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Politique Publié le jeudi 15 octobre 2009 | Le Temps

Election du 29 novembre prochain : L’Onu contredit la France

Dans le processus de sortie de crise en Côte d'Ivoire, l'Onu et la France ne sont plus sur la même longueur d'onde.

Du haut de sa colline élyséenne, cheveux presque au vent, Paris veut courir plus vite que les concernés eux-mêmes. En donnant des éclats de voix qui, au lieu d'apaiser, deviennent finalement agaçants. Dans le processus de sortie de crise, la France prétend au bout du compte, aimer la Côte d'Ivoire, plus que les Ivoiriens. Au point qu'elle fait des sommations qui à la fin, prennent des allures suspectes. "Ces élections doivent être organisées absolument telles qu'elles ont été prévues", a dit le mardi, Alain Joyandet, le secrétaire d'Etat à la coopération dans le gouvernement Fillon. La déclaration a été faite, sur les écrans de la chaîne Tv5, le porte-voix de l'Hexagone sur le continent africain. Un secrétaire d'Etat qui intime des ordres à un Etat. Avec la France, les temps et les hommes passent. Mais rien ne change dans sa politique sur le continent. Mais mieux, la France exige le respect scrupuleux d'une date que les Ivoiriens se sont donnée librement, en rapport avec les obstacles et les réalités du terrain. En clair, Paris demande à la Côte d'Ivoire d'aller au rythme de l'Elysée. Les obstacles, n'ont pas d'importance. Même s'il faut aller à des élections bâclées, avec dans les urnes, les bulletins des gens qui n'en avaient pas droit. Ce qui est d'ailleurs impossible en France, et même dans ses territoires d'Outre-Mer peuplés de gens venues d'ailleurs. Avec le temps, l'histoire expliquera l'acharnement de l'Elysée sur ce processus électoral. Lisez encore Joyandet. " Quand il y a 6 millions et demi de personnes qui sont recensés en Côte d'Ivoire d'une manière sérieuse, peut-être qu'il n'y en a pas assez, mais en tout cas, cela permet d'organiser une élection… " Un peu plus loin, il précise sa pensée. " Vous savez, les listes, elles ne seront jamais parfaites. Elles ne sont d'ailleurs nulle part jamais parfaites. " Ajoute le patron de la coopération en France. Peut-être qu'en France, il n'y a jamais eu de liste parfaite. Mais en Côte d'Ivoire, l'Ins a toujours fait un travail remarquable à ce niveau. A la vérité, Paris est de plus en plus esseulée avec son discours à l'emporte-pièce dans la crise ivoirienne. Et comme le dit le chef de l'Etat, depuis le départ de Koffi Anann, les choses ont changé à l'Onu. Avec Young Jin Choi, les discours onusiens se rapprochent de plus en plus de la réalité. Quitte même à prendre le contre-pied de la France dans la maison de verre de New-York. " Nous avons encore deux étapes cruciales avant d'arriver aux élections : la publication de la liste électorale provisoire qui est une étape très importante et la publication de la liste électorale définitive. Concernant la première étape, nous sommes aujourd'hui confrontés à un obstacle de taille. Environ 2,7 millions de personnes, soit plus de 40 % des 6, 3 millions d'électeurs potentiels ne sont sur aucun fichier. Nous devons donc trouver de façon urgente, une solution pour ces 2,7 millions de personnes afin d'arriver à la liste électorale. Je vais donc m'atteler à cette tâche. Après la publication de la liste électorale provisoire, nous entrerons ensuite dans la phase cruciale du contentieux. Et c'est en fonction du nombre de requêtes que nous pourrons avoir une idée précise de quand sera établie la liste définitive. " Explique le diplomate sur les antennes de la radio onusienne. On se dit, voila comment parle un diplomate au chevet d'un pays en crise. Un désaveu total pour Paris. Mieux, un rappel à l'ordre. Pour dire voilà comment les choses se passent en Côte d'Ivoire.

A Paris, le souhaite est de voir l'opposition dans la rue

Choi qui, visiblement, n'a aucun intérêt à ce que la Côte d'Ivoire sombre dans des élections bâclées, se donne le temps de faire un travail rigoureusement intellectuel et honnête. On ne l'a jamais vu s'inviter maladroitement dans la crise ivoirienne. Il emprunte plutôt le chemin que la Côte d'Ivoire se trace elle-même pour sortir de la crise. Et il est sans parti pris. Ce qui n'est pas le cas pour Paris qui a décidé de pousser l'opposition à la révolte, avec un soutien tacite. On n'a pas besoin d'être politologue pour lire les non-dits du discours de Joyandet. Il offre bien deux schémas. Le premier, c'est de pousser le Rhdp dans la rue au cas où la date de l'élection de novembre prochain, serait repoussée pour résoudre les questions qui se posent. Le message sera bien simple, " Gbagbo ne veut pas aller aux élections. " Et il faut le contraindre à y aller. Le deuxième schéma concerne les 2 millions de personnes qui ne sont pas inscrites sur la liste électorale. Dans le marigot politique ivoirien, il n'y a que Ouattara, l'allié de Paris qui demande qu'on ferme les yeux sur ces 2 millions de personnes pour aller dans les urnes avec eux. Jusque-là, le Pdci garde le profil bas sur cet épineux dossier. Mais à l'allure où vont les choses, il est clair que le Rdr va faire ressortir sa vieille chanson " d'exclusion " au cas où ces 2 millions seraient extraites de la liste. Dans cette bataille, Ouattara aura le soutien de ses parrains de l'Elysée. Déjà, Joyandet a donné le ton en affirmant qu'il n'y a pas de " liste parfaite ". Un discours d'un autre genre. Paris qui se permet de donner des leçons de démocratie en Afrique, milite maintenant pour des élections bâclées. Le piège est trop gros. Et Abidjan ne sera jamais Antanarivo.

Guéhi Brence
gb08301660@yahoo.fr
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