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Politique Publié le mercredi 23 septembre 2009 | Notre Voie

Installation des comités de supervision des listes électorales : Sokouri Bohui interpelle les DDC

Au terme du séminaire organisé sur le contentieux portant sur la liste électorale, au siège du CNRD, le FPI avait demandé à ses directeurs départementaux de campagne de mettre en place des comités de supervision d’îlot au niveau de chaque bureau de vote. Dans l’interview qui suit, le secrétaire national chargé des élections au FPI, le député Martin Sokouri Bohui, invite ceux-ci à achever l’installation de ces comités au plus tard, le week-end du 3 octobre prochain.

Notre Voie : les élections, c’est dans deux mois. Alors que certains candidats sont sur le terrain, tout semble calme au FPI…

Martin Sokouri Bohui : non, ce n’est pas le calme au FPI. C’est parce que les autres partis ont mis leur candidat sur le terrain que vous croyez que c’est le calme au FPI. Notre candidat qui est le président de la République n’est certes pas sur le terrain. Mais les actes qu’il pose en tant que président de la République sont déjà en sois une campagne pour nous. Mieux, nos directeurs départementaux de campagne, et nous en avons 107, sont sur le terrain et la campagne qu’ils font a plus de poids auprès des Ivoiriens par rapport aux contrevérités que déversent auprès de ceux-ci, les deux leaders de l’opposition. Donc, vous avez l’impression qu’on n’est pas sur le terrain. Mais en réalité, nous sommes sur le terrain. Seulement, il se trouve qu’on n’a pas encore déroulé le rouleau compresseur.

N.V. : Comment préparez-vous concrètement la campagne ?

M.S.B. : Au FPI, nous sommes organisés. Tout se fait de façon méthodique et scientifique. Le combat que nous menons depuis quelque temps et qui est arrivé à son apogée, c’est celui de la liste électorale. Nous nous attaquerons aux autres points en temps opportun. Aujourd'hui, nous voulons une liste propre car c’est le point de départ d’une élection juste et transparente. Nous FPI, parti au pouvoir, du moins parti dont le militant est président de la République, car en réalité le FPI n’est plus au pouvoir depuis le 19 septembre 2002, nous nous battons depuis toujours pour des élections justes et transparentes. Et nous restons particulièrement vigilants pour ces élections-ci, parce que la CEI qui l’organise est majoritairement composée des militants de l’opposition. Majorité mécanique obtenue à Pretoria au nom de la paix. Et ça, ce n’est pas fait pour garantir la transparence.
Concernant la liste électorale, après les audiences foraines et l’enrôlement, nous sommes à la phase de croisement et d’affichage. Le FPI et le CNRD ont organisé un séminaire les 8 et 9 septembre pour préparer le contentieux après l’affichage. Ce séminaire est en ce moment restitué dans les directions départementales de campagne. Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer et féliciter les DDC qui ont déjà fait ce travail et dire surtout à ceux qui traînent encore qu’ils ont jusqu’au week-end du 3 octobre pour achever ce travail extrêmement important pour la victoire du président Gbagbo au premier tour.
Comme le séminaire le leur a recommandé, il est urgent qu’ils aient fini de mettre en place, avant l’affichage de la liste électorale provisoire, les 12 apôtres qui constituent le comité de supervision d’îlot au niveau de chaque bureau de vote. Les DDC devront transmettre les listes des 12 apôtres à la direction au plus tard le 3 octobre. Je sais pouvoir compter sur la détermination et le dévouement de chaque DDC pour mettre un point d’honneur à la mise en place de ces comités de supervision d’îlot qui est un élément essentiel de notre victoire au premier tour.


N.V. : On se souvient qu’il y a eu récemment une polémique sur le croisement de la liste avec les fichiers historiques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Est-ce que le croisement aura lieu ?

M.S.B. : Vous avez raison de poser cette question, car moi-même, je suis souvent interpellé dans la rue par des ivoiriens sur la question du croisement. Et je me réjouis de cette inquiétude des ivoiriens qui est la preuve qu’ils sont très attachés à la transparence des élections. Je voudrais les rassurer tout de suite. Le croisement aura bel et bien lieu. Nous l’avons obtenu au terme de plusieurs débats quelquefois houleux sur le mode opératoire en vue de l’opération d’enrôlement. Et c’est parce que le croisement a été prévu dans l’opération que le FPI a accepté que l’enrôlement se fasse avec l’acte de naissance ou le jugement supplétif qui n’apporte pas la preuve de la nationalité ivoirienne des pétitionnaires. C’était pour nous FPI, un élément non négociable. On ne pouvait donc pas accepter que chemin faisant, on supprime le croisement. Et donc que les ivoiriens se rassurent, le croisement aura lieu. Nous aurons une liste provisoire sortie du croisement.


