Et rebelote, serait-on tenté d’écrire. Pour deux années et comme tous les cinq ans, les Ivoiriens vont se lancer dans une longue campagne électorale. Où qu’ils soient et d’où qu’ils soient. Sans distinction de race, d’ethnie, d’âge, de sexe et même de niveau intellectuel. Au propre comme figuré, en cachette comme en public, les Ivoiriens vont s’adonner à leur jeu préféré : c'est-à-dire s’accrocher aux leaders de leur choix. Et comme il est de coutume, ce sera çà, leur préoccupation essentielle. Plus rien n’aura de l’importance. La famille qui, auparavant, ne mangeait déjà pas à sa fin, sera abandonnée. Les enfants qui n’ont même pas de fournitures et dont la majorité n’est pas encore inscrite, seront comme orphelins. Le voisin à qui l’on doit pourtant de l’argent depuis des années, sera banalisé. Le bailleur qui depuis des mois court derrière son loyer, sera ignoré. Comme une pestiférée, l’épouse autrefois adorée, sera oubliée. En somme, la vie va s’arrêter en Eburnie, et comme des demi-dieux, seuls les Présidentiables auront pignon sur rue. Comme paroles d’Evangile, leurs propos seront écoutés, enregistrés, grossis, amplifiés et relayés. Peu importe qu’ils aient dit vrai ou faux. Peu importe qu’il s’agisse de promesses, d’accusations, d’invectives ou même d’injures. Peu importe surtout qu’il s’agisse de menaces ou même de déclarations voilées de troubles éventuels, ou encore de mensonges grandeur nature. L’important étant que le leader s’exprime, et dise sa vérité qui est forcement la leur. Et comme il s’agit d’haranguer, d’enthousiasmer en vue de convaincre au mieux ces gens férus d’illusions, les leaders s’y adonneront à cœur joie, dans leur exercice préféré, la foire aux empoignes. Ils vont recommencer à s’insulter et à se crier dessus, qu’on se croira dans l’Amazonie. Encore que là-bas, les gazelles et les panthères ne partagent jamais les mêmes territoires. Ils vont recommencer à mentir les uns sur les autres, tentant souventefois de révéler ces choses qui sont de nul effet sur l’avancée du pays. Comme leurs auditoires adorent çà, ils iront jusqu’à mentir sur leurs capacités, promettant monts et merveilles pourtant inaccessibles. Au propre comme au figuré, la Côte d’Ivoire va recommencer à marcher sur la tête, oubliant le poids de sa dette, l’étendue de sa pauvreté, l’état de délabrement de son réseau routier. Elle va surtout oublier que c’est pour avoir perdu son temps dans ce genre de futilités, qu’elle est aussi arriérée. Alors que ses compagnons de route, sont aujourd’hui dits ‘’pays émergents’’, et que par conséquent, sa place n’est plus là où elle est aujourd’hui cadrée dans le concert des Nations. Alors que de partout, les gens censés plaignent la Côte d’Ivoire de ne pas être la Corée du Sud de l’Afrique. Les ivoiriens sont repartis pour pas moins de deux années de perdues sur la voie du développement, hélas !
A mercredi prochain, si Dieu le veut.
A mercredi prochain, si Dieu le veut.
