x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 10 octobre 2009 | L’expression

Lettre ouverte de Denis Zion Kah au président Gbagbo - “Monsieur le Président, allez-vous quitter le pouvoir sans avoir rien fait pour Toulépleu en 9 ans ?”

Monsieur le Président,

Les populations du département de Toulépleu doivent-elles comprendre que vous avez décidé de traduire en acte, pire, que vous avez traduit en acte ce que vous leur disiez en mai 2008 ? En effet parties vous exprimer leur gratitude et aussi des doléances quant à leurs difficultés, elles sont cueillies par vos propos suivants : " C'est par une erreur d'un cartographe que le département de Toulépleu qui normalement devait se retrouver au Libéria a été rattaché à la Côte d'Ivoire " Comme pour leur dire : débrouillez-vous avec vos difficultés!



Monsieur le Président,

Je reviens du département de Toulépleu. Je voudrais, avec votre permission, vous relater ce que j'ai vu et ce que j'ai vécu dans cette région de la Côte d'Ivoire, jadis grenier de l'Ouest.

La route, dit-on, précède le développement. Donc, pas de route, pas de développement ! La région du Moyen-Cavally est constituée des départements de Duékoué, de Guiglo, de Bloléquin et de Toulépleu, sans oublier la vaste sous-préfecture de Taï qui attend d'être érigée en chef-lieu de département. Quand vous avez traversé les deux premiers départements et que vous arrivez à Bloléquin, de l'angle de la maison du colonel Oulai Zahon à Toulépleu, il y a tout au plus 57 km. 57 km d'enfer ! Si vous êtes en véhicule de type 4x4, vous parcourez ces 57 km en quatre heures d'horloge. Sinon, vous y passerez six à huit heures sur ce tronçon. Même en 4x4, à des endroits de la route (?) vous êtes tenu de descendre pour inspecter la voie pour voir où vous pouvez passer. Sur l'axe Bloléquin-Toulépleu, l'embrayage de votre véhicule reste calé sur la première. A des endroits du chemin, si les mains secourables de jeunes gens ne viennent pas vous aider, il est pratiquement impossible de continuer votre route. Que dire alors des pistes villageoises et des voies entre les sous-préfectures du département de Toulépleu ? Disons tout simplement que c'est la croix et la bannière. Quand on emprunte la voie vers la frontière libérienne, Toulépleu-Pékan-barrage ou Toulépleu-canton Nezobly, si vous n'avez pas des gens prêts à pousser votre véhicule, en toute saison, inutile de vous y engager. Dans le département de Toulépleu, depuis 2000, les populations n'ont pas aperçu l'ombre d'un seul grader, sauf en rêve. En effet, à l'opposition et pendant la campagne électorale de 2000, en tournée dans la région, vous aviez promis, Monsieur le Président, de bitumer l'axe Bloléquin-Toulépleu. Une fois élu, plus rien ! Oh bien sûr, vous évoquerez les effets de la guerre. Et pourtant, nous sommes en Côte d'Ivoire et nous savons que vous avez trouvé des financements pour lancer des travaux de bitumage des voies dans le Nord. Dans le Centre-ouest, pour l'axe qui relie votre village Mama à Ouragahio, vous trouvez de l'argent pour le bitumer en un temps record. A Toulépleu, les populations n'ont même pas l'illusion des " re-re premiers coups de pioche " comme ailleurs pour les faire espérer qu'un jour on pensera à eux. A défaut de goudron, ne peut-on pas rendre la voie d'accès au département de Toulépleu carrossable sur laquelle on pourrait circuler facilement en attendant des jours meilleurs ?

Dernièrement, les populations auraient appris que l'un des cadres nommés par vous entend bitumer la voie Toulépleu-Bloléquin par l'entremise d'une entrepris privée. A un mois des élections, n'est-ce pas une autre promesse pour appâter les populations comme en l'an 2000 où vous avez promis, Monsieur le Président, d'acheter le cacao à 3000F le kilogramme et le désenclavement total de la région de Toulépleu ?



