pays. Pour l'heure, les réunions sécrètes se suivent à une cadence accélérée aux Fupa. Et les guerrières affûtent leurs armes.
Banny, le joker
Mais une campagne présidentielle nécessite de l'argent. Beaucoup d'argent. Mme Oble, même si elle vit très bien, selon toute vraisemblance n'a pas le matelas financier suffisamment épais pour aller tutoyer Gbagbo, Bédié, Ado, Mabri dans une campagne électorale. Et c'est là que, selon nos sources, elle pourrait sortir son joker : le Premier ministre Charles Konan Banny. Rappelons-nous : sous la Primature de Banny, elle avait le titre de Conseillère principale chargée du programme de paix. Ce qui en faisait un directeur de cabinet-bis. Et c'est elle qui a conçu plusieurs programmes dont le Code des audiences foraines, qui a été lacéré par les partis politiques, notamment le Fpi et ses alliés du Cnrd. C'est encore elle qui avait la charge, en tant que présidente, de piloter le Forum national de dialogue prescrit à Banny par la résolution 1721. Les activités de ce Forum se sont limitées à la cérémonie de lancement, avant qu'il ne prenne l'eau de toutes parts. Le financement par Charles K. Banny de la candidature de celle qui était son bras droit à la Primature semble acquis, affirment des sources proches du Pr Oble, qui s'en réjouissent fortement. Pourquoi Banny ferait-il cela ? Nos sources avancent diverses raisons dont celle-ci, qui revient dans chacune d'elles : il s'agit de regrouper autour de Mme Oble, tous les opposants internes à l'alliance Pdci-Rdr, les anti-Ouattara indécrottables, les ivoiritaires de tous poils et ceux qui pensent qu'il faut savonner la planche à Bédié pour qu'il se casse la figure et cède la place à d'autres. Une candidature de Mme Oble, si elle est bien menée, pourrait coûter quelques voix à l'électorat akan pro-Bédié. Après sa démission fracassante de son poste de secrétaire nationale du Rdr et de ce parti le 27 juillet 1999, elle avait dans la foulée, écrit au président de l'Assemblée nationale pour lui annoncer son désistement de son mandat de député Rdr et son départ, de facto, du groupe parlementaire Rdr. Mme le Pr Oble avait été élue avec Mme Simone Ehivet-Gbagbo sur la liste Front républicain aux législatives de 1995 à Abobo. Elle avait prononcé une conférence de presse dans laquelle elle s'interrogeait sur les capacités du président de son parti à briguer la magistrature suprême, en raison selon elle, des doutes persistants sur sa nationalité ivoirienne. Elle s'était alors rapprochée du Pdci, sans militer véritablement dans ce parti. Mais elle est néanmoins restée très proche de Mme Simone Ehivet-Gbagbo, son ancienne colistière d'Abobo. C'est ainsi qu'en 2005, après le renversement de Seydou Elimane Diarra, lorsqu'il a été demandé à chaque camp de proposer le nom d'un premier ministrable, le camp présidentiel a présenté, au finish deux personnalités : Coulibaly Delinpelna Gervais, l'actuel porte-parole de Gbagbo et Jacqueline Lohouès-Oble. Le nom de Mme Oble a été introduit par Mme Gbagbo. Elle était ainsi la seule femme de la « short-list » de quatre personnes, qui comprenait également le général Ouassenan Koné et le banquier Coulibaly Tiémoko Yadé. En définitive, c'est Charles Konan Banny, l'outsider venu de Dakar qui a raflé la mise.
Mme Oble a décidé de revenir se jeter dans le marigot politique. Elle a ses atouts, dont les moindres ne sont pas ses qualités intellectuelles indiscutables et l'appui des réseaux de mouvements féminins. Mais elle a aussi ses handicaps. Dont un certain 18 février 1992, où, en tant que Garde des Sceaux elle a fait une interprétation sujette à caution du code pénal et pris des arrêtés critiquables pour pouvoir jeter en prison 250 militants de l'opposition. Au nom du principe de la «communauté d'intention» avec les émeutiers qui étaient pourchassés par les forces de l'ordre au Plateau. Parmi les prisonniers de cette époque, on peut citer Koudou Laurent Gbagbo, Simone Ehivet-Gbagbo, Michel Gbagbo, Lida Moïse Kouassi, Ahipeaud Martial, Kalifa Touré, Louis-André Dacoury-Tabley, René Degni-Ségui, Odette Sauyet Likikouet, Akoun Laurent, Gnoulé Oupoh Bruno, Koudou Kessié Raymond, Yapi Assa Appolinaire… Du beau monde, qui l'attend sur le terrain.
Touré Moussa