N.V. : Certains leaders qui sont en campagne disent que la date du 29 novembre est incompressible. Ils disent même qu’ils n’accepteront pas un nouveau report de l’élection. Quelle est la lecture du FPI ?

M.S.B. : Nous sortons d’une crise et nous ne le dirons jamais assez, tous les observateurs nationaux comme internationaux s’accordent à dire que nous en sortirons par des élections transparentes. Donc tous les acteurs politiques devraient pensons-nous, se battre ensemble pour la transparence des élections comme étant le préalable à tout et non avoir des exigences de date. Aujourd’hui, tout le monde est pressé d’aller aux élections. Et sur ce point, le FPI est plus pressé que quiconque. Parce qu’il sait qu’il va gagner au premier tour. Parce qu’il sait aussi que la façon dont le pays est gouverné depuis cette sale guerre est à son détriment. Des ministres qui rament à contre-courant des actions du président de la République et qui travaillent pour leur chapelle politique. Il va sans dire que tout le monde a la volonté politique d’aller aux élections. Mais à quelle élection ? Une élection transparente dont les résultats seront acceptés par tous pensons-nous, et non une élection bâclée qui va ramener la guerre. Pour cela, regardons et suivons ensemble les techniciens qui sont en ce moment à pied d’œuvre sur le croisement. Et qui nous promettent l’affichage de la liste provisoire au 15 octobre.
Si ces techniciens nous disent qu’entre le 15 octobre et le 29 novembre, toutes les conditions de transparence seront réunies, à savoir, la liste électorale définitive issue du contentieux qui est prévu sur une durée d’un mois huit jours, sans compter la mise à jour après correction, s production et distribution de la carte nationale d’identité et de la carte d’électeur ; le FPI n’a pas de problème. Car nous sommes prêts depuis longtemps pour aller aux élections.


N.V. : Après le croisement, la liste électorale provisoire sera affichée. Débutera alors la phase des réclamations. Combien de temps durera cette phase de contentieux?

M.B.S. C'est prévu pour un mois huit jours. Mais on apprend que la CEI serait en train d’envisager sa réduction. Je voudrais d’ores et déjà dire que jamais le FPI n’acceptera cela. Je suis donc peiné de constater qu’au lieu de se préoccuper de la transparence des élections, certains leaders s’accrochent à la date du 29 novembre comme s’il y avait des gens qui n’en voulaient pas. Tout porte à croire que pour eux, le plus important, c’est d’organiser l’élection le 29 novembre même si les conditions de transparence ne sont pas réunies. Ceci constitue une contradiction pour eux-mêmes parce que cette guerre qu’ils ont provoquée, et qui fait la misère des ivoiriens depuis 7 ans, ils l’ont justifiée entre autres, par la «mauvaise organisation de l’élection de 2000».
En tout état de cause, le FPI l’a déjà dit et nous le répétons ici, il n’acceptera jamais une liste truffée de fraudeurs. Nous exigeons donc que soient extraits de la liste tous les fraudeurs, même s’ils se comptent par millions. En un mot comme en mille, le FPI n’acceptera pas des élections truquées. Car la transparence des élections est le gage d’une paix durable.
Cela dit, je pense qu’en réalité, ceux qui s’attachent à la date du 29 novembre au détriment de la transparence des élections ont d’autres objectifs.


N.V. : Quels sont, selon vous, ces objectifs?