Monsieur le Président

Le département de Toulépleu a un seul hôpital général, mais dans quel état ? Il est dépourvu de médicaments. Deux centres de santé dont l'un à Sahibly et l'autre à Tiobly. Il ne fait pas bon de tomber malade dans la région. Et si par malheur, vous décédez, le transfert de votre corps de Toulépleu à Guiglo coûtera aux vôtres au moins la somme de 120.000Fcfa.

Sur le plan éducatif, il y a un seul lycée, vieux de 30 ans, pour quatre sous-préfectures et qui ne peut contenir tous les enfants admis au cycle secondaire. Mais, il y a pire que le problème de place. La rentrée officielle pour l'année académique 2009-2010 a été fixée pour le lundi 14 septembre 2009. Mais là-bas, à Toulépleu, il n'y a pas encore de rentrée des classes. Et pour cause, il n'y a d'argent. Le kilo de cacao se négocie entre 100 et 150FCfa. Vu leur extrême pauvreté, les populations bradent le sac de riz local de 50kg à 4000F, voire à 3000FCfa pour scolariser leurs progénitures. C'est donc maintenant que les enfants font la queue pour obtenir des papiers pour s'inscrire. Si l'on veut être optimiste, la rentrée au lycée de Toulépleu aura lieu à la fin du mois d'octobre 2009. Encore si les enseignants sont en place.



Monsieur le Président

Cela fait six (6) mois que le préfet, le lieutenant-colonel Doumbia, a été affecté au premier bataillon d'Akouédo, en qualité de commandant. Depuis lors, le département est sans préfet. Les populations s'interrogent : qu'avons-nous fait à la République dirigée par le Président Laurent Gbagbo ? A-t-il déjà oublié nos votes massifs en 2000 ?

Nous terminons ce sombre tableau de Toulépleu par l'évocation (a) de l'eau qui est une denrée rare : une à deux pompes villageoises pour des populations estimées à plus de 3.000 habitants ; (b) de l'électrification. Dans certains villages, on ne sait pas ce que électricité veut dire. Dans d'autres, les poteaux pour séduire les paysans sont couchés depuis 2 ans. Les poteaux plantés ne sont pas connectés au réseau national. Et à Toulépleu-ville, une semaine sur deux, les populations sont victimes de délestage ; (c) de l'information. Il n'y a pas de télévision sauf pour les nantis qui peuvent s'offrir un canal Sat. L'émetteur de la RTI a été détruit par un bombardement militaire depuis décembre 2002. Fort heureusement, il y a la radio locale " Mont Sehité " qui relaie les informations de radio Côte d'Ivoire et de la télévision 1ère chaîne, en son. La seule bonne nouvelle est que Onuci-FM, la radio de la paix, émet désormais à Toulépleu pour le bonheur des populations. Pour clore, nous évoquerons la situation des jeunes. Leur paupérisation est plus amère que celle de leurs parents. C'est à les voir qu'on sent les séquelles. Après avoir donné leurs poitrines pour libérer leur région et sauver la République , les jeunes de Toulépleu, voire tous les jeunes du Moyen-Cavally sont livrés à eux-mêmes. Certains s'étaient portés volontaires pour intégrer, qui les Fanci, qui pour l'enseignement, mais les promesses de recrutement sont restées dans les tiroirs. Alors, ils végètent. Attention à l'oisiveté qui est mère de tous les vices. Le sentiment général que je tenais à vous faire partager, Monsieur le Président, est que les populations ne reconnaissent plus le même Gbagbo pour qui elles ont voté massivement en 2000 contre leur propre " frère " Guéi. De toutes les promesses de développement, aucune n'a vu le jour. Le 16 octobre 2009, vous aurez déposé votre candidature. Vous ne pourrez plus poser d'actes républicains à leur endroit, elles qui ne sont ivoiriennes que par erreur cartographique, selon vos propres propos. Les populations de Toulépleu en prennent acte. Et continuent de souffrir le martyre en attendant des jours meilleurs. Dieu n'oublie personne !



Denis Zion Kah, Fils de Toulépleu

deniskahzion@yahoo.fr
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