Fraude ou pas fraude, le problème des enrôlés inconnus sur les fichiers historiques préoccupe les ivoiriens. Parmi eux, celui qu`on surnomme "vieil intello". Il dévoile un fait resté secret pendant longtemps et interpelle l`Ins.
Le cas litigieux des 2.752.181 individus enrôlés, mais qui ne se retrouvent sur aucun fichier historique de la Côte d`Ivoire, continue de susciter des réactions dans la société ivoirienne. Un ancien responsable à l`Institut national de la statistique (Ins), sous Houphouët-Boigny, aujourd`hui à la retraite, qu`on surnomme "vieil intello" de 77 ans, ne décolère pas, à la publication de ces chiffres. Selon lui, il est impossible de déboucher sur un tel nombre d`individus, si le travail confié aux techniciens, spécialistes en la matière, a été fait correctement. Or, c`est bien ce qu`a confirmé le directeur général de l`Institut national de la statistique (Ins), Meleu Mathieu, le 6 octobre 2009. Lors de la remise du coffret blanc, contenant la liste électorale provisoire de format électronique, au Palais présidentiel. Il déclarait, au nom des structures qui ont pris part aux travaux qui ont abouti à la liste provisoire, ceci : "Muni de tous ces documents officiels, parce que validés par tout le monde, nous nous sommes mis au travail et nous avons effectué ces croisements. Les résultats que nous avons obtenus, nous les assumons pleinement. Nous avons travaillé en toute indépendance, en toute rigueur. Nous sommes d`accord avec ce travail ". D`où viennent donc ces 2 752 181 personnes enrôlées, mais qui ne figurent nulle part dans les fichiers historiques ? Sur la question qui trotte dans l`esprit de tous les Ivoiriens, notre interlocuteur, le "vieil intello" rompu aux techniques de l`enrôlement et du croisement des fichiers, est convaincu que ce sont, pour l`essentiel, des "fraudeurs". Il en cite des cas qui ont eu lieu pendant le régime du Pdci-Rda. Pour ensuite appeler à la vigilance de l`actuelle équipe de l`Ins que dirige M. Meleu Mathieu. En 1990, sous le régime d`Houphouët-Boigny, c`était le ministère de l`Intérieur qui pilotait le récemment électoral. Et qui définissait ceux qu`on doit prendre comme électeurs. C`est-à-dire les Ivoiriens, les naturalisés ivoiriens et ceux qui ont déjà voté une fois en Côte d`Ivoire etc. Ainsi, lorsqu`il s`est agi d`affronter Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi), un premier listing était sorti. A Vavoua, où le " vieil intello " a servi à cette époque-là, l`Ins avait recensé un peu plus de 40 mille électeurs. Avant les échéances, une réunion secrète a eu lieu entre les Préfets et le Président de la République, feu Félix Houphouët-Boigny. D`après ce que nous avons entendu, étant sur le terrain, les préfets ont dit au Président Houphouët que si c`est avec cette liste qu`il va au vote, il perd devant Gbagbo. C`est alors que lui et ses collaborateurs ont reçu une liste complémentaire par la suite. " De 40 mille inscrits, on m`a envoyé une liste supplémentaire de 37 mille autres personnes, qu`on a enrôlé, je ne sais où. Cela a fait passer l`électorat de la seule circonscription de Vavoua, à 77 mille électeurs. Les préfets ont recruté des dactylographes pour saisir leurs cartes d`identités. C`est la même chose que Mambé est train de réussir avec le cas des 2 752 181 individus en question. Puisque n`oubliez pas qu`il est Pdci-Rda. C`est la combinaison du Pdci qu`assume aujourd`hui, le Fpi. Ce qui me choque et que je ne cesse de dénoncer ", a soutenu formellement le "vieil intello".
Cinq années en arrière, le département de Bouaké a vécu une situation similaire. " En 1985, raconte-t-il, Léon Konan Koffi avait demandé à la statistique de recenser les populations du département de Bouaké. Je vais vous dire ce qui se passe quand on épluche les fichiers.
