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Politique Publié le jeudi 29 octobre 2009 | Nuit & Jour

Présidentielle 2009 / Confusion au sein de l’UDPCI à l’ouest - Mabri soupçonné de rouler pour Ado

La précampagne pour l’élection présidentielle prévue pour le 29 novembre bat son plein. Face à un Laurent Gbagbo qui a bâti en partie son image d’homme politique courageux sur le ‘’terrain’’, Alassane Dramane Ouattara multiplie depuis près d’un mois les meetings dans le pays profond. Samedi 24 octobre dernier ce fut l’étape de Man avec comme point focal le meeting au stade Robert Champroux de la capitale des 18 Montagnes.

Hasard du calendrier ou non, les signes de normalisation de la vie quotidienne se multiplient dans les zones Centre-Nord-Ouest (CNO) à l’approche des échéances électorales : les meetings politiques se déroulent sans heurts, la sécurité est de retour et la vie reprend progressivement. C’est dans cette atmosphère que le leader du RDR, en tournée avec ses principaux lieutenants (exceptés Gon Coulibaly et Henriette Diabaté), a entamé sa visite à Man. Plusieurs grosses cylindrées font leur entrée dans la ville avec macaron ‘’laissez-passer’’. Prévu pour recevoir le meeting, le stade de Man est bourré une heure avant le ‘’grand oral’’ du docteur Ouattara. On peut lire ‘’ADO solutions’’ ou encore ‘’l’espoir de la jeunesse’’ sur les pancartes fièrement brandies par plusieurs jeunes pour accueillir leur mentor. L’entrée au stade est délirante et lorsqu’il prend la parole, la tension monte d’un cran. A la tribune officielle, tout le gotha politique du RHDP, le maire de la commune mais celui que tous les Manois appellent ‘’le gouverneur’’, Blon Blaise, est absent. Quelques allocutions et une minute de silence à la mémoire du général Robert Guéi et peu de temps après, Ado de commencer son speech. « Il a parlé pendant près de 45 minutes, ce qui est fort inhabituel pour ADO », s’est étonné un membre de la tribune officielle qui visiblement est tombé sous le charme du leader des Républicains. Tout ou presque a été abordé : la politique de relance du pays pour les jeunes, le social, l’école, la santé, infrastructures et bien sûr la place que devra occuper le département de Man s’il est élu président. « J’ai prévu dans mon programme de développement 748 milliards pour Man et je peux vous dire que l’axe Man-Danané sera bitumé dès que je serai au Palais ». Ou encore il parle du social en annonçant « la réparation de 397 pompes villageoises ». Il affirme vouloir être président parce qu’il a « les solutions pour tous les problèmes de la Côte d’Ivoire » et de 1055 milliards pour la région des 18 Montagnes. Mais comme on pouvait l’imaginer, il s’est dit « touché par la mobilisation exemplaire des Mannoises et les Manois ainsi que leur enthousiasme » tout en se posant en véritable homme de la situation. « Le 29 novembre au soir Laurent Gbagbo va appeler pour me dire, mon frère tu as gagné les élections et à mon tour, je vais le rassurer sur sa sécurité car je serai le président de tous les Ivoiriens ». Il n’a pas manqué de fustiger le bilan de Laurent Gbagbo qu’il juge «catastrophique sur tous les points ». « Il veut s’éterniser au pouvoir. Il a détruit l’héritage d’Houphouët-Boigny par sa prétendue politique de Refondation ». Et de se faire plus acerbe lorsqu’il affirme « ne pas vouloir du désarmement par les armes comme le préconise Laurent Gbagbo ». Pour lui, la paix n’a pas de prix.
Mais un fait a marqué le meeting de Ouattara à Man. Au-delà du discours classique devant la foule, il a voulu mettre toutes les chances de son côté pour gagner la bataille de l’électorat de l’Ouest montagneux qui somme toute est l’une des rares zones à ne être une chasse gardée des trois principales formations politiques : le PDCI, le FPI et le RDR. L’ex-’’gueiland’’, devenu au fort de la crise ‘’Soro land’’, n’a pas encore visiblement porté son choix sur un tel au détriment d’un tel autre. Pour cela, Ouattara demande à Mabri de le « rejoindre pour effectuer ensemble le changement dont à besoin toute la Côte d’Ivoire ». Autrement dit, il compte sur la partition de Mabri Toikeusse dans une éventuelle alliance pour ratisser large dans l’Ouest montagneux. Bien sur une alliance en dehors de la sacro-sainte coalition du RHDP.

