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Politique Publié le mercredi 14 octobre 2009 | Notre Voie

Ouattara enfin présent à l’élection présidentielle - Coup d’Etat, rébellion, massacre de civils pour une candidature

Alassane Dramane Ouattara est enfin candidat, depuis le lundi 12 octobre 2009, à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Il a fallu pour cela que l’homme rende « le pays ingouvernable », pour reprendre ses propres termes. Coup d’Etat, rébellion armée, tueries et viols sont autant de drames qui ont émaillé, avec le soutien actif de Ouattara, la vie des Ivoiriens, de 1994 à 2009. “Je viens de déposer mon dossier de candidature à la Commission électorale indépendante (CEI), au secrétariat permanent qui reçoit les dossiers. Le secrétaire permanent, le ministre Auguste Miremont, m’a indiqué que le dossier est complet et sera transmis rapidement au Conseil constitutionnel (…) Je suis déterminé à faire une campagne électorale dans un esprit de paix…”. L’ex- Premier ministre Alassane Ouattara, candidat du RDR à l’élection présidentielle du 29 novembre, a tenu lundi ces propos face aux journalistes à sa sortie des locaux de la CEI. M. Ouattara parle d’une campagne électorale “dans un esprit de paix”. Comment peut-on comprendre cela ? Est-ce une façon détournée de narguer ces milliers d’Ivoiriens qui ont été les victimes innocentes de la barbarie qu’il a instaurée dans ce pays depuis 15 ans ? Ou s’agit-il de propos purement politiciens visant à amadouer les cœurs endeuillés à qui il veut arracher des suffrages, le 29 novembre prochain ? La réponse qui frappe l’esprit est celle de propos électoralistes. A la vérité, le président du RDR ne croit ni à la paix ni à la démocratie comme contexte et moyen d’accession au pouvoir d’Etat. Les étapes cruciales de sa jeune vie de “politicien accidentel” le démontrent. Définie par Abraham Lincoln (Chef d’Etat américain de 1860 à 1865) comme “le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”, la démocratie repose sur des socles fondamentaux dont le respect de la volonté populaire et celui des lois. De son irruption sur la scène politique en 1990 au grand dam de nombreux hauts responsables du PDCI-RDA à sa candidature “de repêchage” à l’élection présidentielle en 2009, Alassane Dramane Ouattara n’a jamais fait siens ces socles de la démocratie cités plus haut. Avec du sadisme empreint d’hypocrisie, il a combattu la volonté populaire et fait table rase de la loi. Cela, avec des armes pernicieuses (armes à feu et propagande) qui ont eu des conséquences désastreuses pour la Côte d’Ivoire. Coup d’Etat de décembre 1999 Tout est parti de “la guerre de succession” à Houphouët-Boigny qui a opposé Ouattara à Henri Konan Bédié. En 1994, Bédié sort vainqueur de la bataille mais pas véritablement de la guerre. Il succède à Houphouët-Boigny grâce à l’article 11 de la Constitution voulu ainsi par Houphouët, lui-même, de son vivant. Ouattara s’oppose à cette disposition constitutionnelle. Mais contrairement à l’opposition conduite par Laurent Gbagbo qui mène la contestation par le verbe, Alassane Ouattara choisit une toute autre option. Celle de la lutte armée. Il joue d’abord “le mort” en surfant sur la naïveté politique de M. Bédié qui accepte de le laisser filer au FMI où Ouattara occupe le poste de Directeur général adjoint avec la bénédiction de “son parrain”, le français Michel Camdessus, DG du FMI. De New York, M. Ouattara prépare l’offensive tous azimuts contre Henri Konan Bédié et la Côte d’Ivoire. Cette offensive aboutit à un coup d’Etat militaire contre le régime PDCI en décembre 1999. “Lorsque je frapperai ce régime moribond, il tombera”, avait averti M. Ouattara quelque temps avant le coup d’Etat. “Le régime moribond” de M.Bédié est effectivement tombé. Fait curieux, la junte militaire qui prend le pouvoir est totalement contrôlée par des proches de l’ancien premier ministre. Au nombre desquels les généraux Palenfo et Coulibaly qui sont les numéros 2 et 3 de la junte militaire, encadrant le général Robert Guéï, chef du CNSP. Des sources informées soutiennent qu’un accord secret aurait été scellé entre M. Ouattara et le général Guéï qui voulait que le putschiste cède le pouvoir au président du RDR à l’issue d’une mascarade d’élection présidentielle organisée par la junte. N’ayant pas été candidat à la