Mon directeur m`appelle un matin. Il me dit qu`il y a problème à Bouaké et qu`il faut que j`aille voir. J`arrive la nuit à la direction régionale de la statistique de Bouaké. Le lendemain, le maire Djibo Sounkalo me dit : " c`est vous qui venez d`Abidjan ? Vos gens font un mauvais travail. Comment font-ils les distributions des cartes ? Le propriétaire de cour ne reçoit pas de carte et c`est plutôt les locataires qui en reçoivent. Des gens qui ont plus de 50 ans en Côte d`Ivoire, ils sont plus Ivoiriens que vous, et ce sont eux qui n`ont pas de carte. Finalement, c`est lui, Djibo Sounkalo, considéré comme indétrônable à Bouaké, qui y a perdu l`élection municipale ". Le septuagénaire qui suit le processus électoral dans son pays de près, multiplie les exemples dans sa détermination à interpeller les Ivoiriens sur ce qui se passe. " Avant les élections de 2000, Alassane Dramane Ouattara criait partout qu`il aura 83% des voix. Il comptait évidemment sur la liste de 1990, comportant de nombreux non-nationaux. Mais quand les techniciens qui ont remplacé l`équipe des années Houphouët, ont commencé à extraire les étrangers, Alassane Ouattara s`est tu. Il n`a plus parlé des 83%. Il a donc profité de ce que le Président Tia Koné, président de la Cour suprême ait rejeté sa candidature, en 2000, pour s`exiler. Dans le fond, il savait qu`il avait perdu d`avance, avec ce travail qui a été fait ". C`est donc en homme averti, que le " vieil intello" attire l`attention de l`Ins, " pour qu`il sauve la Côte d`Ivoire. Je dis donc que c`est un frère qui nous a permis de sortir des griffes de l`étranger, en 2000. Il peut faire ressortir des gens qui se disent Ivoiriens et qui sont sur la liste électorale. Alors qu`en 1974, ceux-là se sont déclarés étrangers, soit Maliens, Guinéens, soit Burkinabè ou autres. Les documents pour le faire existent. Qu`il rentre dans les fichiers. Que la rigueur qui a toujours prévalu à l`Ins, soit. Cette élection est l`affaire des Ivoiriens. Un point, un trait.
Frimo K. Djipro
koukoudf@yahoo.fr
Le cas litigieux des 2.752.181 individus enrôlés, mais qui ne se retrouvent sur aucun fichier historique de la Côte d`Ivoire, continue de susciter des réactions dans la société ivoirienne. Un ancien responsable à l`Institut national de la statistique (Ins), sous Houphouët-Boigny, aujourd`hui à la retraite, qu`on surnomme "vieil intello" de 77 ans, ne décolère pas, à la publication de ces chiffres. Selon lui, il est impossible de déboucher sur un tel nombre d`individus, si le travail confié aux techniciens, spécialistes en la matière, a été fait correctement. Or, c`est bien ce qu`a confirmé le directeur général de l`Institut national de la statistique (Ins), Meleu Mathieu, le 6 octobre 2009. Lors de la remise du coffret blanc, contenant la liste électorale provisoire de format électronique, au Palais présidentiel. Il déclarait, au nom des structures qui ont pris part aux travaux qui ont abouti à la liste provisoire, ceci : "Muni de tous ces documents officiels, parce que validés par tout le monde, nous nous sommes mis au travail et nous avons effectué ces croisements. Les résultats que nous avons obtenus, nous les assumons pleinement. Nous avons travaillé en toute indépendance, en toute rigueur. Nous sommes d`accord avec ce travail ". D`où viennent donc ces 2 752 181 personnes enrôlées, mais qui ne figurent nulle part dans les fichiers historiques ? Sur la question qui trotte dans l`esprit de tous les Ivoiriens, notre interlocuteur, le "vieil intello" rompu aux techniques de l`enrôlement et du croisement des fichiers, est convaincu que ce sont, pour l`essentiel, des "fraudeurs". Il en cite des cas qui ont eu lieu pendant le régime du Pdci-Rda. Pour ensuite appeler à la vigilance de l`actuelle équipe de l`Ins que dirige M. Meleu Mathieu. En 1990, sous