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Politique Publié le jeudi 1 octobre 2009 | Nord-Sud

Election présidentielle - Sabina Vigani (Centre Jimmy Carter-Côte d`Ivoire) : “Le président Jimmy Carter arrive…”

Le Centre Carter, créé en 1982 par l'ancien président des Etats-Unis, Jimmy Carter et son épouse Rosalynn, vise à promouvoir la paix et la santé dans le monde. Dans cette interview, la directrice du bureau d'Abidjan, Mme Sabina Vigani, explique le contenu de leur mission.


•Pensez-vous que la non-publication de la liste électorale provisoire à la date prévue compromet le calendrier électoral?

La publication de la liste provisoire accuse aujourd'hui un mois de retard, puisque selon le chronogramme de la Cei la publication devait se faire le 29 août dernier. En principe, des aménagements techniques peuvent être opérés pour compresser certains délais à l'intérieur du chronogramme électoral. Il faut tout de même reconnaître que, à deux mois de l'échéance, rattraper un mois de retard sur le calendrier électoral n'est pas une gymnastique aisée.


•Le souci d'avoir une bonne liste électorale peut-il excuser les quelques décalages sur le chronogramme?

Ce souci est légitime. Il faut privilégier l'objectif de parvenir à une liste provisoire qui soit la meilleure possible, épurée d'éventuelles doubles inscriptions et autres anomalies, et qui soit donc une base consensuelle acceptée par toutes les parties prenantes.


•Qu'est-ce qui peut être fait techniquement par les structures en charge du processus pour respecter les délais prévus ? Un léger report est-il envisageable au regard des réalités du terrain?

A l'intérieur d'un chronogramme électoral, on peut réduire certains délais afin de rattraper quelques retards. Prenons l'exemple de l'affichage des listes électorales dans les lieux de vote, ou encore la distribution des cartes d'électeurs et des cartes d'identité. Peut-être qu'avec l'appui de l'Onuci, la Cei pourra réaliser ces opérations avec plus de célérité qu'elle ne l'avait envisagé au départ. Mais il y a aussi des délais dont la réduction excessive n'est pas souhaitable. Il faut accorder aux électeurs un temps raisonnable pour qu'ils puissent vérifier leur inscription sur la liste provisoire et, le cas échéant, introduire les réclamations relatives aux omissions ou autres irrégularités. L'évolution du processus va nous situer quant à l'opportunité d'envisager un report. A ce stade, il est demandé à la Cei de tout faire pour garder le cap du 29 novembre, mais en veillant aussi à réunir tous les éléments nécessaires à la tenue de bonnes élections. Il est également demandé aux autres acteurs du processus de sortie de crise d'aider la Cei à réussir le pari, chacun jouant sa partition en ce qui concerne la sécurisation du processus et la mise à disposition en temps utile des financements nécessaires.


•Les discussions sur la liste électorale et les autres points vous laissent voir déjà à quoi va ressembler la période électorale proprement dite. En quoi va consister sur le terrain votre travail d'observateurs?

Nous préparons actuellement le déploiement d'observateurs dits « de long terme », en ce sens qu'ils sont censés rester en Côte d'Ivoire à compter de l'affichage des listes provisoires et jusqu'à quelques semaines après l'élection présidentielle. Ces observateurs seront chargés de suivre les préparatifs électoraux, et ils prêteront aussi attention à l'environnement politique et sécuritaire. Ils seront déployés à l'intérieur du pays comme à Abidjan, et seront mobiles à l'intérieur de leurs zones d'affectation. L'objectif de ce travail est de témoigner de la qualité de tout ce qui a trait à l'administration électorale et à l'environnement électoral, notamment la possibilité pour les candidats et partis politiques de battre campagne librement, le ton de la campagne électorale, la sensibilisation des électeurs, etc.


•Combien seront-ils vos observateurs électoraux qui arriveront dans la fièvre électorale? Et quelle sera concrètement leur mission étant donné qu'ils n'auront pas assez de temps pour s'imprégner des réalités du terrain?

