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Politique Publié le samedi 5 septembre 2009 | Le Patriote

Sarkozy n’a pas choisi son camp

« Sarkozy a-t-il choisi son camp ? ». Sous cette forme interrogative particulièrement allusive au regard du contexte politique actuel en Côte d’Ivoire, la manchette d’un confrère de la place essayait hier, de jeter une sorte de trouble dans l’esprit des Ivoiriens. Lequel trouble, moral dans un premier temps, pourrait fort bien, par la suite, faire le lit d’autres troubles autrement plus dommageables pour le climat politique et social. On serait alors au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin présidentiel dont tous les états-majors politiques s’attèlent à la préparation en ce moment. Ces troubles pourraient venir du sentiment de certains Ivoiriens que la France de Sarkozy a pris partie pour certains candidats, en l’occurrence Alassane Ouattara (s’il sortait vainqueur), au détriment des autres.
Nord Sud quotidien, le confrère en question, a en tout cas risqué cette « prouesse » dans un article dont l’argumentaire n’est jamais parvenu à masquer le caractère extrêmement tendancieux. Au point où il a laissé le sentiment – notre cher confrère – de trahir un état d’âme a priori injustifiable : le dépit. Car la question de fond ici serait de savoir pourquoi Nord Sud serait-il dépité ? En la matière, les réponses se trouvent dans l’articulation même du texte.
Qu’est-ce qui a donc justifié cette sortie de notre confrère ? Un apéritif suivi d’un « long entretien en tête-à-tête » que, selon « La Lettre du continent » qu’il cite, le président du RDR aurait partagé, à l’Elysée la semaine dernière, au moment où il se trouvait encore en France, avec le chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy. Et notre confrère, par ce seul fait, de conclure presque à une connivence à la limite de la collusion entre les deux hommes, dans la perspective de la présidentielle prochaine. Et c’est à ce niveau que nos amis politologues basculent dans un véritable procès d’intention qu’ils fondent sur le contexte électoral actuel « qui veut qu’un homme politique ne fasse rien au hasard ». « Il (Alassane Ouattara, ndlr) avait d’abord reçu les résultats du sondage d’opinion réalisé par l’institut français Sofres (…) cette enquête lui prédisait (au premier tour) une situation peu confortable. Seulement 26% de ses compatriotes lui promettaient leurs faveurs (…) Ensuite, en plein meeting à Gagnoa le lundi 3 août, au stade Biaka Boda, M. Ouattara avait été victime d’un malaise devant ses militants. Le 23 août alors qu’il se trouve à Paris pour, dit-on, « un repos médical » une rumeur le donnant pour mort envahit Abidjan », écrit, la plume ferme, notre confrère, qui interprète, quasi narquois, l’apéro pris par les deux hommes comme « un sérieux coup de main (de Sarkozy) à un candidat dans les cordes ». A partir de cette position, l’auteur de l’article peut tranquillement galoper de thèse en thèse, les unes plus fantaisistes que les autres. « Depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir, son homologue ivoirien (Gbagbo, ndlr) et lui n’ont échangé qu’une poignée de main suivie d’un bref échange le 25 septembre 2007 à New York, à l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité. Qualifiant de ‘’ promesses fallacieuses’’ les dates fixées pour les élections en Côte d’Ivoire, le président de l’ancienne puissance coloniale ne cesse d’envoyer des piques à Laurent Gbagbo affirmant qu’il ‘’n’est pas digne de confiance’’ », gémit presque Nord Sud Quotidien. Et comme une jérémiade peut en appeler une autre, le quotidien dégringole carrément dans ce que d’aucuns verraient s’apparenter à de l’hérésie pure et simple. « Le président du PDCI a séjourné pendant plus d’un mois en Europe. Loin du velours de l’Elysée, le Premier ministre aussi n’a pas été reçu par Sarkozy, lors de son précédent séjour parisien. Contrairement à une certaine tradition qui a vu ses prédécesseurs, Seydou Diarra et Konan Banny, recevoir l’appui de Paris », se vexe notre confrère.
Finalement, on se demande si le journal, à travers cet article très « épidermique », ne se pose pas en adversaire politique du RDR et, surtout, de son président. On se demande si notre confrère n’aurait pas aimé se trouver à la place d’un certain Laurent Gbagbo pour dire « deux mots » à ce Sarkozy qui n’en finit pas, comme son prédécesseur Jacques Chirac, de se comporter à l’égard de « notre président élu », comme un néocolonialiste.
Qu’un simple apéritif entre Sarkozy et ADO, que notre confrère reconnait du reste être « un vieil ami du président français » – qui se connaissent et se fréquentent depuis au moins 1990, le premier ayant même célébré le mariage du second – puisse provoquer une telle crise de nerf chez des journalistes, est totalement incohérent avec la vocation de ce métier. Qu’est-ce qui énerve tant Nord Sud Quotidien, dans cette marque de civilité entre deux amis ?
Parce que les marques d’amitié, ce n’est pas ce qui a manqué ces derniers temps sur la scène politique ivoirienne. Lorsque, coupant court aux critiques qui fusaient de partout à la suite de la nomination par lui à la tête du Conseil constitutionnel de Paul Yao N’dré, Laurent Gbagbo lâchait ce désormais fameux : « Pablo, c’est mon ami, et alors ? », qu’est-ce que Nord Sud a rétorqué face à cette sortie incommode pour un candidat à une élection qui se réjouissait ainsi de nommer « son ami » à la tête d’une institution clé du processus électoral ?
Sarkozy n’a pas choisi son camp. Il a choisi d’échanger avec un ami séjournant dans le pays dont il est le chef. Les deux hommes ont passé en revue les questions brûlantes de l’actualité internationale, secouée par une crise financière dont les conséquences influencent les économies africaines. N’oublions pas que le Président Sarkozy disait de l’ancien Directeur général adjoint du Fmi qu’il comptait « fait partie de ces hommes qui font honneur à l’élite ».

KORE EMMANUEL

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