Election présidentielle - Le seul unificateur possible

La Présidentielle, c'est pour bientôt. Si ce n'est pas demain, ça sera sûrement après demain. Et les Prétendants à la magistrature suprême se bousculent dans les salons mi-feutrés mi-arides de la Commission Electorale Indépendante (CEl) chargée de l'organisation de cet important rendez-vous démocratique. A ce jour, ils sont au nombre de Treize et ce n'est pas fini. A ce qu'il nous revienne, disons, selon les rumeurs, M. Laurent Gbagbo s'apprête à emboîter le pas à cette flopée de candidats, en déposant sa candidature aujourd'hui. On n'a pas de raison de douter de ces rumeurs. Pour sûr, cela sera fait en temps et heure comme il convient. Et le Peuple qui avait jusque-là, retenu son souffle, à l'idée que celui-ci c'est-à-dire Gbagbo ne soit pas candidat, pourra pousser un ouf de soulagement. C'est bien ainsi. L'élection présidentielle est comme une course de 100 m. Il faut être dans le starting-block quand le sifflet du starter retentit. Il ne suffit pas de faire beaucoup de tapage, il faut simplement être prêt et concentré pour prendre un bon départ pour être à l'arrivée qui se compte en peu de secondes. Nous pensons que ça sera le cas pour le Woody de Mama. En effet, de tous les prétendants actuels à la plus haute fonction de l'Etat Gbagbo nous apparaît comme le moins handicapé et cela pour nombre de raisons dont principalement deux ou trois. Gbagbo n'a pas de revanche à prendre sur quelqu'un ou avoir à assumer ici et maintenant un quelconque destin qui aurait été frustré par les aléas de la vie politique. .. Gbagbo n'a pas non plus quelque chose contre quelqu'un dans ce débat démocratique, c'est-à-dire nourrir une rancune tenace envers ses adversaires. Il a toujours été affable vis-à-vis de qui que ce soit. M. Henri Konan Bédié en sait quelque chose. En exil plus ou moins doré, et de surcroît rongeant sa rancune et sa vengeance, dans sa maison de la rue Beethoven, à Paris, Gbagbo était parti lui rendre visite. C'est à la suite de cette visite fraternelle que Gbagbo lui a préparé un retour plus qu'honorable au Pays. Nous savons aujourd'hui que Laurent Gbagbo a été payé en monnaie de singe en retour. - Le troisième écueil qu'il n'a pas, Laurent Gbagbo s'entend, il n'est pas suspecté de n'être pas Ivoirien. D'ailleurs se prévaut-il de cette situation puisqu'il a laissé compétir tout le monde “excetionnellement” malgré les interdits de la Constitution d'une part, l'âge limite de 75 ans d'autre part, et surtout, “l’arrêt couperet de - “nationalité douteuse” qui frappe certains candidats. Or, nous savons tous que chacun des candidats en liste porte sur soi les revers de sa propre médaille qui ont pour noms rancune, revanche, vengeance, ambition démesurée, égotisme pour ne pas dire orgueil mal placé. Nous croyons pouvoir dire ici, sans risque d'être mis en porte à faux, que seul Gbagbo peut unifier notre Pays tellement il est pour la cohésion nationale de la Côte d'Ivoire. Il est le seul unificateur possible pour le moment. Houphouet avait réussi cela en supprimant toutes les oppositions. Lui seul avait raison puisqu'il était le Père de la Nation. La démocratie n'avait pas droit de cité. Au lendemain de son élection calamiteuse selon lui, en parlant de Gbagbo, alors que ses adversaires lui glissaient les peaux de banane sous les pieds, il a organisé le Forum National de Réconciliation. Malgré les intentions affichées publiquement, les opposants à Gbagbo n'ont pas baissé les bras. La chienlit était partout. Cela nous a valu le gouvernement de large union le 5 Août 2002. A peine on avait eu droit à ce gouvernement, c'est-à-dire un mois après, c'était la déflagration que nous savons du 18 Septembre 2002. Gbagbo, qui se trouvait à l'étranger, n'a pas craint de rentrer au pays, estimant sans doute que s'il devait perdre le Pouvoir, ça ne serait que devant le Peuple qui le lui avait donné. C'est ce qu'on appelle un homme ayant une haute idée de ses responsabilités. On ne fuit pas au premier coup de pétard. Alors qu'on est sur la route de l'exil, on ne demande pas au Peuple de descendre dans la rue, ou on n'escalade pas les murs des ambassades pour se mettre à l’abri. On sait ce qui s'est passé à Marcoussis. On a vu que c'était une foire aux charognards se partageant le reste du Pouvoir ivoirien. Gbagbo pouvait ne pas se reconnaître dans cet accord. Contre mauvaise fortune, il a fait bon cœur. Il a accepté ce partage macabre avec des Premiers Ministres qui regardaient plutôt vers le grand large que de suivre les affaires du Pays. Enfin, l'Accord de Ouaga, le dialogue direct. Une idée géniale qui nous vaut d'aller aujourd'hui à des élections plus ou moins apaisées. Plus qu'un catalyseur chimique, nous estimons que Laurent Gbagbo est le seul unificateur possible pour sortir notre Pays de enlisement. Si le RHDP est un conglomérat de négationnistes, le CNRD se présente quant à lui comme un regroupement de gens venus soutenir les institutions de la République. Aux yeux de ses membres, Gbagbo est un unificateur qu'il faut aider. C'est pour cela que le Peuple est prêt à lui donner un vrai mandat dans un esprit calme et apaisé loin des intrigues de la revanche et de la rancune. Jacques Préjan