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Politique Publié le jeudi 29 octobre 2009 | L’expression

Main-basse sur la télé et la radio pour élire Gbagbo - Comment la Rti prépare la confiscation du pouvoir

Télé Moscou. Pravda. La Rti est devenue un objet de raillerie tant elle a dévié de sa mission première. Elle prépare la victoire du chef de l’Etat que des sondages maquillés donnent déjà gagnant. Qui s’opposerait à un Staline au faîte de sa gloire, avec une grande armée à faire fuir Napoléon ?

Si la Rti appartenait au Fpi, personne ne trouverait à redire. Si Laurent Gbagbo avait un pôle médiatique audiovisuel propre à lui, à la Silvio Berlusconi, les femmes du Rhdp ne se seraient pas attaquées à son spot sur son enfance diffusé à la télévision. Les refondateurs ont franchi le Rubicond. La télé aux ordres, basta ya ! La télé est nationale et elle doit le rester. La bronca actuelle autour du temps d’antenne accordé au parti du chef de l’Etat, montre le niveau du déficit de démocratie en Côte d’Ivoire et par extension ce qu’il faut attendre, si rien n’est fait, de l’ouverture prochaine de la campagne. En tout cas, la Radiodiffusion télévision ivoirienne aujourd’hui, c’est la Pravda du pouvoir. La Rti prépare à feux doux, à travers des spots aux accents staliniens, la confiscation du pouvoir pour le compte du Fpi. A quelques jours de la tenue officielle de la présidentielle du 29 novembre, le Front populaire ivoirien et Laurent Gbagbo ont décidé de ne plus lâcher le micro. Ils ont pulvérisé les records de temps d’antenne. Sous la pression des partis politiques, le Conseil national de la communication audiovisuelle (Cnca) a décidé enfin de sortir de son cocon. Il a dénoncé hier sur la Première, aux JT de 13H et 20H, « une inégalité de traitement » que son premier responsable, Franck Anderson Kouassi juge « préoccupante ». Selon ses chiffres portant sur la période allant du 15 au 25 octobre, période du dépôt des candidatures pour la présidentielle, « le Fpi se taille la part du lion se taille avec 1 heure 45 minutes de temps d’antenne, quand le Rdr arrive en seconde position avec 11 minutes. Le Pdci ferme la marche du trio des grands partis politiques avec 5 minutes 48 secondes. »
Le patron du Conseil national de la communication audiovisuelle, pour dégager sa responsabilité rassure : « Nous avons effectivement constaté qu’il y avait des choses à revoir. Nous avons échangé sur toutes ces questions et nous nous sommes compris. Le conseil se réunit et va prendre des décisions, des recommandations et des directives qui seront notifiées à la Rti et qui seront communiquées à l’ensemble des acteurs politiques pour que chacun sache les règles du jeu en cette période ». Selon lui, le rapport du Cnca révèle que la Radiodiffusion télévision ivoirienne a consacré 2 heures 19 minutes 54 secondes à l’ensemble des candidats uniquement sur le prime time de la Première. Cependant, ce rapport qui tombe sous la pression (le médecin après la mort) montre que l’opposition a eu raison de crier au loup. Le Fpi s’est effectivement installé dans la bergerie et attend à la faveur de la présidentielle, d’assurer la victoire du candidat Laurent Gbagbo. Pour ce parti et son candidat, la Rti est et reste un enjeu du pouvoir qu’il faut contrôler à tout prix. En 2000, il a permis à LG de s’emparer du pouvoir et de s’installer dans le fauteuil présidentiel en dépit des contestations et des violences suite à des élections organisées dans des « conditions calamiteuses ». La télé et la radio ont servi également d’instrument de propagande au lendemain de la tentative de coup de force du 19 septembre 2002. Elles ont abreuvé les ivoiriens d’un patriotisme exacerbé, de la haine contre les étrangers. Elles ont permis de mobiliser autour d’une vraie fausse guerre, des milliers de jeunes désœuvrés, qui se battent aujourd’hui pour être réinsérés dans la vie civile. Certains miliciens, qui ont suivi le lavage de cerveau façon Rti, sont morts au combat, pour défendre en réalité un groupe de « rebfondateurs » (merci Mamadou Koulibaly. D’autres « résistants», « jeunes patriotes », éclopés à vie, avaient été appelés sur les antennes de la Rti à faire la guerre contre la France…L’objectif était et demeure le maintien. La télévision et la radio sont devenues des outils de propagande à la solde d’un parti, d’un camp, d’un homme.
Depuis l’avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir, et même sous le régime de la transition militaire, la télévision particulièrement a cessé d’être un outil de service public. Elle a toujours été aux mains des hommes du pouvoir qui, caméras à l’épaule, parcourent tous les recoins du palais présidentiel pour couvrir des manifestations folkloriques. Le chef de l’Etat reçoit les populations du Bandaman, du Nzi Comoé ou celles du Mahou, c’est un « évènement grandeur nature », un « scoop » et des éditions spéciales que subissent les téléspectateurs. Son épouse organise ou reçoit, même scénario, même empressement à diffuser des images et des propos sujets à caution. L’Etat, dans son rôle régalien, offre une ambulance, journalistes et cameramen, également aux ordres se précipitent pour des reportages insipides avec lesquels chaque jour, on ouvre le Journal de 20 h. Cela tombe sous le sens dans un pays où quand le chef de l’Etat fait son travail, l’on dit « Gbagbo offre… ».Ce n’est pas Gbagbo qui offre, c’est l’Etat qui offre des services à sa population. A contrario, des centaines d’enfants, des femmes meurent dans les hôpitaux, sans soins. La télévision reste muette sur cette tragédie humaine. L’insécurité permanente, les problèmes d’environnement, l’école ne mobilisent pas autant les énergies des autorités de la Rti autant que les missions du président ou les meetings du Fpi. Chacun dans la Maison bleue protège sa place ou veut être aussi près du prince. L’intermède de l’ancien Directeur général adoubé par la résolution 1721 des Nations Unies avait permis de révolutionner la télévision nationale aussi bien sur le plan de la gestion que dans la gestion du contenu de la Première et de TV2. Aujourd’hui, il ne reste plus grand’ chose de cet héritage. Malgré les rappels incessants des résolutions onusiennes et des réunions entre leaders de partis, la Rt iet le Fpi font leur cinéma. Si rien n’est fait la « majorité présidentielle » fera élire Gbagbo sous l’œil des cameramen de la Rti, avec en arrière plan des soldats, Kalachnikov aux poings.

Par Assoumane Bamba
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