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Politique Publié le samedi 26 septembre 2009 | Le Nouveau Réveil

Chronique politique… Les élections (sans précipitation) dans… 10 ans !

L'accord politique de Ouagadougou, célébré à grande pompe par les deux protagonistes du conflit ivoirien, parce que considéré comme "l'universelle panacée" pour résoudre la crise ivoirienne, devait nous conduire à des élections dans un délai de dix (10) mois. C'était donc l'occasion de célébrer la flamme de la paix avec des discours élogieux qu'on s'adressait mutuellement pour louer cet accord de sortie du "plus grand cerveau politique ivoirien de tous les temps".

"Asinus asinun fricat" auraient dit les Latins pour faire état de cette situation ridicule où deux personnes se font des éloges excessifs et outrés. Que de mérites on en découvrait subitement chez l'ennemi d'hier. Le démon devenait comme par enchantement l'ange paré de toutes les vertus et grâces divines. On se passait d'épaisses couches de pommade et on se lançait des tonnes de fleurs pour mettre en exergue les mérites supposés qu'on a nécessairement, pour avoir conclu cet accord de Ouagadougou. "Asinus, asinum fricat", l'âne frotte l'âne. Les éloges et les louanges ont soudainement produit des clones ! Tout le monde, sauf quelques sceptiques, en raison de ce débordement d'enthousiasme et de délire contagieux, était convaincu que les élections étaient à portée de main.

Première douche froide cependant : monsieur Guillaume Soro, premier ministre laissait entendre qu'il n'était aucunement adepte d'un fétichisme de date relativement aux élections et qu'il fallait donner du temps au temps. On pensait qu'il s'agissait d'une simple boutade mais la suite des évènements allait assez vite démontrer qu'il s'agissait de l'expression de sa pensée profonde. Quant au refondateur en chef, il nous plongeait ans les eaux glacées du pôle nord : "On n'a pas fait d'élection en 2005 et il n'y a rien eu" "Si on ne fait pas d'élection, ça fait quoi ?"

Il apparaissait ainsi que l'exécutif n'était nullement pressé d'aller aux élections, le refondateur en chef préférant l'usurpation du pouvoir à des élections qui le renverraient à ses copies.

Concernant le premier ministre, peut-il trouver une situation plus agréable et plus enviable que la sienne, être premier ministre avec un budget colossal de souveraineté après avoir été un rebelle honni et vilipendé ? On peut donc faire languir tout le monde sans risque aucun la garde prétorienne et les milices tribales veillant au grain activement soutenues par les va-nu-pieds de patriotes qui croient faire œuvre utile en braillant dans les agora et les fora. Les limites de l'accord politique de Ouagadougou, donné pour un accord parfait parce que conclu par les seuls belligérants, allait très vite apparaître et démontrer que loin de signer un accord sincère et vrai, on a choisi de venir avec plein d'idées derrière la tête et la tromperie comme formule de négociation pour berner l'adversaire et l'ennemi. Ouaga II, Ouaga III puis Ouaga IV suivirent sans qu'on voie le bout du tunnel, les fameuses élections étant toujours reportées à la grande satisfaction du clan présidentiel et de tous ceux pour qui un retour à la normalité représente un danger quasi mortel. Des impedimenta sont systématiquement et artificiellement semés sur le chemin du retour de la paix pour éviter justement d'aller à la paix et surtout aux élections. Pour atteindre cet objectif cynique, l'arme absolue, c'est le nerf de la guerre : l'argent. On serre le cordon de la bourse lorsqu'il s'agit d'engager des dépenses utiles pour sortir la Côte d'Ivoire du gouffre mais on est particulièrement dépensier quand il s'agit de futilités pour faire plaisir au prince et à ses courtisans.

Et voilà qu'après moult reports, l'ancien président de la République, après avoir imposé lui-même la date du 29 novembre 2009, joue des coudes pour un autre report en février 2010. Il est soutenu et applaudi dans cette manœuvre par les Forces nouvelles sans qu'on sache de façon précise ce qui justifierait un tel report. Tant que ces manœuvres sont le fait de l'ancien président de la République, on pouvait se dire que cela n'étonne guère, l'homme ayant l'habitude de dire une chose et son contraire dans la même journée.

Mais ne voilà-t-il pas que le premier ministre a subitement perdu la voix quand il s'agit de soutenir le maintien de la date du 29 novembre 2009 ?

N'oublions pas que le premier ministre ne fait pas de fétichisme de date.