Une dizaine de jours avant la date du scrutin, nos observateurs de long terme seront rejoints par une délégation plus importante d'observateurs dits de «court terme». Notre ambition est d'accompagner la Côte d'Ivoire dans cette élection tant attendue et cruciale pour l'avenir du pays, avec une cinquantaine de personnes le jour de l'élection. Ce jour-là, les observateurs vont se focaliser sur le suivi des opérations de vote, de dépouillement et de centralisation des résultats, sans oublier l'environnement entourant ces opérations, notamment la liberté des électeurs de voter sans être intimidés ou menacés. Avant d'être déployés à travers le pays, les observateurs de court terme seront dûment briefés par le bureau du Centre Carter. Nous ferons également appel à des personnes ressources, notamment de la Cei, des partis politiques et de la société civile, pour permettre à nos experts de mieux cerner les spécificités du contexte ivoirien. Le déroulement du scrutin est un élément essentiel de l'évaluation d'un processus électoral, mais n'est pas le seul. Je pense que la présence continue du Centre Carter en Côte d'Ivoire depuis janvier 2008, nous permettra de pondérer au mieux notre appréciation de l'ensemble du processus électoral.


•Que répondez-vous à ceux qui pensent que "les observateurs ont de gros yeux mais ne voient rien"?

Je les taquine d'abord, en disant que les moutons marchent ensemble mais n'ont pas tous le même prix ! Et puis, sérieusement, je m'attelle à convaincre les sceptiques. Dans certains cas, les critiques à l'endroit des observateurs internationaux ne sont pas totalement infondées. Il arrive que des missions d'observation ne soient pas tout à fait émancipées de la tutelle politique et donc passent sous silence des irrégularités constatées. Toutefois, une analyse objective de l'évolution de l'observation internationale des élections ces dernières années, fait ressortir des améliorations notables tant au niveau de la qualité de l'observation que de l'impartialité. La plupart des organisations gouvernementales et non gouvernementales consentent des efforts importants pour peaufiner la méthodologie d'observation et pour renfoncer les capacités des observateurs. Qui plus est, un nombre croissant d'organisations essaient de se donner les moyens de déployer des observateurs bien avant l'échéance électorale, afin qu'elles puissent s'imprégner du contexte local. Il y aura toujours quelques détails qui risquent d'échapper aux observateurs internationaux. Mais là aussi, nous limitons ce risque en promouvant les échanges avec des groupes d'observateurs nationaux crédibles et expérimentés, qui sont naturellement mieux outillés pour détecter et décoder certains détails.


•L'arrivée du président Jimmy Carter, comme prévue, est-elle toujours à l'ordre du jour?

L'arrivée du président Carter pour conduire notre mission d'observation électorale demeure à l'ordre du jour. Sa venue pourra être confirmée une fois la liste définitive sortie, lorsque nous serons fixés avec certitude sur la dernière étape du processus. Sachez en tout cas que le Président Carter attache beaucoup d'importance à la résolution définitive de la crise ivoirienne, à ce que la Côte d'Ivoire puisse panser ses plaies, réconcilier ses enfants et s'attaquer à relever les défis du futur. Il y tient aussi pour la stabilité de l'ensemble de la sous-région, où d'ailleurs le Centre Carter a été et continue d'être présent à plusieurs titres, allant de la promotion de la santé au renforcement de l'état de droit.


•Aurez-vous votre mot à dire dans la certification des résultats des élections?

La certification internationale du processus électoral relève spécifiquement du représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU. M. Choi a été investi de ce mandat par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Les missions internationales d'observation électorale, dont la présence en Côte d'Ivoire se justifie par une invitation officielle des autorités nationales, rendront publiques leurs observations. J'imagine que le travail professionnel et non partisan des observateurs, nationaux et internationaux, pourra être considéré par le représentant spécial, à côté de ses autres sources d'information. La certification et l'observation des élections partagent les mêmes objectifs, notamment renforcer la confiance et la transparence du processus électoral. Bien que chacun doive garder son autonomie, je vois mal le certificateur et les observateurs travailler de façon cloisonnée.


Interview réalisée par Bakayoko Youssouf
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