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Politique Publié le mardi 20 octobre 2009 | Le Mandat

Présidentielle 2009 : Gbagbo candidat pour quelle Côte d’ivoire ?

Le vendredi 16 octobre 2009, le Woody de Mama s’est enfin déclaré candidat à l’élection présidentielle du 29 novembre 2009. Et pour se donner quelques signes extérieurs de popularité, il n’a pas trouvé mieux que de faire convoyer une horde d’admirateurs indécrottables jusqu’au siège de la CEI. L’homme qui avait pourtant juré sur l’honneur qu’il était pressé d’aller aux élections, « vite, vite, vite », est le dernier des compétiteurs à se présenter sur le starting block. Il dit être le candidat de ceux qui aiment la Côte d’Ivoire. Exit donc son parti d’origine, FPI et ses stratèges qui l’auront porté au Palais. Nostalgique des premières heures de la mobilisation d’un peuple qui croyait si bien faire. En portant à nouveau son manteau de populiste qu’aucun autre candidat ne lui dispute, Gbagbo manœuvre à contre-courant du temps. Il se croit encore en 1990 ou en 2000 où le type de discours qu’il envisage de tenir pouvait tenir sans peine. Il sait que les temps ont changé et que le vent a également changé de direction; même s’il ne veut pas s’en convaincre. Gbagbo sait qu’il n’a plus rien de nouveau à proposer aux Ivoiriens qui mérite d’être analysé avec la plus grande attention. Et le fait de se déclarer « candidat de ceux qui aiment la Côte d’Ivoire » ne suffira pas à maquiller un malaise profond chez le candidat de la galaxie dite patriotique dont le patriotisme primaire a causé plus de torts à la Côte d’Ivoire que la crise militaire n’en a occasionnés en réalité. En moins d’une décennie de pouvoir de Gbagbo, la Côte d’Ivoire est devenu le pays où tous les crimes contre l’humanité sont permis : atteintes à la liberté de la presse, assassinats de journalistes, exterminations de masse avec les événements de mars 2004, importation et déversement des déchets toxiques à Abidjan et ailleurs. Sous la présidence de Gbagbo, les Magistrats qui sont humiliés dans le Temple même de Thémis ne sont certainement pas des Ivoiriens qui aiment leur pays. La mise en berne de l’Assurance Maladie Universelle et tous les projets échoués ne sauraient trouver leur justification dans la survenue des événements de septembre 2002 qui n’ont pas empêché que les pontes du FPI roulent carrosse et se construisent des résidences au luxe insultant pendant que 70% de la population éprouve toutes les peines à s’assurer un repas par jour. S’il le voulait, Laurent Gbagbo aurait mis en œuvre ce projet qui semblait au cœur de son programme de gouvernement. Car ce ne sont pas les moyens qui lui ont fait défaut, pas plus que la situation de crise ne l’a pas freiné dans son ardeur à augmenter le montant de budget de souveraineté au fil des ans. Là où une petite dizaine de milliards sacrifiés sur 60 auraient suffit à mette en œuvre cette fameuse AMU de toutes les rêveries. De même, rien n’empêchait Laurent Gbagbo de prendre un décret instituant la retraite des planteurs, comme il en avait fait la promesse à Agboville en 1990. Au contraire, il a ruiné tous les espoirs des paysans en confiant la gestion de leurs avoirs à des proches qui se sont avérés bons pour résider à la MACA sans jugement. Se sachant incapable de défendre un quelconque bilan, Laurent Gbagbo a entrepris de distraire les Ivoiriens des véritables enjeux de l’élection présidentielle à venir, en indiquant qu’il reprenait le combat là où « ses » parents l’auraient laissé en 1940. Un repère historique qui se trouve en dehors de l’intelligence de cette jeunesse qu’il a savamment maintenu dans le désœuvrement à travers les agoras entretenus aux frais du Palais. La situation que les Ivoiriens vivent est trop sérieuse pour que Gbagbo la ramène à son ego, au règlement de ses comptes personnels avec les dirigeants de l’Occident en général, et de la France en particulier. Il n’y a pas 19 candidats de l’étranger contre Gbagbo, candidat de la Côte d’Ivoire. Le penser et le dire est injurieux pour le peuple ivoirien. En vérité, le 29 novembre prochain, les Ivoiriens auront à choisir entre deux clans fondamentalement opposés. D’un côté, celui des bâtisseurs de la Côte d’Ivoire, jadis havre de paix et de prospérité, incarnée par les leaders du RHDP et leurs. De l’autre, celui qui depuis 1990, a activement œuvré à détruire les fondements de notre jeune République par des actes de barbarie, le clan des démagogues, des pollueurs et des criminels en tous genres. Ce ne sont donc pas les déploiements de gorge de quelques désœuvrés récoltés ça et là à travers notre capitale économique qui rendront amnésique tout un peuple meurtri. Et ceux qui aiment la Côte d’Ivoire de cette manière devront répondre un jour ou l’autre de leurs actes devant les Tribunaux de l’Histoire. Dans la douleur contenue, les Ivoiriens ont attendu ce vendredi providentiel. Le candidat de ceux qui aiment la Côte d’Ivoire est le candidat qui aura œuvré au mieux à donner de notre pays une image reluisante. A présent, il importe de ne plus prendre en otage les Ivoiriens qui, dans leur intime conviction, savent lequel de tous les prétendants est à même de leur faire le moins de mal possible. Malgré tout, il convient de saluer le courage de proclamer de celui qui dit aimer tellement la Côte d’Ivoire qu’il en a fait un pays obsolète, quelconque et sans relief. Un pays qui a perdu de son lustre d’antan, un pays exsangue.

Kouaman Bomio
kouaman.bomio@yahoo.fr
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