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Faits Divers Publié le vendredi 16 octobre 2009 | Nord-Sud

Axe Niakara-Korhogo : Les coupeurs de route font la loi

« On ne change pas une méthode qui gagne ». Ils le savent très bien et ils ne s’inquiètent pas. D’ailleurs, ils ne sont pas inquiétés. Leurs cibles : Les minicars de transports en commun. Leurs moyens : Les Kalachnikovs. Leur méthode : Ouvrir le feu sur le véhicule en mouvement dès que celui-ci est à portée de tir. Ils, ce sont les coupeurs de route. Ils sont les rois sur le tronçon Kanawolo-Longo-Bémavogo. Ce tronçon, long d’une vingtaine de kilomètres, se situe dans la zone 2 dirigée par le commandant Vetcho. Ils opèrent toujours la matinée entre 9 et 11 heures, nous révèle Kanidja (appelons-le ainsi), le chauffeur du minicar dans lequel nous avons pris place pour Bouaké. Le dernier coup de ses malfrats remonte au dimanche 11 octobre 2009. Toujours avec la même méthode, le même lieu et les mêmes armes, ces coupeurs de route sans foi ni loi sèment pleurs et désolation. Le mercredi 7 octobre, Mori, le chauffeur d’un minicar de type Mitsubishi, embarque à Bouaké pour Korhogo. Il ne savait pas qu’il venait de prendre rendez-vous avec la mort. Entre Bémavoko et Longo, un jeune homme, sur la voie et à une distance de tir, l’ajuste et fait feu. La balle atteint mortellement Mori qui rend l’âme sur le champ. Le véhicule n’étant plus contrôlé, continue sa course et s’immobilise dans les herbes. Et, sortis de nulle part, les coupeurs de route procèdent à la fouille des passagers. Le corps sans vie de Mori n’y échappe pas. Kanidja, notre chauffeur, a, lui, eu plus de chance il y a de cela quelques mois. Sur ce même tronçon, et presqu’au même lieu, il a essuyé des rafales. Chance pour lui, la balle s’est logée dans la vitre avant sur sa gauche. « Il était environ 10 heures. J’ai aperçu un homme sortir de la brousse sur un côté de la route. Je croyais qu’il voulait traverser la route. Quand j’ai réalisé le danger, il était trop tard », nous relate Kanidja. Avec une Kalach, sortie de nulle part, le bandit canarde deux fois. « La première balle s’est logée dans ma vitre. J’ai eu beaucoup de chance. Mais pas le Peul qui était au-dessus du véhicule. Il a pris la balle en pleine poitrine et est mort sur le champ », se souvient Kanidja. Il marque une pause avant de poursuivre : « la peur au ventre, j’ai immobilisé le véhicule. Ils nous (les passagers, mon apprenti et moi) ont dépouillés de tout ce qu’on avait comme argent y compris le corps sans vie du Peul ». Depuis le début de cette année, on dénombre un peu plus de 11 attaques des coupeurs de route dont 4 mortelles. Dramane, Siaka, Solo et récemment Mori, sont les chauffeurs, sur cette ligne, qui ont perdu la vie dans les mêmes conditions. Du côté des passagers, on dénombre 2 décès et de nombreux blessés. La même terreur se vit sur le tronçon Kanawolo-Tafiré, où on dénombre aussi plusieurs attaques à main armée. « Nous avons toujours informé les agents des Forces nouvelles, mais les bandits continuent de sévir », révèle un autre chauffeur de la même gare.

Sékongo Naoua
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