Même le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu est particulièrement équivoque, acquis qu'il est déjà à l'idée d'un report. Et pour enfoncer le clou, le facilitateur, dans la résolution de la crise ivoirienne, se mêle de la partie et conseille de ne pas faire d'élection dans la précipitation.

Pour le président du Faso donc, faire des élections quatre ans après l'échéance normale, c'est agir dans la précipitation. Le facilitateur et les deux signataires de l'accord de Ouagadougou ont ainsi décidé d'oublier qu'ils se sont engagés à organiser des élections justes, équitables et transparentes 10 mois après la signature dudit accord. Vingt quatre mois après, les élections n'ont pas eu lieu et on vient nous servir l'argument bidon qui consiste à dire que l'essentiel c'est l'organisation d'élections justes et transparentes. Pour le facilitateur et les deux protagonistes, le délai n'a aucune importance et on peut se demander pourquoi ils nous ont promis les élections dix mois après la signature de l'accord.

Dès lors, à partir du moment où ceux-là mêmes qui doivent exercer de vives pressions sur le chef de l'Etat ont décidé d'épouser son point de vue sans l'étayer d'aucun argument, on peut avancer sans risque de se tromper que les élections ivoiriennes peuvent attendre. Ces élections n'auront lieu que lorsque monsieur Gbagbo estimera qu'il est en mesure de l'emporter ou lorsque l'ensemble des partis d'opposition décidera à l'unisson de livrer le pays à monsieur Gbagbo sans mandat, posture dans laquelle il se complait depuis bientôt cinq ans.

Pour que ce report soit inéluctable, voilà que se pose un problème de financement. La Cei doit trouver entre 4 et 5 milliards de francs Cfa pour pouvoir respecter un tant soit peu le chronogramme tant de fois écorné. Naturellement, on adresse la facture à la Communauté Internationale, notamment à l'Union européenne coupable de vouloir des élections dans notre pays.

Après le refus de l'Union européenne qui a fait connaître son ras-le-bol d'être considérée comme la vache à lait dans l'organisation des élections ivoiriennes. C'est le report qui est à notre portée.
Il est en effet ahurissant que la Côte d'Ivoire, avec un budget de plus de deux mille milliards de francs Cfa, soit incapable de réunir 5 milliards pour faire avancer le processus électoral. On fait d'inutiles voyages dispendieux au Maroc pour une dent et à New York pour la réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies. On peut se permettre d'offrir un demi milliard au Burkina Faso pour les inondations dans ce pays. Cependant, lorsqu'il s'agit de sortir la Côte d'Ivoire du néant, on vient déclarer, imperturbable, qu'il n'y a pas d'argent. Que peut-on faire sans argent ? La réponse est simple et limpide : rien !

Alors, malgré le refus de ce report par l'opposition et malgré la dernière résolution des Nations Unies ordonnant le respect strict de la date du 29 novembre, il est à craindre que la seule volonté de l'ancien président de la République aura le dessus et qu'on nous fera miroiter février 2010 pour qu'un nouveau report soit imposé lorsque cette date approchera. L'ancien président de la République, le premier ministre, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, le facilitateur Blaise Compaoré jouent tous dans le même camp contre les intérêts de la Côte d'Ivoire dont le sort de la misère de son peuple ne les touche guère.

Le credo désormais c'est : "l'essentiel, ce sont des élections justes et transparentes". Une date pour ces élections ? On s'en "gnagne !" D'ailleurs, si on n'organise pas d'élection, ça fait quoi ? Nous pourrions nous estimer heureux si les élections ivoiriennes ont lieu en 2020, c'est-à-dire dans 10 ans. Nous avons, à plusieurs reprises, dans ces mêmes colonnes, demandé à l'opposition de nous faire connaître sa stratégie en cas de vol de sa victoire par monsieur Gbagbo ou en cas de nouveau report. Le moment est venu pour cette opposition, notamment le Rhdp, de démontrer qu'elle a des armes à fourbir et qu'elle a du cœur. Il est en effet vain de faire croire qu'il existe encore un accord politique de Ouagadougou. Cet accord a lamentablement échoué et tout le monde en est conscient. Le moment est également venu de dénoncer cette escroquerie morale et cette supercherie qui s'appelle Accord Politique de Ouagadougou. La seule vertu ( ???) de cet accord n'a-t-elle pas été de livrer la Côte d'Ivoire aux deux protagonistes pour qu'ils mettent notre pays en coupe réglée ?

Par Doube Binty
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