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Politique Publié le jeudi 29 octobre 2009 | Notre Voie

Election présidentielle - Bédié-Ouattara : deux philosophies politiques aux antipodes de la démocratie

C’est fait ! Le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a fait acte de candidature, le vendredi 16 octobre 2009, à la Commission Electorale Indépendante (CEI). Plus de supputations ! Il est candidat à sa propre succession dans la perspective de l’élection présidentielle prévue le 29 novembre. Bien avant, les figures marquantes de l’opposition, symbolisées par Henri Konan Bédié du PDCI et Alassane Dramane Ouattara du RDR, se sont soumises au même exercice citoyen. La présidentielle qui s’annonce n’est pas ordinaire. Elle recèle deux spécificités. D’abord elle se tiendra, pour la première fois de l’histoire de la Côte d’Ivoire, en dehors des dates prévues par la Constitution. Ensuite, elle opposera deux philosophies politiques. A cause de la nature des principaux candidats en lice. Qui ont posé des actes politiques, pendant ces 20 dernières années, qui sont autant de signaux qui nous permettent de connaître leur vision pour la société ivoirienne. Cela fait bientôt 10 ans… La Côte d’Ivoire s’apprête à vivre l’ambiance fiévreuse des élections présidentielles. Les dernières remontent à près de 10 ans. Plus précisément en octobre 2000. Laurent Gbagbo, socialiste, les remporte devant le général de brigade Robert Guéï. Les élections de novembre prochain ont valeur de symbole parce que c’est la première fois qu’une personnalité autre que celle du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a pris les rênes du pouvoir. Cela faisait 40 ans que ce parti idéologiquement à droite monopolisait la vie politique. Le président Gbagbo est venu rompre cet équilibre politico-économique. Il est arrivé au pouvoir dans un contexte de guerre des héritiers des “enfants” d’’Houphouët. Cette bataille entre prétendants au “trône” débute en décembre 1993, à la mort de Félix Houphouët-Boigny. Henri Konan Bédié, l’un des fils politiques d’Houphouët, est le président de l’Assemblée nationale; et l’autre, Alassane Dramane Ouattara, Premier ministre. Enfin, le troisième est général de brigade à la retraite. Il s’appelle Guéi Robert. La guéguerre de ces hommes politiques du PDCI se prolonge jusqu’en 1999, soit pendant 6 ans. Ces “héritiers” vont livrer bataille où tous les coups sont permis : violence verbale, dénigrement, lynchage médiatique, propos subversifs, tentative de déstabilisation, violations des droits humains. Ces hommes politiques ont épuisé presque toute la panoplie des coups tordus. Les moments forts de ces batailles épiques sont le limogeage du général Robert Guéi (1995, à la veille des élections présidentielles), alors chef d’état-major des Armées, l’emprisonnement de toute la direction statutaire du RDR (octobre 1999) et le mandat d’arrêt lancé contre son mentor Dramane Ouattara ( septembre 1999). Le summum de tout ce désamour des héritiers est le coup d’Etat perpétré contre le régime d’Henri Konan Bédié en décembre 1999. Mais, hélas, la violence de la haine qui agitait les “enfants” d’Houphouët était si forte qu’elle s’est poursuivie au-delà de cette date. Les conséquence de ce désamour des héritiers déteindront sur le mandat du socialiste Laurent Gbagbo qui n’était mêlé ni de près ni de loin à cet appétit inexpliqué et démesuré du pouvoir exécutif. Le pic de cette ivresse non contenue du pouvoir par Bédié et Ouattara, c’est le coup d’Etat mué en rébellion du 19 septembre 2002. Et depuis, toute la Côte d’Ivoire, blessée, défigurée se relève peu à peu. Le pays étant coupé en deux le président Gbagbo, à son corps défendant est resté au pouvoir, conformément à l’article 38 de la Constitution ivoirienne. Voilà donc pourquoi ces élections présidentielles à venir se tiennent en dehors de la date constitutionnelle (elles se déroulent tous les 5 ans au mois d’octobre). Cette propension à la violence et cette marche guerrière de Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara, regroupés aujourd’hui au sein du RHDP, cache en réalité une philosophie politique aux antipodes de la démocratie au sens des pays qui se veulent moderne. Bédié- Ouattara : blanc bonnet-bonnet- blanc Henri Konan Bédié a hérité du pouvoir de Félix Houphouët-Boigny. A travers l’article 11 de la Constitution en vigueur en 1993, Bédié était désigné comme le dauphin constitutionnel. C’est un pur produit du parti unique, qui n’est pas habitué à la confrontation des idées, de la pensée. Il n’est pas un adepte de la liberté au sens juridique et moral. D’ailleurs , C’est sans surprise que son discours de prise de fonction est rythmé par des phrases martiales du genre : “Mettez-vous à ma disposition”; de triste mémoire. Durant 6 ans, le président du PDCI va instaurer une dictature qui sonnait comme une volonté de réduire les forces