le régime d`Houphouët-Boigny, c`était le ministère de l`Intérieur qui pilotait le récemment électoral. Et qui définissait ceux qu`on doit prendre comme électeurs. C`est-à-dire les Ivoiriens, les naturalisés ivoiriens et ceux qui ont déjà voté une fois en Côte d`Ivoire etc. Ainsi, lorsqu`il s`est agi d`affronter Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi), un premier listing était sorti. A Vavoua, où le " vieil intello " a servi à cette époque-là, l`Ins avait recensé un peu plus de 40 mille électeurs. Avant les échéances, une réunion secrète a eu lieu entre les Préfets et le Président de la République, feu Félix Houphouët-Boigny. D`après ce que nous avons entendu, étant sur le terrain, les préfets ont dit au Président Houphouët que si c`est avec cette liste qu`il va au vote, il perd devant Gbagbo. C`est alors que lui et ses collaborateurs ont reçu une liste complémentaire par la suite. " De 40 mille inscrits, on m`a envoyé une liste supplémentaire de 37 mille autres personnes, qu`on a enrôlé, je ne sais où. Cela a fait passer l`électorat de la seule circonscription de Vavoua, à 77 mille électeurs. Les préfets ont recruté des dactylographes pour saisir leurs cartes d`identités. C`est la même chose que Mambé est train de réussir avec le cas des 2 752 181 individus en question. Puisque n`oubliez pas qu`il est Pdci-Rda. C`est la combinaison du Pdci qu`assume aujourd`hui, le Fpi. Ce qui me choque et que je ne cesse de dénoncer ", a soutenu formellement le "vieil intello".
Cinq années en arrière, le département de Bouaké a vécu une situation similaire. " En 1985, raconte-t-il, Léon Konan Koffi avait demandé à la statistique de recenser les populations du département de Bouaké. Je vais vous dire ce qui se passe quand on épluche les fichiers.
Mon directeur m`appelle un matin. Il me dit qu`il y a problème à Bouaké et qu`il faut que j`aille voir. J`arrive la nuit à la direction régionale de la statistique de Bouaké. Le lendemain, le maire Djibo Sounkalo me dit : " c`est vous qui venez d`Abidjan ? Vos gens font un mauvais travail. Comment font-ils les distributions des cartes ? Le propriétaire de cour ne reçoit pas de carte et c`est plutôt les locataires qui en reçoivent. Des gens qui ont plus de 50 ans en Côte d`Ivoire, ils sont plus Ivoiriens que vous, et ce sont eux qui n`ont pas de carte. Finalement, c`est lui, Djibo Sounkalo, considéré comme indétrônable à Bouaké, qui y a perdu l`élection municipale ". Le septuagénaire qui suit le processus électoral dans son pays de près, multiplie les exemples dans sa détermination à interpeller les Ivoiriens sur ce qui se passe. " Avant les élections de 2000, Alassane Dramane Ouattara criait partout qu`il aura 83% des voix. Il comptait évidemment sur la liste de 1990, comportant de nombreux non-nationaux. Mais quand les techniciens qui ont remplacé l`équipe des années Houphouët, ont commencé à extraire les étrangers, Alassane Ouattara s`est tu. Il n`a plus parlé des 83%. Il a donc profité de ce que le Président Tia Koné, président de la Cour suprême ait rejeté sa candidature, en 2000, pour s`exiler. Dans le fond, il savait qu`il avait perdu d`avance, avec ce travail qui a été fait ". C`est donc en homme averti, que le " vieil intello" attire l`attention de l`Ins, " pour qu`il sauve la Côte d`Ivoire. Je dis donc que c`est un frère qui nous a permis de sortir des griffes de l`étranger, en 2000. Il peut faire ressortir des gens qui se disent Ivoiriens et qui sont sur la liste électorale. Alors qu`en 1974, ceux-là se sont déclarés étrangers, soit Maliens, Guinéens, soit Burkinabè ou autres. Les documents pour le faire existent. Qu`il rentre dans les fichiers. Que la rigueur qui a toujours prévalu à l`Ins, soit. Cette élection est l`affaire des Ivoiriens. Un point, un trait.
Frimo K. Djipro
koukoudf@yahoo.fr
