Report de l'élection présidentielle. Tout indiquait que sur ce sujet, Blaise Compaoré était attendu de pied ferme en Côte d'Ivoire. Quelques heures seulement après son arrivée, des militants de l'opposition avaient vite fait de donner une coloration partisane à sa visite. «Compaoré est là pour convaincre l'opposition à accepter le report de l'élection présidentielle comme le souhaite Gbagbo», soutenaient-ils. A travers les différentes sorties médiatiques qui ont précédé leur rencontre avec le président du Burkina Faso, Alassane Dramane Ouattara (Rdr) et Henri Konan Bédié (Pdci) visiblement soupçonneux eux-aussi vis-à-vis de l'hôte burkinabé s'étaient mis à crier «non au report». En meeting à Agou jeudi (veille de son rendez-vous avec M. Compaoré), Bédié a lancé ce qui s'apparentait à un avertissement. «Nous dirons non à un nouveau report, avait lancé le «sphinx» de Daoukro. Quant à M. Ouattara, avant de se faire recevoir exceptionnellement le mercredi 16 septembre en raison de son calendrier chargé, il n'a raté aucune occasion de rappeler que le 29 novembre doit être fixé dans du marbre. Comme s'ils s'étaient alignés derrière ce mot d'ordre, les autres opposants, dont Anaky Kobena (Mfa) et Mabri Toikeusse (Udpci) ont aussi pesté contre tout projet de report. C'est donc certainement avec surprise que ces leaders ont constaté au cours des tête à tête avec M. Compaoré que ce dernier ne leur a sorti aucun nouveau calendrier électoral. Pas même une suggestion de report de la date du scrutin. Le facilitateur du dialogue direct a su manœuvrer face à eux. «On ne m'a pas posé la question d'un report éventuel des élections», a déclaré l'air agacé, le président du Pdci au sortir de l'audience. «Le facilitateur a dit que nous sommes dans le schéma du 29 novembre et nous y croyons», précisera également Mabri Toikeusse après son temps d'échange. Tous les acteurs politiques qui ont été reçus par le chef de l'Etat burkinabé ont pu constater que leur hôte voulait simplement recueillir leurs points de vue sur l'état d'avancement du processus électoral. C'est seulement après s'être fait une idée sur leurs attentes qu'il a tiré cette conclusion - conseil : «Nous ne pouvons pas nous précipiter pour aller à des élections si nous savons qu'après ces élections, nous allons nous retrouver dans des contentieux à gérer encore dans des années».
Djama Stanislas
Djama Stanislas