vives au silence. Le principal syndicat estudiantin, la FESCI est martyrisée. La direction du RDR ne connaît pas meilleur sort. Elle atterrit en prison, à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA). Bédié incarcère des journalistes. Au plan purement politique, il refuse les règles élémentaires de la démocratie. Il rejette du revers de la main ce qui fonde le succès des pays modernes en matière électorale: le vote à 18 ans, l’urne transparente, une commission électorale indépendante, un vrai débat contradictoire à l’hémicycle… Il achève cette propension à l’autocratie par le soutien actif qu’il apporte à ceux qui ont porté le glaive dans le sein de la nation ivoirienne, le 19 septembre 2002. A Accra (Ghana), Marcourssis (France) et Prétoria (Afrique du Sud), un fait est constant : Bédié jubile aux côtés des rebelles qui ont endeuillé les ivoiriens. Alassane Dramane Ouattara n’a pas un profil différent de celui de son complice Bédié. Il est apparu dans ses premières actions le 18 septembre 1992 où il fait bastonner puis emprisonner les responsables de l’opposition. Laurent Gbagbo, secrétaire général du FPI, qui manifestaient contre la descente musclée de l’armée sur la cité universitaire en mais 1991. Peu avant le coup d’Etat de 1999, il annonce son désir d’en finir avec le pouvoir de Konan Bédié “Quand je frapperai ce pouvoir moribond, il tombera !”, a- t-il lancé au cours d’une tournée politique. Le pouvoir Bédié est tombé, comme foudroyé. Le président du RDR sera bien sûr, comme Bédié, aux côtés des assaillants. L’une des grandes figures de cette rébellion armée, Koné Zakaria (chef-rebelle Zone de Vavoua en disgrâce) a révélé que le mouvement a vu le jour et a été entretenu grâce à la sollicitude et à la bienveillance du président du RDR. C’est donc Ouattara qui a frappé les régimes Bédié et Gbagbo. Dans sa quête effrénée du pouvoir exécutif ivoirien. Comme Bédié, c’est un pur produit du parti unique qui hait la contradiction et la pensée plurielle. Bédié et Ouattara, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Ils ont en commun une philosophie politique caractérisée par la dictature et la prise des armes. La parole comme arme de combat Laurent Gbagbo a fait 30 ans dans l’opposition. Et un fait l’a caractérisé et le caractérise toujours. C’est sa préférence pour le verbe, la parole et plus exactement son attachement à la vérité. Il n’a eu que pour seul instrument, la parole qui lui a permis de dénoncer, de critiquer et de proposer enfin d’être une alternative crédible pour son pays (référence à son livre : Laurent Gbagbo, Pour une alternative démocratique, l’Harmattan, Paris.). Sous la pression de sa parole, le président Houphouët consent à autoriser le multipartisme en Côte d’Ivoire, le 30 avril 1990. C’est avec sa parole qu’il mène le combat pour le respect des libertés individuelles et collectives. Il est au-devant de la lutte pour l’instauration des règles démocratiques en Côte d’Ivoire. Par sa parole, il fait des contributions importantes à l’Assemblée nationale et des contre propositions aux gouvernements d’Houphouët et de Bédié. A la mort d’Houphouët, en 1993, il est celui qui insiste pour que l’on applique la Constitution. Bien que ne partageant pas l’article 11 de cette Constitution qui instituait une succession monarchique. Alors que les “héritiers” se battaient pour conquérir le pouvoir exécutif devant la dépouille mortelle “toute chaude” de Félix Houphouët-Boigny. Il montre ainsi, son attachement à la Constitution, une boussole incontournable dans toute démocratie. Laurent Gbagbo montre sa qualité d’homme politique moderne en ne brandissant pas l’épée mais un projet de société et un programme de gouvernement pour les Ivoiriens. Une fois au pouvoir, il met à exécution sa volonté de ne pas mettre les journalistes en prison pour leurs opinions, leurs écrits. Il ne met en prison aucun homme politique et laisse les syndicats revendiquer sans aucune entrave. D’ailleurs sous la transition militaire (1999- 2000), son parti, le FPI, inspire les législateurs afin que l’on inscrive dans la Constitution d’août juillet 2000 qu’aucun homme politique ne soit contraint à l’exil pour ses opinions. Sous son régime, les principaux partis politiques, pour la première fois de l’histoire de la nation ivoirienne, sont soutenus financièrement par l’Etat. C’est donc ces trois grandes figures de la scène politique ivoirienne, aux philosophies politiques différentes, que les Ivoiriens auront à choisir lors des élections présidentielles prochaines. Les Ivoiriens diront s’ils font le choix de ceux qui ont des armes et qui ont des réflexes de meurtriers pour les diriger ; ou s’ils ont une préférence pour ceux qui ont un rameau à la main et qui ont une vision politique et économique moderne. Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr
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