Vingt candidatures réceptionnées par la Commission électorale indépendante (CEI), à la date butoir du 16 octobre 2009. Parmi lesquelles celles des trois ténors : Laurent Gbagbo, Aimé Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara. De ces trois sérieux prétendants, le président sortant, Gbagbo, affiche le meilleur profil. Voici les raisons fondamentales qui inclinent à le plébisciter. Notre dossier. En attendant que le conseil constitutionnel livre, après analyse, la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 29 novembre prochain, la Commission électorale indépendante (CEI) a bouclé, le vendredi 16 octobre, la réception des candidatures, à travers, entre autres, celle du président de la République, Laurent Gbagbo, candidat à sa propre succession. Gbagbo a donc officiellement formalisé sa volonté de rempiler. A-t-il des chances de remporter le scrutin ? Des raisons fondamentales militent en sa faveur. Courageux, honnête et adepte de la bonne gouvernance Laurent Gbagbo possède des qualités qui sont apparues, au grand jour, durant ses neuf années de présidence du fait de la crise. Les premières raisons pour lesquelles les Ivoiriens doivent réélire Laurent Gbagbo, est qu’il est courageux, honnête et attaché à la bonne gouvernance. En visite officielle en septembre 2002 en Italie, le Chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, est informé que son régime à Abidjan est l’objet d’une tentative de coup d’Etat, dans la nuit du 18 au 19 septembre. Cette attaque fait de nombreux morts dont le ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou (un fidèle collaborateur de Gbagbo) ; l’ex-chef de la junte militaire, le général Robert Guéï et un célèbre artiste-musicien, Marcellin Yacé. La situation sécuritaire est précaire à Abidjan. Selon des sources crédibles, le président français de l’époque, Jacques Chirac, joint par téléphone son homologue Laurent Gbagbo et lui propose, de “s’exiler” à Paris, le temps que la situation se normalise à Abidjan avant d’y aller. Gbagbo promet d’y réfléchir mais prend la décision courageuse, de regagner la Côte d’Ivoire en dépit du danger qu’il court. “Si je dois mourir, c’est avec mon peuple”, aurait-il soutenu depuis l’Italie avant de prendre l’avion pour regagner la Côte d’Ivoire. Un acte de bravoure qui s’est confirmé tout au long de la gestion de la crise. Face aux attaques d’ordre politique, diplomatique et au lynchage médiatique, Gbagbo n’a pas faibli. Il a résisté avec courage comme un digne chef. De nombreux diplomates étrangers en poste à Abidjan le reconnaissent, Laurent Gbagbo est un dirigeant atypique. Contrairement à de nombreux chefs d’Etat du continent et de leaders politiques, Laurent Gbagbo ne possède pas de comptes bancaires à l’étranger. Il n’entretient pas de liens d’argent avec des dirigeants africains ou occidentaux. Il n’est dans aucun business. Il n’est pas un homme d’affaires qui posséderait des actions dans des entreprises ou serait propriétaire d’un cabinet à l’étranger ayant des activités louches. Gbagbo se contente de son salaire et des moyens que l’Etat ivoirien met à sa disposition. Il est d’ailleurs l’unique chef d’Etat ivoirien qui a rendu public sa rémunération. Gbagbo a toujours eu des rapports sains avec l’argent public. On ne lui connaît aucun détournement de fonds ni de gestion scabreuse de l’argent public durant ces neuf années. Une qualité qui fait de lui, le candidat le mieux placé pour engager la lutte contre la corruption. Patriote et ambitieux pour la Côte d’Ivoire Gbagbo a fait des intérêts de la Côte d’Ivoire et de la cause du peuple, une priorité. La preuve en a été donnée dans l’affaire du navire Probo Koala qui a déversé des produits dangereux en 2006 à Abidjan, intoxiquant des milliers d’Ivoiriens et causant la mort de certains d’entre eux. Sous l’impulsion de l’Etat ivoirien, la société Trafigura a dédommagé les victimes. Les sommes décaissés par Trafigura ont été redistribuées aux victimes en toute transparence. Le président Gbagbo a mis en garde contre un quelconque détournement de ces fonds. Le patriotisme de Laurent Gbagbo se traduit aussi par sa proximité avec le peuple. Il se réjouit avec le peuple lorsque celui est en joie (première qualification des Eléphants à la coupe du monde de football en 2006) et partage la peine du peuple dans les moments de tristesse (il a pleuré, suite au décès de supporters ivoiriens lors du match de football, Côte d’Ivoire-Malawi, mars 2009). Candidat à sa propre succession, Laurent Gbagbo a de grandes ambitions pour la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens ont pu en apprécier un avant-goût en dépit de la crise. La politique de décentralisation qu’il a initiée a permis une vaste communalisation du pays. La création des conseils généraux est une preuve de l’engagement du président Gbagbo de rapprocher le développement des populations. Il a sorti de nombreux villages de l’obscurité à travers un programme d’électrification rural inédit. Gbagbo a poursuivi le transfert de la capitale à Yamoussoukro en construisant l’Hôtel des députés. D’autres chantiers ont été entamés à Yamoussoukro notamment le futur palais présidentiel et de celui de l’Assemblée nationale. S’agissant d’Abidjan, il a présenté au monde entier, il y a quelques mois, la maquette du “Grand Abidjan” qui prévoit l’extension du port autonome, la construction de ponts, d’autoroutes, de logements, d’édifices, d’espaces verts, etc : “Houphouët a enrichi la Côte d’Ivoire. Moi, je veux enrichir les Ivoiriens”. Ces propos du président Gbagbo constituent un leitmotiv dont il ne s’éloigne pas. C’est à juste titre que son programme de gouvernement concocté depuis l’opposition sous le label de La