Dans cet entretien, le président du mouvement de soutien à l’Accord politique de Ouagadougou, Emile Kima parle de la récente visite d’Etat de Blaise Compaoré en Côte d’Ivoire. Il évoque aussi la lutte qu’il continue de mener contre la fraude sur l’identité ivoirienne. Notre Voie : Quelle lecture faites-vous de la visite officielle effectuée en Côte d’Ivoire, du 15 au 18 septembre 2009, par le président du Faso, Blaise Compaoré? Emile Kima : Ce fut une bonne visite parce qu’elle a confirmé l’excellence des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Elle a aussi démontré que les présidents Gbagbo et Compaoré sont des amis et des frères de longue date. Ils le demeurent. C’est vrai qu’à une époque, il y a eu des brouilles entre eux. Mais avec sagesse, ils ont su surmonter cela. Ils se sont parlé et se sont compris. Le résultat est formidable pour les deux peuples. Cette visite a décanté beaucoup de choses pour nous, les Burkinabè. Nous en sommes heureux. N.V. : Quelles sont ces choses que la visite du Président Compaoré a décantées ? E.K. : C’est surtout notre rôle dans le processus de paix. J’ai été heureux d’entendre le président Blaise Compaoré dire face à ses concitoyens, à la résidence de l’Ambassadeur du Burkina Faso, que la Côte d’Ivoire est un pays d’hospitalité. Qui est l’un des rares pays du continent qui sait accueillir les étrangers. Si le président Compaoré reconnaît la bonté des Ivoiriens ; nous, les Burkinabè qui vivons en Côte d’Ivoire ne pouvons que lui dire “merci” pour cette profession de foi. N.V. : Vous aviez lancé un appel télévisé aux ressortissants burkinabè pour une rencontre, le 17 septembre dernier, avec le président Blaise Compaoré au Palais de la Culture d’Abidjan. Cette rencontre a été annulée par la suite. Que s’est-il passé ? E.K. : Le président du Faso devait recevoir ses compatriotes burkinabè au Palais de la Culture de Treichville. 10 à 15 mille personnes y compris nos frères ivoiriens s’étaient mobilisés pour communier avec le président Compaoré. Malheureusement ce ne fut pas possible, compte tenu de son programme qui était très chargé. Ce sera, nous l’espérons, à l’occasion d’une prochaine visite. N.V. : N’avez-vous pas ressenti ce rendez-vous manqué comme un camouflé, un échec pour vous? E.K. : Pas du tout. D’autant que mes compatriotes qui se sont déplacés par milliers au palais de la culture n’ont pas pris les choses en mal. Et puis le président du Faso a reçu les différents responsables d’association à la résidence de l’Ambassadeur et leur a prodigué de sages conseils. Le chef a décidé, nous ne faisons que suivre. Sans arrière-pensée. N.V. : Moussa Douamba, responsable d’une structure de la diaspora burkinabé a eu récemment des mots durs contre vous dans la presse. Il s’est insurgé contre votre initiative “un Burkinabè, 1000fcfa pour la paix en Côte d’Ivoire”. Y a-t-il un problème Kima au sein de la communauté burkinabé? E.K : Je n’ai aucun problème avec mes compatriotes burkinabè. Vous savez, ce que l’on fait ne peut pas plaire à tout le monde. Nous sommes en démocratie. Chacun est libre de dire ce qu’il veut. Moi, j’ai un objectif bien déterminé. Jusqu’à preuve du contraire, je sais que j’ai du monde derrière moi. C’est parce que je suis dans la vérité que ce monde me fait confiance. “Un Burkinabé, 1000 fcfa”, est une idée que l’on devrait louer. Nous sommes plus de trois millions de Burkinabè en Côte d’Ivoire. Notre terre d’accueil a des problèmes. Il nous revient de lui être solidaire. Regardez, quand le Burkina Faso a été frappé par les inondations, la Côte d’Ivoire, sans hésiter, a remis la somme de 500 millions de fcfa au Faso. C’est cela la solidarité africaine. N.V. : Quel est le point actuel de l’opération “Un Burkinabé, 1000 fcfa” ? E.K. : Nous sommes à des centaines de millions de fcfa. Ceux qui le veulent peuvent se rendre à la Banque Atlantique pour vérifier la solvabilité du compte. Cet argent n’appartient à personne. Il est destiné à l’Etat ivoirien et nous au moment à temps opportun au président de la République de Côte d’Ivoire. N.V. : L’on ne vous entend plus. Votre caravane contre la fraude sur l’identité ivoirienne a-t-elle pris fin ? E.K. : D’abord, il faut souligner que mon combat contre la fraude porte ses fruits puisque l’on parle de plusieurs milliers de suspects éjectés de la liste électorale provisoire ivoirienne. Chacun est en train d’ouvrir l’œil. On ne peut pas parler de paix sans se dire la vérité. Ensuite, retenez que la caravane de sensibilisation contre la fraude se poursuit. Le 31 octobre, nous animerons un grand meeting à Man pour parler aux ressortissants de la CEDEAO. Nous attendons au moins 20 mille personnes à ce meeting. Nous allons échanger dans la fraternité et la paix. N.V. : Pendant que le processus de paix avance en Côte d’Ivoire, un nouveau foyer de tension s’allume dans un autre pays de la CEDEAO, la Guinée, en l’occurrence. L’on parle de 150 civils tués par l’armée. Le Président Compaoré y est encore appelé comme facilitateur. C’est un honneur pour vous qui le soutenez ? E.K. : Même si l’on peut se réjouir pour le président Compaoré, l’on est triste pour la Guinée. Ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire devrait nous servir de leçon. Il faut éviter de régler les problèmes politiques par les armes. Seule la voie du dialogue demeure la meilleure. C’est le sens du dialogue direct initié par le président ivoirien, Laurent Gbagbo qui a tendu la main aux forces nouvelles (ex-rebelles).Je condamne avec fermeté ce qui s’est passé en Guinée parce qu’il y a morts d’hommes. Ce sont des centaines de familles qui sont inutilement endeuillées. Je condamne cela. L’Afrique n’a pas besoin de massacre pour le pouvoir. Entretien réalisé par Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
Politique Publié le samedi 10 octobre 2009 | Notre Voie