M.S.B. : C'est tout sauf le souci de mettre définitivement fin à la souffrance des ivoiriens engendrée par la sale guerre qu’ils ont provoquée, mais pour des raisons personnelles liées à leur propension à s’emparer du pouvoir par tous les moyens.
S’agissant de Bédié, si les élections sont reportées en 2010, il entre dans sa 76ème année. Et donc il est éliminé constitutionnellement. Il sera donc au même titre que l’autre candidat par exception. Il craint que ses adversaires ne le lui opposent pendant la campagne. Je voudrais le rassurer, car il est protégé par l’article 48 pour ces élections-ci. Dans tous les cas, tout le monde sait très bien que depuis mai, il a dépassé 75 ans, date limite pour être candidat à la présidentielle. Et donc à 75 ans ou à 76 ans c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Et comme il n’a pas eu la sagesse de se retirer pour laisser la place à un jeune loup de son parti, les ivoiriens vont lui montrer la voie de la sagesse en le renvoyant, le 29 novembre simplement à Daoukro. Et il ne s’en prendra qu’à lui-même. Car ce n’est pas un Bédié dépassé, du passé et qui a son avenir dans le passé qui peut faire croire aux ivoiriens qu’il peut leur apporter ce qu’il n’a pu leur procurer pendant qu’il était aux affaires.
En ce qui concerne Ouattara, tout le monde, y compris lui-même, sait que les ivoiriens ne se reconnaissent pas en lui pour des raisons liées à ses origines douteuses. Si bien que cet homme n’a jamais compté sur les élections pour parvenir au pouvoir. Son parcours depuis son intrusion sur la scène politique nationale l’illustre parfaitement.
Souvenez-vous que déjà en 1993, à la mort du président Houphouët-Boigny, et en violation de la défunte constitution, il avait tenté de confisquer le pouvoir au détriment du dauphin constitutionnel qu’était Bédié. Ce fut le début de la guerre de succession qui a amené Bédié à créer l’ivoirité dont les ivoiriens souffrent aujourd’hui. Cette guerre de succession a par ailleurs amené le coup d’Etat du 24 décembre 1999, le premier dans l’histoire de notre pays la Côte d’Ivoire, perpétré par Ouattara après l’avoir prédit. «Je frapperai ce pouvoir moribond et il tombera», avait-il prévenu. Il a effectivement frappé et le pouvoir Bédié est tombé. Si ce coup d’Etat n’a rien dit à Bédié qui s’était entre- temps enrichi avec la surfacturation des complexes sucriers au point de s’allier à Ouattara, qui l'a humilié et chassé du pouvoir, ses «suiveurs» eux, en ont terriblement souffert. C’est ce même Ouattara qui a tenté de renverser le président Gbagbo en 2002 qui était pourtant brillamment élu en 2000. Là aussi, il avait prédit qu’il rendrait le pays ingouvernable et qu’il n’attendrait pas 2005, année électorale, pour arriver au pouvoir.
Aujourd’hui, après plusieurs tentatives de prise de pouvoir par les armes, transformées en rébellion qui a défiguré la Côte d’Ivoire, cet homme jette tout son dévolu sur la fraude pour parvenir à ses fins politiques. Car même ceux qu’il a trompés pour les utiliser dans la guerre sont prêts à voter contre lui pour se venger de lui. C’est cela qui explique qu’il fait fi de la transparence des élections et s’accroche à la date du 29 novembre.
En fait, il ne veut pas qu’on laisse le temps aux techniciens de bien nettoyer la liste électorale en la dépouillant des fraudeurs. Mais qu’il revienne sur terre, car il ne peut pas avoir causé tant de tort aux ivoiriens et prétendre parvenir au pouvoir par la fraude. Ce peuple pacifique et hospitalier ne peut pas se laisser gouverner par celui qui a troublé sa paix et sa quiétude en lui envoyant la guerre.
Au total, au FPI, nous insistons sur la transparence des élections parce que c’est une exigence démocratique. Et depuis toujours, nous nous battons pour l’instauration de la démocratie dans notre pays. Car avec la démocratie, on s’éloigne des guerres, sources de la misère des peuples. Et dans le débat actuel sur les élections, ceux qui évoquent la misère des ivoiriens sans faire allusion à la guerre, origine de toutes les souffrances, sont de mauvaise foi. C’est pour toutes ces raisons que nous disons que si les élections sont transparentes, et nous nous battons pour qu’elles le soient, l’homme qui fait aujourd’hui la fierté de toute l’Afrique et que Dieu a envoyé pour repositionner l’Afrique dans le concert des Nations, le président Gbagbo, car c’est bien de lui qu’il s’agit, sera brillamment élu au premier tour. I

nterview réalisée par Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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