La politique de " gros cœur " n'a apporté à la Côte d'Ivoire que ruines, pauvreté et souffrances inutiles. Telle est la substance de l'incroyable message que Mamadou Koulibaly, président de l'Assemblée nationale et 3ème vice-président du Fpi, a adressé le samedi dernier à Koumassi, à ses camarades refondateurs et principalement au premier d'entre eux, le président-candidat Laurent Gbagbo. Mamadou Koulibaly (et le dire relève du secret de polichinelle), n'a jamais digéré la course à l'enrichissement rapide et illicite de certains de ses camarades. On se souvient de la sévère critique qu'il a formulée en 2007 dans les colonnes du journal gouvernemental " Fraternité Matin ", contre lesdits camarades dont il a dénoncé " la cupidité " et la fébrilité devant les billets de banque. Interrogé par la télévision ivoirienne sur cette sortie de son camarade, le président Gbagbo (gêné) avait répondu non sans rire : " Koulibaly est comme ça et nous l'aimons comme il est ". Peut-être. Mais alors qu'on nous explique la colère du président Gbagbo devant les récents propos tenus par celui qu'il " aime comme il était ". Propos qui démontrent si besoin en est, que Mamadou Koulibaly est excédé, exaspéré par la façon dont la crise est gérée par le président Gbagbo. Koulibaly estime que son camarade a fait perdre 9 ans à la Côte d'Ivoire en disant toujours " non " à tout avant de finir par dire " oui ". En effet, il affirme : " On peut faire les choses avec gros cœur. Souvenez-vous, on avait dit qu'on ne voulait pas de rebelles au gouvernement, ils sont entrés. On a dit qu'on ne voulait pas de Soro comme Premier ministre, il est Premier ministre. Et nous sommes contents et nous disons qu'il travaille bien…si vous regardez bien, toujours on dit qu'on ne veut pas et après on le fait… ". A qui s'adressent ces violentes piques sinon qu'au président Gbagbo ? Koulibaly serait-il devenu fou au point de formuler des critiques aussi dévastatrices contre celui qui est le candidat de son camp ? Non. Cette sortie n'est que l'expression du spleen d'un homme demeuré égal à lui-même malgré les tentations du pouvoir et qui ne comprend plus rien dans le comportement du grand chef du Fpi, un parti qui a mené le combat contre les ennemis réels et imaginaires et qui, au final, est laissé sur le bord de la route au bénéfice de tous ceux qui ont été fabriqués par le régime d'hier et qui se sont subitement découvert (pour des raisons évidentes) une vocation de défenseur de la République. En réalité, en dépit des embrassades, des vigoureuses poignées de mains et des sourires qui s'étendent jusqu'aux commissures des oreilles, les militants (les vrais) du Fpi, n'apprécient que légèrement les choix du candidat Gbagbo pour la formation de l'équipe de campagne pour l'élection présidentielle. Ils ne l'expriment pas ouvertement mais les uns et les autres éprouvent les pires difficultés à avaler cette couleuvre et ne manquent pas de maudire en petit comité, les choix de leur chef qui sonnent pour eux comme un véritable désaveu. Et c'est sans doute cela qui pousse Mamadou Koulibaly à se dire mais à quoi bon ? A quoi a servi tout ce mal fait au pays, si c'est pour arriver à ce piteux résultat ? En réclamant la prise en compte de tous les cas litigieux présents sur la liste électorale, Mamadou Koulibaly ne parle certes plus le même langage que celui de son camp, mais il prend en compte l'intérêt de la Côte d'Ivoire qui n'a que trop souffert " des aller et retour " avec " une école pourrie " et des Chu qui accélèrent la mort des malades, des populations qui ne mangent plus à leur faim et la jeunesse qui est étranglée par le chômage et la misère noire, affreuse. En rejetant du revers de la main la proposition de Mamadou Koulibaly, le président Gbagbo oublie une chose. Mamadou Koulibaly a parlé de la Côte d'Ivoire qui souffre. Pas de celle qui festoie et qui est sourde aux cris du peuple. C'est peut-être Blé Goudé qui a raison sur tout le monde, lui qui a dénoncé le mercredi 28 octobre dernier, " la cupidité " de certains jeunes du Fpi mécontents à qui il a dit sans rire : " Comment tu peux limiter ta vie à une campagne qui va durer quelques mois, homme de peu de foi ! Homme de peu d'ambition ! Avant de tricher dans le travail qu'on va te confier, pense à Laurent Gbagbo, dis-toi qu'on a tenté de l'humilier et que la défaite ne doit pas passer par toi. Donnez tout, ne réclamez rien, Dieu pourvoira. ". (Soir Info 29/10). Ne riez pas. N'est-ce pas tout cela qui exaspère Mamadou Koulibaly ? Vous avez dit malaise au Fpi ? C'est bien plus qu'un ver en plein dans le fruit.
ASSALE TIEMOKO
ASSALE TIEMOKO