A la rencontre entre le Premier ministre et les responsables des partis politiques, mercredi, au Palais présidentiel, le Directeur général de l’INS a expliqué, détails à l’appui, la procédure de confection de la liste électorale. Nous vous proposons de larges extraits de son intervention. “On commence à entendre des propos du genre, la liste 2009 ne peut pas avoir une base inférieure à la liste de 2000. Sur la liste de 2000, il y a, à peu près 5 millions 400 mille personnes. Mais il faut savoir que cette liste a été constituée de façon cumulative, j’allais dire depuis 1985. De 1985 à 2000, la liste n’a jamais été épurée. Vous comprenez donc que sur cette liste, il y a des noms qui figurent mais qui ne devraient pas y être. Cette année, le recensement a été fait de façon automatique. Il a été demandé que les populations se présentent physiquement. Il y a donc des gens qui n’ont pas pu se présenter. Deuxièmement, le recensement général n’est pas obligatoire. Par conséquent, il est fort possible qu’il y ait plus d’inscrits par exemple cette année que les années antérieures. Si après tout, il s’avère que la base de la liste 2009 est inférieure à la liste 2000, c’est compréhensible. Nous nous sommes imposés nous-mêmes des exigences de transparence. C’est pour cette raison qu’ au lieu d’un opérateur technique national comme d’habitude, il y a deux opérateurs techniques : un national et un privé. Et pour cette transparence, toutes les structures étaient impliquées dans l’enrôlement. La CEI avait deux agents dans les centres. Le chef de centre et un agent d’enrôlement. L’ONI avait un agent ; l’INS avait un agent. Et la CNSI avait également un agent. A ces agents qui exécutent, il faut compter avec tous les superviseurs que nous avons mis en place. Ce qui faisait à peu près 35000 personnes. Pour coordonner tout ce monde, ce n’était pas facile. Nous avons finalement attendu la fin de l’enrôlement pour commencer le traitement. Je voudrais que les partis politiques comprennent cela. Sinon, il n’y a aucune décision d’en haut où d’en bas pour dire de retarder les élections”. Les retards sont la conséquence de la rigueur que nous nous sommes imposée en termes de transparence. Ça nous coûtera aussi bien en temps qu’en argent. Pour le travail qui a été fait, je voudrais préciser que la ligne de conduite, c’est la transparence. La transparence exige qu’à chaque étape, on puisse valider ce que nous sommes en train de faire avec tout le monde. Après l’enrôlement, on devait faire le traitement informatique dans lequel on devait constituer la base de données opérationnelle. Ce qu’on avait fait, c’était de collecter les informations. Il fallait donc faire entrer ces données dans l’ordinateur, comme système qu’on peut manipuler, informatiquement parlant. Une fois la base de données constituée. On a fait des partitions. On a mis les étrangers d’un côté, les mineurs de l’autre, puis les Ivoiriens de 18 ans et plus qu’on peut inscrire sur la liste électorale potentielle. Il fallait maintenant rentrer ces données pour faire les contrôles. C’est ce qu’on a appelé les croisements. Pour faire le croisement, il fallait mettre en place des fichiers. Le dispositif là aussi devait être connu, su et validé. Le gouvernement a mis en place des structures de validation. Lorsqu’ensemble, on a dit, voici les onze fichiers historiques ivoiriens, il fallait que le groupe de travail les valide. Ça a été fait par le groupe de travail interministériel. On a fusionné les fichiers, mais il n’y a pas eu d’informations perdues. On a mis d’un côté tous les Ivoiriens qui étaient sur la liste, et de l’autre côté, les étrangers. Ces deux fichiers ont été présentés à Monsieur le Premier ministre, par toutes les structures qui ont participé à cette opération. Ce sont les informaticiens de la CEI, l’INS, et Sagem. Puis la base de données a été constituée. Tous les enrôlés de cette année constituent la base de données. Faire un traitement informatique nécessite qu’on ait une méthodologie. Ensemble, nous