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Politique Publié le vendredi 4 septembre 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Interview / Polémique autour du débat télévisé des candidats à l’élection présidentielle - Thomas Zahoui, président d`Elan : “C’est à la société civile que revient le droit de l’organiser”

L`Association ``Ethique, légalité pour l`avenir national (ELAN) de Thomas Zahui prévoit à cet effet un débat direct entre les principaux candidats à l`élection présidentielle du 29 novembre prochain. M. Thomas Zahui, vous êtes président de l`Association Elan qui signifie "Ethique légalité pour l`avenir national".

Qu`est-ce qui a motivé la création d`une telle association ?

Elan a été créé depuis 2002. Face à l`agression que notre pays a subie des Ivoiriens, en majorité des intellectuels et certains citoyens d`origine étrangère, ont pensé qu`il fallait créer une association pour permettre aux leaders politiques de se parler, de se rencontrer et de discuter des problèmes du pays. Voilà la raison principale qui a présidée à la création de cette association.
Pensez-vous donc que l`éthique a disparu du paysage national ?
Evidemment pour nous, dans toute action politique, il faut tenir compte de l`éthique. L`éthique fait appel à la morale, à l`honnêteté, à une certaine droiture. Et nous avons pensé que le pays étant dirigé par des hommes politiques, il fallait surtout insister sur ce critère. La légalité qui comprend la constitution, la loi, est de nature à préserver la stabilité politique. Tout doit être conforme à l`idéal démocratique, à la constitution.
Votre structure est née depuis 2002. Cela fait aujourd`hui 7 ans. Quel est votre bilan ?
Notre bilan est largement positif. Nous avons organisé des séminaires notamment sur le rôle de partis politiques en Côte d`Ivoire, sur la justice et l`Etat de droit. Nous avons également organisé des conférences. Mais Elan a notamment organisé sa ``Tribune libre`` qui est différente d`une conférence conventionnelle. C`est un débat au cours duquel les participants posent directement leurs questions à l`invité principal. C`est dans ce cadre que nous avons eu à inviter le président Laurent Gbagbo, Alassane Dramane Ouattara…. Cela a été bénéfique car nous avons pu obtenir un dialogue entre les leaders politiques, les responsables économiques et le peuple. De sorte que ce sont ces mêmes leaders qui ont suggéré au NDI que nous étions capables d`organiser un tel débat pendant les élections présidentielles.
Quelles ont été les retombées ?
C`est d`abord la satisfaction de savoir que désormais tout leader politique peut être questionné sur tous les sujets qui concernent le pays en dehors même de ceux relatifs à son parti. Nous avons permis les échanges contradictoires entre les leaders politiques et les citoyens.
Elan a habitué les Ivoiriens à des débats. Mais depuis un certain temps, on ne vous nous entendons plus. Est-ce à dire que votre stock de questions est épuisé ?
Pas du tout. Elan organise des débats en tenant compte de l`actualité.
Vous estimez donc que tout va bien à présent ?
Elan organise les débats selon les calendriers politiques. Notre premier souci était de trouver des solutions de sortie de crise. Donc avec toutes les personnalités que nous avons interrogées, nous n`avons parlé que de solutions de sortie de crise. Et quand il y a eu le dialogue direct, nous avons pensé qu`il y avait l`accalmie. En ce moment, l`actualité, c`est la campagne présidentielle. Nous avons donc décidé d`organiser un débat entre les différents candidats à la magistrature suprême de notre pays.
Pensez-vous qu`un tel débat est possible en Côte d`Ivoire ?
Cela devrait être possible. Nous sommes dans un monde d`ouverture. Partout, on parle de mondialisation. Ce genre de débat ne se passe plus seulement aux Etats-Unis ou en France. La preuve, il y en a eu au Niger, au Ghana, au Nigéria. Même en Afghanistan, un pays en guerre, ce débat a eu lieu entre les différents candidats. Ce qui veut dire qu`on ne peut plus laisser le citoyen en dehors de la politique. Il faut que désormais, le citoyen ait son mot à dire dans le débat national. C`est pourquoi, nous pensons que pour la première fois, au sortir de la crise en Côte d`Ivoire, il faut que ce débat ait lieu. Nous avons rencontré les candidats, qui nous ont donné leur accord de principe.
On peut avoir des noms ?
Oui. Il y a Alassane Ouattara…
Je vous rappelle qu`il y a près d`une vingtaine de candidats qui se sont signalés pour cette élection…
Nous parlons des grands candidats
Vous êtes donc en train de dire qu`il y a de petits candidats ?
Nous parlons des grands candidats. Le président Laurent Gbagbo, avant même que nous l`approchions avait déjà émis cette idée. Il est donc d`accord. Le président Francis Wodié, le secrétariat du Pdci ont donné leur accord de principe. Nous nous appuyons sur ces accords pour dire que ce débat aura lieu. Nous sommes en train de nous organiser en conséquence.
Concrètement, comment ce débat va-t-il se passer ?