présidentielle en 1995 parce que frappé par la constitution et le code électoral, M.Ouattara dont la nationalité ivoirienne continue d’être floue ruminait une vengeance contre M.Bédié, père de “l’ivoirité”. Alassane Ouattara obtient donc sa revanche qu’il savoure d’ailleurs dans l’avion d’Air France qui le ramène à Abidjan après le coup d’Etat du 25 décembre 1999. Surprise pour le leader du RDR , le général Guéï prend goût au pouvoir et semble remettre en cause l’accord secret avec le président du RDR. Le chef de la Junte sollicite en 2000, l’avis des populations à travers un référendum, sur l’article 35 de la Constitution qui dispose depuis Bédié, que “le candidat à l’élection présidentielle doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité”. Les résultats de ce référendum auquel le RDR a appelé à voter “Oui” est sans équivoque : plus de 80% de votes favorables contre moins de 15% de “Non”. Le 23 juillet 2000, la nouvelle constitution est adoptée. M.Ouattara dont les origines voltaïques (burkinabè) sont gravées dans les documents de la BCEAO et du FMI où il a travaillé, se trouve frappé par l’article 35 de la constitution. Il désapprouve la loi et opte une fois encore pour la lutte armée. La fin justifiant les moyens, il s’active à faire payer au Général, son “outrecuidance”. Le chef de la junte échappe à deux tentatives de coup d’Etat. Le général Robert Guéï les attribue toutes à des proches de M. Ouattara dont les généraux Palenfo et Coulibaly ainsi que le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB, ancien garde du corps de Ouattara. La main du président du RDR est ouvertement perçue derrière ces actes. Dura lex, sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi). Pour Alassane Dramane Ouattara, cet adage latin ne fait pas partie de sa vision de la démocratie. S’il en a une, en réalité. Le président du RDR qui n’est pourtant pas le seul ivoirien par adoption tombant sous le coup de la loi, poursuit son option guerrière. En octobre 2000, il ameute ses partisans dont certains munis d’armes blanches et à feu, à contester par la violence l’élection de Laurent Gbagbo à la présidentielle. Cette “folie meurtrière” signée Ouattara fera des centaines de morts. Avec en sus, une vaste campagne de diabolisation du nouveau président élu. L’argument avancé par le staff de Ouattara est la découverte d’un charnier à proximité de la prison civile d’Abidjan-Yopougon. La rébellion armée et ses milliers de morts Les 7 et 8 janvier 2001, une nouvelle tentative de coup d’Etat replonge les ivoiriens dans l’inquiétude. Les auteurs ne sont autres que des proches de M.Ouattara. Ils sont conduits par le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB. Leur revendication politique renvoie à la défense d’un certain cas Ouattara. Comme si la loi n’était pas impersonnelle. Refugiés au Burkina Faso où ils seront entraînés et nourris, ces quelques soldats proches de M.Ouattara verront leurs rangs grossir de mercenaires libériens et autres ouest-africains. Ils viendront attaquer nuitamment, du 18 et 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire. La tentative de coup d’Etat ayant échoué, ils se replieront dans le nord et le centre du pays pour y former un kyste. C’est la rébellion armée qui fera plus de 4000 civils ivoiriens tués, selon les révélations faites récemment sur la chaîne de télévision française, France 24, par un membre influent de la junte militaire au pouvoir en Guinée. Viols, atrocités extrêmes… les populations ivoiriennes auront vécu l’enfer. Qui est le responsable de ces ignominies ? La réponse viendra du chef-rebelle Koné Zakaria qui dira au cours d’un meeting en 2003 que “c’est grâce à Alassane Ouattara qu’on vivait à Ouaga. C’est lui qui nous envoyait 25 millions fcfa chaque mois”. Un autre chef-rebelle Mourou Ouattara dira deux années plus tard à Bouna que “nous avons pris les armes pour lutter contre l’exclusion et l’ivoirité pour que tout le monde soit candidat”. Cette expression “tout le monde” renvoie en réalité à Alassane Ouattara. Aujourd’hui, après des milliers de morts, de viols et d’atrocités, Alassane Ouattara est candidat contre la volonté populaire traduite dans la Constitution. C’est un candidat par la force des armes et du glaive.

Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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