Chronique diplomatique - Côte d’Ivoire : Tous candidats à la candidature… mais chacun est déjà “président” de la République

Tous confiants, les candidats à la candidature à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, se voient tous déjà ‘’président’’ de la République. Dans quel pays sommes-nous ? Tout le monde veut être Président. Alassane Ouattara, le Président du Rassemblement des Républicains connaît tout le monde. Surtout, il est en contact permanent avec ‘’son’’ ami, le Français Nicolas Sarkozy. Alassane Ouattara se voit déjà ‘’Président’’ de la République, parce qu’il est très connu dans les milieux de l’économie mondiale. Tant pis si Alassane Ouattara ignore les vraies réalités économiques de la Côte d’Ivoire, qu’il a tenté, il y a 15 ans, de résoudre en 100 jours. Mais Alassane Ouattara est saisi par le virus de la politique, dont il ne maîtrise pas bien les rouages et les technologies. En clair, Alassane Ouattara n’est pas un véritable homme politique. Mais pour le combat de la prospérité, il pèse lourd… en milliards F CFA. Alassane Ouattara se voit déjà ‘’Président’’ de la République quand il fait le tour des pistes à Bouaké et annonce des pluies de milliards à San-Pédro. Le président du Pdci Henri Konan Bédié, lui, refuse l’appellation de « ancien président » de la République. Il ne se considère pas comme un opposant politique. Les 10 ans de Laurent Gbagbo au palais présidentiel n’entament en rien l’optimisme de Henri Konan Bédié, confiant en ses militants, et ses rapports de force sur le terrain en prenant en compte la communauté akan. Qu’on le veuille ou non, Henri Konan Bédié est déjà ‘’Président’’ de la République. Il compte, lui aussi, sur ses relations avec la France. Mais, seulement Henri Konan Bédié décrit très mal sa marche vers la présidence de la République. Il ne respecte pas ses adversaires et ne présente pas un véritable programme de société. Henri Konan Bédié n’a plus le choix : a coup sûr, il s’attaque au pouvoir Fpi et il a juré à ne plus rencontrer sur son chemin politique les ‘’refondateurs jouisseurs’’ qui, avec le recul du temps, sont pour lui, co-auteurs des événements du 24 décembre 1999 qui l’ont chassé du pouvoir. L’homme est amer et veut le pouvoir à tout prix. Il n’hésite pas à dire qu’il n’entend pas se faire voler la victoire. Pour Henri Konan Bédié, la Présidence ou rien. Quant au parti ivoirien des travailleurs dirigé par Francis Wodié, il a la foi intacte. Francis Wodié sera à sa troisième compétition à l’élection présidentielle, en Côte d’Ivoire, après 1995. Francis Wodié, grand intellectuel africain, professeur d’université, est un véritable légaliste. Mais un peu timide et même naïf. En 1995, le président du Pit était seul face à Henri Konan Bédié. En 2000, le Pit était en compétition avec le général Robert Guéi et Laurent Gbagbo. En 2009, Francis Wodié perd de sa sérénité habituelle. Il sera ‘’président’’ de la République à tout prix. Francis Wodié menace et harcèle l’opinion ivoirienne comme Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Mais, je doute bien, si Francis Wodié peut renverser la montagne d’un pouvoir comme le Fpi qui, malgré les séquelles de la rébellion, n’est pas à bout de ressource et de savoir politique. Chez moi, Francis Wodié est respectueux, surtout à l’égard des institutions républicaines. Il est loin de Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, des mélanges d’hostilités et de logique d’affrontement. Francis Wodié se voit déjà ‘’président’’ de la République, quelle que soit la date du scrutin. Anaky Kobena est le chef du Mouvement des forces d’avenir, mais un véritable programme de société. Et il est déjà « président » de la République. L’homme joue au populisme radical et la carte de la démagogie. Anaky Kobena a un langage politique peu rassurant. Ni ses militants, ni son bureau politique, ne se sont jamais inquiétés de cette faiblesse politique. Une chose est sûre, le programme de société de Anaky Kobena est de voir partir Laurent Gbagbo du pouvoir ; c’est tout. Dans ce paysage politique plein de rêveurs, il y a aussi Félix Akoto, candidat indépendant, candidat à la candidature à l’élection présidentielle. Ancienne gloire politique du Pdci, il se dit déjà « président » de la République. Aujourd’hui, une chose est sûre, Félix Akoto n’a pas de relations courtoises avec Henri Konan Bédié, son ancien ‘’patron’’. Dans ce cirque médiatique du paysage politique en Côte d’Ivoire, arrivent Madame Oble Jacqueline, ancien ministre de la Justice, Gnamien Konan ancien directeur général des douanes. Ils sont sans expériences et ils se jettent dans un ‘’monde’’ sans pitié qui n’est pas le leur, où l’on règle les comptes par hypocrisie et mensonges. Mais eux, Félix Akoto, Oble Jacqueline, Gnamien Konan, chacun se voit déjà ‘’président’’ de la République. Mais que fait Laurent Gbagbo le Chef de l’Etat sortant ? Tout le monde sait que Laurent Gbagbo est une ‘’bête’’ de la scène politique ivoirienne. L’homme ne parle jamais sans témoin et cela dans une ferme vocation politique. Laurent Gbagbo est-il vraiment candidat à la candidature ? Concrètement non. Mais Laurent Gbagbo est celui que les autres candidats doivent ‘’chasser’’ du palais présidentiel. Habitué à ce genre de séquences, déjà avec Félix Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo aspire lui aussi… à un autre mandat à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Par Ben Ismaël