avons conçu un applicatif de travail. Nous avons demandé à l’ONI et à la CNSI de venir regarder. Ils ont validé l’applicatif de travail. Nous sommes allés au secrétariat technique et ça a été validé également. Sagem et nous-mêmes, nous avons dit, voilà la méthodologie de croisement. C’est sur la base de ce document que nous avons travaillé. Quand on doit croiser, c’est une opération relativement simple. On prend le dossier d’un Monsieur qui est enregistré comme Ivoirien. On prend son nom, son prénom, sa date de naissance, le nom du père, le nom de la mère. Ce sont des variables éminemment importantes. On va dans la liste 2000, si toutes ces variables sont confirmées, l’individu est pris comme quelqu’un qui a été recruté en 2000. Si on ne retrouve pas la personne, on prend les formulaires remplies et on vérifie dans la base de 2000. C’est ainsi qu’on a retrouvé pratiquement tous les pétitionnaires de 2009, dans la liste de 2000. Ça fait à peu près 56%. Maintenant, il y a des gens qui se sont fait enrôler comme Ivoiriens et qu’on a retrouvé sur le fichier fusion des étrangers. Ils s’élèvent à environ 0,8% des 49000 personnes. Et on est arrivé au bout avec les 43% des personnes (sur la liste 2009) qu’on ne retrouve ni sur les fichiers fusions des Ivoiriens ni sur le fichier fusion des étrangers. Il y a plusieurs explications à cette situation. Certainement, il y a des gens qui veulent forcer pour rentrer sur la liste électorale. Mais il y a aussi, des gens qui ont changé leur identité. Certains ont égaré leurs pièces, et en voulant les refaire, ils ont dû changer quelques éléments. C’est un problème de recherche informatique. Lorsqu’un certain nombre d’éléments changent dans les variables que j’ai citées, et que vous interrogez le fichier historique sur la même personne, il a du mal à vous reconnaître. Mais ça ne veut pas dire forcément que vous n’êtes pas Ivoirien. Si vous n’êtes pas Ivoiriens que vous vous fabriquez une pièce ivoirienne, vous vous retrouvez dans ce lot… Devant cette situation, qu’est-ce que nous avons fait ? Pour les nouveaux majeurs, les populations entre 18 et 26 ans aujourd’hui, comme ils ne figurent pas sur la liste électorale 2000, et les fichiers antérieurs, donc nous avons pris le recensement général de la population et de l’habitat de 1998. Mais à ce niveau-là, il y a un problème de précision dans l’écriture des noms. Le recensement, c’est un problème de dénombrement. Ce n’est pas un problème d’identification. Donc ceux là ont moins de chance de se trouver dans le fichier historique. On a dit pour ceux-là, nous allons faire la recherche par ascendance. C’est-à-dire si on ne les trouve pas eux-mêmes, et qu’au moins, un des parents est sur la liste de 2000, alors on peut les retrouver. C’est la restriction qui a été faite par le document dont j’ai parlé plus haut. Elle concerne les personnes dont l’âge est compris entre 18 et 26 ans. La seconde restriction, c’est qu’on n’a pas étendu cette recherche par filiation à d’autres fichiers historiques des Ivoiriens. Ce qu’on nous a demandé de faire et que nous allons faire, c’est que la recherche par ascendance sera étendue à tous les âges, au lieu de se limiter aux nouveaux majeurs. La seconde extension, c’est qu’au lieu de limiter la recherche à des gens qui sont sur la base de 2000, on va aussi chercher leurs parents dans le fichier fusion. En d’autres termes, si on ne vous retrouve pas, mais qu’on retrouve l’un de vos parents dans le fichier fusion des Ivoiriens, on vous récupère. Voilà les deux situations dans lesquelles, nous allons faire des extensions pour espérer récupérer un certains nombre de personnes dans les 2 millions 750 mille personnes. Il y a une troisième possibilité. On a répertorié onze fichiers historiques. Mais en Côte d’Ivoire, il n’y a pas que onze fichiers. On peut trouver d’autres. Nous sommes en train de voir si on peut trouver d’autres fichiers historiques.
Propos recueillis par César Ebrokié
Propos recueillis par César Ebrokié