En déposant sa candidature, le vendredi 16 octobre 2009, à la CEI, le président Laurent Gbagbo, a libéré des énergies. Pour de nombreux partisans qui rongeaient leurs freins, la campagne est ouverte. Parmi eux, on compte des maîtres de la parole et de la plume. Ils se réveillent. Place au débat ! Dans le texte qui suit, Fakoli Daba, une plume bien connue de nos lecteurs des années 90, a dépoussiéré sa plume. Il décrypte ici, dans le style qui lui est propre, le sens de la candidature de son champion à la présidentielle. Le 16 octobre 2009 sonne le glas d`une époque avachie par les idéologies de reniement. Laurent Gbagbo, certainement de bon gré mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, sous la pression des franges représentatives de la société ivoirienne, a fait acte de candidature à la prochaine élection présidentielle. Pression de rois, de chefs de canton, de province et autres sultans ; pression des syndicalistes, de la jeunesse, des cadres et, enfin, des partis politiques. Laurent Gbagbo a fini par céder. Pourquoi cède-t-il? Historiquement parlant, la lutte coloniale aussi, malgré des idées reçues, a trouvé son fondement souvent dans le refus des chefs traditionnels d’être de simples auxiliaires du colonisateur. Représentants leurs populations, ils ont pu se mettre quelquefois au-dessus des idéologies, des ethnies, des religions. Véritables rassembleurs, ils sont à l`écoute d`une population plurielle et polyvalente. Les syndicats sont partisans, mais ils n`oublient jamais, dans leur lutte perpétuelle, ceux des hommes capables de prendre la pleine mesure de leur avenir grâce à une vision nette de leur devenir. Mieux, les partis politiques, véritables associations privées, n`ont de compagnons de partage que ceux qui “drive” vers un horizon qui couve leurs objectifs... Gbagbo les a tous rassemblés Si toutes ces synergies (les partis l’étant par essence) convergent vers un seul homme pour atteindre les objectifs qu’elles se sont assignés, c`est qu`elles partagent profondément la même vision. Ainsi Laurent Gbagbo, face au cataclysme politique qui se préparait, face au désarroi des populations, à l`affreux gâchis humain, face aux brasiers, véritables vecteurs des déliquescences ethniques couvant sous la cendre, n`a ni abandonné ni baissé les bras ; il ne s’est pas assoupi. Il a toujours tenu debout le gouvernail du navire ivoirien sur les eaux tumultueuses d`un typhon qui ne disait pas son nom. Ce choix de faire face à l’adversité au moment où bien d’autres avaient bouclé valises et cantines est certes chargé sémantiquement et symboliquement, mais surtout trouve-t-il son fondement dans la constance d`un nationaliste engagé dans le combien difficile et passionnant combat de la liberté et de la démocratie. En choisissant de faire front, Laurent Gbagbo a su affirmer la volonté d`indépendance de la Côte d`Ivoire face aux velléités déstabilisatrices, hégémonistes. Il a fondé sa revendication de l`indépendance par l`affirmation des droits fondamentaux en tête desquels s`inscrivent non seulement le droit des Ivoiriens à exister et à défendre l’intégrité de leur territoire, mais aussi leur désir ardent de vivre libre en prenant en main leur propre destin. Il a mis en mouvement le processus d`un sentiment de fierté, sans brusquer ni écorcher le monde, en s`appropriant, historien qu`il est, le sort qui fut réservé à Mossadegh, Lumumba, Nkrumah, ces nationalistes précurseurs. Sans jamais se laisser impressionner outre mesure par les sempiternelles oiseuses pressions internationales, il a compris que le plus impérieux et le plus sacré des devoirs était de défendre l`intégrité d`un pays, son pays, notre pays, en proie aux convoitises et aux appétits insatiables des anciens maîtres et leurs vassaux. Il s`est surtout convaincu qu`il ne suffit pas que disparaisse la guerre pour que règne l`égalité et que soient assurés les droits fondamentaux. Ce faisant, l`homme en pleine crise s`échine à établir une chaîne fraternelle de cohésion au-delà des clivages politiques et idéologiques, avec une foi inébranlable en la personne humaine, en l’homme ivoirien. L`homme, si tant il est vrai que ce ne sont pas les individus qui font l`Histoire, s`est vite saisi du jeu profond des forces politiques, sociales, économiques, protagonistes ou antagonistes en présence, estimant qu`il faudra toujours des hommes pour l`accoucher. Vaincre les forces du mal Laurent Gbagbo a vite compris aussi que le territoire pouvait être source de gloire, mais aussi de déboires. L’essentiel était d`user d`intelligence pour l`en sortir. Le territoire s`affirmant par excellence comme le lieu où la liberté individuelle, l`esprit de solidarité, l`opiniâtreté et le courage, où la nature offre à tout homme de vertu les moyens d`accéder au bien-être, à condition qu`il ait la volonté et la force de se battre contre les forces du mal. Ce constat fait, Laurent Gbagbo a invité les Ivoiriens à s`approprier un combat qu`ils ne percevaient pas de prime abord comme