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Politique Publié le samedi 31 octobre 2009 | Le Temps

Report imminent de la date du premier tour de l`élection présidentielle Le retour bruyant de la France dans le débat ivoirien-

Alors que tous les acteurs du processus électoral, candidats et électeurs confondus, sont suspendus aux lèvres de la Cei, la France décide de faire parler d'elle. Par la plus mauvaise des manières qui soit : le mépris.

“La France souhaite le maintien de la date du 29 novembre pour la présidentielle. " A déclaré jeudi, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Ce dernier croyait répondre au président du Conseil économique et social de Côte d'Ivoire Laurent Dona Fologo qui estimait en toute logique que " si on veut une liste (électorale) transparente, solide, fiable comme tout le monde nous l'a recommandé, il ne sera pas possible de tenir le 29 novembre. " On aurait compris la France si elle s'était donné la peine de connaître ou de relever au moins les prérogatives et les responsabilités qui relèvent de la Commission électorale indépendante dans l'organisation des élections en Côte d'Ivoire. Mais au lieu de cela, elle se borne à des explications peu convaincantes du genre : " Ce sont les autorités ivoiriennes elles-mêmes en concertation avec l'ensemble des forces politiques du pays, qui ont arrêté la date du 29 novembre ", a renchérit Bernard Valero, le porte-parole du Quai d'Orsay. Ce qui est juste et qu'aucune force politique ne nie d'ailleurs. Alors, si les français reconnaissent que " ce sont les autorités ivoiriennes elles-mêmes, en concertation avec les forces politiques du pays, qui ont arrêté cette date du 29 novembre ", pourquoi la France n'attend-elle pas que ces mêmes autorités réfléchissent sur la question pour dégager une attitude commune, et s'empresse-t-elle à ruer dans les brancards. On peut le dire sans se tromper, la sortie avant-hier des autorités françaises montre clairement qu'elles n'ont pas assimilé l'appel du Premier ministre ivoirien qui, depuis la Chine où il était en mission la semaine dernière, invitait " la France à respecter la Côte d'Ivoire " Ou bien elles ont compris cet appel et font la sourde oreille pour certainement accabler. Sinon tout le monde sait en Côte d'Ivoire y compris les forces politiques en campagne électorale, que seule la Commission électorale indépendante est habilitée à proposer une date pour les élections. La Cei n'attend plus que la Sagem et l'Ins qui, depuis jeudi 29 octobre, ont achevé la liste qu'elles vont lui remettre incessamment pour affichage. La loi sur la question dit qu'un (1) mois suffit à l'affichage de la liste pour que la Cei donne la date de l'élection présidentielle. Si cette liste est affichée le 3 novembre prochain, il faudra attendre jusqu'au 3 décembre pour connaître la nouvelle date du premier tour de l'élection présidentielle, ce qui donne par déduction logique que la patience des électeurs aura excédé la date fétiche du 29 novembre. Or, l'affichage - fut-il provisoire - de la liste électorale passe nécessairement par la résolution du problème du 1.9 million de personnes enrôlées introuvables dans les fichiers. Des cas suspects à qui l'Etat de Côte d'Ivoire ne peut se permettre d'attribuer la nationalité ivoirienne sans au préalable vérifier leurs origines. Or, il se trouve que " les forces politiques du pays " dont parlent les autorités françaises sont toutes d'accord qu'il faut s'en remettre à la loi. Elles l'ont signifié dans Frat-Mat du jeudi 29 octobre. Tano Fidèle, Secrétaire général du Mfa " Les personnes dont la nationalité ivoirienne n'est pas affirmée par les recherches devront alors la prouver conformément aux dispositions en vigueur. (…) En clair, le Mfa dit que force doit rester la loi électorale dans le traitement des cas litigieux. " Pour le Secrétaire général du Pit François Kouablan, " il y a un gouvernement. La Côte d'Ivoire a des gens qui sont payés pour faire le travail et communiquer la liste électorale aux Ivoiriens. Que la Commission électorale le fasse et qu'elle nous dise avec quelle liste nous devons aller aux élections. Qu'elle prenne ses responsabilités ". Allassane Salif N'Diaye, Secrétaire général de l'Udpci se veut également légaliste: " L'Udpci soutient la Cei dans sa démarche, consistant à voir figurer sur les listes électorales, que des Ivoiriens et des Ivoiriennes. Cette démarche est constitutionnelle, légale et républicaine ". Le Pdci du président Henri Konan Bédié ne dit pas autre chose. Par la voix de son porte-parole Niamkey Koffi, ce parti estime que " concernant ceux qui ne sont pas Ivoiriens qu'on retrouve sur les listings des cartes de séjour, il faut donc les écarter ". Le Rdr exprime sa fermeté : " Pour nous au Rdr, il faut s'en tenir à la loi. Et éviter chaque fois, d'aller dans tous les sens ", propose pour sa part le parti d'Alassane Dramane Ouattara, par la voix de son Secrétaire national chargé des élections, Sanogo Mamadou.
Quel sens donner alors à cette clameur de la France ? Est-ce la faute au Président Laurent Gbagbo si les acteurs politiques décident ensemble pour une des rares fois de respecter la loi de leur pays ? La Côte d'Ivoire, nous ne cesserons jamais de répéter, doit éviter de tomber dans la pagaille dans laquelle la France veut l'entrainer.

Simplice Allard
al08062317@yahoo.fr

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