L`idéal serait d`avoir tous les candidats sur un même plateau. Mais vous imaginez le nombre de candidats en Côte d`Ivoire. 20 à 37 candidats pour un plateau, cela sera difficile. Donc nous allons sélectionner les candidats.
Sur la base de quels critères ?
Nous allons tenir compte du critère de financement des partis politiques. En Côte d`ivoire, ce financement se fait par rapport à la représentativité nationale. Il faut avoir des députés, des maires, des présidents de conseils généraux pour pouvoir profiter du financement. Nous allons nous appuyer sur ce schéma pour sélectionner les candidats qui pourront venir à notre débat. Aux Etats-Unis, il y a 200 candidats, mais, il n`y a que deux qui arrivent au débat. Nous pensons que ce sont les principaux candidats que sont les candidats Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, qui doivent participer au débat.
A propos de la paternité du débat, il y a polémique entre votre structure et la Rti. De quoi s`agit-il concrètement ?
D`abord, il faut savoir que partout ailleurs dans le monde, où ce genre de débat a eu lieu, c`est la société civile qui organise. Ici, en Côte d`ivoire, c`est pour la première fois que ce débat doit avoir lieu. Nous avons l`appui et le soutien du ministre de la communication, du président du conseil d`administration de la Rti. Par ailleurs, nous avons approché le Cnca, dont le rôle est de contrôler les émissions à la télévision et de veiller à ce que tous les courants d`opinion aient accès aux médias d`Etat. Pour être en conformité avec ces principes de régulations. Le Cnca est ouvert à la discussion. Nous sommes une structure de la société civile qui a déjà fait ses preuves et nous voulons utiliser la Rti uniquement comme un canal de diffusion. La Rti a l`habitude d`organiser les débats politiques, donc il se pourrait que la Rti pense qu`organiser ce genre de débat soit de son ressort. Il ne s`agit pas d`émission
ordinaire politique, bien plus. C`est le candidat à la magistrature suprême de notre pays qui sera face aux électeurs. Il ne faudrait pas que les responsables de la télévision confondent leurs émissions politiques avec le caractère que nous voulons donner au débat entre les différents candidats.
Pour l`heure, avez-vous réussi à aplanir le différend ?
Il n`y a pas de différend en tant que tel mais nous ne nous sommes pas encore très bien expliqués. Il y a encore des incompréhensions. Or, nous avons les moyens de notre politique. Nous allons monter tout un studio pour notre émission et avoir tout ce qu`il faut comme appareil. Donc, c`est à nous d`organiser cela et la télévision ne fera que la diffuser en direct. Ce débat ne peut avoir lieu sans la RTI, donc nous ne sommes pas du tout en compétition avec elle. Mais la télévision doit comprendre qu`elle n`est pas impliquée dans l`organisation de ce débat. C`est cela que nous voulons faire comprendre. C`est une structure de la société civile avec d`autres qui organise un débat à l`intention des citoyens ivoiriens. C`est une affaire de confiance entre Elan et les principaux candidats. J`ai été invité aux Etats Unis par le NDI à un séminaire qui a regroupé 18 pays que sont, entre autres le Ghana, le Nigéria, le Niger, la
Mauritanie qui ont déjà eu à organiser ce genre de débat. Et dans tous ces pays-là, c`est la société civile qui prend sur elle de le faire.
Quel regard portez-vous sur le processus de sortie de crise ?
Nous sommes très heureux de constater qu`aujourd`hui, les Ivoiriens peuvent se déplacer d`un point à un autre sans difficulté. Durant toute la durée de la crise, nous avons essayé de trouver des solutions. Nous avons demandé à tous les leaders de nous donner des solutions de sortie de crise. Et chaque fois nous recevions un leader à Elan, nous disions que les ivoiriens entre eux pouvaient trouver les solutions à la sortie de crise. Heureusement, c`est ce que le Président Gbagbo a fait. Donc nous sommes très heureux de constater l`accalmie. Nous pensons que ce sera une très bonne chose d`aller aux élections. Mais il faut retenir que l`élection est un rite. Elle ne sera pas la solution à la crise en Côte d`Ivoire, mais nous sommes obligés d`y aller pour donner du crédit, une certaine légitimité au Président de la République qui sera élu.
Vous prévoyez un débat. Ce qui signifie que vous croyez en la tenue des élections. Qu`est-ce qui vous rassure tant ?
Il faut retenir une chose, les élections auront lieu dans ce pays. Chacun est prêt pour aller aux élections. En ce qui concerne la date du 29 novembre, nous prenons acte de ce qui a été décidé, par les structures chargées de l`organisation des élections. Elles l`ont fait librement et sans contrainte.
Pensez-vous que les élections pourront se tenir à la date convenue en dépit de tous ces retards constatés ?
Moi je dis que je prends acte. Les différents responsables chargés des élections en Côte d`Ivoire disent que les élections seront organisées le 29 novembre. Attendons de voir.

Interview réalisée par
Mireille Abié (coll. E.B)
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