le leur. Pour les y amener, il a su se débarrasser des scories de l’a priori idéologique pour fonder son invite sur des bases indestructibles, à savoir la liberté de la patrie. Ainsi, la crise du 19 septembre 2002 n`offrant qu`une alternative, soit s’offrir les moyens de mener la guerre jusqu`à son terme, soit rassembler les moyens d’une paix réconciliatrice, Laurent Gbagbo a-t-il choisi la seconde voie. Les séquelles et les effets collatéraux d`une victoire militaire pouvaient être incalculables et irréparables. L`homme s`est donc attelé à marier agitation et association en transformant positivement les divergences en convergences. Aussi s`efforcera-t-il à révolutionner et à radicaliser la manière de gouverner en période de crise en faisant fi de l’ego et de l’orgueil mal placé. Il s’emploiera à faire connaître la vérité, car les peuples sont avides de connaître la vérité. Ils savent, depuis l`aube des temps, que connaître la vérité fait toujours des hommes des hommes libres. Candidat d’une mission populaire Laurent Gbagbo, dès l`aube de la crise, s`est fixé la mission impérieuse de sortir la Côte d`Ivoire de la nuit de l`exil. Les mêmes forces du mal sont là. Dotées d’une ardeur insensée, elles veulent toujours saper les fondements encore mal assurés de cette paix fragile. Face à ce péril permanent, Gbagbo ne pouvait que se plier à la volonté populaire en se portant candidat pour achever sa mission, celle de sortir la Côte d’Ivoire de la nuit de l’exil. Y renoncer aurait été trahir des milliers et des milliers d`Ivoiriens qui fondent leur espoir en une paix avec lui, seul salut pour une Côte d`Ivoire nouvelle. Etre candidat au-dessus de la mêlée, par la volonté de milliers et de milliers des composantes de la société comme les “cantons”, c`est aussi empêcher les démons d`hier et d`aujourd`hui de se transformer en ange lumière, alors, qu`ils continuent de couver les desseins lugubres d’ogres à l’affût. Laurent Gbagbo candidat, c`est aussi l`expression de la culture politique d`un homme. Cette culture qui lui donne une grandeur d`âme et cette fermeté de courage seyant uniquement aux hommes d`Etat ayant une vision pour leur pays. Il est indéniable que cette vision, qui le rend invulnérable par ses qualités de chef engagé, fait aussi de lui le rempart de la République contre les forces du mal et leur malignité. L`homme a su se débarrasser de la rancœur dévorante et pardonner. Il a accepté de souffrir le martyre des grands hommes pour l`avenir et le devenir de la Côte d`Ivoire. Le candidat Laurent Gbagbo demeure l’homme de conviction, de foi, d`engagement qui, à un moment critique de son histoire, a osé et cru en son pays face à des périls inédits, confronté à des dominations obscures. Alarmé par des violences insaisissables, dans un pays embarqué dans des mutations non maîtrisées, ni les velléités identitaires, ni les passions meurtrières n`ont eu raison de sa farouche volonté de sauver la République. Sa volonté de libérer le pays de la servitude a affermi sa foi de défenseur de la République et de serviteur d’Etat. La candidature de Laurent Gbagbo trouve ainsi tout son sens dans son combat politique, une rupture avec un passé révolu qu`il est temps d`inhumer. Se libérer d’un passé aussi obsolète est toujours signe d`innovation qui ne peut trouver toute sa plénitude et son originalité que dans la vérité. Tout un programme pour sa campagne. Cette rupture s’appréciera à la capacité du candidat à consolider toutes les voies nouvelles, tous les grands chantiers déjà ouverts. La candidature de Laurent Gbagbo en appelle à la révolte contre les habitudes qui nous asservissent intérieurement, contre également le monde extérieur qui nous asservit. La candidature de Gbagbo œuvre pour changer la pensée inhibitrice, les valeurs asservissantes. Elle est l’aube d’une nouvelle vision de la République qui passe par un changement radical des mentalités avilissantes, des liens “vassalisants” et puise sa source dans une libération totale du pays. La candidature de Laurent Gbagbo exprime son refus de se figer, de se cristalliser, de s`emprisonner dans un moule quelconque. Sa candidature nous exhorte plutôt à sortir de notre douleur et de notre solitude sans amertume. Certes, longues furent les journées de douleur passées à l`abri de ces remparts que furent son courage, son audace et sa volonté de paix; longues furent les nuits de solitude et de désespoir. Certes une crise comme celle qu`a connue la Côte d`Ivoire est un événement historial majeur. Mais, avec une telle candidature, la crainte des lendemains incertains qui planait sur le pays comme une épée de Damoclès s`éloigne, et l`espoir renaît grâce à un homme dont la culture politique ne le prédestine ni à la dictature ni à la tyrannie, encore moins au despotisme, fut-il éclairé. Renaissons donc dans l`espérance des lendemains meilleurs avec la candidature de Laurent Gbagbo. F. Daba Par Fakoli Daba (Journaliste, Abidjan)
Politique Publié le lundi 26 octobre 2009 | Notre Voie