ADO a coopté Mabri pour la bataille des 18 Montagnes

La prochaine présidentielle sera ainsi celle de la bataille du terrain. L’un des atouts du candidat Laurent Gbagbo en 2000 a été d’avoir merveilleusement quadrillé la Côte d’Ivoire au temps de la ‘Refondation triomphante’’. « Les Ivoiriens savent que Laurent Gbagbo est un garçon, il ne ménage aucun effort pour visiter la Côte d’Ivoire profonde même dans les hameaux les plus reculés, c’est pour cela qu’il gagnera la prochaine présidentielle », a averti un membre de l’entourage de Laurent Gbagbo. A cet effet, ironisant sur la méthode de ‘’l’opposition du salon’’, Laurent Gbagbo avait affirmé dans un style narquois « où sont donc mes adversaires sur la route de la Côte d’Ivoire profonde ? » Sûrement Ouattara ne veut plus se laisser devancer par Laurent Gbagbo sur le terrain et particulièrement celui de l’Ouest, cette zone tant convoitée. Sur ce coup, l’étape de Man a été plutôt un succès pour lui car il voulait ainsi démontrer que son grand rival n’a pas le ‘’monopole du terrain’’. Bain de foule, style vestimentaire décontracté, rencontre avec les responsables du monde rural… aussi paradoxal que cela puisse paraître, Ado utilise les méthodes de celui que lui et d’autres disaient condamné à rester un éternel opposant pour ne pas dire plus. La suite, on la connaît.
L’autre fait marquant de cette tournée à l’Ouest, c’est la demande d’Ado à Mabri Toikeusse de le rejoindre pour le changement. Ce qui a fait dire à plus d’un observateur que « Mabri est en mission commandée pour le compte de Ouattara à l’Ouest ». « Il veut dissoudre le 4e parti politique, l’UDPCI pour l’assimiler au RDR », s’est plaint un fonctionnaire de Man. Quand on sait que durant tout le meeting, Alassane Ouattara n’a pas prononcé une seule fois le nom de Bédié, le grand allié du RHDP, la demande du leader des Républicains sonne comme une charge pour le contrôle de l’important électorat de l’Ouest au grand dam bien sûr de Laurent Gbagbo, mais aussi de celui qui considéré comme son ‘’colistier’’ de fait, Henry Konan Bédié. Alors, est-ce la fin de la lune de miel entre Bédié et Ouattara ? « La question est d’autant plus pertinente que dans l’entourage d’Ado la route qui mène au Palais présidentiel semble être un long fleuve tranquille et est suffisamment balisée », s’est étonné un membre de l’UDPCI version Mabri qui loge à Man. Tout l’entourage scande « monsieur le Président ». Des félicitations par anticipation comme si les jeux étaient déjà faits. A ce propos, un autre leader local de l’UDPCI de Man a affirmé : « des félicitation par anticipation, c’est du Ouattara tout craché, il excelle dans la politique-fiction et se fait surprendre à la dernière minute », ou encore « Ouattara a compris qu’il faut être sur le terrain et qu’une élection présidentielle ne se gagne pas avec le soutien d’une puissance étrangère, a expliqué cet autre Manois. Raison pour laquelle il a multiplié ses dernières semaines les meetings à travers tout le pays. Mais à la différence d’un Laurent Gbagbo qui a la maestria politique, ADO aborde le terrain avec beaucoup plus d’application que de doigté. En somme, de ces deux leaders c`est-à-dire Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara je peux dire que l’un s’applique et l’autre est un artiste. C’est la différence ». Toutefois, Man a montré dans l’ensemble qu’il voulait en finir avec la guerre en accueillant avec faste Alassane Ouattara et bien sûr la forte mobilisation a fait dire à l’hôte que « Man a battu le record de mobilisation ». No comment. Mais le symbole du retour définitif de la paix serait l’organisation d’élections justes et transparentes, pour le « retour de la croissance économique et la reprise de toutes les activités », car c’est le plus important, estime-t-on à Man. Cette reprise des activités sera possible après les élections, « quelque soit le vainqueur », insiste-t-on. Comme pour dire que le temps du culte de la personne, fut-elle leader politique, est révolu et que ce qui compte, c’est désormais la mère partie : la Côte d’Ivoire.


Williams Arthur Prescot

Photo : Alassane à Man

Légende : Les Manois attendent les élections.
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