Refondation prévoit l’assurance maladie universelle (AMU), l’école gratuite jusqu’à l’âge de 15 ans, la création d’emplois pour les jeunes, une politique en faveur des femmes avec l’initiation de microprojets, la modernisation et la diversification de l’agriculture. Homme de paix et de dialogue Laurent Gbagbo, c’est 30 ans d’opposition, 30 ans de paix pour la Côte d’Ivoire. Il n’a jamais cédé aux chants de sirènes, intérieurs et extérieurs, qui voulaient qu’il prenne les armes pour mettre fin au parti unique et au pouvoir d’Houphouët-Boigny qui était l’antithèse de la démocratie. Il a toujours prôné la transition pacifique à la démocratie. L’opposant Gbagbo a d’ailleurs écrit des ouvrages pour faire partager sa vision pacifique de l’accession au pouvoir aux populations ivoiriennes. Même quand il subissait les pires brimades de la part du pouvoir Houphouët (plusieurs fois emprisonné, exil etc.), il n’a pas renoncé à la voie des urnes et de la démocratie pour conquérir le pouvoir d’Etat : “Asseyons-nous et discutons”. Cet appel de Laurent Gbagbo aux différents régimes PDCI (Houphouët puis Bédié) démontre son attachement à la paix. Après son élection en octobre 2000 à la magistrature suprême, il tend la main à ses adversaires politiques. Le président Gbagbo organise, en guise de catharsis collective, le Forum de la réconciliation nationale. Il appelle tous les Ivoiriens au pardon et à la vérité. Gbagbo forme un gouvernement d’ouverture qui sera totalement complet en août 2002 avec l’entrée du RDR d’Alassane Ouattara. En visite “privée” en France, en 2001, il se rend au domicile parisien (Rue Beethoven) de Bédié pour lui demander de rentrer au pays. Chassé du pouvoir par un coup d’Etat militaire en décembre 1999, l’ex-chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, s’est exilé en France d’où il ruminait sa vengeance contre le général Robert Guéï, auteur du coup d’Etat, et Alassane Ouattara, présumé complice de ce coup de force. Homme de dialogue, Gbagbo a obtenu le retour de Bédié et sa participation au forum pour la réconciliation nationale. Même son de cloche pour Guéï et Ouattara. Son régime attaqué par une rébellion armée à partir de septembre 2002, le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, fait preuve d’humilité en concédant des ouvertures aux rebelles, notamment le départ de son premier ministre, Pascal Affi N’Guessan et l’entrée des rebelles dans le gouvernement. Il accepte d’appliquer tous les accords signés dans le cadre du règlement de la crise et visiblement favorables à la rébellion. C’est le cas de l’accord de Linas-Marcoussis. Face à l’échec de ces accords, il initie lui-même le “dialogue direct” avec les rebelles sous l’égide de la CEDEAO et de l’Union africaine (UA) qui aboutit à l’accord de Ouagadougou. Ayant pour facilitateur, le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Mais avant, il s’appuie sur l’article 48 de la Constitution ivoirienne, pour autoriser Alassane Ouattara à être candidat exceptionnel à l’élection présidentielle à venir. Alors qu’en octobre 2000, ce n’était pas Gbagbo mais la junte militaire qui avait écarté Ouattara de la course au pouvoir. Homme de dialogue, il nomme Soro Guillaume, Secrétaire général des Forces nouvelles (rébellion armée) au poste de Premier ministre. Démocrate, défenseur de la liberté d’expression, homme de partage et panafricaniste C’est pour sa lutte acharnée en faveur d’une Côte d’Ivoire démocratique que Laurent Gbagbo a connu la prison et l’exil. Sous Bédié en 1995, il a conduit “le boycott actif” de l’élection présidentielle parce que le régime PDCI en place était réfractaire à toute transparence dans le processus électoral. Bédié s’opposait à l’instauration d’une Commission électorale indépendante, au vote à 18 ans, aux urnes transparentes, etc. Défenseur de la liberté d’expression, le président Gbagbo n’a jamais fait emprisonner un journaliste depuis octobre 2000 pour ses opinions. La presse ivoirienne n’a jamais connu une liberté aussi grande que sous la présidence de Gbagbo. Une liberté que certains observateurs qualifient même d’excessive. C’est le cas du porte-parole de l’ONUCI, Hamadoun Touré, qui émettait une telle opinion devant des journalistes politiques ivoiriens lors d’un récent séminaire à Grand-Bassam sur la couverture de l’élection présidentielle par les médias. A l’instar de la presse, les opposants ivoiriens jouissent d’une liberté de ton sans pareille. Elle mêle bien souvent injures et irrévérence. Enfin la dernière raison qui doit nous pousser à réélire le président Gbagbo est son esprit panafricaniste. Il a ressuscité le Conseil de l’Entente. Structure de solidarité créée en 1959 par certains des premiers chefs d’Etat de la sous-région dont Houphouët, Hamani Diori. Il comprend le Bénin, le Burkina Faso (ex-Haute Volta), la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo. Membre actif de la conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO, Laurent Gbagbo fait partager sa vision de l’Afrique. Il a conduit la réflexion en matière de transport dans l’espace CEDEAO. Il a aussi proposé la création d’une banque du Sud pour accompagner le développement des pays tout en préservant leur indépendance. Gbagbo a démontré la solidarité de la Côte d’Ivoire en offrant récemment, au nom du pays, la somme de 500 millions de fcfa au Burkina Faso sinistré par des inondations qui ont fait des morts de nombreux dégâts matériels importants. Compte tenu de toutes ces raisons, les Ivoiriens ne devraient pas hésiter, le 29 novembre prochain pour poursuivre le combat avec Laurent Gbagbo durant les cinq années à venir.
Par Didier Depry
ddepry@hotmail.com
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